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Les premiers inventaires détaillés du comté de
Forez citent la Bruyère parmi les seigneuries devant hommage aux comtes.
Plusieurs siècles après, en 1317, Béraud de Solignac reconnaît tenir d’eux
en fief son domaine de la Bruyère. En 1336 des damoiseaux, Ponchon, fils de
Gérente, seigneur de Chaza letz, et Jean, époux d’Isabelle de Monte-Alto, se
qualifient à leur tour de seigneurs de la Bruyère. La richesse du sol et
surtout la possibilité d’y établir une tuilerie permettent même de supposer
que ce lieu était habité dès l’époque romaine, comme les régions
limitrophes. Cependant, si des bâtiments agricoles s’y renouvelaient de
siècle en siècle, c’est au XVe que la propriété acquit son importance comme
habitation seigneuriale. Des lettres patentes datées de Paris, au mois
d’août de l’an de grâce 1480, signées Berry, au nom de Jehan II, duc de
Bourbon, signalent une décharge de tout cens, rente et taille baptisée, dus
sur le domaine de la Bruyère, métairie, terres, maisons, prés, bois, vignes,
jardins, garennes, tuilière et autres héritages, en faveur de Louys Chauvet,
qui s’engageait à fournir ailleurs semblables droits en "aussi bonne ou
meilleure assiette". Le total des sommes dues était de 122 sols et quelques
deniers. Louys Chauvet est appelé par le duc de Bourbonnais et d’Auvergne,
comte de Clermont et de Forez, "nostre amé et féal secrétaire et controlleur
de nostre domaine de nostre dit comté de Fourest". Louys Chauvet était sans
doute fils de Pierre Chauvet, juge de Forez, sous l’autorité du duc dès
1461. Les Chauvet étaient encore seigneurs de la Bruyère au XVIe siècle.
Leurs armes sont: D’or à trois têtes de sable, tortillées d’argent.
Dès 1480, le fief semble avoir acquis son importance actuelle. En effet,
Louys Chauvet, acquéreur "de la grange ou métairie appelée la Bruyère, en la
châtellenie de Saint-Romain-le-Puy, après y avoir rétabli maison, grange,
vacherie et autres édifices et appartements... a encore, dit cette même
pièce conservée dans les archives du château, voulu faire bâtir et édifier
plusieurs autres maisons et édifices, pour y faire aucune fois sa
résidence". Au XVIIe siècle furent seigneurs de la Bruyère, d’abord les de
Fau (Deffault) de la Bruyère, puis les Gambalde (Gombarde) par alliance
avant 1626, d’Anne de Fau avec Thomas Gambalde; les d’Allard par alliance de
Pierre avec Gabrielle Gambalde. Pierre mourut en 1657; sa terre passa alors
aux Chappuis qui en prêtent hommage à partir de 1664 et pour la dernière
fois en 1782. Pierre Chappuis de Mau bon est seigneur de la Bruyère en 1723.
Le 14 mars 1705 il avait épousé Catherine Thoynet, dont Pierre-Antoine qui
lui succéda et fit célébrer le 24 mars 1772, dans son château de la Bruyère,
le mariage de l’une de ses filles, Marie Catherine-Pierrette, avec
Auguste-Toussaint Scott de Martinville, baron de Balvery, officier en la
légion de Flandre. Pierre-Antoine légua sa terre à son fils Jean-Pierre,
seigneur de la Goutte, Nervieu et la Salle. Ce dernier augmenta l’étendue du
domaine par plusieurs acquisitions, entre autres, en 1778, de terres situées
au Colombar et le 4 septembre 1783 du domaine de Nicq, anciennes propriétés
de noble Antoine Dumondé, achetées de Marie-Anne Dumondé, sa nièce, épouse
de Michel-Nicolas-Louis Laindet de la Loude, receveur des aides à Sury. Le
15 octobre 1793, M. de Maubou devait être victime de la Terreur, mais pressé
par plusieurs dettes, il s’était, deux ans auparavant, dépossédé de la
Bruyère.
