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Sur le bord de la route de Montbrison à Ambert,
presque aux limites du Forez, se voient encore les restes imposants du
château du Soleillant. Toute sa partie nord a malheureusement été démolie
lors de la construction du séminaire de Verrières, dans les premières années
du XIXe siècle. La chapelle même a été sacrifiée et seules de larges dalles
perpendiculaires à la façade, à gauche indiquent son emplacement. Elle était
ornée de blasons sculptés, notamment de celui des Courtois d'Arcollières, et
d’un autre figurant un chevron et des palmes qui pouvait être celui des du
Soleillant. Ces curieux vestiges ont dû être employés comme matériaux de
construction; seuls quelques linteaux de portes ont été épargnés et gisent
pêle-mêle dans la cour de la vieille demeure. Ce qui subsiste n’est pas
dépourvu de charmes: on pénètre dans la cour par un charmant portail Louis
XIII, dépouillé de son écusson, mais d’une grande valeur architecturale. Une
tour ronde, d’une faible hauteur, flanque l’encoignure du mur d’enceinte. Le
principal corps de bâtiment est flanqué de deux pavillons rectangulaires
d’un effet à la fois gracieux et imposant. Les différentes pièces qui
subsistent n’ont rien de remarquable sauf une seule, située au premier étage
du pavillon de droite. Elle est ornée d’une belle cheminée dont le manteau
peint porte un immense écusson, surmonté d’un casque et de ses lambrequins:
Ecartelé aux 1er et 4e de gueules à l'épée haute d’argent, posée en pal, la
poignée d’or et accostée de deux fleurs de lys d’or, qui est Courtois d'Arcollières,
au 2e d’azur au lion d’or, à la bande de gueules chargée de trois croissants
d’argent, qui est de Châtillon; au 3e d’azur à trois fasces ondées d’argent,
qui est Rival du Soleillant. Sur le derrière du château, entre les deux
pavillons, s’élance dans les airs une belle tour ronde qui sert de
colombier. Dans le jardin est une pièce d’eau rectangulaire aujourd’hui à
sec; un peu plus loin deux fontaines de pierre montrent des écussons
indéchiffrables.
Les renseignements ne sont pas très abondants sur les premiers seigneurs du
Soleillant. Guillaume du Soleillant, prêtre, se trouvait en Orient en 1250,
il était alors chapelain du comte de Forez, Guy V. En 1338, Guillemet du
Soleillant était prévôt de Saint-Romain-le-Puy. Artaud du Soleillant était
seigneur du Soleillant en 1399. Sa sœur Isabelle était dame d’honneur de
Jeanne de Bourbon, et Charles du Soleillant, officier d’Anne Dauphine, en
1409. Etienne du Soleillant était en 1416 prêtre-prébendier de la duchesse
de Bourbon. En 1433, Jean du Soleillant est prieur de Saint-Romain-le-Puy,
et en 1448, sa sœur Duchette est prieure de Saint-Thomas. Leur frère Artaud
du Soleillant hérita du manoir paternel; dès 1450 il se titre de
capitaine-châtelain de Saint-Romain-le-Puy. Le 25 mai 1456, il achète divers
fonds à la Croix-Cognoles. Le 3 juillet 1477 Agnès Auroze, sa veuve, achète
de Mathieu Clémençon une carte d’huile de pension. Cette maison du
Soleillant combla de ses libéralités le couvent de Saint Thomas dont
l’obituaire mentionne cinq filles qui ont vécu de la fin du XIVe à la fin du
XVe siècle: Louise, et quatre autres portant le prénom de Jeanne. En 1520 un
du Soleillant était chanoine de Lyon. Jacques du Soleillant, seigneur du
Soleillant, transige avec la dame de Beauvoir en 1499. Nous trouvons ensuite
Louise du Soleillant, femme d’Artaud de Saint-Maurice. François du
Soleillant, encore mentionné en 1528, dut vendre son château à Pierre de
Châtillon. Ce dernier était fils de Philippe, lieutenant général au
bailliage de Forez et de Marguerite Chauvet, petit-fils de Jean, notaire et
secrétaire du Roi Charles VII et de Catherine d’Avignon, arrière petit-fils
de Guillaume,vivant en 1441.
