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Guillaume Lacoste mentionne des titres des Xe et XIe siècles dans lesquels
apparaît en effet le toponyme "Postminiago" ou "Postomniago", du nom d'un
établissement antique établi sur l'ancien aqueduc qui alimentait Cahors
depuis la source de Font-Polemnie. Les arcs de cet aqueduc, auxquels fait
référence pour sa part le toponyme de Laroque-des-Arcs, abritèrent une
fortification que les consuls de Cahors détruisirent au cours de la guerre
de Cent ans. En revanche, la roque ou fortification de falaise à laquelle le
nom de la localité fait également référence existe toujours. Elle domine le
bourg et son ancien port établis sur les berges du Lot, bourg dans lequel
subsistent également les vestiges d'une tour quadrangulaire et ceux d'un
repaire associé à un moulin. La première mention de Laroque-des-Arcs ("la
rocha da larc") remonte à 1178, date à laquelle le lieu est associé à un
certain Géraud-Doitran de Laroque dont le surnom caractéristique, "Doitran"
suggère qu'il était lié aux anciens vicomtes de Cahors et de Saint-Cirq. Un
siècle plus tard, Laroque constituait, en même temps que Saint-Cirq-Lapopie,
l'apanage d'un certain Hugues de La Roque, fils de Fortanier de Gourdon. Le
nom du nouveau possesseur, indique qu'il avait recueilli l'héritage de
Géraud-Doitran. Entre temps on pense que Hugues de Laroque (1233-1250),
descendant du précédent avait marié une de ses filles à Fortanier de Gourdon
et donné son nom au second fils de ce dernier en même temps que l'héritage
de Laroque-des-Arcs et de la moitié de Saint-Cirq-Lapopie. Distinct du
castrum de La Roque, le repaire de Polminhac passe pour avoir été, aux
portes de la cité, une ancienne résidence des vicomtes de Cahors avant
d'être acquis par les Gourdon. Le parallèle de cette succession avec les
jalons relatifs à Laroque-des-Arcs laisse supposer que les deux localités
furent intimement associées. Parfois désigné au XVe siècle sous
l'appellation de "boria de Gordo" et tenu par Pons de Gourdon, seigneur de
Laroque des Arcs, lors du dénombrement de 1504, Polminhac ne disposait
encore au début du XVIe siècle que de la basse justice et dépendait alors de
l'évêque. Le statut féodal du château était donc celui d'un simple repaire.
Etabli sur un tronçon de l'ancien aqueduc et disposant de quelques vestiges
de marbres antiques, le château de Polminhac jouissait cependant du prestige
accordé habituellement aux résidences comtales ou vicomtales.
Pour s'en tenir à l'époque médiévale, le château présente deux campagnes de
construction nettement différenciées par le matériau employé : la pierre
pour les parties les plus anciennes, la brique pour la campagne la plus
récente. Sans être décisifs, l'ensemble des indices chronologiques offerts
par l'édifice, et notamment les chapiteaux des fenêtres de la tour féodale
édifiée en pierre, plaident pour une attribution de la construction
primitive à l'extrême fin du XIIe siècle voire au début du siècle suivant,
en admettant que la campagne de construction marquée par l'emploi généralisé
de la brique ait pu intervenir vers le milieu ou le troisième quart du XIIIe
siècle. La conception sophistiquée du château, régulièrement flanqué de
tourelles dotées d'archères, et celle du donjon cylindrique à empattement
taluté évoquent une période un peu plus récente. Ces caractères évoquent les
modèles philippiens inspirés du Louvre de Philippe Auguste et semblent
renvoyer l'époque où les Gourdon, faisant hommage au roi (1211, 1226, 1228),
revendiquaient sa suzeraineté au détriment des droits du comte de Toulouse.
L'hypothèse d'une référence symbolique à l'architecture capétienne
supposerait dans ce cas que le château ait été entrepris avant 1247, date à
laquelle Fortanier de Gourdon était contraint de reporter son hommage et de
se soumettre au comte de Toulouse Raimond VII. Cette large fourchette
chronologique laisse ouverte l'attribution de l'édifice qui a pu être
commencé sous Fortanier de Gourdon (1241-1260) et achevé à l'époque de son
fils Hugues de Laroque (1262-1281). Le tracé ovalaire de l'enceinte rend
plausible cependant l'hypothèse selon laquelle le château aurait pu succéder
à une motte très nettement antérieure au XIIIe siècle.
