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La massive silhouette du château de Cabrerets,
perchée sur un éperon rocheux à l’entrée sud du village, domine
majestueusement l’étroite vallée du Célé serpentant en contrebas. Ce château
succède dans les lieux à l’inconfortable "roque" troglodyte dite "château du
Diable" ou "des Anglais", et, jusqu’à la fin de la guerre de Cent Ans,
servit d’asile aux différents seigneurs de Cabrerets. Ceux-ci furent, au fil
du temps, les Barasc, attestés sur ces terres dès 1287, puis les
Cardaillac-Monbrun, qui hommagent en 1362 et cèdent leurs terres de
Cabrerets en 1439 au baron de Gramat, Antoine de Gontaud-Auriole, auteur de
la branche des Gontaud-Cabrerets. Les premiers Gontaud sont les bâtisseurs
du château dont la construction, commencée au XIVe siècle, s’achèvera vers
1515. Raymond de Gontaud, chevalier du roi, présidera à la fin des travaux.
Ce seigneur avait pris parti pour le prince de Condé, après s’être converti
au calvinisme. D’un premier mariage, il avait eu Jeanne, qui fut dame
d’honneur de Catherine de Médicis et la gouvernante de ses filles. De son
deuxième mariage avec Anne d’Auriole, il eut Jean II, qui, adulte, deviendra
l’un des principaux chefs protestants du Quercy. Ayant pris part à la
sanglante bataille de Dreux, Jean II eut la chance de s’en tirer "sain et
gaillard". En 1580, il servit de guide à Henri de Navarre et à son armée à
travers les sentiers détournés du Causse, pour prendre par surprise la ville
de Cahors. D'une certaine façon, il vengeait ainsi le massacre de ses
coreligionnaires, perpétré en 1561, dans les murs de son hôtel citadin, par
la population catholique de Cahors. En représailles, car dans ces conflits
civils, la vengeance appelle la vengeance, les Cadurciens iront incendier
son château de Vayrols, situé non loin de la ville, où il avait hébergé le
futur roi de France Henri IV.
En 1676, faute d’héritier direct, le fief de Cabrerets échoua à une branche
collatérale, en la personne de Jean IV de Gontaud. Âgé de vingt et un ans,
ce dernier avait abjuré la religion protestante. Deux générations plus tard,
et pour la même raison, à savoir l’absence de fils, Cabrerets passa par
héritage à Charles-Armand de Gontaud-Biron, fils de François de Gontaud,
marquis de Biron, et de Madeleine de Cossé-Brissac sans lien de parenté avec
les premiers Gontaud. Charles-Armand, fait duc de Biron, comte de Cabrerets,
baron de Roussillon, sera surtout connu pour avoir été nommé Pair de France
à vingt-trois ans, en 1723, et Maréchal de France en 1734. Il fera, avec
panache, toutes les campagnes sous Louis XIV, jusqu’à sa mort en 1756. Le
grand homme ne résida jamais en ses vieux murs de Cabrerets. Par contre, une
de ses filles, Judith-Charlotte de Gontaud-Biron (1694-1741), vint se
retirer au château lorsqu’elle fut abandonnée par son excentrique mari,
Claude de Bonneval. Celui-ci, après avoir servi le roi, était passé au
service du prince Eugène, qu’il avait fini par quitter pour entrer dans "la
Sublime Porte", aux ordres du Pacha d’Ottoman ! Une chambre du château est
toujours désignée comme la chambre "de la belle Judith", car elle était
dotée d’une grande beauté. Pendant la Révolution, le seigneur de Cabrerets,
Armand-Louis de Gontaud-Biron, petit-neveu de Charles-Armand, député du
Quercy aux états généraux, officier de la République, fut accusé d’avoir
conspiré contre celle-ci, et condamné à avoir la tête tranchée le 31
décembre 1793. L'année suivante, sa femme, née Amélie de Boufflers, mourut
elle aussi sous la guillotine. La Terreur de la Révolution mit ainsi un
terme à l’histoire des seigneurs de Cabrerets.
Après la mort du duc, la population avait envahi les lieux, pillé
l’intérieur, mutilé les blasons des Biron "Écartelé d’or et de gueules"
supportés par deux griffons, incendié les communs et les archives du
château. Le 27 Pluviose, An II, le directoire de Cahors avait mis sous
séquestre les biens que le "traître" Biron possédait dans le Lot. Le
régisseur du seigneur déchu, un certain Vialolles, s’appropria la demeure et
les terres, qu’il donna en partage à ses neveux. Plus tard, Joachim Murat
aurait désiré acquérir ces biens, mais la présence intra muros de la tribu
Vialolles, le fit renoncer. C’est seulement vers 1850 qu’un descendant des
neveux vendit sa part à un descendant Murat. Les autres parts furent
successivement acquises par les Murat dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Philippe Sahut d’Izarn, le propriétaire actuel et descendant de la famille
des Gontaud, est très attaché à la conservation du château. Il entretient et
consolide progressivement les différentes parties du château comme la tour
Marcennac, au nord, restaurée de 1994 à 1997. La construction originelle
suivit les contours de l’escarpement rocheux. Ne possédant ni fossés ni
remparts, elle comptait sur ses épaisses murailles percées d’archères et de
créneaux, ainsi que sur les mâchicoulis de ses tours, pour assurer sa
défense. Une inscription gravée en lettres gothiques et chiffres romains sur
le linteau d’une porte située en haut du grand escalier semblerait indiquer
que la construction commença dès le XIVe siècle: "Hoc Castellum Aedificatum
Est In Anno M. CCC. IX". Il semble que le plan initial ne fut jamais achevé,
car la muraille est montre des pierres en attente, et la muraille nord ne
fut jamais construite. L'édifice est composé de deux corps de bâtiment
s’articulant contre une grosse tour ronde en à pic sur le rocher. Une
seconde tour ronde, en partie décapitée, cantonne l’aile nord-sud. Une
coursière de mâchicoulis ceinturait l’ensemble du château. Il en subsiste
des vestiges ça et là, le crénelage que l’on peut voir étant un ajout
récent. Une tour d’escalier occupe l’intérieur de l’angle formé par les deux
ailes. Dans l'aile ouest, les salles conservent plusieurs cheminées
monumentales des XVIe et XVIIe siècles. Dans la salle à manger se trouvent
deux toiles peintes du XVIIe siècle, illustrant des thèmes du XVIe: chasse
au faucon et chasse à courre. Le château, serti dans un décor verdoyant,
dégage le charme puissant de son caractère moyenâgeux. (1)
Éléments protégés MH : le château de Cabrerets en
totalité : classement par arrêté du 28 novembre 1996
château de Cabrerets 46330 Cabrerets, ouvert au public aux Journées
du patrimoine et pour des visites ponctuelles. Nous remercions le
propriétaire, M. Philippe Sahut d'Izarn, pour les précisions qu'il nous a
adressées.
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