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Au nord de Sainte-Colombe, dans une situation
superbe, se dressent les pittoresques ruines du château de Montcellier.
Toutes les constructions intérieures sont détruites, et leurs débris
remplissent l’enceinte du vieux manoir. Les remparts extérieurs ont mieux
résisté à la destruction, et sauf du côté du nord-ouest, ils s’élèvent
encore à une grande hauteur sur les rochers qui leur servent d’assises. Le
plan du château est celui d'un quadrilatère fort irrégulier, car ses
constructions avaient suivi toutes les sinuosités de la croupe ardue qu’il
couronne. Trois tours, l’une carrée, les deux autres cylindriques, flanquent
l’édifice, une seule de ces dernières subsiste encore, mais détruite à
moitié, du sommet â la base. Par le système de construction, le plan et même
la situation, Montcellier offre une ressemblance frappante avec le château
de Francheville, en Lyonnais, ce qui permet de fixer la date de sa
construction. L'entrée principale du château de Montcellier était ménagée
dans la tour carrée et voûtée â tous les étages, qui flanque le monument au
sud-est. Cette porte, de forme ogivale, était d’un accès difficile, placée
dans un angle rentrant, elle était commandée par un avant-corps, affectant à
l’extérieur, la forme d’une tour cylindrique, qui en défendait l’approche.
De plus, elle était élevée à 4 mètres au-dessus du sol de sorte que
primitivement au moins, on ne pouvait y accéder qu’au moyen d’une échelle,
disposition qui se retrouve au château du Verdier, près Gordelle. A l’angle
nord de la forteresse, on remarque aussi une autre porte ou fenêtre, placée
à une hauteur de 6 mètres environ et surmontée d’une sorte d avant-toit en
maçonnerie. A cet avant-toit devait être fixée une poulie à l’aide de
laquelle on introduisait tout ce qui était nécessaire à son ravitaillement.
C'est en 1262 qu’on trouve la première mention de Montcellier. A cette date,
Renaud de Forez cède à Dalmatie, épouse de Béraud de Vaux, outre 60 livres
viennoises une rente annuelle et viagère de cent sous viennois sur les
revenus de Montcellier, en échange des cens, servis et droits quelconques,
que cette dame percevait, comme vassale du comte, dans la paroisse de Violay.
En 1276, le comte Guy fit donation à Gilet, son fauconnier, de ce que Renaud
avait acquis de Dalmatie, plus quelques autres droits. Les comtes de Forez,
qui avaient construit cette redoutable forteresse pour protéger leurs
domaines, en firent don, au début du XIVe siècle environ, aux moines de
Saint-Albin, qui la possédèrent comme bien de main-morte, exempt de toute
redevance féodale. Le prieuré de Saint-Albin, situé près de Sainte-Agathe,
au sommet d’une montagne par où passait l’ancien chemin de Néronde à Tarare,
relevait du prieuré des chanoines réguliers de Saint-Irénée, fondé au IXe
siècle par saint Rémi, archevêque de Lyon de 85o à 875. Le 23 juillet 1316,
nous voyons Hugues de la Font, chanoine régulier de Saint-Irénée, disposer
du prieuré de Saint-Albin, en faveur de Renaud de Forez, fils du comte Jean
1er . Mais ce premier prieur ne goûta pas la vie monastique, il épousa en
1324, Marguerite de Savoie; son frère Jean lui succéda. Le 8 mai 1410,
Guichard de Chastellud, héritier de Martin, son père, en procès avec sa sœur
Béatrix de Chastellud, femme de Julien de Montchalin, notaire, lui remit
divers biens, et il fut convenu entre eux, que la maison haute et basse,
située au-dessous du château-fort de Montcellier, serait indivise, et que
Guichard aurait pour sa part, certaine grande arche déposée dans la grande
four du donjon dudit château. En 1530, Antoine Debresson, prieur de
Saint-Albin, légua 65o livres, à l’Hôtel-Dieu de Lyon. Son successeur fut
Antoine de Rochefort, en 1537, fils d’Antoine et de Claude Gaste; il devint
abbé de Valbenoîte, en 1551. Le prieuré tomba ensuite en commande; en 1650,
le prieur est Etienne Bartoli, chanoine et sacristain de Saint-Just-de-Lyon,
fils de Thomas, échevin de Lyon, en 1604 et de Suzanne de Villars.
En 1683, Paul Tallemant, diacre de Paris, prieur perpétuel de Saint-Albin,
nomma Pierre Delandine, à la cure de Bussière. En 1702, le prieuré de
Saint-Irénée céda Saint-Albin aux chanoines de la congrégation de France ou
Sainte-Geneviève. Le prieur rendit hommage de Montcellier, le 27 juillet
1727. Le dernier prieur, de 1774 à 1790, se nommait Cahouette, il était
chanoine régulier de la congrégation de France. Pendant plusieurs siècles,
les moines avaient trouvé à Montcellier, un refuge contre tout danger, mais
à la fin du xvi e siècle, la sécurité étant assurée, ils négligèrent le
manoir, qui tomba en ruines peu à peu, et était inhabitable bien avant la
révolution. A cette époque, il fut vendu comme le prieuré de Saint-Albin, et
exploité comme carrière de pierres. Autour de lui se groupent aujourd’hui de
misérables masures, que le vieux donjon découronné, écrase de ses masses
imposantes. Un tel spectacle devait frapper l’imagination populaire. Parlez
de vieux château aux paysans du pays, de Violay à Néronde, de Sainte-Agathe
à Saint-Marcel, ils ne connaissent que "Montcely". Le vieux manoir, pour
eux, est une retraite hantée par tous les démons de la nuit. Les lutins, les
esprits follets dansent le soir au sommet de ces murs croulants, et plus
d’une fois, on a vu des dames blanches se promener dans ces ruines et
s’enfuir, devant la poursuite de quelque indiscret, dans une retraite
inconnue. Là aussi, se cachent des trésors immenses, laissés par les moines
de Saint-Albin. Mais la porte invisible du souterrain qui les renferme ne
s'ouvre que pendant la nuit de Noël, au moment où le prêtre étend les bras,
à l’élévation de la messe de minuit. Plus d’un villageois a essayé de
pénétrer ces mystères, à cette heure solennelle, mais toujours quelque
obstacle surnaturel est venu faire échouer son dessein, et le souvenir de
ces mésaventures revit dans les récits légendaires que l’on redit autour de
l’âtre, pendant les longues veillées d’hiver. Vers 1830, quelques paysans,
pénétrés de ces croyances, vinrent fouiller les ruines de Montcellier, pour
y découvrir les trésors qui devaient les enrichir. Leurs recherches durèrent
près d’un mois, mais elles n’eurent aucun succès et l’asile mystérieux où
gisent les richesses si souvent convoitées est désormais réputé inviolable.
(1)
château de Montcellier 42540 Sainte-Colombe-sur-Gand, propriété privée, ne
se visite pas, vestiges.
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