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Le château de Virieu, près Pélussin, a été
construit presque en entier au XVIe siècle de même que la chapelle renfermée
dans son enceinte. Quelques parties cependant, au nord-est, remontent au XVe
siècle. A la fin du XVIe siècle, Pierre Benaÿ, bolonais, introduisit à
Virieu l’industrie du moulinage des soies. Pour y établir sa première usine,
le seigneur, un de Fay, lui concéda un droit de prise d’eau sur le réservoir
du château. Virieu (Castrum Viriacunï) est inconnu avant le XIIe siècle. A
cette date il fait partie des terres que le comte de Forez abandonna aux
Lavieu, lorsque ces vicomtes du Forez prennent possession du Jarez, vers
1107. Gaudemar 1er changea son nom de Lavieu en celui de Jarez, en 1158,
selon La Mure, et prit le titre de seigneur de Saint-Chamond et Virieu. Par
le traité de 1173, entre le comte de Forez et l’archevêque de Lyon, Virieu,
Pélussin et Chavanay furent déclarés comme faisant partie du comté de Lyon,
comme dépendances de la seigneurie de Saint-Chamond. En conséquence, Renaud
de Forez, archevêque de 1193 à 1226, obligea Briand de Lavieu et Gaudemar de
Jarez à faire hommage à son église. Guy II, fils de Gaudemar et seigneur de
Virieu, fut père de Gaudemar II, marié à Béatrix de Roussillon, et qualifié
seigneur de Saint-Chamond, Pavezin, Virieu et Chavanay. Jacques de Jarez
fait hommage le 12 mai 1301 pour Saint-Chamond et Virieu. Il était marié à
Béatrix d’Argental et construisit, en l’an 1300, la chapelle de Virieu, sous
le vocable de Saint Georges. Pour éteindre ses dettes, il vend à l’église de
Lyon, par l’entremise de Thibaud de Vassalieu, au prix de 1.000 livres
viennoises, l’un des deux châteaux qu’il avait à Chavanay, en 1302. Par un
autre acte du 28 mars 1307, il fait donation, en remboursement des sommes
qu’il lui doit, au Dauphin de Vienne, de son château de Virieu et de celui
qui lui restait à Chavanay, s’en réservant la jouissance de son vivant. A sa
mort, en 1325, le Dauphin en prit possession et les revendit, en 1330, à
Renaud de Forez, fils cadet de Jean 1er et d’Alix de Vienne. Renaud, qui
avait reçu en apanage la baronnie de Maleval, comprenant six paroisses, se
créa ainsi une petite principauté qu’il fit ériger en bailliage, en 1336. Il
ne laissa pas de postérité et son domaine revint aux comtes de Forez.
Le château de Virieu avec son donjon réputé imprenable et son bourg clos et
fermé fut alors délaissé et négligé au profit de Maleval. Mais le siège du
bailliage ayant été transféré, en 1482, à Bourg-Argental, et Maleval
incendié en 1574, Virieu prit la première place dans les trois seigneuries
unies. Jean de Fay reconstruisit alors la maison seigneuriale, qui existe
encore avec ses deux tours. La chapelle, fondée en 1300, tombant de vétusté,
Madame de Morges, veuve de François de Fay, la fit reconstruire de concert
avec son fils Gabriel de Fay, en 1633, et obtint que Pierre de Villars,
archevêque de Vienne, vint consacrer le nouvel autel et bénir la chapelle le
14 juillet 1652. Le connétable Charles de Bourbon, devenu duc de Bourbon et
comte de Forez par son mariage avec Suzanne de Bourbon, fille de Pierre et
d’Anne de France, vendit ses trois seigneuries à Antoine de Varey, seigneur
de Belmont-sur-Azergues, qui lui donna en échange les seigneuries de
Marignan et Gignat, en Provence, qu’il tenait de son parent, René de Cossa,
grand sénéchal de Provence. L’acte fut passé à Moulins, le 26 septembre
1517. Les de Varey portent d'azur à trois jumelles en bande d’or; au chef
d’argent, chargé de trois merlettes de sable. Antoine de Varey avait épousé,
le 20 novembre 1522, Méraude de Grolée, dont une fille: Louise de Varey,
mariée le 29 mars 1551, à Jean de Fay, fils cadet de Noël, baron de Payraud
et de Françoise de Saint-Gelais. Devenu baron de Maleval, Virieu, etc, il
servit dans les armées royales, fut fait prisonnier en Allemagne en 1553 et
dut payer pour sa rançon 1.100 écus d’or. Il mourut après 1580, et Louise de
Varey, le 19 juillet 1615, laissant François, qui suit; 2° Michelle, mariée
le 15 mars 1574, à André Harenc de la Condamine; 3° Anne, mariée le 30
juillet 1581, à Claude de Villars; 4° Nicole, mariée à M. de Montpeyroux,
palatin de Dio; 5° Marguerite, dame de Grôlée.
