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Dès le XIIe siècle, une tour de défense est attestée sur cet éperon rocheux
qui surplombe la vallée du Célé. Emplacement stratégique par excellence au
XVe siècle, le lieu est serti par une enceinte flanquée à son angle
nord-ouest d’une poivrière. Le château appartient aux seigneurs de Geniès,
"la maison de Geniès est une maison noble et ancienne exempte de toutes
tailles et autres charges, avec toute justice qui a été battue de diverses
fois du canon pour le service du roi et a résisté aux incursions des ennemis
de l’État. Les aïeux du produisant en étaient seigneurs et d’une si longue
étendue de temps qu’ils en ont tiré leur nom", ainsi qu’il est exprimé dans
un texte réunissant les preuves de noblesse de François de Geniès en 1666.
Pendant les guerres de Religion les seigneurs de Geniès deviennent
protestants. Claude de Saint-Sulpice, leur voisine, en fait part au baron de
Biron en 1569: "Nous avons ici des voisins qui n’ont cessé toute cette année
et ne cessent encore de nous faire journellement beaucoup de fâcheries,
causant sur les terres de M. de Saint-Sulpice et de M. de Marcilhac mon
frère, ruines et mettre en extrème pauvreté nos paysans et pauvres sujets.
Je vous les ai bien voulu nommer, à savoir M. de Geniès". En 1576, Gilbert
II de Geniès vend son domaine à Pierre de Peyronnenc de Saint-Chamarand. En
1610, l’héritier Bertrand de Peyronnenc, sénéchal d’Agenais cède le fief à
Jean Viguier de Fraust de Souhols. Le château devient alors le centre d’une
vaste exploitation agricole. En 1748, Jacques Salgues, notaire du proche
village, rachète terres et demeure. Les deux siècles qui suivent voient la
confirmation des lieux en exploitation rurale. Certains des maîtres de
maison innovent dans les productions: tabac, fraises, safran, et les
élevages, vers à soie entre autres. Ils agrandissent les bâtiments
agricoles, mais se soucient aussi d’améliorer la décoration intérieure du
château, afin d’y pouvoir vivre de manière agréable. L’impératrice Eugénie
fera un bref séjour dans les lieux. Après la Première Guerre mondiale, le
déclin de Geniès s’amorce. L'exploitation agricole, peu à peu, périclite.
Mais la vieille demeure survit, grâce aux soins des descendants de la
famille Salgues, toujours présents dans les lieux. (1)
Le château de Géniès est implanté sur un promontoire rocheux dominant une
boucle du Célé. Il se compose de deux corps de bâtiments principaux
encadrant une cour quadrangulaire dont la géométrie est contrainte en partie
par le socle rocheux, partiellement aplani et rectifié. Le corps de logis
principal, implanté à l'ouest, en barre l'accès. Il est précédé par une
terrasse bastionnée dont la proue est agrémentée d'une échauguette. La
courtine d'entrée ferme le côté nord du quadrilatère ; elle était couronnée
d'un merlonnage, encore apparent dans le surhaussement moderne, sans doute
contemporain du portail d'entrée daté 1755. La courtine sud, établie sur
l'escarpement naturel et dominant le cours d'eau, est couronnée par un
chemin de ronde protégé par un parapet. Le corps de bâtiment oriental, d'un
étage, conserve les traces d'une deuxième échauguette ainsi que les vestiges
de quelques bouches à feu que leur calibre incite à attribuer à la seconde
moitié du XVIe siècle, voire au début du siècle suivant. Au-dessus d'une
salle voûtée, il comporte des pièces dont certaines parties semblent un peu
plus anciennes comme en témoignent les traces de taille à la gradine
caractéristiques de la fin du XVe et de la première moitié du XVIe siècle.
Le logis principal est couvert par une haute toiture à comble mansardé qui
porte la marque des réfections du XVIIIe siècle ; il était à l'origine
couronné de mâchicoulis dont subsistent quelques corbeaux. La tour qui le
flanque sur l'élévation ouest est de plan semi-circulaire à l'extérieur et
carré à l'intérieur ; la pièce de l'étage est voûtée d'ogives. La moitié
orientale du bâtiment, ajoutée à la construction initiale, forme un porche
largement ouvert au sud, sur le paysage, par un grand arc au tracé
légèrement brisé ; la porte donnant sur la cour est également couverte d'un
arc brisé chanfreiné dont les claveaux sont peut-être en remploi. Outre le
dessin de ces arcs, l'édifice présente plusieurs archaïsmes remarquables. Le
dessin de la cheminée, encadrée par deux tablettes, de même que la
distribution par escalier de charpente dans un corps ouvert en font partie.
L'implantation et le programme de la tour adossée, inhabituels pour une
construction du XVe ou du XVIe siècle, renvoient également, semble-t-il à
des modèles antérieurs. Ils rappellent, entre autres, l'organisation du
logis médiéval de Cénevières auquel s'adosse une tour maîtresse dont le
premier niveau, comme ici, est voûté en berceau et surmonté d'une salle
couverte par une croisée d'ogives. Le pigeonnier, situé à l'extrémité sud de
la parcelle, est couvert d'un dôme carré à lanternon, en lauzes de calcaire.
(2)
Éléments protégés MH : le château, le pigeonnier, le moulin et le bassin à
chanvre : inscription par arrêté du 7 juin 1995.
château de Geniez 46330 Sauliac-sur-Célé, (Les Combes des Oungles) propriété
privée ne se visite pas.
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Nous remercions chaleureusement M.
Vincent Tournaire du site
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