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Sur un rocher qui se dresse à pic sur la Loire, le
château de la Roche ressemble à un fantôme du moyen-âge, égaré dans notre
XXe siècle. A vrai dire, les restaurations qu’y fit effectuer le regretté M.
Roustan ont été si intelligentes, l’illusion est si complète qu’on ne se
lasse pas de contempler cette superbe silhouette qui surplombe la roche, ce
manoir qu’entoure un robuste mur d’enceinte et que son donjon si bien
remanié, sa tour crénelée, ses fenêtres à croisillons qui ont retrouvé leur
air des anciens jours, signalent de loin à l’attention du touriste. L’ancien
pont-levis a été relevé et bien que la herse ne s’abaisse plus devant le
visiteur, qui trouve la terre ferme sous ses pieds, on ne pénètre pas sans
émotion sous cette porte écussonnée à la mode du XIVe siècle et que domine
une lourde couronne de créneaux qui font tout le tour de l’avant-corps. La
muraille qui surplombe est crénelée elle aussi et est flanquée à gauche par
la tour ronde, à droite par une svelte tourelle dont la flèche aiguë pointe
au-dessus des bois de pins qui couvrent le coteau, sur l’autre rive du
fleuve. De tous côtés ont été aménagées des terrasses d’où l’on jouit d’un
coup d’œil unique et d’une délicieuse fraîcheur. Le château de la Roche, qui
semble cramponné à ce rocher étroit, était composé autrefois d’un corps de
bâtiment de forme irrégulière, qui suivait les contours du rocher. Il était
flanqué au matin, d’une tour ronde destinée â défendre le seul côté par où
l’on pouvait escalader le château. L’entrée était jadis à plusieurs mètres
au- dessus de l’étiage du fleuve. En 1884, quand écrivait M. Broutin, le
château comprenait un bâtiment à deux étages auquel des réparations avaient
été faites au commencement du siècle. La tour, qui était la partie la plus
ancienne, renfermait un escalier en spirale, desservant les étages,
supérieurs, et plongeant dans le rocher jusqu’aux caves que la tradition
populaire a transformées en oubliettes. La tour était recouverte par les
débris d’un toit plat, qui avait remplacé une toiture aiguë, surmontée par
une charpente carrée que l’on voyait encore en 1711.
Faucheut nous a laissé, d’autre part, le récit d’une visite au château de la
Roche, en 1841. On voyait alors, dans la cheminée de la cuisine, une
bretagne portant le blason des Champdieu: de sable au lion d’or, armé,
lampassé et couronné de gueules, et accompagné d’une fleur de lys d’azur. A
l’est du bâtiment, se trouvait le pied d’une vieille tour engagée dans la
maçonnerie, et au flanc de laquelle existait une tourelle à cul-de-lampe,
appelée cavalière; de ce côté, une pierre jaune incrustée dans le sol à
trois m. de la cour (le sol était à 20 mètres au-dessus du niveau de la
Loire) indiquait que la Loire était venue là, le n novembre 1790. Le château
de la Roche était délabré, les plafonds effondrés, les parquets enlevés; une
alcôve qui avait conservé ses boiseries, avait été transformée en cabane à
lapins et ces derniers se promenaient en toute liberté dans la maison et sur
le rocher. Dès 1785, les bâtiments étaient en très mauvais état et
menaçaient ruine depuis longtemps, mais ces murs branlants gardaient de
l’allure, ils étaient d’une sauvage et impressionnante beauté. Au XIVe
siècle d’épaisses murailles entouraient le rocher complètement séparé de la
terre ferme. La maison elle-même occupait la partie centrale, ce qui forme
actuellement l’arrière-corps du logis, comprenant la cuisine et la chambre
contiguë. Au devant se trouvait une petite cour, transformée plus tard en
jardinet et à la place de la porte actuelle s’étendait une étroite terrasse.