François de Fay épousa d'abord Catherine de Giraud, puis Catherine-Sabine de
Morges-la-Motte. Il fut gouverneur de Condrieu sous la Ligue et mourut le 2
octobre 1592, et sa veuve le 6 avril 1641, lui ayant donné Gabriel, qui
suit; 2° Jean, mort jeune; 3° Madeleine, mariée le 29 juillet 1635, à
Charles Murat de l’Estang, seigneur de Sablon. Devenue veuve, elle se retira
chez les Religieuses Sainte Claire d’Annonay où elle mourut en 1656. Gabriel
de Fay épousa le 8 août 1631, Marguerite de Murat de l’Estang, dame de
Dourlai, en Hainaut. Il testa le 5 mai 1656 en faveur de cette dernière et
fonda dans la chartreuse de Sainte-Croix deux cellules qui portent l’une le
blason de Fay, l'autre les armes accolées de Fay et de l’Estang. Il mourut
le 5 août 1661. Marguerite de Murat de l’Estang fît aveu et dénombrement
pour Maleval, Virieu et Chavanay, le 8 mai 1663. Elle mourut le 23 avril
1675, ayant testé en 1665 en faveur de son cousin, Claude de l'Estang, fils
de feu Jacques et de Sébastienne-Laurence de Grôlée. Claude renouvela le 1er
juillet 1671 l’hommage au Roi et le dénombrement de ses biens. Par son
testament du 28 septembre 1699, il les laissa à Joseph-François de Grôlée de
Viriville et mourut le 28 juillet 1701, voulant être enterré à 8 heures du
soir, dans le cimetière commun, au milieu de tous ses sujets. Murat de
FEstang porte d’azur à trois fasces crénelées d’argent, celle de la pointe
ouverte à une porte. Les armes des Grôlée sont gironné d’or et de sable.
Joseph-François de Grôlée de Viriville était fils de Charles, gouverneur de
Montélimar, et de Catherine de Dorgeoire, veuve de Jacques Pourroy. Il
recueillit également la succession de François de l'Estang, baron de
Montagny.
