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Le château de Saint-Victor, au nord du
village, est formé d’un seul corps de bâtiment, flanqué à l’ouest de deux
tours rondes qui dominent pittoresquement la Loire. Au nord s’étendait une
enceinte extérieure dont il reste des fragments de murs, noyés dans des
bâtiments modernes. On retrouve encore sur les tourelles deux fenêtres à
meneau horizontal, dont l’un porte la date de 1535, et sur la façade nord un
corbeau de mâchicoulis. Sur le pignon nord de cette façade on a placé une
petite statue qui provient de l’église paroissiale et représente, dit-on,
Sainte Catherine. On remarque, à l’intérieur, une cheminée du XVIIe siècle,
portant un écusson vide, entouré d’une couronne de feuilles, que soutiennent
deux anges, d’un travail très élégant. Une autre cheminée, provenant du
château, se voit dans la maison Pignatel. Le château de Saint Victor fut
construit au XIe ou au XIIe siècle au cours de la lutte entre les
archevêques de Lyon et les comtes de Forez, lutte qui se termina en 1173. Au
début du XIIIe siècle, Saint-Victor devint le chef-lieu d’un mandement très
étendu, qui englobait les paroisses actuelles de Saint-Victor, la Fouillouse,
Saint-Just-sur-Loire, partie de celles de Saint-Genest-Lerpt,
Roche-la-Molière et Chambles.
En 1324 le comte Guy IV ayant besoin d’argent, promit à Edouard de Savoie,
en lutte contre les Dauphins de Viennois, de lui faire hommage des châteaux
de la Fouillouse, Saint-Victor, Cornillon, Roche, etc, et de le suivre en
armes partout où il voudrait moyennant une somme de 20.000 livres. Edouard
n’ayant pas tenu sa promesse, en 1325 le comte fit la même proposition à son
rival qui l’accepta et tint parole. L’autorité du comte était exercée par un
prévôt qui recueillait les redevances des vassaux. En 1359 Saint-Victor
payait 139 livres, 19 sols, 9 deniers, 28 lapins, 74 lampes d’huile et 189
saumons. En 1352, les recettes furent employées à payer le voyage de la
comtesse à Avignon. Le principal revenu était la pêche des saumons. En 1365,
une écluse fut construite au bas de Saint-Victor, mais la crue l’emporta et
sa reconstruction, en 1374, coûta plus de 800 livres. En 1410, le prévôt de
Saint-Victor dut aller à Paris soutenir, au nom du comte, un procès intenté
par Louis XI au sujet des Eaux et Forêts du comté. Le voyage coûta 21
livres, 15 sols, 2 deniers. En 1355, le prévôt était Guillaume de Chambles,
et en 1416, Jean Thomas. Au début du XVe siècle on dut faire d’urgentes
réparations au château "aux maisons de Madame, au donjon, et au bâtiment où
anciennement était l’entrée de la grande cour du donjon". En 1415, une
attaque des Anglais obligea le prévôt à mettre Saint-Victor en état de
défense. Nous relevons plus tard comme prévôts les noms de Guy de Trezettes
et de Pierre Guiot. La confiscation des biens du connétable fit passer
Saint-Victor dans le domaine royal.
Rn 1543 François 1er aliéna Saint-Victor en faveur de Jacques Bourdon,
marchand et bourgeois de Saint Etienne. Le prix de vente fut de 6.700 livres
tournois, calculé sur la moyenne de 10 années d’un revenu annuel qui
s’élevait à 669 livres, 13 sols, 6 deniers, que rapportait la châtellenie
avec celle de la Fouillouse qui lui était unie. Le Roi s’était réservé la
faculté de rachat. Jean Bourdon, fils de Jacques, se titra comme son père de
seigneur engagiste de Saint-Victor. Il avait épousé Déline du Bourg, dont il
eut trois enfants. En 1564, Guillaume de Gadagne, seigneur de Bouthéon,
proposa à Sa Majesté d’échanger sa terre et seigneurie de Verdun en
Bourgogne, contre Saint-Victor, la Fouillouse et Saint-Héand. Jean Papou,
juge de Forez, fut chargé de "s’enquérir sur les valeurs et commodités ou
incommodités desdites terres". Le 4 juin 1564, il en fit dresser
l’inventaire qui a été conservé et où nous lisons "que ledit lieu de
Saint-Victor consiste en un château clos de murailles, garni de deux tours,
l’une du côté de vent, l’autre de bize, sans couverture, l’une desquelles
sert de prison, et est ledit châtel environné de faussé cray, la plupart
d’icelles desmolyes et ruynées et y a un petit pont de pierre pour entrer
audit château dans lequel y a une maison découverte où il n’y a que quelque
peu de traversiers en haut l’étage et une cheminée tendant à ruyne, et une
petite tour carrée ouverte, joignant ladite maison, qui ne sert de rien, et
une cave voûtée sans couverture, estimant tout cela pour une fois à la somme
de 20 livres, et auquel château il y a deux portes ou entrées". Le Roi ne
dut pas trouver "profit et utilité" à l’échange proposé, car aucune suite
n’y fut donnée. Pendant les guerres de religion le château fut occupé à
plusieurs reprises par les Protestants, puis pendant les guerres de la
Ligue, en mars 1590, le capitaine royaliste de Chattes s’en empara, ainsi
que de Feugerolles, mais Anne d’Urfé reprit ces deux places au nom de la
Ligue.