Le château de Polminhac est habituellement désigné, à tort, sous
l'appellation de château de Laroque-des-Arcs, du nom du village voisin. Or,
il se trouve en fait sur le territoire de Cahors. établi à flanc de coteau
en bordure de la vallée du Lot. Le château s'inscrit dans une remarquable
enceinte ovale, flanquée de tourelles approximativement circulaires. Le
tracé général évoque l'empreinte d'une ancienne motte que l'on aurait
chemisée à la manière des "shell-keeps" d'outre-manche ; il s'agirait dans
ce cas d'une fausse motte puisqu'implantée sur un soubassement rocheux.
L'ensemble du château est assis sur une terrasse soutenue par des murs
d'époque diverses dont certains pourraient appartenir à l'époque médiévale.
Une poterne y est aménagée. Très remaniés au XXe siècle lors d'une
réhabilitation générale, des bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles, adossés
à l'enceinte, se déploient en fer à cheval autour d'une cour exiguë. Ils
enserrent un ancien logis médiéval et un donjon circulaire, initialement
séparés l'un de l'autre. Le logis médiéval montre lui-même la trace de deux
campagnes de construction distinctes, marquées par l'apparition de
maçonneries de briques au-dessus d'un premier niveau parementé en assises
régulières de moellons grossièrement dressés. Un ouvrage extérieur
quadrangulaire, assumant le rôle d'une barbacane, précédait la porte d'accès
attenante au logis principal. Les vestiges d'une première porte attenante à
la tourelle la plus proche pourraient avoir participé de l'économie de ce
premier sas.
La porte d'entrée de l'enceinte, en pierre, dessine un arc brisé chanfreiné,
dont les congés sont très érodés. Elle était surmontée d'un mâchicoulis
reconstruit en briques mais porté par d'épaisses consoles de pierre en
triple quart de rond, attribuables à la première campagne. L'entrée ouvre
aujourd'hui sur la cour par l'intermédiaire d'un couloir compris entre deux
corps de logis. La "turris", de plan circulaire, est construite en pierre.
Elle est assise directement sur le roc, en retrait de l'enceinte dont elle
était dissociée. Elle comportait initialement trois niveaux, couverts par
des coupoles de pierre pour deux d'entre eux, un plancher intermédiaire
reposant sur une retraite de parement. Le talutage de la base, à moins qu'il
ait constitué une simple figure de style, peut-être en référence à la tour
du Louvre, conduit à supposer qu'un mâchicoulis ou plus probablement un
hourd couronnait les superstructures. Cette hypothèse est confortée par la
présence d'une double ligne de trous d'encastrement au sommet de la tour.
Les parements extérieurs, en maçonneries appareillées de calcaire local,
sont caractérisés par la présence de pierres de réglage en délit, relayées
parfois par des briques à partir du second niveau. L'édifice était doté d'un
double accès. La chambre basse, légèrement décaissée dans le roc (1,30 m
environ), disposait d'une porte d'entrée percée dans le talutage de la tour.
En arc brisé émoussé et soulignée par un mince chanfrein, elle était
semblable sur ce point au portail de l'enceinte. Trois soupiraux ouvrant à
l'extérieur par des baies en plein cintre aéraient la pièce. Un quatrième,
semblable aux premiers, ouvrait directement dans les reins de la coupole. Il
laisse supposer que l'entresol actuel, posé sur le cordon d'imposte en quart
de rond, ait pu reconduire une disposition ancienne que pouvait justifier la
hauteur de la voûte.
Ouvrant sur la cour, une seconde porte en arc brisé, donnait accès
indirectement au second niveau par l'intermédiaire d'un escalier annulaire
compris dans l'épaisseur de la paroi. Réalisé en briques, le couvrement en
berceau de cet escalier matérialise la première apparition de ce matériau
dans la construction jusqu'à présent exclusivement réalisée en pierre.