Le donjon se trouvait à l’autre extrémité et dominait de toute sa hauteur,
l’étroit et profond chenal, qui forme actuellement le lit du fleuve. Il
était couronné d’une toiture au pignon aigu soutenu par un hourdage formant
une légère saillie et dont les intervalles étaient garnis de pierres et de
mortier. Les derniers restes de la construction primitive dont on ne voit
plus aujourd’hui que les assises, si dures qu’elles semblent faire corps
avec le roc, n'ont disparu qu’au XVIIIe siècle. C’est à cette époque que
l’avant-corps fut construit par M. de la Rivollière.
Girard de la Roche est mentionné en 1291; après lui vint Pierre de la Roche,
puis Jocerand de la Roche, qui rendit hommage, le 8 octobre 1311. Le 22
juillet i322, l’hommage est rendu par Guillaume Groignon, seigneur des Prés,
mais le 18 juillet 1334, il est rendu par Margarone de la Roche, épouse
d’Artaud du Bois. Elle le renouvelle, étant veuve, le 18 septembre 1378. En
1 385, Jean de Vernoilles est seigneur de la Roche; son fils Guillaume lui a
succédé, en 1393. Arthaud de Vernoilles rend hommage de la Roche, le 22 juin
1441, Cent ans plus tard, le seigneur est Claude de la Roche, qui avait
repris le nom du manoir. Le fils de Rollin de la Roche, Jean, épousa Jeanne
de Bessey, fille de Guillaume et de Geneviève du Suc; elle testa le 27
novembre 1646, en faveur de Bertrand de la Roche, son fils aîné; elle
laissait aussi trois filles, Claude, Anne et Isabeau, religieuses ürsulines
à Saint-Symphorien. En 1639, Jeanne de Bessey, veuve de Jean de la Roche
avait donné le dénombrement du fief de la Roche "dont le chasteau est basti
sur un roc inaccessible sur la rivière de Loyre". Le 23 février 1674,
l’hommage est prêté par François-Bertrand de Vernoilles, écuyer, pour "le
château sur une roche au milieu de la Loire, consistant en basse chambre";
le dénombrement fut reçu le 26 mai suivant. Il mourut le 8 mai 1709. Un acte
du XVIe siècle, donne à Jean de Champdieu, époux de Souveraine de Saconay,
le titre de seigneur de la Roche. En 1740, Jean-Pierre de Champagny de la
Rivollière, bourgeois de Montbrison est seigneur de la Roche. Les armes de
cette famille sont d’argent au chevron de gueules, accompagné en chef de
deux carrés de sable, et en pointe d’un lion du même. Il en prêta hommage le
22 février 1755. De ses quatre fils, deux furent bénédictins et l’un de ces
religieux périt à Lyon en 1793; deux restèrent dans le monde: Joseph et
Jean-Marie. Leur sœur, Benoîte Champagny de la Rivollière, épouse de Thédore
Feuillot de Varange (armes d’azur à une main d’argent; au chef de gueules,
chargé de deux étoiles d’or) vendit la Roche, le 9 novembre 1785, à
Jean-Claude-François Bouvet, bourgeois de Lyon, pour 36.000 livres. C’est
lui qui fut surpris par la crue de 1790, les eaux montèrent jusqu’au premier
étage du château et on eut grand peine à en retirer les habitants, mais les
murs résistèrent. En 1830, Mademoiselle Bouvet, épouse de M. Dechatelus,
vendit le château à M. Brocard, lequel le laissa à sa fille. Cette dernière
le céda, le 27 septembre 1863, à Claude Vergiat, lequel le vendit à son tour
le 13 octobre 1900, à Marie-Paul-Emile Roustan, l’imprimeur roannais bien
connu. C’est à lui que la Roche doit sa résurrection. (1)
château de La Roche 42590
Saint-Priest-la-Roche, tel. 04 77 64 97 68, ouvert au public en juin de 14h
à 19h tous les jours sauf mercredi, en juillet et août 10h 30 à 12h et 14h à
19h tous les jours et du 1er septembre au 16 novembre 14h à 18h tous les
jours sauf mercredi.
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