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Sur les premières ondulations
des collines qui dominent la vallée de la Loire et de Rhins et s’échelonnent
graduellement jusqu’aux montagnes du Beaujolais dans un site
exceptionnellement heureux, est assis le château de Chervé. Avant le XVe
siècle, Chervé faisait partie du domaine de Perreux, vaste et important
apanage des sires de Beaujeu. Ils avaient à Chervé le siège d’une
exploitation agricole. Chervé se composait alors d’une enceinte
rectangulaire, faite de hautes et épaisses murailles, anglées de tours
rondes qui en assuraient la défense. A l’intérieur de cette enceinte étaient
disposés les logements, granges, écuries. Les sires de Beaujeu s’v
réservaient un logis particulier et y résidaient au moment de leurs chasses.
Attenant à Chervé, de grandes forêts de chêne s’étendaient sur le territoire
des paroisses de Perreux, Saint-Vincent-de-Boisset et Notre-Dame-de-Boisset.
Il reste encore quelques parties de ces forêts autour de Chervé,
spécialement à Fesché, du côté de Pradines. Le dernier sire de Beaujeu,
Edouard II, résidait habituellement à Perreux. Sans enfant et très
embarrassé, à la fin de sa vie, par les mauvaises affaires où il s’était
bien des fois engagé, il ne devait son salut et la liberté qu’à la
protection de son puissant cousin, Louis II, duc de Bourbon. Cette
protection, toutefois, n’avait pas été gratuite, Edouard de Beaujeu avait dû
faire son testament, le 23 juin 1400, en faveur de Louis de Bourbon. Il
mourut peu après, le 11 août 1400. Dans les dernières années de sa vie, il
avait fait de larges distributions de ses biens à ses officiers et à ses
compagnons intimes. C’est ainsi qu’il donna Chervé en fief, sans justice, à
l'un de ses plus dévoués et fidèles officiers, Jean de Samblène. Ce dernier
fit bâtir, dans l'église de Perreux, une chapelle qui porte encore son nom,
avec droit de sépulture pour lui et ses successeurs. Jean de Samblène,
seigneur de Chervé, fonda, le 10 novembre 1420, en l’église de Perreux, une
prébende sous le vocable de saint Jean et saint Antoine. Le service de cette
prébende était une messe par semaine; la nomination du prébendier appartint
jusqu'à la révolution aux seigneurs de Chervé. Le revenu consistait en une
dîme à prendre sur les terres sises à l’ancien confluent du Rhins et de la
Loire, qui dépendent encore de Chervé.
Dès 1480, on trouve les Perrin à Chervé. La tradition assure qu’ils v
vinrent par héritage. Antoine Perrin, licencié ès droit, seigneur de Chervé,
vers 1480, était le frère de Jean Perrin, co-seigneur de Chervé, abbé de
Saint-Pierre-du-Puy. Jean Perrin, fils d’Antoine et seigneur de Chervé, en
donna le dénombrement, le 18 mars 1539, et testa en 1549, faisant des
fondations à l’église de Perreux. Son fils, Jean Perrin, seigneur de Chervé,
racheta les fondations de son père, et en constitua de nouvelles, le 3o
juillet 1573. Il était archer de la compagnie de M. d’Urphé, et laissa
quatre enfants dont Jean Perrin, seigneur de Chervé, commissaire ordinaire
de l’artillerie du Roi, capitaine-châtelain de Perreux, marié à Charlotte de
Bongard, demoiselle de l’Etang, morte à Chervé, le 24 mars 1604; 2° Gaspard,
archer de la compagnie de M. d’Urphé puis commissaire de l’artillerie
royale, testa le 24 février 1589; 3° Hélène, mariée à Jean de la Faige,
seigneur des Glaines; 4° Gilberte, mariée à Etienne Gontier, homme d’armes
de la compagnie du marquis de la Fère. Les armes des Perrin de Chervé sont
de simple au chevron d’or, chargé d’une billette du fond. A la fin du XVIe
et au commencement du XVIIe on trouve simultanément à Chervé, les Perrin et
les du Saix, ce qui vient appuyer la tradition affirmant que la transmission
ne se fit pas par une vente. Les du Saix portaient écartelé d’or et de
gueules. Jean du Saix, seigneur de Pierrefitte, Buffardan et Mars, testa le
9 mai 1427. Claude du Saix, seigneur de Ressins, Rivoire, etc, épousa le 8
avril i500, Alix de Girardières, fille de Jean et de Claude de Varennes,
dont Jean, qui suit; 2° Antoine, commandeur de Saint-Benoît à Bourg, abbé de
Chazery; 3° François, seigneur de Pierrefitte; 4° Antoine-François, seigneur
du Saix; 5° Jeanne, mariée à Philippe de Mollard; 6° et 7° Philiberté et
Claude, religieuses à Salettes. Jean du Saix, seigneur de Chervé par son
mariage en rendit hommage le 26 décembre 1600 et mourut en 1626.