Aussi pouvait-il se titrer de comte de Viriville, seigneur de Voiron,
Taulignan, Vinay, Beaurepaire, Montagny, Millery, Virieu, Chavanay, l'Estang,
Lens l'Estang, la Sône, Marcolin, et autres places, baron de Maleval,
premier baron du Lyonnais, gouverneur de la ville et citadelle de
Montélimar. Il mourut le 27 septembre 1705, ayant eu de Sabine de la Tour de
Gouvernet: Jeanne-Madeleine-Anne, née en 1693; 2° Claude-François, né le 21
décembre 1694, seigneur de Virieu à la mort de son père, et décédé en 1714
ou 1715, laissant sa riche succession à sa sœur. Sa mère avait prêté hommage
au Roi, le 14 juin 1716, pour les terres dont elle avait le Douaire. Jeanne
de Grôlée épousa le 29 juin 1711, François Olivier de Sénozan, fils de
David, baron de la Salle, comte de Sénozan, et de Françoise Aréson, qui
devint ainsi baron de Maleval et seigneur de Virieu. François, chevalier de
l’Ordre du Roi dès janvier 1708, fut nommé le 27 mai 1727, intendant général
du Clergé de France. Il mourut à Paris, le 3 juillet 1740, et sa veuve le 2
septembre 1775, après avoir vendu la baronnie de Montagny et Millery à
Charles Ravel, de Saint-Etienne. Il laissa trois enfants dont François-David,
né le 23 mars 1712, mort jeune; 2° Jean-Antoine, qui suit; 3° Anne-Sabine,
mariée le 9 octobre 1730, à Charles-François-Christiande Montmorency
Luxembourg, prince de Tingry, remarié à Madeleine de Fay. Jean Antoine
Olivier de Sénozan, seigneur de Virieu, épousa le 17 février 1735,
Anne-Marie-Louise Nicole de Lamoignon de Blancmesnil et mourut en 1778. Sa
veuve obtint du Directoire de Saint-Etienne, 15 juillet 1791, et de celui de
Lyon, 14 avril 1792, deux arrêts qui reconnurent que la chapelle de Virieu
était chapelle privée et ne pouvait être vendue comme bien national. Nicole
de Lamoignon, sœur de Malesherbes, fut condamnée à mort et subit son martyre
avec Madame Elisabeth. Elle avait eu deux fils, dont Antoine François (3
novembre 1736-1759); 2° Jean-François-Ferdinand (6 février 1737-1769), marié
le 19 avril 1761, à Claude-Louise de Vienne, dont Madeleine-Henriette-Sabine
Olivier de Sénozan, qui fut la dernière à Virieu, de cette grande famille
dont les armes sont d’or à l’olivier terrassé de sinople.
Elevée par sa grand-mère, Madamede Lamoignon, et mariée à 16 ans, à
Archambaud-Joseph de Talleyrand-Périgord, frère du trop fameux évêque
d’Autun, elle mourut sur l’échafaud, le 26 juillet 1794, laissant trois
enfants: Archambaud-Marie-Louis, aide de camp de Berthier, mort à 23 ans
(1784-1808); 2° Françoise-Xavier-Mélanie-Honorine, mariée à
Antoine-Dominique-Just de Noailles; 3° Alexandre-Edmond, marié en 1808, à la
Duchesse de Dino, princesse de Sagan, d’où les Talleyrand, princes de Sagan.
Les biens de Sabine de Sénozan furent saisis après son exécution et
demeurèrent sous séquestre. Ils furent enfin rendus à ses enfants et après
un conseil de famille, tenu le 19 ventôse, an XII, partagés entre eux.
Virieu, Pélussin, Chavanay et Bœuf échurent au comte de Noailles qui les
vendit, le 22 avril 1813, à MM. Etienne Marlhier et Henri Rousselon,
négociants à Lyon, qui les revendirent en lots séparés. Il semble bien que
les anciens propriétaires n’avaient conservé que les rentes nobles,
nombreuses et variées qui leur étaient dues et que les Jullien, entre
autres, payèrent encore à Madame de Sénozan.
Le 19 septembre 1749, Benoît Jullien du Vivier, fils de noble Antoine et
d’Elisabeth Bougier, acquit des créanciers de Pierre-Louis Benaÿ, tous les
biens que celui-ci possédait à Virieu, Chavanay, Pélussin et lieux
circonvoisins. Ces biens consistaient en domaines, fabriques, moulins à
soie, maisons, bâtiments, fonds et rentes nobles. L’habitation de la famille
Jullien n’était point le château flanqué de tours, abandonné et à demi
ruiné, mais une maison aux vastes proportions, aux salles élevées, ornées de
plafonds à la française et de belles tapisseries, qui correspondait mieux
aux idées de confort renaissant de l’époque. Située dans l’enceinte de
l’ancien château-fort, en face de la chapelle et des grands bâtiments
réservés à l’industrie de la soie, la demeure familiale des anciens
châtelains de Lupé et de Véranne jouissait d’une vue admirable. Sa terrasse
située au levant, au niveau des anciens remparts, dominait en effet les
maisons basses du village de Virieu, groupées en cercle concentrique autour
du château et de sa première enceinte de murailles. Des pièces de belle
apparence permirent aux chefs de famille de remplir dignement au XVIIIe
siècle la place toujours occupée depuis le XVe, et devenue à travers les
siècles plus difficile à tenir, à mesure que les obligations croissaient et
que s’amoindrissait le prestige des fonctions locales. Benoît Jullien du
Vivier, né le 11 août 1718, épousa le 9 septembre 1744, Anne Derieu du
Villars, fille de François, échevin de Lyon, et d’Anne Henry. C’est dans la
de meure du maréchal de Villars, que s’élevèrent leurs enfants: Roch, qui
suit; 2° Hélène-Marie, née le 15 novembre 1748, mariée en 1772 à M.
