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Au nord du bourg de
Saint-Just-sur-Loire, le château de la Merlée montre sa masse
quadrangulaire, anglée de pavillons carrés, symétriques, et décorée d’une
belle façade avec fronton triangulaire. Le château de la Merlée dut être
reconstruit vers 1767, par André-Gabriel Gonin de Lurieu. De nombreuses
dépendances, des pavillons, des anciens murs de clôture accompagnent cette
agréable résidence. Elle doit son nom aux Mastin de la Merlée, qui
rappelaient ainsi au sein de la plaine du Forez, le vieux castel où vit
encore, dans les montagnes de Noirétable, le souvenir de leurs belliqueux
ancêtres. Le 26 août 1572, Antoine Le Mastin de la Merlée vendit la rente
noble de la Merlée à Guillaume de Gadagne, seigneur de Bouthéon, mais soit
que cette vente n’ait pas porté sur le fief lui-même, soit qu'elle n’ait pas
eu d’effet, la Merlée resta aux seigneurs de Villeneuve. Jean du Creux,
seigneur de la Merlée et Villeneuve, mourut le 14 août 1647. Le 20 octobre
1657, Antoinette du Creux, veuve de noble Antoine de Cohade, seigneur de
Villeneuve, fondée de procuration de Françoise du Verdier, veuve de noble
Jean du Creux, seigneur de la Merlée et la Roche, son héritière, constitua
une rente de 312 livres 10 sols, au principal de 5.000 livres, au profit de
noble Jean Fautrier, seigneur de Maleval, hypothéquée sur le fief de la
Merlée et la Roche. Anne du Creux, sœur d’Antoinette, avait apporté le fief
de la Merlée à son époux Jean-Thomas de Lambertye, seigneur de la Colonge.
Anne du Verdier, sœur de Françoise, avait constitué, le 1er septembre 1659,
"au profit de la luminaire de Notre-Dame de Bonson, la pension annuelle et
perpétuelle de 5 livres, au principal de 100 livres, pour entretenir la
lumière de la lampe qui est au-devant du Saint-Sacrement, pour être icelle
allumée, le jeudi de chaque semaine, en l’honneur du Saint-Sacrement et le
samedi en l'honneur de la Vierge".
Le 1er septembre 1683, à la requête de Messire Jean-Victor-Amédée de Crémaux,
seigneur marquis d’Entraigues, subrogé aux droits de défunt noble Jean
Fautrier, seigneur de Maleval, le fief de la Merlée et dépendances était
saisi au préjudice de Jean-Thomas de Lambertye, tant en son nom qu’en sa
qualité de père et légitime administrateur de ses enfants, mais le 22
janvrier 1684, Antoine de Lambertye, son fils, mettait opposition pour
l’adjudication du fief. Un long état, dressé à cette date, donne un détail
de frais "pour le vin du messager qui a porté le mémoire". Jean-Thomas de
Lambertye, fils cadet de Joannès-Thomas et de Svbille Chirat, mort le 25
janvier 1685, épousa Anne du Creux, le 15 février 1651, et en eut
Antoine-Thomas, ayant épousé Anne de Saint-Paul, fille de Jacques-Philippe,
seigneur de Reveux et d’Antoinette de Fournier; 2° Aubin; 3° Aubin-Sauze; 4°
Françoise. Jean-Baptiste Gonin de Lurieu, avocat en Parlement, seigneur de
la Merlée épousa en 1720, Benoîte Chovon, dont Pierre Benoît; 2°
André-Gabriel, qui suit; 3° Pierre, officier d’infanterie; 4° Jeanne, mariée
le 8 août 1761, à Denis-Augustin Sonyer du Lac. André-Gabriel Gonin de
Lurieu de la Rivoire, seigneur de la Merlée dont hommages en 1767 et 1776,
mourut le 7 octobre 1802, ayant acquis le 13 février 1784, des Girinot, les
droits sur la chapelle, sous le vocable de Saint Rambert et Sainte
Catherine, en l’église de Saint-Just-sur-Loire. Il épousa le 14 août 1764,
Marie-Thérèse Le Mau de la Barre, morte à la Merlée le 6 septembre 1820,
fille de Marin-Pierre et de Thérèse des Champs de Talancé, dont
Pierre-Benoit-Nicolas, né le 4 juillet 1767, officier au Régiment du prince
de ligne, mort martyr de la Révolution le 19 mars 1794; 2°
Marie-Gabrielle-Marine.
Le colonel Le Mau de Talancé a retracé dans une intéressante brochure, les
souvenirs de famille se rapportant à Marie-Thérèse Le Mau de la Barre. "Son
mari, écrit-il, possédait, sur les bords de la Loire, en face de
Saint-Rambert, la terre de famille et le château de la Merlée, vieille
habitation Louis XIII, aux tuiles brunes, plantée sur une terrasse ombragée
de tilleuls et séparée par une prairie de la grève de la Loire qui aux temps
d’inondation venait lécher les murs de ladite terrasse De la terrasse de la
Merlée, on jouit de couchers de soleil admirables et bien souvent
Marie-Thérèse dût venir s’y asseoir à la tombée du jour, dans la mélancolie
des soirs, pour rêver aux absents et regarder le soleil disparaître
lentement derrière les montagnes de Saint-Bonnet-le-Chàteau. C’est dans
cette paisible demeure, dans ce cadre sympathique que Madame de la Rivoire
passa les 25 premières années de son mariage, au milieu des paysans et des
fermiers qui l’adoraient pour sa bonté, sa charité et sa gaîté, menant une
existence calme et heureuse qui paraîtrait bien monotome aujourd'hui".
L’auteur raconte ensuite l’arrestation de MM. de la Rivoire à la Merlée,
arrestation qui fit grand bruit dans le pays et amena une protestation
presque unanime, puis l’exécution de Pierre-Benoît, enfin la condamnation du
père, André-Gabriel, condamné à la détention le 6 avril 1794. Après sa mort,
Marie-Thérèse Le Mau s’adonna à la piété et aux bonnes œuvres, mais elle
donna malheureusement dans l’erreur janséniste et se vit, à sa mort, en
1820, refuser les derniers sacrements. Le digne curé de St-Just, l’abbé
Mercier, ne se laissa pas influencer par la municipalité et il fit son
devoir jusqu’au bout; mais les magistrats de la commune firent enfoncer la
porte de la sacristie et les obsèques furent célébrées par deux prêtres
interdits dont l’un, l’abbé Jacquemond, ex-curé de Saint-Médard, prononça un
éloge funèbre qui n’est qu’un long tissu de blasphèmes et de calomnies. Le
13 octobre 1821, la propriété de la Merlée, estimée à 320.000 francs, avec
domaine d’une contenance de 92 hectares, 70 ares, 90 centiares, était
partagée entre les Curalu et les Gonin de Lurieu de Civens. Le château avec
ses dépendances fut acquis la même année par M. Gagnière, de Saint-Etienne.
En 1844, il devenait la propriété de Jean-Claude Condamin et en 1876, celle
de Henri Faure, dont la veuve et les trois fils l’habitaient encore au début
du XXe siècle. (1)
château de la Merlée 42170 Saint-Just-sur-Loire, propriété privée, ne se
visite pas.
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