Par acte sous seing privé du 1er mars 1791, complété par acte devant Maîtres
Goyet et Chantemerle, notaires à Montbrison, du 10 mai 1792, Maître Damien
Battant de Pommerol, avocat, puis président du tribunal de Montbrison, époux
d’Hélène de Madières, acquit de M. de Maubou le fief de la Bruyère. Le
nouveau seigneur appartenait à une famille originaire d’Aurec-Nérestang,
passée vers 1600 à Saint-Maurice-en-Gourgois, en 1720 à Saint-Bonnet et
enfin à Montbrison. Ses armes sont: D’argent à trois fasces de gueu les, au
chef d’azur chargé de trois besants d’or. En 1633 fut baptisé à
Saint-Maurice, Claude, fils de Georges Battant et de Marie Fouez. Son
parrain fut Claude Battant, procureur au siège royal de Chauffour,
exploitantpar tout le royaume. En 1689 fut baptisée Catherine, fille de
messire Battant, sieur de Pommerol. En 1742 est mentionné Christophe de
Pommerol, notaire. L’acte d’acquisition de la Bruyère fait mention de
l’ancienne maison de maître, chapelle, grenier, écurie, fenil, grange et
tuilerie, de la terre de Nicq, et d’une vigne sise aux Purelles, commune de
Moind, le tout d’une contenance de 265 hectares environ. Le vendeur cédait
également le mobilier complet hormis un lit à son choix. Il tenait ces
terres de son père, moins une vigne, héritage de son oncle Chappuis de la
Salle. M. de Pommerol fit démolir successivement la plupart des bâtiments;
les derniers vestiges de la maison d’habitation disparurent vers 1862.
Il n’en subsiste guère au commencement du XXe siècle que le puits et les
colonnes de la chapelle. Commencé en thermidor, le château actuel ne fut
terminé que vers 1803. Le domaine de la Bruyère se compose actuellement de
vastes bâtiments construits en fer à cheval autour d’une cour fermée par un
large portail hospitalier. La façade principale regarde le pic de
Saint-Romain qui lui forme un agréable point de vue au delà de son jardin à
la Française. Une percée dans les futaies prolonge de l’autre côté le parc à
travers les bois du domaine. Une deuxième enceinte close de murs réunit à
l’entour, vergers, prairies, étangs, bosquets et charmilles. A l’intérieur,
sans compter les meubles plus anciens, vestiges du château précédent, les
aménagements de la fin du XVIIIe siècle restent intacts. Trumeaux et
tapisseries conservent aux pièces d’honneur tout le cachet du mobilier
empire. D’autres appartements sont remarquables par les trophées, les toiles
peintes, les galeries de gravures et de portraits de famille. Fort belle
aussi la cheminée du billard provenant du château de la Valette, en Forez.
André, puis Joséphine Battant de Pommerol, fils et fille de l’acquéreur de
la Bruyère, furent successivement les héritiers de son domaine. En 1887,
Mademoiselle Joséphine de Pommerol le céda à sa nièce Hélène, fille
d’Auguste et d’Elise Parat. Hélène de Pommerol épousa Alexandre Jullien,
chevalier de la Légion d’honneur, membre de l’assemblée nationale, et fit
entrer la Bruyère dans cette dernière famille. Alexandre Jullien mourut le
10 février 1898, laissant le château à Gabriel, son fils, qui l’a lui-même
cédé à son fils, à l’occasion de son mariage, le 15 novembre 1904. Les
Jullien, d'une famille notariale de Lupé dont la fi liation remonte au XVe
siècle, furent anoblis au XVIIe siècle. M. Louis Jullien de Pommerol,
châtelain de la Bruyère, a été autorisé, par décret en date du 3 février
1914, à relever le nom de sa grand-mère. Il s’est fixé dans la vieille
demeure, lui donnant à nouveau l’entrain et la vie des anciens jours. De son
alliance avec Marie-Thérèse de Vaulx, fille d’Augustin et de Marie Perroy d’Azo
lette, sont nés trois fils: Hubert, Raymond et Bernard. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château ; le
pigeonnier : inscription par arrêté du 5 octobre 1982. Les pièces suivantes
avec leur décor et notamment leurs papiers peints et toiles peintes au
rez-de-chaussée : l'antichambre, le grand salon, la chambre dite salon
d'hiver, la salle de billard : classement par arrêté du 5 octobre 1982. (2)
château de La Bruyère 42610 Saint Romain le Puy, propriété privée, ne se
visite pas.
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