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Le très élégant château d’Aynac dresse son
imposante stature au milieu d’une vaste esplanade de verdure. Autrefois
ceint par une double muraille agrémentée de petites tours, on accédait alors
à l’édifice, après avoir franchi un fossé, grâce à un pont-levis, comme le
montre une gravure conservée dans la salle du premier étage. Le bâtiment se
compose de deux corps de logis bloquant une cour étroite, flanqués de quatre
tours circulaires à mâchicoulis et, se dressant en son milieu, d’une très
haute tour rectangulaire de six étages munie d’une tourelle de quatre
niveaux, sur son angle sud-est. Les tours circulaires sont coiffées par une
toiture en dôme dite "à l’impériale", mise à la mode par Philibert Delorme
dans la deuxième moitié du XVIe siècle, recouverte de lauzes façonnées en
"tuiles" plates, provenant des carrières de a Gauzinie, non loin de là. Le
reste est chapeauté de toitures en pavillon munies de lucarnes surmontées
par des frontons ornés de pinacles de pierre. La tour circulaire située au
nord-ouest du bâtiment, c’est-à-dire à l’arrière, dite "tour de Turenne",
plus importante que les trois autres, a de surcroît un plan intérieur carré.
Elle semble plus ancienne que le reste, ce qui laisserait supposer
l’existence préalable d’une ancienne construction à cet endroit, peut-être
un repaire fortifié. Les fenêtres à meneaux et à croisillons d’origine,
visibles sur la gravure de la grande salle, ont toutes disparu, remplacées
au siècle dernier par de larges baies.
Au-dessus du portail d’entrée, un magnifique bas-relief de 1895, œuvre d’un
grand prix de Rome, Gustave Deloye, figure les armes des Turenne-Aynac
Coticé "d’or et de gueules de dix pièces" et celles combinées d’Élizabeth
Berthier, princesse de Wagram "Mi-partie d’or au dextrochère de sable",
portant l’écu avec la devise en orbe Comilitoni Victor Caesar et à la
deuxième partie "fuselée d'argent et d’azur de 21 pièces". Sur chef,
l’écusson du maréchal Berthier: les abeilles et l’aigle royal posé sur un
foudre. À l’intérieur de la tour rectangulaire, un splendide escalier rampe
sur rampe Renaissance dessert chaque étage. Le château d'Aynac comprend une
soixantaine de pièces. Deux d’entre elles ont conservé leur spécificité
originelle: le salon et la grande salle avec leurs plafonds anciens, aux
poutres peintes de motifs naïfs et de blasons, de paysages et de divinités
mythologiques. La grande salle recèle une fort belle cheminée de pierre,
incrustée de marbre, décorée de sirènes, de cariatides et de dauphins. Deux
femmes nues drapées surmontent les montants. Des vestiges d’une fresque de
Lebrun, Suzanne au bain surprise par les vieillards, subsistent sur le
trumeau. La cheminée en bois du salon est polychrome avec une dominante de
dorure. Les anciennes écuries, situées maintenant extra muros du parc,
abritent la mairie, la poste, la cantine scolaire, et la salle des fêtes. De
l’orangerie installée en bordure des jardins potagers de la propriété ne
restent que quelques vestiges.
Le château d'Aynac fut donc la demeure des Turenne-Aynac jusqu’au premier
tiers du XXe siècle. Un bâtard est à l’origine de cette lignée: Hector,
comte d’Alès,fils de Raymond-Roger de Beaufort, vicomte de Turenne. En 1399,
l’excentrique vicomte déshérite sa fille unique au profit de ses six enfants
naturels. Hector obtiendra les fiefs d’Aynac, Molières, Ussac, Palaret et
Saint-Hilaire. Son fils, Annet, lieutenant de l’artillerie royale, sera fait
prisonnier après la sinistre bataille de Pavie, avec son roi François 1er.
Pour payer sa rançon, il sera obligé de vendre sa seigneurie de Bio et
Palaret aux Lagarde de Saignes. Il avait épousé Jaquette de Ricard de
Genouillac, sœur du grand maître de l’artillerie royale: Galiot de
Genouillac, seigneur d’Assier; la tradition attribue à cette femme la
construction du château. L’un de leurs fils épousera Marguerite de
Thémines-Lauzières. Pendant la révolution, leur descendant
Henri-Amédée-Mercure ne céda pas à la panique et resta sur place. Ce qui
évita au château de subir trop de dégâts, malgré la venue d’une bande armée
qui tenta de saccager le domaine, et réussit à brûler l’orangerie et les
archives. Plus tard, ce vicomte de Turenne-Aynac deviendra général et comte
d’empire. Plus tard encore, il sera fait pair de France. L’un de ses
petit-fils, Étienne-Guy, épousera en 1875 Élizabeth Berthier de Wagram,
petite-fille du maréchal. Cette dernière ne lui donna que deux filles. Le
nom disparut donc à l’arrivée de cette princesse de Wagram, qui est à
l’origine des travaux de restauration entrepris au siècle dernier. Leur
fille Louise de Turenne épousera le comte Raymond de Toulouse-Lautrec,
cousin du peintre. Après avoir divorcé, en 1910, elle se remariera avec le
marquis de Lavalette-Bareigne. Devenue veuve, Louise de Turenne convolera
une troisième fois avec Henri Brunet, qui sera maire d’Aynac de 1931 à 1942.
En 1937, le couple avait dû, pour raisons financières, vendre l’ensemble du
domaine. Le château va alors connaître différents propriétaires jusqu’à son
rachat, en 1973, par la commune. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, y compris le fronton
sculpté ; l'escalier principal ; les deux salons du premier étage avec leurs
cheminées et leurs plafonds peints : classement par arrêté du 26 juillet
1988.
château d'Aynac 46120 Aynac, tél. 05 65 11 08 00, ouvert au public toute
l'année, cadre exceptionnel pour cocktail, mariage et repas. Le Castel Club,
ouvert toute l'année, Poney club, leçons d'équitation jeunes et adultes.
Stage d'équitation, de l'initiation au perfectionnement, préparation à la
compétition et aux examens et séjour classes-découvertes pour les écoles...
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