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Château de l'Espinasse à Saint-Cyr-de-Valorges
 
 

                 Sur les bords riants de la Tessonne, à mi-chemin de Saint-Forgeux à Saint-Germain- l’Espinasse, s’élève un castel de la Renaissance; non loin de là, au milieu d'un pré, on aperçoit une tour isolée, aux murs épais et crénelés. Ces deux monuments sont les seuls restes du siège de la baronnie de l’Espinasse. Le château de l’Espinasse est une construction de la seconde moitié du XVIe siècle, avec un portail à bossages en granit du commencement du XVIIIe siècle. Elle s’étendait au levant, de l’autre côté de la cour, comme semblent le prouver les substructions encore apparentes d’un mur terminé par deux tourelles. Le principal corps de logis présente l’appareil très décoratif de briques de deux couleurs, disposées en losanges, et il est coiffé d’un comble aigu, sous lequel s’ouvrent d’élégantes baies à profil Renaissance. A l’intérieur on accède à deux salles basses, voûtées, où l’on distingue une belle et large cheminée style moyen-âge, par une porte à linteau horizontal, que surmonte une corniche portée sur deux balustres décorés de rinceaux. Les angles arrondis du linteau et des pieds droits sont sculptés de losanges, entre deux moulures saillantes. Le fronton de la porte principale, présente un écusson mutilé, aux armes sans doute des l’Espinasse ou des Dumayne, et sur le linteau est gravée cette inscription énigmatique: "Aut Vinci aut mori".

Quant à la tour, elle se dresse sur une motte artificielle autrefois entourée de fossés, dont on voit encore les vestiges. C’est un haut donjon carré, à angles arrondis et maçonnerie grossière, où l'on remarque des fragments de tuiles à rebords. Certaines traces visibles, sur la paroi extérieure des murs, sembleraient indiquer qu’à un moment donné, ce bâtiment se reliait à d’autres édifices, et faisait partie de la défense d'un ancien château. Il paraît avoir eu quatre étages, dont le dernier était constitué par une plate-forme, ajoutée après coup, et pouvant recevoir de l’artillerie. Cette plate-forme avait résisté au temps, mais elle s’effondra subitement, il y a un quart de siècle, il ne subsiste plus aujourd’hui, qu’un seul des arceaux en granit qui la soutenaient. Une porte basse, ouverte du côté du nord, permet d’entrer dans la partie inférieure de la tour. On ne voit, dans l’édifice, aucune trace d’escalier, on devait pénétrer dans l’intérieur à l’aide d’échelles qu’on retirait après' soi. La première de ces échelles, s’appliquait contre une porte ouverte dans la face de la tour, qui regarde le sud. Il y a un certain nombre d’années, on a démoli, au niveau du sol, deux angles de la tour. Cette démolition n’avait d’autre but que de se procurer des pierres, et on a été arrêté dans cet acte de stupide vandalisme, par fa solidité même de la construction, mais on a ainsi mis à jour, une espèce de canal, à section carrée, creusé dans l’épaisseur des murailles et faisant le tour de l’édifice. Ce vide a dû être laissé par des pièces de bois, qui formaient chaînage dans la maçonnerie, et que le temps a réduites en poussière.

La tour de l’Espinasse a une légende que les anciens du pays racontaient naguère dans les longues veillées d’hiver. "On dit que, pendant les longues et froides nuits d’hiver, on entend souvent autour de l’ancien donjon de l'Espinasse des bruits confus de chars qui roulent, de cloches qui sonnent, d’enfants qui pleurent. La tour s’enfonce alors de quelques lignes, et le voyageur attardé voit errer, sur les bords humides de la Tessonne, une femme au long voile blanc qui gémit tristement en regardant couler l’eau du torrent. C’est l’ombre de la ville de l’Espinasse qui, sur ses ruines, pleure sa splendeur passée. Grande, en effet, était cette ville de l’Espinasse qui un jour, disparut sous la malédiction de Dieu. Ses rues populeuses s'étendaient de Jambelière à Chàtelard, ses marchés étaient célèbres dans le monde entier. Cette ville appartenait au comte de Châteauguet, seigneur, méchant et cruel, sur le compte duquel on racontait, en se signant, de lugubres histoires. Il était huguenot. Un soir qu'il avait bu plus que de raison, il appela un de ses pages; "Par les cent diables, s’écria-t-il, je suis aujourd’hui bien fatigué; jusqu’ici je me suis bien amusé; mais je veux me convertir. Qu’on aille quérir le moine de Noailly". On court aussitôt au monastère. Le père prieur ne se fait pas attendre; il s'agissait de retirer une âme des griffes du diable. Il arriva, portant entre ses mains la Sainte Hostie. Dès qu’il fut entré dans la chambre, il se met à genoux au pied du lit du moribond; toute l’assistance l imite. Il se relève et allait s’approcher du malade pour l’exhorter à la pénitence, lorsque tout d'un coup, sort de dessous les draps blancs, la tête cornue d’un affreux bouc que l’on avait coiffé d’un béguin. Le moine se retourne épouvanté, il se trouve en face du comte lui- même, le pistolet au poing. "Moine, mon ami, tu vas de suite donner ce que tu portes à cette bête. Le religieux, sans paraître s’émouvoir, fait un grand signe de croix et avale le corps de Notre Seigneur. A l’instant même un bruit effroyable retentit dans toute la vallée, la terre s’entr’ouvre, et la ville tout entière s’engloutit au fond des enfers, entraînant avec elle le baron maudit". L’histoire diffère quelque peu de la légende.

