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Le castrum de Montcuq, qui apparaît dans les textes
dès le troisième tiers du XIIe siècle, est une fondation vraisemblable du
comte de Toulouse Raimond V. Raimond VI semble l'avoir inféodé à un certain
Giraud ou Guiraud de Gourdon, supposé appartenir au lignage des Gourdon de
Castelnau. Pendant la croisade des Albigeois, Montcuq fut occupé par
Baudouin de Toulouse pour le compte des croisés (1212), et fut
vraisemblablement détruit par Simon de Montfort en 1214 qui en aurait dirigé
personnellement le siège, en représailles de l'exécution dont Baudoin avait
été victime de la part du comte de Toulouse. Dépossédé de sa seigneurie,
Guiraud de Gourdon, fils du précédent, reçut en compensation du comte de
Toulouse la seigneurie de Caraman, où il fut connu comme diacre cathare, et
participa activement à la défense de Toulouse contre les croisés. En 1229,
Montcuq fit partie des forteresses dont le comte de Toulouse s'engagea à
détruire les fortifications et qui durent être remises pour dix ans au roi.
L'année suivante toutefois, Raimond VII restitua à Guiraud de Gourdon les
droits de son lignage sur Montcuq, sur Montaigu de Quercy, sur Mondenard et
sur Sauveterre, à l'exception sans doute des fortifications. Après 1242,
date à laquelle il fut condamné pour hérésie, on perd la trace de Guiraud de
Gourdon. Récupéré pleinement par les comtes de Toulouse, Montcuq devint le
chef-lieu d'une importante baylie du Quercy comtal. Possession du comte
puis, à la mort d'Alphonse de Poitiers, du roi, le château est confié, avec
d'autres places, à la garde d'un capitaine. Le 8 février 1438, la tour est
"prise" par quatre "routiers" alors qu'elle était gardée par deux jeunes
nobles et un prêtre, en l'absence de Bertrand d'Orgueil, capitaine du
château royal par délégation du sénéchal du Quercy.
L'escalier en vis a été entièrement reconstruit en 1923 par le service des
Monuments historiques. Une restauration intérieure réalisée en 2009 a permis
de rebâtir la voûte du premier étage qui était en partie effondrée et de
remettre en place des planchers. L'unité presque parfaite des parements de
la tour, à l'extérieur comme à l'intérieur, conduit à la considérer comme un
édifice homogène, édifié d'un seul jet. Certains caractères de modernité,
notamment les portes et fenêtres en arc brisé, les chanfreins arrêtés par
des congés bombés, les cheminées encastrées, les latrines à caisson en
encorbellement, ne permettent guère dans ce cas de lui assigner une date
antérieure au milieu du XIIIe siècle. L'archaïsme des fenêtres au contraire
n'incite pas à la situer plus tard que le milieu du siècle. Il faut donc
supposer que les clauses du traité de Paris (1229) qui prévoyait la
destruction des fortifications de la localité et leur abandon pour dix ans
furent effectivement appliquées et que la reconstruction de la tour ne put
intervenir qu'après 1239. L'hypothèse la plus plausible est qu'elle ait été
réédifiée totalement par l'administration de Raimond VII, ou celle
d'Alphonse de Poitiers, vers le milieu du XIIIe siècle, au moment de la
création du baillage. L'archaïsme du plan devrait s'expliquer dans ce cas
par la volonté (ou la nécessité) de tenir compte des fondations d'un édifice
antérieur dont seul le socle rocheux témoignerait.
La tour qui domine le castrum est implantée sur une fausse motte
partiellement constituée à partir d'un massif rocheux dont le sommet
affleure au rez-de-chaussée de l'édifice. Il s'agit d'un édifice de gabarit
important dont l'une des particularités réside dans le fait qu'elle était
dotée d'une tourelle hors-oeuvre, abritant l'escalier en vis. Son parti
général était donc très proche de celui de la tour de Montricoux, édifiée au
début du XIIIe siècle. Son plan affecte la forme d'un parallélogramme
déformé, imposé probablement par la forme du substrat rocheux. Accessible de
l'extérieur de plain-pied, la tourelle d'escalier donnait accès notamment à
la plate-forme sommitale au-dessus de laquelle elle émergeait sous la forme
d'une guette. L'escalier a été rétabli en ciment lors d'une récente
restauration mais il semble que dès l'origine il ait été conçu avec des
marches formant noyau. La tour de Montcuq comportait originellement quatre
niveaux sur un soubassement plein et, peut-être, deux entresols établis sous
chacune des deux voûtes en berceau couvrant le premier et le dernier niveau.
La salle basse, voûtée en berceau, est accessible directement par une porte
chanfreinée, couverte en arc brisé. On constate toutefois que le couloir
coudé constituant l'entrée présente des traces de reprises, possible
résultat du réaménagement d'un accès organisé différemment à l'origine. La
salle basse est dotée de deux fentes d'éclairage cintrées, dont l'ouverture
extérieure, particulièrement étroite, suggère une fonction accessoire
d'archère. Le traditionnel cordon d'imposte marquant la naissance de la
voûte est ici remplacé par des alignements de corbeaux en quart de rond qui
pourraient correspondre à un ancien niveau d'entresol établi sous la voûte.
Le substrat rocheux, laissé brut, a été laissé en réserve dans le sol, sans
doute pour témoigner emblématiquement de la présence de la "roque" servant
de socle à la tour. Le premier étage, établi sur la première voûte, est doté
de deux fenêtres, de latrines et d'une cheminée à manteau chanfreiné en arc
brisé surbaissé. Le second étage dispose d'un équipement semblable à
l'exception des latrines qui font ici défaut. Contrairement au premier
étage, la porte d'accès est orientée à l'inverse et présente son tableau en
arc brisé du côté de l'intérieur, disposition qui pourrait évoquer une
fonction carcérale. Les fenêtres sont percées dans des niches en plein
cintre et présentent un dispositif inhabituel qui peut s'expliquer si on les
considère comme l'une des premières réalisations de baies à coussièges dans
l'architecture locale. La baie proprement dite, couverte en plein-cintre,
ouvre au fond de la niche à coussièges. Le tableau externe est chanfreiné et
couvert par un arc monolithe en plein cintre ou en arc brisé. Ce type de
fenêtre rappelle celle du donjon de Castelnaud-Lachapelle, réédifié vers
1240 ou celles des logis de Saint-Amand-de-Coly et de la tour de l'Auditeur
à Belvès, sensiblement contemporaines. La cheminée, encastrée, ouvre par un
manteau en arc brisé segmentaire largement chanfreiné et dispose d'un
conduit de section carrée. Le conduit de latrines est coudé et aboutit à un
caisson en encorbellement. Le troisième niveau reproduit les dispositions du
second. Le quatrième en revanche, ne dispose ni d'une cheminée, ni de
latrines et est doté de trois fenêtres directes à appui plein. Comme dans la
salle basse, une ligne de corbeaux disposés à l'emplacement de l'habituel
cordon d'imposte, indique l'emplacement d'un possible entresol. La
plate-forme est dotée d'un couronnement de consoles de mâchicoulis à trois
ressauts qui pourrait avoir succédé à un dispositif initial assimilable à un
hourd bien qu'il paraisse solidaire de la maçonnerie sous jacente. L'un des
trous d'encastrement de ce hourd primitif subsisterait à l'angle sud de la
tour.
Éléments protégés MH : la ta tour : classement par arrêté du 25 juillet
1904. (1)
château de Montcuq 46800 Montcuq, propriété de la commune, visite des
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