L'étage ouvrait sur la cour par une large fenêtre géminée. Une cheminée y a
été rapportée récemment. Etablie dans une embrasure dotée tardivement de
coussièges, la fenêtre, initialement à appui plein, est réalisée en pierre à
l'exception du couvrement en arc segmentaire de son embrasure, réalisé en
briques. La base de la colonnette est trop érodée pour être décrite. Le
chapiteau à tailloir indépendant en double cavet, très évasé, assemble des
feuilles simples d'allure romane et des crochets d'allure nettement
gothique. Il s'inscrit dans la tradition des chapiteaux à feuilles
engainantes qui caractérisent la nef de la cathédrale de Cahors et les
salles capitulaires de Catus et de Beaulieu-sur-Dordogne et dont on retrouve
des versions plus récentes à Saint-Urcisse de Cahors. Le chapiteau de
Polminhac se distingue de tous ces modèles par la présence d'un abaque
épais. Les arcs de la fenêtre, caractérisés par leurs claveaux étroits et
chanfreinés, sont en arc faiblement brisé. Ces arcs reposent sur des cordons
d'imposte de même profil que les tailloirs. Le troisième niveau de la tour,
porté par un plancher reposant sur une forte retraite, était doté d'une
fenêtre ouvrant au sud, semblable à celle du niveau inférieur, mais,
semble-t-il, implantée initialement au sol. Sa colonnette est décorée d'un
chapiteau roman très érodé, dont le style est proche de celui de la fenêtre
de l'étage inférieur. La coupole, établie sur un cordon d'imposte en quart
de rond, est réalisée en pierre.
Un étage supérieur était éclairé par une longue fente de jour, visible sur
la face Est, au-dessus des toits des logis. Aucun aménagement permettant
d'accéder à la terrasse sommitale n'a été repéré. Celle-ci a été remplacée
par une couverture de tuiles Le logis médiéval, adossé à l'enceinte, est
partiellement construit en pierre et présente dans ses parties basses des
maçonneries semblables à celles du donjon. Irrégulières, les dernières
assises de pierre sont relayées vers le milieu du premier étage par une
maçonnerie de briques dont les pans droits sont venus rectifier, lors d'une
seconde campagne de construction, la courbure du soubassement.
L'irrégularité de la reprise conduit à supposer que celle-ci s'est opérée
sur un édifice endommagé, ou dont la première campagne s'était interrompue
brutalement. Ainsi les fenêtres du premier étage, dont les piédroits
s'inscrivent dans les parements de pierre, ne furent-elles dotées de leurs
cintres de briques qu'à l'occasion de la seconde campagne de construction.
L'arase supérieure, établie à un peu plus de 9 m au-dessus du niveau de la
cour, conserve semble-t-il un élément de solive en place que l'on peut
hésiter à attribuer soit la couverture d'origine, soit à un niveau de pan de
bois disparu Les traces de trois, voire quatre fenêtres à colonnettes,
aujourd'hui condamnées, sont identifiables dans l'élévation externe où elles
sont réparties sur deux étages. Elles étaient encadrées par des séries de
trous de boulins apparemment destinés aux pigeons. Une cinquième fenêtre,
dont ne subsistent que les piédroits, ouvrait sur la cour. Seul indice
stylistique notable, le cordon d'imposte des fenêtres y est souligné par un
tore, incitant à situer l'ensemble des ouvrages de briques au milieu ou dans
la seconde moitié du XIIIe siècle. Il semble donc que la seconde campagne de
construction ait suivi de peu la réalisation du donjon et des ouvrages de
pierre. La distribution intérieure n'est plus lisible aujourd'hui, tant les
remaniements des XVIIe et XVIIIe siècles qui ont modifié les niveaux, ont
été importants. Tout au plus peut-on mentionner une cheminée, replacée, dont
le manteau à décor flamboyant proviendrait de Sologne, mais dont les
colonnes de piédroits, portées par des bases à double tore proviennent d'un
édifice datable au plus tard des premières décennies du XIIIe siècle.
Éléments protégés MH : le château de Laroque des Arcs en totalité :
inscription par arrêté du 27 décembre 1963. (1)
château de Laroque dit Borie de Polminhac 46000 Cahors, propriété privée, ne
se visite pas.
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