|
En 1232, le vicomte de
Turenne donne à Bertrand et Pierre Bonafos, ses chevaliers, la terre de
Teyssieu, à charge pour eux d'y construire la tour qu'ils disent vouloir
faire ; ils s'engagent à rendre Teyssieu et la fortification à toute
réquisition et deviennent les hommes liges du vicomte. Le lignage des
Bonafos, à supposer qu'un seul lignage soit en cause, est particulièrement
difficile à cerner tant ses ramifications étaient étoffées, déjà à l'époque
des faits. Des Bonafos, issus semble-t-il des Pestilhac, étaient établis
dans le castrum de Pestilhac au XIIe siècle ainsi qu'à Cazals, à Domme et à
Mechmont. Un fief de Bonafos et un autre, dit de Bonafossenque, tous deux
tenus par des Bonafos, sont signalés au milieu du XIIIe siècle aux environs
de Toulousque et de Saint-Pierre-la-Feuille près de Cahors. La
Borie-de-Bonafos, actuel château de Surgès, aurait été fondée entre 1348 et
1395 par un certain Jean Bonafos ou son fils Gaillard, donzels des environs
de Thédirac et vassaux du baron de Luzech. D'autres encore étaient signalés
vers Albi et Moissac dès le XIIe siècle. En dépit de cette dispersion, il
n'est pas impossible que ces lignages apparemment distincts n'en aient
constitué en réalité qu'un seul.
Entreprise peu après 1232, la tour de Teyssieu, en dépit d'une apparente
unité, se présente comme un ouvrage composite dont l'édification a pu
s'échelonner en de multiples campagnes sur une période assez longue. Malgré
la précision des textes, il ne s'agit donc pas d'un ouvrage daté avec
certitude. Les différences sensibles observées dans le dessin des fentes
d'éclairage des niveaux un à trois (large chanfrein bien dessiné pour la
première, chanfrein maladroit et maigre pour la seconde, arêtes vives pour
la troisième) dissuadent même d'attribuer ces premiers niveaux à une
campagne unique. Le niveau quatre, pour sa part, n'est probablement pas
antérieur à la fin du XIIIe ou au XIVe siècle. Il pourrait être contemporain
de l'enceinte fortifiée. La ceinture de mâchicoulis caractérisée par ses
consoles à quatre ressauts et son arcature dont subsistent les sommiers,
établie en contrebas de l'arase sommitale, incite à n'attribuer le dernier
niveau qu'à la seconde moitié du XIVe siècle, au plus tôt. Encore a-t-il
fait lui-même l'objet d'un remaniement au niveau de la voûte sommitale. La
tour faisait partie d'un château qui comprenait au moins une cour et un
logis qui a presqu'entièrement disparu. Les vestiges de l'enceinte ne
paraissent pas antérieurs à la fin du 13e siècle ou au début du XIVe siècle.
Les vestiges du château subsistent en limite du village, à proximité de
l'église paroissiale dont la tour féodale n'était distante que d'une
quinzaine de mètres. Un fossé apparemment moderne sépare les deux édifices
établis sur le rebord d'un monticule naturel aux allures de motte. Le
château, partiellement connu par un plan de 1876, s'inscrivait dans une cour
quadrangulaire cantonnée semble-t-il de deux tours rondes au moins, dont une
seule était conservée à la date du plan. On entrait dans l'enceinte par une
porte fortifiée dotée d'une herse et défendue par au moins une archère. Un
logis en équerre en occupait les côtés sud et est et s'accolait à la tour
féodale implantée au centre : la "salle haute" du château est mentionnée en
1400. Ce logis a été remplacé par les salles de l'école communale mais a
conservé sa porte d'entrée en arc brisé sans chanfrein. Le perron reliant le
logis et la tour, porté par des piliers carrés chanfreinés, existait déjà en
1876 et pourrait en partie avoir été édifié sur une structure médiévale
comme le suggèrent les congés de son pilier chanfreiné. La tour féodale
constitue la partie la plus ancienne du château. Elle est en tout cas
antérieure au logis médiéval venu s'y accoler. De plan carré (environ 8 m de
côté), elle avoisine 30 m d'élévation et superposait six niveaux, dont
quatre voûtés dans son état final. Les parements réalisés en granit sont
hétérogènes. Les puissantes assises de la base, évoquant un appareil
cyclopéen, cèdent la place dès le troisième niveau à un moellonnage
approximativement assisé puis, à partir du cinquième niveau, à un parement
réglé de moyen appareil. De nombreuses traces de reprises sont observables
par ailleurs dans les maçonneries et conduisent à s'interroger quant à
l'homogénéité de l'édifice.
