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Sans doute construite par Bernard de Valgaudour au
milieu du XIIIe siècle, la petite forteresse du Théron fut agrandie au début
du XIVe siècle par l’édification d’une enceinte, l’adjonction de trois
bâtiments et l’élévation d’une chapelle. Les murailles de ces bâtiments
furent percées de meurtrières, dont certaines, à croix pattées, sont encore
visibles aujourd’hui. De forme pentagonale, la forteresse possédait
plusieurs tours. Son enceinte fut renforcée au XVe siècle par quatre tours
qui marquaient approximativement les points cardinaux. Ces tours avaient, à
l’origine, dix à douze mètres de hauteur, et possédaient des meurtrières à
fentes verticales. Deux de ces tours, dont l’une a été restaurée, subsistent
encore. Le donjon, de forme carrée, fut démoli au XIXe siècle, et ses
pierres récupérées par le propriétaire d’alors, pour agrandir sa ferme.
Après la famille de Valgaudour du Touron, arrivèrent sur les lieux, sans
doute par alliance, les Lesergues, barons d’Orgueil, seigneurs de Mauroux,
pour une brève période, comme leur successeur, Béraud de Barbuzon. En effet,
dès la fin du XVe siècle, les Du Tilhet, originaires du bourg voisin,
devinrent les seigneurs de la forteresse. Pendant la guerre de Cent Ans, le
seigneur du Théron, Lenoir de Mauroux, coupable de trahison et de félonie,
eut ses biens confisqués, et l’évêque de Cahors fit occuper militairement le
château. Son successeur à l’Évêché, Jean du Puy, donna ensuite les terres et
le château à Béraud de Barbuzon. La fille de ce dernier, Faure, par son
mariage avec Jean du Tilhet, fit entrer dans les murs cette lignée qui
allait y demeurer pendant trois siècles. Leurs armes étaient "De gueules aux
lévriers courant d'argent, colleté de même, au chef cousu d'azur, semé de
trois étoiles d’or".
Le Théron devint, en 1761, sans que l’on puisse déterminer de quelle façon,
la propriété de Jean Le Franc, seigneur de Caïx, président à la cour des
Aides de Montauban. Par succession, la demeure passa ensuite à son neveu,
Jean-Jacques Le Franc de Pompignan, seigneur de Caïx lui aussi, et surtout
connu pour avoir été un auteur dramatique en vogue à Paris. Ami de Voltaire
à ses débuts, il devint par la suite la cible des Encyclopédistes qu’il
avait ironiquement, mais maladroitement critiqués lors de son discours
d’entrée à l’Académie Française. Ce poète ne séjourna guère en les vieux
murs du Théron, préférant la douceur ensoleillée des coteaux de Caïx. Il
revendit le vieux château à Louis-Antoine Vidal de La Pize, de Lunegarde. Ce
dernier préféra prudemment prendre ses distances avec les soubresauts de la
Révolution. En conséquence, ses biens furent confisqués. Avant d’être vendu
comme bien national, Le Théron fut envahi, en 1790 et 1791, par les
habitants des alentours, et entièrement vidé de ses meubles. Son nouveau
propriétaire, un fermier des environs, paracheva l’œuvre de destruction, en
exploitant la demeure comme carrière. Ses pierres servirent, entre autres, à
l’édification de nombreuses constructions des environs. Après avoir connu
des hôtes de passage qui achèveront de la laisser mourir, la vieille
forteresse ruinée sera sauvée de la disparition totale, en 1970, par une
femme qui entreprit, avec obstination, amour, et souci d’authenticité, sa
restauration. (1)
La serre du Théron domine la vallée du ruisseau de Fontcuberte et tout le
territoire de Prayssac, établi à deux kilomètres au sud, entre deux méandres
du Lot. Les vestiges du château dessinent un polygone, irrégulier dans sa
partie sud, de 50 sur 36 mètres environ. Le plan cadastral de 1837
représente encore un bâtiment carré isolé, en position centrale, dans lequel
il faut sans doute reconnaître le "donjon" démoli au XIXe siècle. Les deux
corps de logis conservés constituent le front sud. Le plus ancien, à l'est,
bien individualisé par ses chaînes d'angle, est bâti en moellons
soigneusement équarris et assisés. Au dernier niveau de son élévation sud
subsistent les vestiges de deux baies géminées condamnées par la création
d'une croisée à encadrement à baguettes et accolade. Le bâtiment en pierre
de taille qui lui a été accolé à l'ouest présente en partie basse une
archère cruciforme en partie conservée, dont la fente verticale est pattée ;
il a été reconstruit ou surélevé d'un étage construit en moellons de tout
venant, dont la croisée est ornée de baguettes croisées aux angles. Le
bâtiment se prolongeait par une construction en pierre de taille presque
entièrement ruinée aujourd'hui et qui comportait une partie voûtée d'ogives
et des archères cruciformes. La tour ronde sud-ouest, attachée à l'angle des
bâtiments, est une construction en petits moellons de tout venant disposés
en assises, manifestement postérieure : une canonnière rectangulaire bouchée
la situerait vers 1500, et les deux bouches à feu de petit calibre de sa
partie basse, qui ne sont pas antérieures à la seconde moitié XVIe siècle,
résulteraient donc d'une reprise. L'enceinte et ses tours rondes de
flanquement se distinguent par l'emploi de moellons très irréguliers : la
fente associée à un trou de tir de la tour nord-est en placerait la mise en
place vers 1400. La tour nord-ouest a conservé quelques consoles de son
couronnement de mâchicoulis. (2)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château du Théron :
inscription par arrêté du 15 mars 1973.
château du
Théron 46220 Prayssac, propriété privée, ne se visite pas.
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