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Le château de Teillères, situé au bas
de la colline de Saint-Galmier, sur la rive gauche de la Coise, fut
construit au milieu du XIVe siècle par le comte Guy VII. Les comptes de
Thomas Montaignon, clerc de la Chambre, contiennent de 1349 à 1352 de
nombreux détails sur cette construction, sur le lieu d’origine et le prix
des matériaux, les salaires aux ouvriers et peintres, etc. Quelques parties
intéressantes de ce manoir sont parvenues jusqu’à nous: la galerie,
malheureusement détruite par un incendie et réédifiée dans un mauvais style
au XVIIe siècle; la chapelle avec sa belle porte et sa grande fenêtre à
ogives géminées; la haute et grande salle avec ses baies aux arcs trilobés,
type rare en nos pays de l’architecture civile du XIVe siècle, et les
vestiges de décoration peinte sur les plafonds à compartiments du
rez-de-chaussée et du premier étage, dont l’auteur est le peintre Henri,
1350. Le château de Teillères, dessiné par Guillaume Revel en 1450,
s’élevait au centre d’un quadrilatère fermé de hautes murailles. Une porte
ogivale, à laquelle on accédait par des degrés, s’ouvrait à l’ouest. Dans
cette enceinte, à gauche de la porte de l’ouest, étaient les bâtiments de
service: au centre le manoir qui comprenait au sud un bâtiment aux fenêtres
à meneaux, flanqué de deux tours carrées. En équerre, orienté est ouest, le
corps de logis principal, l’habitation, puis au nord un bâtiment dominant la
Coise. Ce dernier a été entièrement remanié, mais on a conservé la belle
porte sculptée y donnant accès. L’aile du sud où étaient "les estableries" a
été détruite par un incendie avant 1607. La tour du sud-ouest et le bâtiment
contigu ont disparu, mais on retrouve la tour sud-est, abaissée d’un étage,
dans la construction appliquée contre le mur sud du grand logis et sans
liaison avec lui. Le toit qui l’abrite aujourd’hui, simple appentis avec
pente au sud, a dû remplacer le toit primitif à quatre rampants du donjon
découronné. Cette tour devait contenir comme aujourd’hui l’escalier et le
fournil avec la pièce au-dessus.
Ce fournil, était en 1607 le "fournier" et en 1651 la "panneterie"; le four
est placé sur la façade de l’est. Le corps de bâtiment principal, existant,
comprend un rez-de-chaussée et un étage couvert jadis d’un comble élevé. Sur
la façade ouest, à l’intérieur de la cour, règne un portique surmonté d’une
galerie; cinq colonnes de pierre ont remplacé les anciens piliers qui
portaient la galerie. On voit encore dans le mur les six corbeaux de pierre,
à profils variés du XIVe siècle, qui correspondaient à ces piliers et
recevaient les pannes du plancher de la galerie. Au rez-de-chaussée, contre
la panneterie, est une première pièce de 8 mètres sur 4,60 mètres, où décéda
en 1651 François de Baronnat. La grande salle, aujourd’hui cuisine, a 10,60
sur 8 mètres et 5,07 mètres de hauteur. Déjà divisée en 1607 dans sa hauteur
par un plancher, elle était éclairée à l’est par deux fenêtres carrées,
encore munies de trois barreaux de fer; enfin une dernière pièce, autrefois
la cuisine, en 1607; il y avait encore une pièce contiguë à l’ouest. Une
vaste cave existe sous l’ancienne cuisine et la grande salle, un large
escalier dont la voûte en plein cintre ouvre sur la cour y conduit.
L’intérêt des pièces du rez-de-chaussée réside dans la décoration du plafond
lambrissé et peint. Le lambris est formé de poutrelles et de caissons. Sur
les chanfreins des poutrelles et des baguettes est une décoration faite de
traits noirs disposés en chevrons, laissant de chaque côté de petits
triangles peints en blanc et en rouge. La partie plane et médiane des
baguettes est peinte en noir, décorée de distance en distance d’une feuille
blanche vrillée, répétée et séparée à des intervalles égaux par des points
blancs rehaussés de rouge en leur milieu. A l’intérieur du caisson est
inscrit un large trait noir formant un carré.
