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Château de Boisy à Pouilly-les-Nonains
 
 

       Anne d’Urfé, dans sa description du Forez, dit que la première maison du Roannais est Saint-André, et il ajoute "la seconde est Boisy, qui ne doict guières à Saint-André pour le bâtiment, estant pourveue d’une plus belle salle et de plus belles chambres et ayant une tour carrée; belle et forte, qui montre bien son antiquité, ayant tout autour du château, de beaux et grands fossez et estant avoisinée de plusieurs belles touffes d’arbres, mais qui n’est ni en belle veue, ni en bon air, à cause des marez et estancs qui l’avoisinent". Le donjon carré de Boisy, paraît remonter à la lin du XIVe siècle, il est couronné d’élégants mâchicoulis, en pierre calcaire, et de créneaux en brique; il occupe le nord-est des constructions défensives. Au sud-est, se trouve la grosse tour ronde et aux autres angles du quadrilatère que forment les constructions défensives se voient encore deux autres tours cylindriques de moindre dimension. Ces tours étaient reliées par d’épaisses courtines que le temps n’a pas respectées. L’entrée principale est au nord, à côté du donjon: la porte ogivale est surmontée du blason des Gouffier: d’or à trois jumelles de sable. L’épée de grand écuyer de France, entourée du cordon de Saint-Michel est sculptée au- dessus de l’écusson. La cour intérieure est d’une rare élégance, avec ses grandes fenêtres à meneaux, et d’autres plus petites, au deuxième étage, ornées de clochetons élancés, aux sculptures délicatement fouillées qui ornent la façade septentrionale. Le corps de logis méridional, le mieux conservé, paraît remonter, ainsi que la tour ronde, au XVIe siècle: la crête du toit porte des plombs delà même époque, décorés les uns des armes des Gouffier, les autres de la salamandre de François 1er et sommés de couronnes fleurdelysées; les écussons sont supportés et séparés par des dragons ailés, montés et bridés par des amours.

Sur la façade septentrionale, on lit encore la devise de Jacques Cœur si souvent répétée dans son palais de Bourges: A vaillants cœurs rien d'impossible. Elle est inscrite sur un bloc de pierre calcaire, encastré dans le mur, au-dessous des mâchicoulis, et portant sur un écusson incliné de droite à gauche, les armes des Gouffier. L’écusson est surmonté d’un casque et au-dessus, un ange aux ailes éployées soutient de ses deux mains une banderole. On lit fort bien, avec une jumelle, les mots A. VAILLAN, les lettres T et S sont supposées cachées par la main droite de l'ange, puis viennent deux cœurs entrelacés, les lettres R I, la main gauche de l’ange; des plaquages de mousse cachent les lettres suivantes, sauf SIBLE. La porte de l’escalier est encadrée de plusieurs archivoltes dont la plus extérieure est surmontée de feuillages recourbés et profondément fouillés. C’est un des meilleurs spécimens de la sculpture décorative du XVe siècle existant encore dans nos régions. Les charpentes de l’aile méridionale et de la tour ronde passent à bon droit pour des chefs d’œuvre. La belle salle dont parle Anne d’Urfé est transformée en remise; on y voit les assises d’une cheminée immense. Le bâtiment Est se composait au rez-de-chaussée d’une galerie ogivale actuellement fermée et servant d’orangerie; des clefs de voûte sont aux armes des Gouffier, de Jacques Cœur et des Hangest de Genlis (d'argent, à la croix de gueules, chargée de cinq coquilles d'or). Les appartements habitables comprennent un immense salon, une salle à manger et deux chambres superposées dans la tour ronde décorées avec goût, enfin un grand nombre d’autres salles ou chambres. Du sommet de la tour ronde on peut se rendre compte du système de fortifications employé au XIVe et au XVe siècles. Les mâchicoulis et les chemins de ronde destinés à défendre l’approche des remparts sont intacts, leurs ouvertures n’ont pas été bouchées.

