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Perché sur un plateau étroit du causse de Gramat,
dominant la vallée de la Bâve, le vieux village fortifié de Loubressac
embrasse la plus belle vue qui se puisse imaginer, des lointains monts
d’Auvergne à la sinueuse vallée de la Dordogne d’où émerge, souveraine, la
silhouette altière du château des barons de Castelnau. Lieux habités sans
doute depuis la nuit des temps, Loubressac connaît l’occupation romaine,
attestée par des vestiges divers. Puis la longue et obscure période
mérovingienne laisse dans son sillage l’écho d’une légende qui résonne
encore dans les campagnes: Elidius, seigneur de Loubressac, voulut obtenir
de force la belle Spérie, sœur de son voisin Clarus. Mais la farouche Spérie,
qui avait voué sa vie à Dieu, refusa. Ayant trouvé refuge dans les ramures
d’un chêne de la forêt de Leyme, elle fut débusquée par Elidius qui, rendu
furieux devant sa résistance, lui trancha le col. La jeune fille prit sa
tête entre les mains et alla jusqu’à une source pour la baigner. Une
chapelle et un pèlerinage honorent, depuis le VIIIe siècle, le souvenir de
celle qui devint une sainte. Plus tard encore, à la fin de l’époque
carolingienne, Loubressac est cité, au IX siècle, dans le cartulaire de
Beaulieu. Puis le fief sera placé sous la suzeraineté des barons de
Castelnau, avant d’être inclus dans la vicomté de Turenne. En 1365, la
seigneurie appartient à Adhémar d’Aigrefeuille, originaire de Corrèze et
apparenté au pape Clément VI. C’est vraisemblablement ce chevalier qui fait
fortifier le lieu et édifier le château primitif. Loubressac connaît les
aléas de la guerre de Cent Ans. Les Anglais, et surtout les troupes des
seigneurs locaux qui pactisent avec eux, déferlent en Quercy, et occupent
notamment le village à deux reprises, en 1352 et de 1385 à 1390.
Les d’Aigrefeuille, dont les armes étaient "D'azur à trois étoiles d’or au
chef cousu de gueules", conservent la seigneurie jusqu’en 1476, date à
laquelle elle passe par héritage à Béraud de Faudoas-Barbazan. Ce dernier,
issu d’un très vieux lignage, se verra concéder par Charles VII en raison
des services rendus à la couronne, le privilège exceptionnel de porter dans
ses armes les trois fleurs de lys de France sans brisure. Béraud de Faudoas
va maintes fois vendre son fief, le racheter pour le céder à nouveau,
notamment à Galiot de Genouillac, grand maître de l’Artillerie, pour
finalement s’en séparer définitivement, en 1507, en le vendant à Jean
d’Auriolle, évêque de Montauban, et à son frère Aymar, conseiller au
parlement de Toulouse. Le mariage d’Anne d’Auriolle, fille du second, avec
Raymond de Gontaud-Cabrerets, fait passer Loubressac dans cette vieille
famille du Quercy. Elle va faire procéder à de nombreux travaux
d'aménagement. Leur écu est sculpté sur une cheminée "Écartelé 1 et 4 à
trois loriots, aux 2 et 3 à un griffon". Les protestants occuperont
Loubressac en 1572. L’année suivante, la seigneurie est vendue à réméré à
Henri de Nouilles, baron de Lentour, puis, vingt ans plus tard, elle est
rachetée par les Gontaud-Cabrerets dont le dernier représentant, Antoine,
lègue ses biens en 1730 au duc de Biron, maréchal de France. En 1740, ce
dernier vend la baronnie de Loubressac à Jean-François Tournier, président à
mortier au parlement de Toulouse, futur comte de Vaillac. En 1777, la
seigneurie est affermée à messire Grandval du Puy, qui la conserve jusqu’à
son arrestation en 1790.
La Révolution achève de la sorte la longue histoire des seigneurs de
Loubressac. Bâtie à l'extrémité orientale du castrum, la demeure est en
surplomb du rocher. Elle est composée par différents corps de logis édifiés
au cours du temps par les familles qui se sont succédé dans les lieux. Une
haute porte fortifiée autorise l’accès à la très belle cour intérieure. Elle
arbore un blason à deux lions affrontés. À la fin du XIXe siècle, le nouveau
propriétaire des lieux, le général Soulhé, fait raser les tours et
démanteler les créneaux des remparts, pour transformer les bâtiments en
ferme. Au début du XXe siècle, sous l’égide de l’écrivain Henri Lavedan, de
l’Académie française, nouvel acquéreur du château, une deuxième restauration
est entreprise. L'édifice, qui avait été somptueusement meublé, sera à
nouveau vendu en 1922. Commence alors pour la belle demeure une succession
consternante de pillages et de méfaits opérés par la plupart des différents
propriétaires qui l’acquièrent, ceci jusqu’en 1980, où le château est enfin
passé entre les mains d’un homme soucieux de lui redonner son prestige
d’antan. L'ensemble formé par le château, le village et le plateau est un
site inscrit aux Monuments historiques.
Loubressac est implanté sur une avancée rocheuse du Causse de Gramat
au-dessus de la vallée de la Bâve. Une porte fortifiée donne accès au
château depuis le village; deux corps de bâtiment encadrent le passage. Le
logis se compose de plusieurs corps de bâtiment accolés construits sur
l'escarpement nord, auxquels sont joints des bâtiments formant deux ailes
inégales. Les élévations nord au-dessus de l'escarpement montrent des pans
de pierre de taille, des jours chanfreinés et une baie ternée correspondant
aux parties les plus anciennes de l'édifice; au-dessus apparaissent des
croisées. Devant les façades méridionales du château, la cour gravillonnée
est ornée au centre d'un parterre circulaire avec fontaine; des terrasses
secondaires sont ornées de parterres et bordées de haies sur le principe du
jardin clos, sobre composition de topiaires. Armoiries identifiées des
d'Auriolle sur une cheminée: écartelé aux 1 et 4 à trois loriots, aux 2 et 3
à un griffon. Armoiries non identifiées sur le portail : à deux lions
affrontés. La fenêtre ternée présente des chapiteaux à feuilles d'eau à
nervure à rangs de perles.
château des Barons de Castelnau 46130 Loubressac, propriété privée, ne se
visite pas, visible de la route.
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