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Le château domine la vallée de la Dournelle. À ses pieds s’étale le village
médiéval de Fons, autrefois nommé "Exartellis", lieu privilégié dès le haut
Moyen Âge où s’installe, vers 972, un monastère qui deviendra par la suite
un prieuré bénédictin considérable. La seigneurie deviendra sous Philippe le
Bel, en 1302, propriété royale. Bâtie, comme son nom l’indique, sur une
roche importante dont le sous-sol est creusé par des grottes innombrables,
la demeure dresse sa haute et belle silhouette qui se mire dans les eaux
calmes d’un étang peuplé de nénuphars. Tout ici respire la sérénité d’un
lieu devenu, par la grâce de ses hôtes, un havre de paix et de beauté. Il en
fut, naguère, tout autrement. Le Roc a été le théâtre de batailles âpres et
sanglantes sous des cieux moins propices à la douceur de vivre. Sans doute
construit sur l'emplacement d’une petite forteresse dont la mémoire se perd
dans la nuit des temps, il est probablement l’œuvre d’Antoine Prudhomme, en
1570. Issu d’une noble et riche famille de marchands, originaire du
Rouergue, installée à Fons depuis la seconde moitié du XVe siècle, le
seigneur du Roc portait "D'azur à trois tours crénelées d'argent, maçonnées
de sable 2 et 1". Sa devise, Prudencia vincit omnia, signifiait: Prudence
triomphe de tout. Pendant la guerre de Cent Ans, les services rendus par
Jean de Prudhomme lui valurent de recevoir la charge de viguier royal de
Figeac. Sous les guerres de Religion, Fons, restée fidèle à la religion
catholique, encerclée par les possessions protestantes, devint, outre un
asile, un véritable symbole pour tous les catholiques quercynois. Ses
gentilshommes, les Prudhomme étant les premiers d’entre eux, adhérèrent à la
Ligue. Le 10 mars 1622, le duc de Sully et son fils le comte d’Orval vinrent
mettre le siège aux abords du village que François de Cardaillac avait, à la
tête de ses troupes, repris peu auparavant aux protestants. François de
Cardaillac, grand seigneur des environs, sortit de la place pour aller en
reconnaissance. Mal lui en prit: il se fit piéger au bord de l'étang du
château du Roc. Mortellement blessé, il fut transporté dans les murs du
château, où il mourut le lendemain.
Au siècle suivant, la Révolution viendra troubler la quiétude des lieux. En
1791, des bandes armées venues de Figeac mirent le feu aux biens des
Prudhomme. Après la destruction totale de leur château de Plaisance, situé
non loin de là, la vieille demeure du Roc subira, à son tour, la vindicte
populaire. Heureusement, l’incendie déclenché ne détruisit qu’une tour. Mais
en 1793, les vieux murs seront à nouveau l’objet d’une attaque organisée par
des paysans. Les mâchicoulis furent alors démantelés. Seule, une pierre
résista à la fureur républicaine, qui indique toujours le niveau où ils
étaient placés. Les déboires n’étaient pas terminés pour autant. En 1794,
ordre fut donné d’araser les deux tours rescapées, ce qui fut
scrupuleusement exécuté. Le dernier vicomte de Prudhomme, qui avait émigré
après la destruction partielle du Roc, entreprit à son retour, vers 1800, la
reconstruction de sa demeure. Le neveu de celui-ci, le colonel de Cornély,
officier de cavalerie, décida de moderniser sa propriété en 1868. Il fit
supprimer les bâtiments de ferme situés au sud du château, et fit ériger
plus loin, de l’autre côté de la route, un somptueux haras, bâtiment à deux
tours, chapeauté d’une monumentale toiture soutenue par une imposante
charpente en carène renversée. Cette étonnante écurie sert maintenant de
grange et d’étable. La tradition orale colporte encore de nos jours
l’histoire suivante: lorsque la construction de l’écurie fut sur le point
d’être terminée, le colonel de Cornély, afin de ne pas renvoyer ses ouvriers
à la misère due au phylloxéra, ordonna qu’on rasât l’édifice pour le
ecommencer, et ceci, deux fois de suite ! Il faut avouer que l’histoire,
fût-elle vraie ou fausse, a la beauté des légendes chevaleresques...
Héritiers des Cornély, les Dufau de La Roque, originaires du Rouergue,
occuperont Le Roc jusqu’au lendemain de la dernière guerre. Le château est
composé d’un corps de logis carré, cantonné par deux tours rondes dont la
toiture fut refaite après leur arasement. Un corps de logis en retour
d’équerre prolonge la façade ouest, datant de la reconstruction conduite
après la Révolution. Outre l’étang romantique, le parc possède une série
étonnante de trois lavoirs alimentés par une source dont l’eau coule
naturellement chaude. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures, le système hydraulique
du parc (bassins, nymphée et étang) et les dépendances, à l'exclusion du
pigeonnier : inscription par arrêté du 7 décembre 1993.
château du Roc 46100 Fons, propriété privée, ne se visite pas.
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