La base de la tour est occupée par un magasin voûté en berceau, éclairé par
une fente de jour et accessible par une trappe. Au-dessus, le premier étage
(niveau un) correspond au niveau d'accès. L'entrée est constituée par une
porte en arc brisé et arêtes vives ouvrant côté vallée, donc à l'opposé de
la cour et sur le dehors de l'enceinte, à 4,85 m du sol extérieur. La porte
d'entrée était précédée d'un ouvrage d'accès en charpente attesté par deux
trous de boulins. Son vantail externe était doublé d'un second vantail,
établi dans une feuillure aménagée dans le parement intérieur de la salle.
Le couloir d'entrée distribue latéralement un escalier en vis qui n'avait
peut-être pas été prévu à l'origine si l'on en juge par l'encoche de
fermeture subsistant dans le tableau qui lui fait face. La vis d'escalier, à
marches formant noyau, s'interrompt au niveau deux. Elle était alors relayée
par une échelle de charpente dont l'un des limons a laissé une trace visible
dans l'enduit. Cette échelle, très raide, se développait d'une paroi à
l'autre sans laisser de dégagement. L'échelle moderne qui lui a succédé
permet d'atteindre le niveau trois, autrefois planchéié. Au-dessus, la porte
qui donne accès aux niveaux supérieurs par un escalier droit intramural, est
ouverte à 2,10 m de hauteur, au niveau du bandeau d'imposte de la voûte en
berceau. La voûte en berceau couvrant le niveau trois repose selon l'usage
sur des bandeaux d'imposte chanfreinés mais paraît résulter néanmoins d'une
reprise. Le fait qu'elle condamne partiellement la fente d'éclairage et la
porte haute d'accès à l'escalier conduit à supposer qu'elle était
initialement prévue plus haute.
Le niveau quatre, contrairement aux quatre premiers, est caractérisé par une
nette diminution de l'épaisseur des murs confirmant l'hypothèse d'une
reprise plus tardive. Les portes, en arc brisé, y sont désormais adoucies
par des chanfreins. La salle unique qui l'occupe, est dotée de latrines à
encorbellement et de deux fenêtres droites à coussièges. Une voûte en
berceau légèrement surbaissé, comme celle du niveau précédent, vient prendre
appui en léger surplomb sur des bandeaux d'imposte en qu art de rond. Un
escalier intramural, analogue à celui du niveau inférieur prend naissance à
mi-hauteur et donne accès au niveau cinq. Celui-ci, doté d'un jour en
archère et d'une fenêtre percée au niveau du sol, est couvert par une
coupole à quatre quartiers dont la naissance est marquée par une série de
corbeaux. Ces corbeaux étaient vraisemblablement destinés à porter
initialement une couverture ou un plancher en charpente. Le deuxième et le
troisième niveau conservent les vestiges d'un important décor de peintures
murales. Le décor du niveau d'accès, organisé sur deux registres montrent
des joutes de chevaliers affrontés, lances croisées, au-dessus d'une série
de médaillons sombres, ornés d'animaux. Les faux-appareils, ornés de fleurs
rouges, qui complètent ce décor, se retrouvent sur la voussure de la porte
d'entrée de même que sur l'ensemble des parois du niveau supérieur.
Éléments protégés MH : les ruines de la tour : classement par arrêté du 8
juillet 1925. (1)
château de Teyssieu 46190 Teyssieu, musée de la Préhistoire du Ségala
Quercynois.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement M.
Pierre Cochet pour les photos qu'il nous a adressées pour illustrer cette
page..
A voir sur cette page "châteaux
du Lot" tous les châteaux répertoriés à ce jour dans
ce département. |
|