Le 19 juin 1586, il avait épousé Louise de Guynes, morte en 1619, fille de
Guillaume seigneur des Miniers et de Claudine du Cluzet, dont Jean; 2°
Claude, qui suit; 3° Pierre, aumônier du Roi; 4° Marie. Claude du Saix,
gendarme de la garde du roi, lieutenant au régiment lyonnais, seigneur de
Chervé où il mourut en 1661, épousa le 10 juin 1 1616, Louise de Beck, fille
d’Antoine, seigneur de la Motte-Saint-Vincent, et de Françoise de Vaurion,
dont Louise, mariée à Antoine de Rossillon, seigneur de la Vernouse; 2°
Jean, qui suit; 3° Claude, chevalier du Saix; 4° Nicolas; 5° Pierre. Jean du
Saix, (1618-1706) seigneur de Chervé, lieutenant au régiment de Lyonnais,
puis capitaine au régiment du duc de Condolle, puis à celui de la Motte,
épousa le 9 juin 165o, Emmanuelle de Foudras, dont Jean-François du Saix,
seigneur de Chervé, où il mourut le 17 mai 1712, épousa le 20 juillet 1677,
Gabrielle du Bost-Mollin, dont Jean-Gabriel du Saix, seigneur de Chervé,
perdit une jambe, étant page chez le maréchal de Villeroy; épousa le 11 mai
1734, Marie-Anne du Rozier, dont Louise mariée le 28 novembre 1739, à
Antoine de Fournillon de Butery auquel elle apporta Chervé. Ce ne fut
qu’après de longs procès que les Fournillon de Butery devinrent paisibles
propriétaires de Chervé. Suzanne-Gabriel le de Fournillon de Butery, mariée
le 12 février 1771, à Charles-Henri de Gayardon-Grezolles, lui apporta
Chervé, que leur fille, Marguerite-Jeanne-Emilie, transmit à son tour, par
mariage, le 16 juillet 1800, à Jacques-Hugues-Suzanne de Chaponay, fils de
Pierre-Elisabeth et de Suzanne Nicolau de Montribloud. De cette union il eut
Françoise-Henriette, née le 24 fructidor, an X; 2° Henri-Alexandre de
Chaponay, artiste et bibliophile, vendit Chervé en 1847 à
Louis-Antoine-Eugène Monroe, d'une très ancienne maison d’Ecosse dont le
chef est maître héréditaire des terres de Fowlis, comme chef du clan de son
nom, dans le comté de Ross et Cromarty. Les armes sont d’or à la tète
d'aigle arrachée de gueules; alias: de sinople à la ruche d’abeilles d’or,
et une abeille issante en pointe, du même. Dans l’usage, ce nom s’écrit M’Roe.
(1)
Le château est vendu à l’État le 23 septembre 1954 par le colonel Monroe; le
montant de la transaction s'élève à 2000000 de francs. Il est prévu dès
l'année suivante d'y installer un établissement d'enseignement agricole, en
réaménageant le château et réutilisant d'anciennes fermes installées sur le
domaine, et en construisant de nouveaux bâtiments. La réalisation de ces
derniers est confiée à l'architecte roannais Jacques Dubessy. Le projet
comprend d'une part le transfert de l’école ménagère agricole de Roanne,
d'autre part la construction de bâtiments scolaires et d'un internat pour
l’école d'agriculture d'hiver, également sise à Roanne. Cette école était
destinée aux jeunes garçons ayant terminé leurs études primaires, où ils
suivaient un enseignement à temps partiel sur la partie de l'année où ils ne
sont pas mobilisés en tant que main d’œuvre dans les exploitations
agricoles. Les nouveaux bâtiments vont donc comprendre trois sections
d'enseignement: l'école d'agriculture d'hiver, une section d'enseignement
agricole préparatoire aux écoles régionales d'agriculture et au B.E.P.C., et
un centre d'apprentissage agricole, tandis que le château reste affecté à
l'école technique d'enseignement ménager, destinée au jeunes rurales. La
première série de travaux, réalisée pour le compte du Ministère de
l'agriculture entre 1956 et 1958, est destinée à l'installation de l'école
ménagère. Les relevés d'état des lieux et les plans d'aménagement du château
et de ses deux dépendances sont réalisés par l’architecte entre 1954 et
1955, le devis estimatif est établi en 1956, le permis de construire accordé
par la commune de Perreux le 12 septembre 1956. Les travaux sont achevés en
1958; un bâtiment agricole est construit à proximité du pigeonnier.
Le château est composé de trois corps de bâtiment en U autour d’une cour
centrale, reconstruits sur les vestiges de quatre épaisses murailles qui
formaient autrefois l’enceinte du château. Situé au nord, le corps de logis
principal est flanqué de deux tours de plan circulaire dont l'une, au
nord-est, est partiellement engagée dans la façade du corps de logis est. Ce
dernier présente une tour d'escalier de forme polygonale avec baies à
meneaux et traverses, dont trois pans sont en saillie sur la façade. Sa
toiture polygonale est couverte en ardoise et couronnée d’un épi de faîtage.
Le corps de bâtiment sud est flanqué de deux massifs rectangulaires couverts
en pavillon; à l'extrémité ouest, l'abside de la chapelle fait saillie,
rythmée par des doublets de lancettes et une corniche en briques. Côté cour,
au centre de laquelle se trouve un puits, l'aile est présente une série
d’arcades dont quatre sont encore visibles, correspondant à une ancienne
galerie. L'ensemble des maçonneries est recouvert d'un enduit en ciment. Le
domaine comprend également un pigeonnier et une glacière. Le pigeonnier est
en pisé, avec toit polygonal couvert de tuiles plates; sur un côté, pan de
mur, vestige d'une ancienne serre. (2)
château de Chervé 42120 Perreux, propriété privée, ne se visite pas, visible
de l'extérieur.
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