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La baronnie de Thédirac se détacha de la
baronnie de Luzech en 1595. Auparavant, son histoire a été intrinsèquement
liée à celle des barons de Luzech depuis le XIIe siècle. Dès 1135, une
charte concernant cette famille mentionne Thédirac. Et même si l’Inquisition
soustrait la suzeraineté de Thédirac aux Luzech, pour l’octroyer à l’évêque
de Cahors, il n’en demeure pas moins que les barons de Luzech posséderont
toujours le fief jusqu’à son partage en 1595. Pendant tout la durée de la
guerre de Cent Ans, ils resteront fidèles au roi de France. En 1515, Guy de
Luzech épouse Claude de Caumont, de famille protestante. À la mort de son
mari, la jeune femme reçoit les terres de Thédirac en douaire. Puis, la
seigneurie passe à sa belle-fille Jeanne, née de Prouillac. Cette dernière,
après la mort de son fils Jean qui venait d’épouser Jacquette de
Ginouillac-Vaillac, se remarie à Gabriel de Guiscard, seigneur de Cavagnac.
Un interminable procès opposera les deux femmes, qui aura pour conséquence
le partage de la baronnie de Luzech. La veuve recevra la baronnie de Luzech
amputée de cinq paroisses: Thédirac, Montgesty, Moussac, Saint-Médard et
Saint-Martin-de-Graudène et de trois villages: Le Clusel, Rostassac et
Tourniac. Ces lieux forment dorénavant la baronnie de Thédirac que reçoit
par jugement du Grand Conseil de Paris, Jeanne de Prouillac devenue, par son
second mariage, de Guiscard. Cette nouvelle lignée arrivée sur les terres de
Thédirac était en fait une très ancienne famille originaire des marches du
Limousin et de l’Auvergne, primitivement appelée Giscard, et dont les
membres étaient des hommes-liges des vicomtes de Turenne. Leurs armes
étaient "Écartelé aux 1 et 4 de gueules à un lévrier d'argent, passant ; aux
2 et 3 d’or à un cor de chasse de sable". Ils avaient succédé aux Cavagnac,
vers 1380, dans la forteresse de ce nom située à l’extrémité septentrionale
du Quercy.
Gabriel de Guiscard, bien que né catholique, avait épousé très jeune les
idées de la Réforme, et avait combattu dans les armées d'Henri de Navarre.
En 1622, le château de Thédirac est assiégé par les armées royales
commandées par Pierre de Bordeaux, sur ordre de Richelieu résolu à faire
démanteler certains refuges détenus par des protestants. Gabriel de Guiscard
opposera une fin de non recevoir aux envoyés du roi, mais consentira à leur
remettre les clés du château sauf une en prétendant que la salle concernée
était réservée à ses filles. L’émissaire du roi ne sera pas dupe et fera
enfoncer la porte qui abritait en fait un arsenal. Puis l’occupation de la
demeure s’éternisa tant et si bien que les deux hommes devinrent les
meilleurs amis du monde... Ce que l’heureux Pierre de Bordeaux commentera
abondamment dans ses Mémoires. À la mort de Gabriel de Guiscard, la baronnie
de Thédirac échouera à son petit-fils. Les Guiscard allaient rester à
Thédirac jusqu’en 1779, date à laquelle les déboires financiers et l’incurie
cumulée des trois dernières générations de cette lignée allaient obliger
Antoine de Guiscard, acculé par les dettes, à vendre la seigneurie à
Marc-Antoine de Lagrange-Gourdon, marquis de Floirac et Lavercantières, pour
la somme de 115000 livres. Sa femme, Adélaïde de Cheylus, nièce de l’évêque
de Cahors, avait auparavant quitté le château de Thédirac en emportant sa
dot, son lit nuptial et ses joyaux ! Pendant la Révolution, le château sera
saisi et vendu aux enchères à une famille Delsol qui le conservera jusqu’en
1960. Depuis, la demeure a changé plusieurs fois de propriétaires. L'édifice
tel qu’il existe de nos jours a subi force détériorations qui, sans lui ôter
son charme mélancolique, ont altéré son allure primitive. Une tour
hexagonale découronnée fait saillie sur la façade principale. Elle date du
XVe siècle et comporte une très belle porte sculptée. Au-dessus, une fenêtre
de style gothique flamboyant encadrée de pinacles surmontée d’une large
accolade occupe toute la largeur de la façade. On devine encore la présence
de deux tours carrées arasées, qui comportaient, d’après les mémoires de
Pierre de Bordeaux, des mâchicoulis. Une double enceinte entourait
l’édifice, abritant une basse-cour et des écuries. (1)
château de Thédirac 46150 Thédirac, propriété privée, ne se visite pas,
visible de l'extérieur.
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