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Le château de Saint-Hilaire est un riant
petit castel gothique assis à mi-côte des collines qui dominent au sud, la
ville de Charlieu. Ses fenêtres sourient au plus charmant des paysages, à
cet immense cirque de montagnes qui entoure la plaine de Roanne comme une
garde d’honneur. Pendant longtemps les murs du manoir n’abritèrent que des
moines travailleurs et austères: les Bénédictins de Charlieu. Le château de
Saint-Hilaire est flanqué à trois de ses angles d’élégantes tourelles (celle
du nord-est est démolie) et au quatrième il s’appuie sur une grosse tour
ronde à la base évasée et solide. La révolution supprima les flèches
élancées des tourelles que des restaurations modernes ont pu rétablir. Dans
cette demeure du XIVe siècle, les ouvertures sont rares à l’exception de
deux grandes baies aux meneaux élégants, les autres fenêtres sont étroites
mais charmantes dans leur dessin sévère et plein d’harmonie. Une porte
cintrée, au dessus de laquelle existe un écusson que le temps a rongé, donne
accès dans l’intérieur du château. La motte qui supporte le manoir est
entourée de fossés où se reflètent ses vieux murs. Autrefois, sous l’ancien
pigeonnier seigneurial, en face de la porte d’entrée, un pont-levis fermait
la cour; il a été remplacé de nos jours par un pont de pierre. Les
dimensions restreintes du château, sa position dans un pays boisé en face
d’un site magnifique, permettent de supposer qu’il fut construit, pour
servir de rendez-vous de chasse, par quelque seigneur du Beaujolais, dont
dépendait alors Saint-Hilaire. Les archives de Charlieu ayant été brûlées au
moment de la révolution, on ignore à quelle époque et comment les
Bénédictins devinrent possesseurs de ce castel. Ce fut sans doute pour eux
une maison de campagne où ils allaient prendre quelque repos. On leur doit
la construction de la chapelle, charmant petit monument ogival collé aux
murs du château. Son fondateur, le prieur de Charlieu fit sculpter ses armes
sur la clef de voûte qui surmonte le chœur. Ce même blason se retrouve sur
l’antique porte de l’abbaye de Charlieu, servant aujourd’hui de cure.
Les protestants ayant pillé et ruiné Saint-Hilaire, les moines résolurent de
s’en débarrasser. Le 1er décembre 1635, devant Deshayes, notaire à Charlieu,
un acte fut passé en vertu duquel "haut et puissant seigneur, révérend Père
en Dieu, messire Claude de la Magdelaine et Ragny, seigneur prieur de
Charlieu, évêque d’Autun, prenant en considération que la grande quantité de
bâtiments dépendant de ladite maison seigneuriale de Charlieu, ne se peut
entretenir qu’avec des frais très grands, et qui absorbe presque le revenu
de la dite seigneurie et pour décharger icelle du soin dudit entretien et
empêcher que ladite maison et château de Saint-Hilaire, ne tombe en ruines
et puisse profiter à ladite maison seigneuriale de Charlieu, à ces causes de
son bon gré et libre volonté a remis et transporté comme par ces présentes
il remet et transporte à titre d’emphytéose perpétuel, irrévocable pour lui
et ses successeurs audit prieuré, à messire Jean-Baptiste Farjot, conseiller
du Roi et lieutenant criminel en l’Election de Lyon, à savoir ladite maison
et château de Saintt-Hilaire, consistant en maison haute, moyenne et basse,
tours et donjons, cour close; pont-levis, fossés, jardin, etc, et tout ainsi
que la dite maison se comporte, laquelle maison et château depuis longues
années et depuis les troubles a été et est tombée en ruines, à la réserve
sur lesdits fonds et maison, par ledit seigneur de la totale justice et
droits de dîme et censive et de tous droits de lods et retenues féodales et
censivales, suivant la coutume du lieu. La présente remise par bail
emphytéotique et perpétuel, faite pour et moyennant le prix de 30 livres de
rente annuelle et perpétuelle, et directe et censive".
Jean-Baptiste Farjot, qualifié plus tard d’écuyer, conseiller et maître
d’hôtel du Roi, chevalier et capitaine du guet de la ville de Lyon, portait
d'azur à trois larmes d’argent. Il restaura la demeure délabrée, c’est à lui
qu’est due la belle décoration du salon. Tout autour de cette pièce règne
une frise charmante à laquelle M. Grizard a rendu son charme et son éclat.
Le peintre naïf, chargé de cette décoration, a représenté dans une suite de
cartouches perdus dans un entrelacement de feuillages à la courbe légère et
gracieuse où la grenade se mêle à des fruits imaginaires, tout un roman
d’amour. Il est tragique ce roman. Après avoir assisté au duel que se
livrent deux rivaux, on voit l’amante pleurant sur la tombe du bien-aimé
qu’a trahi le sort des armes. Comme épilogue, deux cœurs enlacés s'envolent
vers le ciel. On le voit, l’ensemble est charmant, d’ailleurs rien n’est
changé dans ce salon, mêmes tentures, même cheminée monumentale en pierre
aux fines moulures. Les meubles eux-mêmes sont encore là et les tapisseries
aussi; un plafond à la française aux solives de chêne, complète
harmonieusement la salle. Après la mort de Jean-Baptiste Farjot, le château
de Saint-Hilaire passa à Claude-François du Beck, chevalier, seigneur de la
Mothe. Son fils, Louis du Beck, chevalier, seigneur de Chambon et la
Mothe-Saint-Hilaire, le légua vers 1746 à sa fille Renée, qui épousa
Pierre-François de Rochefort. Camille de Rochefort, leur fils, seigneur de
Beauvoir, s’en dessaisit le 14 novembre 1768, devant Mondon, notaire, en
faveur d'André Alex, notaire et procureur ès cour de Charlieu. Depuis, la
terre et le château ont passé par alliances successives dans les familles de
Laronzière, Pochin et Grizard. C’est à MM. Grizard et Léon de Noury, son
gendre, que l’on doit les intelligentes restaurations qui ont rendu à ce
manoir gothique toute sa splendeur passée. (1)
Éléments protégés MH : le grand salon avec son décor peint : inscription par
arrêté du 16 novembre 1989. (2)
château de Saint
Hilaire 42190 Saint-Hilaire-sous-Charlieu, propriété privée, ne se visite
pas.
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