Soubeyran de Beauvoir; 3° Marie Anne, née le 23 novembre 1749, mariée à
Marius-Félix Chabert, juge d’Annonay, mort le 2 février 1816.
Roch Jullien, écuyer (28 janvier 1754-19 mars 1818), garde ordinaire du Roi,
puis maire de Pélussin, épousa le 4 mai 1779, Marguerite Faure, fille de
noble Alexandre et de Pierrette Vouty, dont Benoît, qui suit; 2° Alexandre
Jullien du Colombier, fixé au château de ce nom, près de Condrieu (21
juillet 1782-1854), conseiller général de la Loire, maire de Pélussin, marié
le 9 avril 1820, à Sabine-Jeanne de Boissieu, fille de Jean-Baptiste et de
Françoise-Andréede Valous; 3° Michel (3 août 1786-20 mai 1859),
administrateur des hospices de Lyon, marié le 12 octobre 1816 à
Françoise-Laure La Sausse, dont Alfred; 4° Benoît-Henri (5 fructidor, an V-
27 janvier 1871), marié le 4 avril 1826, à Alphonsine Aynard, fille de
Claude et de Louise Rossary. Benoît-Marie-AlexandreJullien (12 février
1780-11 novembre 1868), conseiller municipal de Lyon jusqu’en 1830, épousa
le 26 mai 1812, Françoise-Aglaé La Sausse, fille de Pierre et de Catherine
Delorme, dont Alexandre, qui suit; 2° Jean-Marie-Jules, conseiller général
de l’Ain, marié en juillet 1852, à Alexandrine Balaÿ, dont entre autres
Georges, jésuite; Gaston, marié à N. Beauchamp, dont Etienne et Suzanne;
Jules, marié à Juliette Baraban; 3° Michel, né le 24 janvier 1827, jésuite;
4° Marie-Anne-Be noîte, née le 10 janvier 1830, mariée le 27 mai 1850 au
baron Joseph Dauphin de Verna, fils de Victor et de Lucie de Ferrus, et
remarié à Louise de Pierre de Bernis. Alexandre Jullien (23 juillet 1823-4
février 1898), conseiller général de la Loire, maire de Pélussin, député de
la Loire, chevalier de la Légion d’honneur, épousa le 18 juin 1849, Hélène
Battant de Pommerol, dont Joseph, 31 juillet 1850, marié le 24 avril 1876, à
Louise Guérin, fille de Louis et de Marie-Renée-Louise Desvernay. C’est
Alexandre Jullien qui fit construire le château actuel et réparer les tours
du vieux manoir, sauvant ainsi d’une ruine fatale ces restes intéressants du
passé. M. Gabriel Jullien continue avec son fils aîné François Jullien, les
vieilles, nobles et généreuses traditions formées par leurs ancêtres,
suivant leur belle devise: "Spes mea in Domino". (1)
Éléments protégés MH : le vieux château et la chapelle : inscription par
arrêté du 22 février 2001. (2)
château de Virieu,
rue de la Tour, 42410 Pélussin, propriété privée, viticulteur.
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Deysson pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer cette page.
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dans ce département. |
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