Les divisions primitives du premier étage sont seules intactes, de simples
montants en bois ont remplacé les colonnettes primitives qui soutenaient le
toit. Le plafond était formé de pannes chanfreinées comme au
rez-de-chaussée. On y accède par un escalier de pierre précédé d’une porte
en plein cintre en pierres de taille avec fronton triangulaire reposant sur
un entablement porté par des consoles à feuilles sculptées. L’escalier mène
à un palier qui donne accès à gauche à la galerie, et en face dans
l’ancienne tour à une pièce carrelée, éclairée au sud par une fenêtre avec
deux bancs de pierre dans l’embrasure; au fond de cette pièce, de chaque
côté de la cheminée, sont deux petits réduits voûtés, où le jour pénètre à
l’est et au sud par d’étroites ouvertures. La galerie, au sol carrelé, était
un véritable promenoir. Sur cette galerie s’ouvre d’abord la porte élégante
de la chapelle, en grès de Saint-Etienne. Cette porte est décorée d’une
archivolte à arc en ogive, à triple voussure, qui abrite un tympan aux
trilobés fleuronnés et aux écoinçons sculptés. La chapelle avait jadis un
lambris ogival dans le style de celui de la Diana, les amorces seules sont
visibles. A la base, une frise peinte en rouge rappelle les rinceaux des
bandeaux typographiques du XVIe siècle. L’autel était placé face à la porte
contre le mur de l’est. Au-dessus est une large et haute fenêtre ogivale aux
minces colonnettes, divisée par un meneau portant les arcs brisés de deux
baies aux lancettes trilobées, et un quatrefeuille posé en losange. Cette
fenêtre fut aveuglée au XVIIe siècle, sur l’enduit qui la recouvre à
l’intérieur se lisent les écus de Baronnat, de Platel et du Verney. A droite
et à gauche sur la muraille sont quelques vestiges de peintures. De la
galerie on pénétrait dans la grande salle qui avait un plafond lambrissé et
décoré et était éclairée à l’est par trois fenêtres, deux grandes et une
petite. A l’angle nord-est est une cheminée, au manteau de pierre jadis
peint en rouge, soutenu par deux consoles à pans coupés. Sur la hotte
conique est peint un écusson à demi effacé portant aux 1 et 4 Vécu de
Baronnat, aux 2 et 3 celui de Charpin.
Au commencement du XIVe siècle, Teillères appartenait aux Jomar, riche
famille bourgeoise de Saint-Galmier. On trouve en 1289 Pierre Jomar,
bourgeois de Montbrison, fils de Pierre, en 1314 Pierre Jomar à
Saint-Galmier, en 1317 Barthélemy Jomar, bourgeois de Roanne, qui élit sa
sépulture à Saint-Galmier, tombeau de ses prédécesseurs; en 1326, 1329,
Pierre et Hugues Jomar; en 1333, Pétronille de Rivoire, veuve de Pierre
Jomar, bourgeois de Saint-Galmier; en 1336, 1342 Pierre Jomar, fils de
Hugues Jomar; Hugues Jomar, de Saint-Galmier, teste le 2 août 1361, élit sa
sépulture au cimetière de Saint-Galmier, fait des legs à Coronne, sa fille,
religieuse à Jourcey, à Hugues, son fils. Sa femme, Huguette du Verney,
teste le 22 juillet 1362. Pierre Jomar, de Saint-Galmier, avait épousé
Jeannette de Montchauvet, qui teste le 1er mars 1373. Cécile, fille de
Pierre Jomar, épouse Pierre de Chavanes. Le premier possesseur connu de
Teillères est Barthélemy Jomar, chanoine et sacristain de
Saint-Just-de-Lyon. Il transmit ce domaine à Hugues Jomar, son neveu,
bourgeois de Saint-Galmier,qui le 18 mars 1327 prête foi et hommage au comte
de Forez. Peu après, vers 1340, Hugues Jomar, père de Pierre, après avoir
fait dresser douze ans plus tôt, en juillet 1328, le terrier de Teillères,
vendait cette terre à Guy VII, comte de Forez, lequel, par son testament de
1357, lègue Teillères à son fils Jean. En 1389, 92, 93, Louis de Chalus,
châtelain de Saint-Galmier, fit faire au manoir des réparations importantes.