Au printemps de 1590, les troupes protestantes du sire de Saulx-Tavanes résolurent de s’emparer de Marcigny, car on savait que la tour Milamperle était complètement remplie de sel, et Tavanes comptait là-dessus pour payer ses soldats. Marcigny et la tour se rendirent, mais les Ligueurs observaient les mouvements des protestants, Tavaries ayant reçu du renfort résolut de livrer bataille et décida que le lendemain matin on traverserait la Loire. Il avait a peine fait deux lieues, que les paysans l'avertirent que l’ennemi se retirait. Le capitaine huguenot pressa la marche de sa troupe et arriva à la tombée de la nuit à l’Espinasse. Le sieur de Varennes, commandant des troupes catholiques, venait lui-même d’y arriver et comptait y passer la nuit, mais il n’avait pas eu le temps ou pris la précaution de placer des sentinelles. Tavanes, sans s’attarder, ordonne au marquis de Mirabeau, son lieutenant, de charger. Il fait descendre de cheval tous les arquebusiers, met le feu à une maison pour s’éclairer et se porte aux issues du village pour les garder. Le marquis se précipite dans le bourg: l’ennemi surpris fuit de toutes parts, et Tavanes tue ou fait prisonnier tout ce qui lui tombe entre les mains. L’Espinasse incendié fut alors abandonné. Il ne reste plus de nos jours que le donjon carré aux angles arrondis, situé aux limites du Forez et du Brionnais. Le château de l’Espinasse avait déjà résisté aux Anglais en 1363 et en 1441 aux Ecorcheurs, aventuriers bourguignons et anglais forts de 4.000 chevaux.

La baronnie de l’Espinasse était la 3e du bailliage de Semur-en-Brionnais. D'une médiocre importance territoriale, elle a appartenu, par contre, à l’une des plus importantes maisons de chevalerie de la Bourgogne et du Forez. Les armes de l’Espinasse sont fascé de gueules et d'argent. Dès 1066, on trouve un seigneur de l’Espinasse, accompagnant Guillaume le Bâtard en Angleterre. La filiation s’établit depuis Guy 1er, mentionné dans une charte, accordée, vers 1131, par Hugues de Montaigu, à l’abbé de Saint-Julien. Il eut au moins 4 enfants: Dalmas, qui suit; Raoul, mentionné en 1180; Pons et Hugues, chanoines-comtes du chapitre de Brioude. Dalmas, seigneur de l’Espinasse, fut le père d’Eustache, qui suit; de Geoffroy, et de Pierre de l’Espinasse, chevalier de la milice au Temple, commandeur de Celles, en 1241, parti pour la croisade, en 1218. Eustache de l’Espinasse vivait encore, dans un âge très avancé, en 1273. Il avait accompagné saint Louis, à la croisade de 1248. Ses enfants furent Jean de l’Espinasse, seigneur de la Clayette, mentionné de 1269 à 1270, père de Guillaume, Pierre et Jean II. En 1303, un Guillaume de l’Espinasse rend hommage pour Pierrefitte, paroisse d’Ambierle. Le 26 novembre 1306, Humbert de l’Espinasse vend à Guillaume, seigneur du Verdier, divers cens et servis à Villerest, dont jouissait Béatrix de Mably, sa sœur, religieuse à Beaulieu. Dalmas III avait épousé Marguerite de Saint-Bury, qui testa, veuve, en 1336. De cette union vinrent Hugues, sire de l’Espinasse, marié à Marguerite de Thianges, et mort en 1374, laissant Jean, qui suivit le duc de Bourgogne dans ses guerres contre les Anglais, et épousa Odette, dont Erard de l’Espinasse, seigneur de Changy, dont hommage en 1379.

