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Le hameau de Crabilhé est connu dès le XVe
siècle. C’est alors une unité d'exploitation agricole et familiale. Au
XVIIIe siècle, il est habité par une famille de la petite bourgeoisie: les
Bonnafous. L’un des fils, Jean, épousera Antoinette Murat, sœur de Joachim
Murat, futur général d’Empire, prince d’Essling, roi de Naples et, comme
chacun sait, beau-frère de Napoléon. Murat, généreux et ayant le sens de la
famille, désireux aussi d’assurer à sa nombreuse parenté une vie digne de
son nouveau rang, aidera les uns et les autres. Madame Bonnafous recevra
donc les moyens d’agrandir et d’embellir la modeste demeure de sa
belle-famille. En 1804, les masures du hameau sont démolies, sauf les caves
et quelques pans de bâtiments. On édifie à la place cette demeure spacieuse
et harmonieuse que l’on peut toujours admirer de nos jours. Quelques
éléments antérieurs sont réemployés, comme l'indique la date de 1775 gravée
sur une porte. Le corps de logis principal est encadré par deux pavillons,
le tout est recouvert par une toiture "à la Mansart", ornée de lucarnes. Le
fronton triangulaire de la porte d’entrée, les linteaux droits des fenêtres
sont caractéristiques du style Empire. L'ensemble de l’édifice, entouré par
un beau parc à la française, porte avec charme et noblesse l’empreinte
élégante de son passé. Jean de Bonnafous, beau-frère de Murat, deviendra son
aide de camp, puis sera nommé colonel avant d’être fait baron d’Empire.
Crabilhé connaîtra alors des jours fastes et pleins de gaîté. Il retentira
des rires de Caroline Bonaparte, de Lannes, en garnison à Cahors à un moment
donné, et de tant d’autres qui viendront en ses murs se reposer des
contraintes de la vie de cour. Madame Bonnafous, d’après la tradition orale,
cachera dans les grottes naturelles situées sous les caves du château des
carlistes fuyant l'Espagne. L’un d’eux, colportera la légende, y serait
mort... Les Bonnafous n’auront qu’un fils qui disparaîtra sans postérité. À
la mort d’Antoinette Bonnafous, le château est abandonné, puis vendu à
l’encan. En 1860, il est acquis, pour son malheur, par deux agriculteurs qui
vont le transformer en ferme, après l’avoir divisé en deux parties. Les
années qui suivront verront la lente déchéance de la demeure s’accentuer. En
1930, l’un des descendants des nouveaux propriétaires meurt sans héritier.
Toute une moitié du château est alors totalement abandonnée, vouée à la
décrépitude et aux ruines. Quant à l’autre moitié, elle est devenue un
hangar à tabac dont les parquets, les cheminées et les boiseries ont été
brûlés. En 1961, le château, ou plutôt ce qu’il en reste, est racheté, en
état de ruine avancée, par son propriétaire actuel. Ce dernier a réussi
depuis lors, avec beaucoup de soins, d'amour, et le souci de l’authenticité,
à redonner à l’édifice l’allure et la beauté sereine d'autrefois. (1)
Le château est implanté sur une vaste esplanade de niveau, dégageant
entièrement la perspective sur l'édifice. D'époque néo-classique, le château
évoque l'architecture du XVIIe siècle (plan symétrique, ailes en retour,
balustres, escalier à volées convergentes...). De dimension modeste, il
présente une élévation parfaitement ordonnancée avec une aile principale à
cinq travées orientée au sud, complétée par deux petites ailes en retour
d'équerre. La demeure comporte deux niveaux d'habitation et un toit mansardé
percé de lucarnes régulières. La porte d'entrée est soulignée par un fronton
triangulaire. Une terrasse est aménagée au premier étage de la façade
antérieure, entre les deux ailes en équerre. Un escalier à deux volées
convergentes précède la terrasse et la met en liaison avec le jardin. Une
vasque est accolée au mur de l'escalier, dans l'axe du jardin. Celui-ci est
constitué d'un système d'allées extérieures et, devant la façade antérieure
de la demeure, d'un jardin régulier clos par un muret, aménagé en contrebas
des allées latérales. Accessible par quelques marches, il se compose de
grands parterres rectangulaires engazonnés, bordés de buis nains et de
petits topiaires (remplacés après l'hiver 1985). L'allée d'accès est marquée
par des noyers et des conifères. La façade postérieure du château est mise
en valeur par une esplanade ornée de géraniums en pots. Aux abords du
château, dans un style plus agreste, on repère également une ouverture sur
un pré, quelques arbres disséminés, des murets de pierre bordant un chemin
carrossable.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château ; le four, la
bergerie et le pigeonnier : inscription par arrêté du 1er avril 1993.
château de Crabillé 46150 Montgesty, propriété privée, ne se visite pas.
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