Dans la première moitié du XVIIe siècle la châtellenie de Saint-Victor était
possédée par Christophe de Bourdon, seigneur engagiste. Quelques années
après, elle fit retour au Roi et fut administrée par des officiers nommés
par la Couronne, notamment Vital de Lesgallerye, en 1654, et le sieur de
Lorme, en 1671. Le 18 novembre 1673, le Roi nomma des commissaires pour
procéder à l’aliénation des domaines royaux jusqu’à concurrence de 400.000
livres. Le 26 juillet 1674, la châtellenie de Saint-Victor et dépendances
fut adjugée sous réserve à Maître Jacques Pouderoux, pour 15.000 livres. Le
23, nouvelle adjudication à laquelle prit part également Maître Pierre
Pierron, on alla jusqu’à 17.500 livres. Enfin une dernière adjudication mit
de nouveau les deux "mecteurs" en présence et Saint-Victor fut
définitivement adjugé à Jacques Pouderoux pour 18.200 livres. Ce dernier
déclara alors qu’il agissait "pour et au profit de messire Charles-Achille,
marquis de Nérestang, comte d'Entremont, baron de Saint-Didier, Aurec, la
Chapelle, Saint-Ferréol, Roche en Régnier, chevalier des Ordres du Roi,
ci-devant grand maître des Ordres Royaux et Militaires de Notre-Dame de
Mont-Carmel et Saint-Lazare, et de dame Françoise de Grave, son épouse". Le
marquis de Nérestang fit restaurer Saint-Victor où Françoise de Grave, qu’il
avait épousée à Paris le 23 février 1667, mourut en 1700. Il alla alors
résider dans son château d'Aurec, où il mourut le 1er mars 1705. Le 22
octobre 1710, son fils, Achille de Nérestang vendit les châtellenies de
Saint-Victor et la Fouillouse à Louis Chappuis de Margnolas, qui paya, le 2
décembre 1710, 3.000 livres de finance, savoir 1.000 pour jouir de 62
livres, 10 sols de gages, et 2.000 pour être, lui et les siens, maintenus
dans la possession desdites châtellenies.
L’acquéreur était fils de Pierre et de Marguerite de Serre, petit-fils de
Louis et de Damienne Bourgeys, arrière-petit-fils de Christophe et de
Françoise des Bocs, lui-même fils de Gabriel Chappuis, qui teste en 1562, et
de Claudine du Verdier. Louis épousa le 29 novembre 1681 Jeanne Cachet de
Garnerans, dont Marguerite, mariée le 14 avril 1708 à Jean-Baptiste-Marie du
Lieu, et Charles, marié le 15 janvier 1715 à Marguerite Fayard des
Avenières, d’où Louis-Charles, marié le 2 décembre 1743 à Françoise-Gasparde
de la Frasse et père de Suzanne-Louise, mariée le 31 janvier 1764 à
Jean-BaptisteTrollier de Messimieux. Le 27 mai 1719, Louis Chappuis de
Margnolas vendait pour 36.000 livres les châtellenies de Saint-Victor et la
Fouillouse à Antoine d'Arloz de la Servette, sieur de la Barallière, qui dut
emprunter la majeure partie de la somme à Dominique de Pontsaintpierre,
trésorier de France à Lyon, dont les Regnauld de Bellescize furent les
héritiers. En 1720 Antoine d’Arloz fit reconstruire l’écluse d’un moulin au
bas de Saint-Victor, mais les Chartreux du Puy, qui entraînèrent à leur
suite les seigneurs la Tour-Maubourg, Beauzac, Aurec, prétendirent qu’il
leur portait préjudice en empêchant le poisson de remonter. Antoine d’Arloz
étant mort sur ces entrefaites, ils s’en prirent à son fils Pierre d’Arloz.
Le 18 octobre 1743, la Grande Table de marbre leur donnait raison, mais
Pierre d’Arloz en appela au conseil du Roi qui cassa le jugement et maintint
le baron de Saint-Victor, en la "pleine seigneurie de la rivière de Loire".
Les armes des d’Arloz sont :d'azur au lion d'or, armé et lampassé de
gueules. Pierre-Joseph d’Arloz avait épousé le 20 janvier 1761, Françoise
Virginie de Jullien de Villeneuve. Le 2 septembre 1749, Saint-Victor et la
Fouillouse, mis en vente par le commissaire en la généralité de Lyon, furent
achetés par Mr Michel Delaroa, notaire royal de Saint-Victor, pour le compte
de Pierre Berry de la Barre. Celui-ci s’associa avec Guy Brissac, fermier du
droit de pêche appartenant à Madame de la Feuillade et au comte de
Lillebonne, seigneur et dame du duché de Roannais, pour la pêche du saumon
et autres poissons dans l’étendue de la seigneurie de Saint-Victor et du
duché de Roannais. Le château de Saint-Victor fut transformé au début du XXe
siècle en école municipale de filles après avoir longtemps abrité de
vaillantes religieuses. (1)
château de Saint Victor 42630 Saint-Victor-sur-Loire, tel. 04 77 90 63
43, avec ses chambres, son restaurant, ses salles de réunion et
d'exposition, ses jardins, son théâtre, il est aujourd'hui un haut lieu
culturel, un lieu d'accueil, de rencontres et de séminaires.
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