Boisy, Boscum, tire son nom d’un antique bois de chêne qui couvrait ce territoire au XIIIe siècle et dont il restait encore quelques vestiges au temps d’Anne d'Urfé. Auprès de ce modeste fief s’était fondé un prieuré minuscule de Bénédictins qui dépendait de Montverdun. Cette terre appartenait à une famille Simon qui ajouta à son nom patronymique, le surnom de Saint-Haon, puis celui de Boisy. Pierre Simon de Saint-Haon est châtelain de Saint-Just en 1255, puis de Roannais, en 1270, Il eut deux fils: Pierre et Philippe Simon de Saint-Haon; puis vinrent Philibert Simon de Boisy et Uldin de Boisy qui eurent, tous deux, un fils nommé Jean. En 1362, Jean de Boisy, fils de Uldin, bourgeois de Saint-Haon, rend foi et hommage. Jean avait épousé Catherine de la Grange, sœur du cardinal, et fille de Geoffroy et de Falquette de Pierrefitte. Il en eut deux fils: Jean et Humbert de Boisy qui héritèrent du cardinal de la Grange et, avec la permission du duc Louis de Bourbon (Lettres Patentes du 6 septembre 1397), remplacèrent l’ancienne maison de Boisy par un château fort, avec tours, fossés et pont-levis. Le donjon carré paraît seul avoir fait partie de cette première reconstruction. Jean de Boisy fut évêque de Mâcon, puis d’Amiens. Le 8 décembre 1401 il rendit hommage au duc de Bourbon pour Pierrefitte. Humbert de Boisy, premier président au Parlement de Paris eut deux fils, Humbert et Jacques de Boisy, qui héritèrent de leur oncle, l’évêque d’Amiens. En 1411, Henri de Boisy constitua Jacques de Boisy, son frère, et Guillaume Roquelin, pour la vente de Pierrefitte. En 1414, Jacques de Boisy vendit Boisy à Eustache de Lévis qui, par son mariage avec Alix de Couzan, devint seigneur de la Motte, Saint-Haon et Roanne et réunit ainsi Boisy à Roanne pour plusieurs siècles.

Le 8 septembre 1447, Eustache et sa femme vendirent Boisy, Roanne, Saint-Haon, etc, à Jacques Cœur. Le château a conservé dans le pays, le nom du célèbre argentier du Roi Charles VII, bien qu’il ne l’ait gardé que cinq ans, à peine. Il y fit exécuter, il est vrai, des travaux considérables, soit pour le restaurer et l’agrandir, soit pour y amener les eaux de la montagne de la Madeleine. Il avait, de plus, conçu des projets gigantesques pour l’amélioration agricole et industrielle du pays, mais sa disgrâce ne lui permit pas de les exécuter. Jacques Cœur portait d'azur à la fasce d'argent, chargée de trois coquilles de sable et accompagnée de trois cœurs de gueules. En 1453, Boisy fut confisqué sur Jacques Cœur et fut vendu le 5 décembre i455 pour 10.000 écus d’or, à Guillaume Gouffier, grand dignitaire de la cour de Charles VII, d’une famille du Poitou. Guillaume Gouffier mourut le 23 mai 1495, ayant épousé d'abord Louise d’Amboise, dont il eut trois enfants, puis le 15 juin 1472, Philippe de Montmorency, veuve de Charles de Mahon, qui lui en donna neuf. Du premier lit il eut Madeleine, mariée à René Le Roy; 2° Pierre; 3° Guillaume, l’amiral de Bonnivet (1488-1525) tué à Pavie, d'abord marié le 14 juin 1506, à Bonaventure de Puydufou; puis le 8 juin 1517 à Louise de Crévecœur: 4° Anne, mariée le 1er mai 1507 à Raoul Vernon, seigneur de Montreuil; 5° Arthus, qui suit. Arthus Gouffier, mort le 7 mai 1519, succéda à son père au détriment de Pierre Gouffier. C’était une âme ardente et chevaleresque, en même temps qu’un lettré délicat, aussi fut-il l’ami du roi François 1er, qui érigea le 3 avril 1519, la baronnie de Roannais et la seigneurie de Boisy en duché-pairie. Sous Arthus Gouffier fut construite la plus grande et la plus belle partie du château. Il épousa, le 10 février 1500, Hélène de Hangest, morte le 26 janvier 1538, dont Claude Gouffier, duc de Roannais, marquis de Boisy, comte de Maulevrier et de Caravas, seigneur d’Oiron et grand écuyer de France, chevalier de l’ordre du Roi, premier gentilhomme de Sa chambre, capitaine de 100 gentilshommes de Sa maison et de 50 lances de Ses ordonnances.