Philibert de l’Espinasse, dit le Cormoran, sire de l’Espinasse, servait, en 1388, dans la compagnie de Bertrand de la Tour, et acheta, en 1449, la seigneurie de Saint-Bonnet- des-Quarts. Il fut père de Jean de l’Espinasse, baron de l’Espinasse, épousa, en 1420, Blanche Dauphine, fille de Béraud, des dauphins d’Auvergne. A la suite de cette alliance les l’Espinasse portèrent écartelé, aux 1 et 4, d’or au dauphin pâmé d’azur; aux 2e, d’or au gonfalon de gueules; au 3e d’azur, semé de fleurs de lys d’or, à la tour d’argent brochant sur le tout; au 4e d’or à six fleurs de lys d’azur; sur le tout: fascé d’argent et de gueules de huit pièces, et au centre un écusson de gueules, à la bande d’argent, et au lambel de même. Jean eut onze enfants, dont Erard II, chevalier, prit le nom de Béraud Dauphin IV, en vertu du testament de sa mère, aux biens, noms et armes de laquelle il fut substitué. Il fut conseiller et chambellan de Louis XI, puis général de l’armée qui marcha contre Antoine de Luxembourg; il mourut en 1482, ayant eu d’Antoinette de Chazerin, Etienne de l’Espinasse qui rendit hommage au baron de Semur, en 1488, et mourut en 1493, ayant épousé Marguerite de Balzac, dont Antoine de l’Espinasse qui épousa Catherine Le Clerc, mais il mourut jeune, vers 1514, laissant un fils, Marc, dit Emard, baron de l’Espinasse, seigneur de Changy et Maulevrier, qui était en 1514, sous la tutelle de Dauphin d’Augerolles, seigneur de Saint-Polgues et de Roche-la-Molière. En 1538, il fournit à Sens, l’aveu et dénombrement de ses fiefs, puis quitta le monde, fut abbé en 1557, et mourut le 8 mars 1557.

Dès le début du XIVe siècle, les de Thélis étaient en possession d’une partie de la terre de l’Espinasse. Charles de Thélis, fils de Jean et d’Henriette de Sarron, épousa Perrine de Naux. Veuve, on décide en 1596, qu’elle recevra en paiement la terre de l’Espinasse si les 8000 écus qui lui sont dus ne sont pas payés d’ici deux ans. Elle donna, le 19 juillet 1601, le dénombrement de l’Espinasse et laissa Georges de Thélis, seigneur de l’Espinasse et Saint-Cyr-de-Valorges, marié à Claudine de Malyvert, d’où Charlotte, mariée le 21 janvier 1657, à Gaspard du Bost, fils de François et de Madeleine de Sainte-Colombe, et Paul, seigneur de l’Espinasse et Saint-Cyr, testa le 10 août 1644, marié le 4 févier 1683, à Jeanne Clop, veuve d’Alphonse du Chol, d’où Jacques, dernier des Thélis de l’Espinasse, testa le 14 mai 1728, ayant épousé le 11 juillet 1745, Emiliane Pallu. Nous trouvons au milieu du XVIIIe siècle Claude-Léonor du Mayne, marquis du Bourg, baron de l’Espinasse, brigadier des armées du Roi, marié à Marie-Joséphine de Rébé, dont Marie-Antoinette du Mayne du Bourg, qui porta la baronnie de l’Espinasse à Louis de Lostanges de Bedwer. Ce dernier mourut peu après, et sa veuve vendit l’Espinasse et Changy, à Pierre Terray de Rozières. En 1800 le château de l’Espinasse appartenait au comte Le Pelletier des Forts dont la fille Zoé le porta au marquis Guy-Antoine de Lévis, mort au château de Changy le 7 janvier 1870, ayant testé le 18 mai 1863, en faveur de son neveu, Jacques-Antoine-Fernand, marquis de la Ferté-Meun. Ce dernier vendit l’Espinasse avec les terres, le petit château, la vieille tour carrée par acte du 23 décembre 1882 à M. Antoine Buchet. Cette famille est originaire de Saint-Martin-de-Ligny. Antoine Buchet, marié à Gabrielle Déchelette était encore possesseur du château au début du XXe siècle. (1)

château de l'Espinasse 42114 Saint-Cyr-de-Valorges, association pour sa restauration : Association de l'Espinasse

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(1)  
Les Châteaux historiques du Forez par Emile Salomon, Vol. II, Imprimerie de Normand, Hennebont, Morbihan (1916-1926)

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