Quand, au XVe siècle, les ducs de Bourbon ne vinrent plus à Saint-Galmier,
Teillères fut abandonné. En 1456, il était abénévisé à Jean Chalmeyl, au
prix de 4 livres par an; puis plus tard à Pierre Chomel et sa femme
Marguerite. En 1529, Teillères appartient aux Baronnat, auxquels le
connétable l’aurait vendu en 1525, avant la confiscation de ses biens. Jean
Baronnat, seigneur de Teillères, était fils de Guillaume et de Françoise du
Verney, petit-fils de Jean et de Jeanne Chevrier, arrière petit-fils de
Pierre Baronnat, qui teste à Montbrison, le 9 février 1450, et d’Antoinette.
Jean décéda avant 1560, ayant épousé Marthe Delaye, puis le 16 février 1548,
Barbe de Jas, morte en mars 1560. Du premier lit il laissa Catherine,
mariée, le 28 février 1551, à François de Saint-Priest. Du second lit:
Pierre, qui suit; 3° Antoine, seigneur de la Mure, marié le 11 septembre
1573, à Charlotte de Charpin, fille de Jean. Pierre Baronnat Verney,
seigneur de Teillères, testa le 18 mars 1606 et mourut en 1607, ayant épousé
Catherine de Charpin, fille de Jean et d’Antonie Rostaing, et secondes noces
Louise de Chazeron. Du premier lit il eut François, qui suit; 2° Gabrielle,
religieuse à Chazeaux, le 23 novembre 1608. Du second lit: François; 4°
Antoine; 5° Catherine. François de Baronnat Verney, seigneur de Teillères,
né en 1572, testa le 3 octobre 1650 et mourut le 12 février 1651. Marié à
Gabrielle Chalon, qui testa le 3 septembre 1617, puis le 18 novembre 1618, à
Eléonore de Platel, et le 14 juin 1623, à Anne Dupré. Du premier lit:
Antoine, qui suit; 2° Renée, religieuse à Jourcey, le 30 novembre 1617; 3°
Jeanne, religieuse Sainte Claire, à Annonay, le 20 septembre 1620; 4°
Marthe, religieuse au même couvent, le 18 mars 1633; 5° Antoine, religieux à
Ainay, le 10 octobre 1620; 6° Annet, mort en octobre 1630. Du seconde lit:
Balthazar, religieux de Saint Ruf, à Valence, le 1er mars 1639; 8° Lucrèce,
mariée, le 10 mai 1643, à Jean Fayeul, sieur de la Grüe; 9° Charlotte. Du
troisième lit: François; 11° Pierre; 12° Gabrielle. Antoine de
Baronnat-Verney, seigneur de Teillères, testa le 11 août 1712 et fut inhumé
le 4 janvier 1714.
