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A la belle saison,
on devine à peine, de loin, l’imposante silhouette du château, cachée
qu’elle est à notre époque par un écran touffu de verdure. Pourtant la
demeure est impressionnante, malgré les dégâts survenus à la Révolution.
Construite à l’extrémité d’un éperon rocheux, elle a la forme d’un
quadrilatère aux murs épais percés de meurtrières, qui abrite une cour
intérieure. L’étymologie de Marcillac serait Marcelli Ager, c’est-à-dire:
terre ou champ de Marcellus. Une présence gallo-romaine sur les lieux serait
donc à envisager. La grande esplanade située devant la façade nord-ouest, où
se trouve la chapelle, semble avoir contenu un habitat rural conséquent,
peut-être une basse-cour. La chapelle date de la fin du XVe siècle. Assez
endommagée, elle a conservé les culs-de-lampe ornés des monogrammes J.H.S et
M, et la coquille Saint-Jacques sur ses arcs d’ogives. Au Moyen Âge, le
château appartient aux de Lard. En 1427, Jeanne de Lard, par son mariage
avec Hugues d’Orgueil, fait passer le fief dans cette vieille famille. En
1503, par alliance sans doute, les Goth arrivent dans les lieux. Mais dès
1565, les noces de leur héritière avec Grimond de Cruzy apportent en dot le
domaine à cette famille qui va demeurer deux siècles environ à Marcillac. Ce
sera l’époque faste du château. Les plus grands noms du Quercy, du Rouergue
et du Poitou vont s’allier aux Cruzy. Sylvestre de Cruzy, ami de Richelieu
participera à la prise de La Rochelle. IL sera à l’origine du raffinement
décoratif de la demeure. Son neveu Charles de Cruzy sera au côté de Condé
pendant la Fronde. Il fera reconstruire le corps de logis principal. Les
armes des Cruzy: "Écartelé, aux 1 et 4, d'azur, à trois roses d'argent, 2 et
1, qui est de Cruzy, aux 2 et 3, d’or, à trois fasces de gueules, qui est de
Goth". Leurs héritiers vendront l’ensemble du domaine à la famille de
Saint-Jean. Ces derniers assisteront, impuissants, au saccage du château
pendant la Révolution. En effet, Bernard de Saint-Jean, fils aîné de la
famille, qui s’était engagé dans la petite armée "contre"révolutionnaire" du
marquis d’Escayrac, laquelle menait des raids contre les agissements des
républicains, s’était attiré les foudres des paysans alentour. En
représailles, ceux-ci s’en prennent à la demeure de ses parents, en 1790.
Après avoir été entièrement pillé, le château sera incendié et brûlera
pendant plusieurs jours. Abandonné, très délabré, Marcillac connaît au
siècle suivant un regain de vie grâce à des religieuses. Mère Clotilde de La
Volvène, parente des Saint-Jean et fondatrice de l’ordre de la Miséricorde,
rachète l’édifice ruiné. Sa congrégation va demeurer là pendant un siècle,
restaurant une partie des bâtiments de façon sommaire pour en faire un lieu
de repos et une école pour les enfants du village. Après la Grande Guerre,
une lente agonie reprend pour les vieilles pierres de la forteresse. Les
arches de la cour sont démolies. Une des tours est volontairement détruite.
L'édifice devient une carrière ouverte à tous les vents. C’est-à-dire à tous
les passants. Malgré l’inscription gravée au-dessus d’une porte
"Inquierentes Dominum Non Deficient Omni Bono" (Ceux qui cherchent le
Seigneur ne manquent d’aucun bien), on pouvait penser à juste titre que le
destin avait abandonné les lieux. Mais heureusement, depuis une vingtaine
d’années, sa nouvelle propriétaire essaie courageusement d’insuffler une vie
nouvelle au château. Chaque été, la vieille demeure s’anime avec bonheur,
devenant le haut lieu du Festival de musique classique du Quercy Blanc. (1)
Le château occupe l'extrémité d'un éperon qui domine la vallée du Lendou. Il
est aujourd'hui précédé au nord d'une vaste esplanade, qui occupe peut-être
l'espace d'une basse-cour. Il comportait à la fin de l'Ancien régime quatre
corps de bâtiment principaux, autour d'une cour étroite : de la partie nord
ne subsistent que des vestiges et surtout les murs extérieurs, alors que les
corps de bâtiment de la partie sud ont été réparés pour être occupés. Le
milieu de l'élévation nord-ouest est occupé par une tour d'entrée de plan
carré, en pierre de taille pour les premiers niveaux et en brique pour sa
partie supérieure ; les portails ont été refaits au XVIIe siècle, mais le
passage, avec ses banquettes latérales, est conservé. La base du mur du
bâtiment ruiné, au nord-ouest, comportait des archères cruciformes à
embrasures couvertes en plein-cintre. La tour sud-est conserve également à
sa base une maçonnerie de pierre de taille avec les vestiges d'une porte
couverte d'un arc brisé et chanfreinée. La tour de l'escalier en vis établie
à l'angle des corps de bâtiment sud-ouest et nord-ouest à la fin du XVe
siècle ou au début du XVIe siècle est construite principalement en moellon.
L'élévation sur cour du corps de bâtiment sud-ouest montre deux phases
successives de construction : la première conserve une demi-croisée à gorge,
la deuxième une croisée à décor de baguettes ; les fenêtres à meneau ou
croisée à arêtes vives sont du XVIIe siècle. La tour, aujourd'hui arasée,
qui contient l'escalier à volées droites, est placée dans l'axe du passage
d'entrée. On y accède par un portail à pilastres et entablement doriques,
enrichi de tablettes en marbre rose. Le mur-noyau de l'escalier est ajouré
par une claire-voie à balustres. La chapelle est située à proximité de
l'entrée actuelle du château, à l'extrémité de l'esplanade. C'est un petit
bâtiment en moellon de tout venant, de plan rectangulaire, armé de
contreforts diagonaux aux angles et d'un contrefort intermédiaire au nord
comme au sud. Il était couvert de deux croisées d'ogives, à nervures à
doubles cavets, dont subsistent les arcs formerets. Le portail, à l'ouest,
est mouluré, son arc brisé retombant sur les piédroits sans impostes ni
chapiteaux.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures et l'escalier intérieur:
inscription par arrêté du 7 juillet 1977. (2)
château de Marcillac 46800 Saint-Cyprien (Lendou-en-Quercy), propriété
privée, ne se visite pas.
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