Il fut avocat au bailliage et mourut le 7 juillet 1559. De Germaine Buatier,
il eut Noël, qui suit; 2° Charles, prieur de l’Hôpital-sous-Rochefort,
chanoine de Saint-Paul de Lyon; 3° Jérôme, président de la Sénéchaussée de
Lyon en 1570, président à mortier au Parlement de Dom bes, en 1572. Il
épousa d’abord Anne Teste, puis Hélène de Villars; 4° Sibille, mariée à
Jacques Paulat. Noël de Châtillon, seigneur du Soleillant, épousa Catherine
de Rilloin, et en secondes noces Jeanne de la Veuhe, et laissa Catherine,
mariée à Claude Raverie; 2° Marie, mariée à Jean Buatier; 3° Ennemonde; 4°
Agathe, mariée à Claude de Marolles; 5° Sibille, mariée à Michel Courtois d'Arcollières,
qui devint seigneur du Soleillant; 6° Geneviève, mariée à Claude Bellièvre;
7° Balthazar, seigneur du Soleillant, dont hommage en 1633, inhumé le 7
décembre 1652. De son alliance avec Sibille de Châtillon, Michel Courtois d'Arcollières
n’eut qu’une fille Ennemonde, qui porta le Soleillant à son époux Guillaume
Rival. Ce dernier était le frère de Mathieu Rival, prêtre-prébendier de
Chazelles, décédé au Soleillant le 28 juillet 1687, à 78 ans. Il s’était
déjà marié 4 fois: avec Jeanne Vachon, en 1611 avec Françoise Ducros; le 17
juin 1619 avec Catherine Paparin de Chaumont, et enfin avec Catherine Petit,
veuve de François Tantillon. Guillaume Rival mourut au Soleillant, le 6
juillet 1641. Quant à Ennemonde d’Arcollières, elle y décéda seulement le 18
janvier 1678, à 80 ans. Elle laissait deux filles, Antoinette, baptisée le
1er novembre 1632, et Madeleine-Hélène, née le 18 avril 1635, et un fils,
Claude Rival du Soleillant, avocat en Parlement, seigneur du Soleillant, où
il mourut le 27 février 1693, sans alliance. Le château du Soleillant passa
alors à son cousin, Jacques Rival, seigneur de la Tuilière.
Après le décès de la dernière des Rival, Antoinette, le château advint à
Antoine-Joseph de la Pierre de Saint-Hilaire, petit-fils de Marguerite
Rival. Il fut victime de la Révolution et l’acte d’accusation mentionne
qu’il "a fourni son château du Soleillant pour tenir le corps de garde sur
la route de Saint-Anthème à Montbrisé". Pendant la Révolution, plusieurs
prêtres réfractaires avaient trouvé asile dans les murs dévastés du château,
l’un d’eux était l’abbé Perrin. Tous avaient été cachés par une sainte fille
du pays, Antoinette Montet, dite la Tante, née à Gumières en 1735. La
Providence avait des desseins sur cette vénérable personne. "Trop humble et
trop simple, pour se croire capable de rien par elle-même, nous dit son
historien, elle prit le chemin de Verrières, pour charger le curé de cette
paroisse de remplir ses intentions. J’ai vendu ce que je possédais,
ajouta-t-elle, en voici le produit, employez le selon les vues de la
Providence, à la fondation d’un séminaire, ici. C’est peu pour commencer,
mais Dieu fera le reste". C’est à cette époque que l’on acheta le château du
Soleillant pour y installer le séminaire, mais dans la suite on renonça à ce
projet et le séminaire, qui n’a pas survécu aux lois spoliatrices de la
République, fut construit au bourg même de Verrières. Le Soleillant fut
vendu à des paysans du pays, les Cla velloux, puis les Clairet; par alliance
il a passé à M. Vial, maire de Verrières. On réserva pour la Tante, le droit
d’y loger et d’y vivre jusqu’à la fin de son existence. Elle mourut pleine
de jours et de mérites, entourée de la vénération universelle, le jour de la
Pentecôte, à 5 h du soir, 25 mai de l’année 1828. Le parfum de ses vertus
s’est joint, dans la vieille demeure, au souvenir des cinq familles
seigneuriales qui s’y sont succédées, et le tout forme comme une auréole qui
entoure le château du Soleillant, pour le protéger de la profanation du
siècle. (1)
château du Soleillant 42600 Verrières en Forez, propriété privée, ne se
visite pas. Historique détaillé, format pdf :
le château de Soleillant
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