Il épousa Antoinette de Rossillon de la Vernouze, inhumée le 15 juillet
1700; puis Marie Frère de Charfetain. Du premier lit il eut Camille-Joseph,
qui suit; 2° Françoise, morte le 2 juillet 1692; 3° Charlotte, morte à 20
ans, le 4 janvier 1703; 4° Jeanne-Louise, baptisée le 11 mai 1688; 5°
Hélène, née le 14 décembre 1692; 6° Antoine Bénigne, né le 13 août 1697; 7°
Charlotte, mariée, le 11 novembre 1699, à Guillaume Populle, fils de Claude
et de Philippe Bochan; 8° Marie-Anne, née le 2 novembre 1698, mariée, le 30
avril 1720, à Antoine Montillet, praticien de Saint-Galmier, et inhumée le
18 février 1762; 9° Pierre-Charles, marié, le 2 février 1717, à Jeanne Rey,
fille de Claude, conseiller du Roi, maire de Saint-Galmier; 10° Antoinette;
11° Louise, batisée le 4 juillet 1700. Du second lit: Etienne, baptisé le 8
janvier 1703; 13° Aimé, né le le 11 avril 1704; 14° Antoine-Gabriel, le 30
avril 1705. Camille-Joseph de Baronnat, seigneur de Teillères, mort le 17
février 1756, épousa le 8 juin 1706, Catherine Verd, inhumée le 4 mai 1708,
à 21 ans, puis le 16 janvier 1711, Marie-Anne de Séverat, inhumée le 29 mars
1757, dont Jeanne-Marie (9 janvier 1712-25 janvier 1724). Le 29 juillet
1754, en son nom et en celui de sa femme, il vendait Teillères à un
petit-neveu de sa femme, Pierre Challaye. Les vendeurs se réservaient leur
habitation, leur vie durant, de plus l’acquéreur devait payer 6.000 livres à
Balthazar de Séverat, ou si celui-ci décédait avant eux, 1.500 livres à
l'Hôtel-Dieu Sainte Anne de Montbrison et la même somme à l'Hôtel-Dieu de
Saint-Galmier, à la charge pour les Recteurs de dire à perpétuité, dans leur
église, deux messes au jour du décès des donateurs.
Les armes des Challaye sont Ecartelé aux ïer et 4e losangé d’azur et
d’argent, en barre de 6 traits; à la fasce de gueules chargée de trois
étoiles d’or; aux 2e et 3e d’or, à deux lions affrontés de gueules; sur le
tout d’argent à un bras de carnation paré de gueules, mouvant du flanc
dextre de l’écu, et tenant une feuille de fougère feuillée de trois feuilles
de sinople; et au soleil de gueules, mouvant en chef du flanc sénestre; au
chef d’azur chargé d’un lion léopardé d’argent, lampassé, armé et vilené de
gueules. Cette famille remonte à Jean Challaye, père de Jacques (1668-1700),
marié à Louise Geney, dont huit enfants, et Joseph Challaye, mort le 26 mars
1721, notaire royal à Montbrison, marié le 1er juin 1683, à Toussainte
Chappuis, dont entre autres: Pierre Challaye, conseiller du Roi, acquéreur
de Teillères. Il épousa, le 18 mars 1716, Catherine de Séverat, dont
Pierre-Joseph, né le 1er juillet 1719; 2° Benoît (1724-1729); 3° Pierre
(1726-1729); 4° François; 5° Pierre, qui suit; 6° Catherine, née le 2
septembre 1733. Pierre de Challaye (27 octobre 1730-25 prairial an X),
conseiller au Parlement de Dombes, épousa, le 21 février 1757, Nicole
Chappuis de la Goutte, dont Joseph-Pierre (1762-1763); 2° Marie, née le 12
août 1758, mariée le 8 septembre 1777, à Claude Ravel, seigneur de Maleval;
3° Bonne, née le 20 juillet 1760, mariée, le 10 octobre 1780, à Gaspard
Sémenol, puis à Pierre Joseph Chavanon; 4° Nicole-Marie-Olympe; 5°
Marie-Anne, mariée à Joseph-Florimond de Bronac de Vazelhes; 6° Simone
(1765-1809), mariée, le 25 prairial an X, à Benoît Boudot, fils de Jean et
de Pierrette-Marguerite Chavanis. A la mort de Pierre de Challaye, Teillères
fut mis en vente et passa à la famille Thollot. (1)
Éléments protégés MH : le château de Teillères ou manoir de Teillères :
inscription par arrêté du 24 octobre 1929. (2)
château de Teillères 42330 Saint-Galmier, propriété privée, ne se visite
pas.
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