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L'austère château de Puy-Launay dresse sa puissante
silhouette au sommet d’une colline dominant les vallées du Bervezou et de la
Burlande, au milieu du paysage sauvage et verdoyant des marches du Cantal.
Cité dès le XIIIe siècle, le fief, situé sur les terres de l’abbé
d’Aurillac, subira au cours du temps une modification de son nom. Dénommé
"Puech Léonès" dans une reconnaissance datée de 1279, il est devenu dans le
dénombrement de 1504 "Puech Launès". L’occitan Pech (signifiant colline) se
francisera ultérieurement en Puy, et notre XXe siècle parachèvera la
transformation de Launès en Launay. En 1279, Rigal Guignabert, dont on
ignore tout, est en possession du fief. Au siècle suivant, celui-ci est
l’apanage d’une famille noble, les Rabassier. En 1438, l’alliance de leur
héritière avec Eustache de Narbonnès apporte dans l’escarcelle de cette
lignée la seigneurie de Puy-Launay. Puissante famille de la contrée, les
Narbonnès vont conserver ce bien pendant cent soixante-dix ans. De nombreux
conflits surgiront entre les seigneurs du lieu et leur parenté ou leurs
voisins, à propos de droits de succession ou de revendications
territoriales. D’interminables procédures, caractéristiques de l’Ancien
Régime, et véritables mannes pour les hommes de loi de ces temps, se
succéderont jusqu’au décès, sans postérité, de Jean de Narbonnès, en 1602.
Sa veuve, Jeanne de Luzech, se remarie l’année suivante avec Louis Ferdinand
de Lostanges. Continuant la tradition familiale, les sœurs de son premier
mari engagent un procès pour revendiquer la seigneurie de Puy-Launay. En
1607, un accord intervient, qui a pour conséquence le démembrement du fief.
Le château échoit à Balthasard de Cadrieu, fils d’une sœur de feu Jean de
Narbonnès. Malgré tant d'efforts déployés par les Narbonnès pour garder
Puy-Launay, le petit-fils n’hésitera pas à vendre la demeure, en 1658, à un
président de l’Élection de Figeac, Guillaume de Dumas. Ce dernier avait
racheté précédemment les terres dévolues en 1607 aux Lostanges. L'ancien
domaine de Puy-Launay se retrouve ainsi reconstitué. Et ce, pour cent vingt
ans. Après la mort de Guillaume de Dumas, le fief devient la propriété de sa
fille, épouse du marquis de Bournazel, Belcastel et autres places. Leur
propre fille, mariée à un Durfort-Boissières, hérite à son tour de
Puy-Launay. En 1786, Alphonse-Armand de Durfort-Boissières vend la
seigneurie à messire Étienne de Palhasse, chevalier, seigneur de Salges et
Réveillon, se réservant le droit d’usufruit jusqu’à sa mort. La Révolution
qui éclate trois ans plus tard, abolit les droits féodaux, et entraîne
quelques difficultés pour son nouveau propriétaire. Heureusement, la bonté
du baron de Durfort-Boïssières, acceptant de le dédommager, bien qu’il n’ait
pas fini de payer son bien, permettra à Étienne de Palhasse de vivre au
château jusqu’à sa mort, en 1803. Ses enfants refusent alors la succession.
Le tribunal organisera une vente judiciaire en 1812. C’est un avoué de
Millau, Antoine Chassari, qui s’en porte acquéreur. L’adjudication comprend,
outre le château, toutes les terres et métairies de l’ancienne seigneurie,
soit environ cent dix hectares. Acheté dans un but spéculatif, le domaine
sera, par la suite, divisé en lots, que son nouveau propriétaire vendra
petit à petit, en fonction des opportunités du marché. C’est ainsi qu’en
1834, Pierre Bel fera l’acquisition du château dont le parc s’est réduit à
deux hectares. Depuis lors, et avec bonheur, la demeure appartient toujours
à ses descendants.
Le château de Puy-Launay, qui semble remonter à la deuxième moitié du XVe
siècle, est composé par deux corps de logis rectangulaires accolés l’un à
l’autre sur leur côté le plus long. La façade sud est cantonnée par deux
tours circulaires découronnées sous la Révolution à hauteur des mâchicoulis,
et qui étaient auparavant d’inégale hauteur. Une tour carrée, elle aussi
arasée à la même époque, abrite l’escalier en vis desservant les étages. De
son époque défensive, un chemin de ronde, en briques et pans de bois,
subsiste encore sur les façades nord et est, ainsi que, sur la façade sud,
des consoles de hourdage. Un inventaire détaillé de l’édifice, datant de
1607, évoque la présence de deux basses-cours successives, et d’un mur
d’enceinte flanqué de deux tours, qui sont devenues, en 1607, l’une un
pigeonnier, l’autre, une chapelle. On accède au château par une porte
moulurée sous un arc brisé, dont le tympan porte les armes des Narbonnès "De
gueules à une tour d'argent". Le sous-sol a conservé les fondations du
donjon primitif dont les murs sont percés de meurtrières. La cuisine possède
une belle cheminée de pierre. C’est aussi le cas de la grande salle, qui a,
en outre, conservé ses belles peintures de la Renaissance. Les poutres du
plafond ont été recouvertes, au XVIIe siècle, d’un décor polychrome
exubérant et chatoyant, composé de cartouches, de rinceaux, de fruits et de
fleurs. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures; la grande salle du
premier étage avec son décor peint et sa cheminée monumentale; la chambre du
premier étage de la tour Sud-Est avec son décor peint; la chambre dite de
François 1er au premier étage avec sa cheminée et son décor peint; le
plafond de la grande salle du deuxième étage; le plafond de la chambre du
deuxième étage donnant à l'Ouest: inscription par arrêté du 30 mai 1989.
château de Puy-Launay 46270 Linac, propriété d'une société, ne se visite
pas, visible de l'extérieur.
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