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A l’orée du village qui porte maintenant son
nom, Labastide-Murat; autrefois dénommé Labastide-Fortanière, le château,
construit pour le général d’Empire et compagnon de Napoléon, Joachim Murat,
dresse sa silhouette dépouillée au milieu d’un vaste parc. Murat, issu d’une
famille paysanne aisée installée dans les environs depuis le XVe siècle et
dont le père tenait l’auberge du village, naît à Labastide en 1767. Devenu
le héros que l’on sait des conquêtes napoléoniennes, beau-frère de
l’empereur, puisqu'il avait épousé Caroline Bonaparte, le Grand-Duc de Berg,
futur roi de Naples, décide de faire construire une demeure pour sa famille,
principalement pour sa mère, digne du nouveau rang qu’il occupe. Les travaux
commencent en 1807. Ils seront suspendus un temps, lors de l’accession au
trône de Naples de leur commanditaire. Ils reprennent en 1812 et s’arrêtent
définitivement en 1815, après la mort de Murat, fusillé à Naples le 13
octobre de cette année-là. Sa mère, pour qui Murat avait conçu la demeure,
meurt avant même le premier coup de pioche. C’est son frère André,
bénéficiaire d’un "majorât héréditaire avec titre de comte", qui sera le
premier occupant des lieux, jusqu’à sa mort, en 1841. Son fils Pierre-Gaétan,
deuxième comte Murat, qui avait épousé la fille d’un ancien secrétaire de
Napoléon, Marie-Paule de Méneval, hérite du château où il meurt six ans plus
tard. La chapelle et la serre qu’il avait fait construire seront démolies en
1914. Leur fils, Joachim, dernier comte Murat, succède, qui va entreprendre
de restaurer les appartements du château, et faire modifier la façade
occidentale en y ajoutant un lanterneau au niveau des combles, afin d’y
loger son valet de chambre.
La décoration intérieure subsiste de nos jours telle qu’elle fut alors
conçue par ses soins, c’est-à-dire dans un style rigoureusement Empire.
Depuis sa mort en 1904, le château est passé à ses descendants par les
femmes. L’un de ses petits-fils, Jean Lebaudy, qui héritera de la demeure,
sera un grand sportif, un pilote d’avion audacieux pendant la Première
Guerre mondiale, et un coureur automobile sous le nom de "Lescot" pour
Bugatti. Collaborateur de son père dans l’industrie sucrière, il financera,
entre les deux guerres, l’aménagement de la grotte préhistorique du
Pech-Merle, située sous des terres qui appartenaient aux Murat depuis le
début du XIXe siècle, Propriétaire également du chäteau de Cabrerets, se
dressant non loin de la célèbre grotte, il réunira en ses murs une
importante collection d’objets préhistoriques prélevés sur le site, avant
d’en faire don à la commune. Demeure somptueuse à plus d’un titre, le
château est l’expression parfaite du style néo-classique en vogue sous
l’Empire et sera un modèle unique sur les terres quercynoises. L'architecte
parisien Leconte signa les plans. C’est un grand bâtiment rectangulaire
ponctué d’ouvertures identiques. Ses deux façades présentent un avant corps
légèrement en saillie, percé, au rez-de-chaussée, de trois portes-fenêtres
en plein cintre séparées par des pilastres doriques. Ceux-ci sont surmontés
d’une frise décorée de triglyphes, patères et bucranes (motif figurant une
tête de bœuf décharné). Deux ailes qui, au siècle dernier, encadraient le
logis, ont été supprimées. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures avec les structures
basses, y compris les balustrades ; le boudoir, la salle à manger, le grand
salon, le salon de musique, la bibliothèque, le vestibule avec l'escalier,
et le palier du premier étage : inscription par arrêté du 16 septembre 1991.
Le parc : inscription par arrêté du 24 mars 1992.
château de Labastide Murat 46240 Labastide Murat, propriété privée, ne se
visite pas.
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