Par lettres données à Lyon, au mois d’août 1542, il obtint l’érection en comté de la baronnie de Maulevrier. Les baronnies de la Mothe, Saint-Romain et Roanne, furent réunies à celle de Boisy érigée en marquisat; de nouvelles lettres furent données en novembre 1558. Claude testa le 3 juin 1570 et mourut la même année à Villers-Cotterets. Il se maria cinq fois: le 13 janvier 1527, Jacqueline de la Trémoille, dame de Jouvelle; le 13 décembre 1545, Françoise de Brosse, morte le 16 novembre 1558, dite de Bretagne; le 25 juin 1559, Marie de Gainon; le 16 janvier 1 568, Claude de Beaune, dame de Chateaubrun et de la Carte; et enfin Antoinette de la Tour-Landry, dame de Saint-Mars et de la Jaille. Revenant de la guerre il fit enfermer, et non sans motifs, sa première femme Jacqueline de la Tremoille, dans un couvent, à Chinon, où elle mourut. Un inventaire, dressé en 1532, après le décès de Simon Chanceau, receveur de Boisy, prouve que le confortable régnait au manoir, mais que le luxe en était exclu. Cet inventaire mentionne cependant dix pièces de tapisserie à fontaine dans la chambre de Madame; des lits bien garnis de "couestres, cuissins de plume, matherats et couvertures"; une batterie de cuisine bien complète, quantité de linge. L’inventaire ajoute que Monseigneur avait emporté beaucoup de linge en Italie. Vinrent ensuite Gilbert Gouffier, puis Louis Gouffier, partisan de Gaston d’Orléans contre Louis XIII; Louis-Henri Gouffier, Arthus II Gouffier, l’inventeur des carrosses publics, grâce auxquels on pouvait traverser Paris pour cinq sous. Ami de Pascal, il se retira à Port-Royal et entra dans les ordres. L’une de ses sœurs fut, dit-on, aimée de Pascal, et ne pouvant l’épouser, se fit religieuse. Il maria l’autre à François d’Aubusson de la Feuillade, maréchal de France, et lui vendit son duché de Roannais, moyennant 400.000 livres, représentant la dot de sa sœur. Louis d’Aubusson, issu de ce mariage mourut sans enfants, léguant ses biens à Hubert-François, puis à Louis-Charles-Armand d'Aubusson, enfin, en 1780, à Catherine Françoise d’Aubusson de la Feuillade, mariée à François-Henri, duc d’Harcourt. Ce dernier émigra en 1789, et ses biens, y compris le château et es terres de Boisy, furent vendus. Boisy appartint au XIXe siècle aux Vignat-Laborde puis à la famille Poyet. Mademoiselle Jeanne Poyet le possédait encore au début du XXe siècle. (1)

Éléments protégés MH : les façades et les toitures: inscription par arrêté du 12 mai 1927. Les parties extérieures des ailes Sud et Est de la tour ronde Sud-Est et du donjon carré Nord-Est : classement par arrêté du 24 janvier 1931. (2)

château de Boisy, dit de Jacques Coeur 42155 Pouilly-les-Nonains, propriété d'une association, Centre éducatif.

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source des photos par satellite : https://www.google.fr/maps

 
 


(1)       Les Châteaux historiques du Forez par Emile Salomon, Vol. II, Imprimerie de Normand, Hennebont, Morbihan (1916-1926)
(2)  
     source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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