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L'origine de ce château dont la massive silhouette
émerge à l’orée du village qui porte le même nom date en partie à la fin du
XIVe siècle, en partie à la fin du siècle suivant. Ce toponyme est une
déformation de Joanis, désignant la maison des Joan, c’est-à-dire, en
français moderne, des Jean. Ces derniers sont issus d’une riche famille de
banquiers caorsins. Bertrand de Jean reçoit la terre de Canourgues, qui
deviendra Les Junies , en 1214, de l’évêque de Cahors, Mgr de Cardaillac. On
peut supposer dans ce geste, le règlement d’une dette importante contractée
par l’évêché pour financer la guerre contre les Albigeois. Pendant le
conflit franco-anglais, les de Jean; ils ont été annoblis à la fin du XIIIe
siècle, dans un premier temps, restent fidèles au roi de France. Leur
principal représentant, Philippe, sera récompensé pour sa loyauté et les
services rendus pendant la guerre de Gascogne, par Philippe VI qui lui
octroie le domaine royal de Cazals. Mais son fils, Benoît, qui a épousé une
demoiselle de Pestilhac, va passer au service des Anglais. En 1355, ce
dernier accueille le prince de Galles à Bordeaux, accompagné de Guillaume de
Pestilhac, son beau-frère. À la tête de leur troupe les deux seigneurs
sèmeront la terreur dans toute la région de Puy-l’Évêque, et détruiront
nombre de places fortes. Philippe II de Jean suivra la même voie que son
père, s’acoquinant avec Aymar d’Ussel, capitaine tristement célèbre d’une
compagnie anglaise. Pris d’un remords tardif, il fera don dans son testament
de 2000 florins or pour dédommagement de ses exactions ! Sa veuve, Cécile de
Cardaillac, lègue ses terres des Junies à son frère Jean, archevêque de
Toulouse. Celui-ci cédera le fief au comte d’Armagnac. Est-ce lui qui revend
les Junies à une famille noble originaire du Rouergue, les Morlhon ?
Toujours est-il qu’en 1477, Antoine de Morlhon est seigneur des lieux. Son
petit-fils Jean III, sera, en 1583, sénéchal du Quercy, et son arrière
petit-fils, Jean IV, sénéchal du Rouergue, trouvera la mort lors d’une
émeute à Villefranche, en 1597.
Au début de ce XVIe siècle, un gentilhomme de François 1er, compagnon
d’armes et d’infortune à la bataille de Pavie, Jean Du Pré, sera coseigneur
des lieux. Poète à ses heures, il publiera en 1534 Le palais des Nobles
Dames. Ensuite, arrive sur la place, en 1608, sans doute par alliance, les
Touchebœuf-Beaumont, dont les armes étaient "D'azur à deux bœufs passants
d’or". Premier baron des Junies, Antoine de Beaumont teste en 1631. En 1711,
François de Beaumont est choisi par la noblesse pour être député. En 1777,
son fils Armand-Auguste est seigneur des Junies. Pendant la Révolution, il
va émigrer en Espagne. En vertu de la loi du 17 juillet 1793 supprimant
toutes les indemnités et redevances seigneuriales, le comité général des
Junies va procéder à l’autodafé des papiers et des archives du château, en
présence des villageois, et ordonner l’arasement des tours. Les
Touchebœuf-Beaumont rentreront en possession de leurs biens sous la
Restauration. En 1825, disparaît leur dernier représentant, chevalier de
Saint-Jean-de-Jérusalem. Après avoir connu plusieurs propriétaires, le
château, dans un état très délabré, est acheté en 1921 par la femme d’un
officier de l’armée coloniale d'Algérie. Ses descendants occupent toujours
les lieux, pleins de ferveur et de respect pour la vieille demeure. (1)
Le premier état de l'édifice peut dater du XIIIe ou du XIVe siècle, mais son
aspect actuel résulte principalement de la reconstruction réalisée après la
guerre de Cent ans, peut-être dès le dernier quart du XVe siècle. Le décor
italianisant des croisées conservées et d'une porte, très proche de celui
que l'on trouve au château de la Grézette, ne paraît cependant pas antérieur
aux années 1520. Le château a été mis au goût du jour au XVIIIe siècle avec
en particulier la suppression de la plupart des croisées et l'ouverture de
grandes fenêtres rectangulaires. Le château est construit un peu à l'écart
du village, entre deux bras du ruisseau de la Masse qui lui font une défense
naturelle. Le volume du corps principal peut correspondre en partie à
l'édifice du XIIIe ou XIVe siècle, et il est en tout cas antérieur à l'état
de la Renaissance. L'élévation est présente des archères cruciformes au ras
du sol. La porte à arc brisé qui donne accès au niveau de soubassement
appartient en revanche à la reconstruction postérieure à la guerre de Cent
ans. Le nouvel édifice répond à un modèle alors largement répandu, avec un
haut corps de logis rectangulaire flanqué de tours rondes, dont une réservée
à l'escalier en vis, entièrement couronné de mâchicoulis. Absence de parc
organisé : simple allée bordée d'acacias, épicéas, catalpas, haie de buis
taillé. (2)
Éléments protégés MH : le château des Junies en totalité : inscription par
arrêté du 21 octobre 1925.
château des Junies 46150 Les Junies, tel. 05 65 36 29 98, propose un gîte
pour 4 personnes.
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Patrick Deysson pour les photos qu'il nous a adressées, ainsi que
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