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Situé dans l’ancienne Sénéchaussée du Quercy et la châtellenie de Montcuq, à
la frontière de l’Agenais dont il dépendait spirituellement, le domaine de
Monplan s’appelait primitivement Puechasinel. À la fin du XVIe siècle, il
est la propriété d’une famille noble de l’Agenais, les Laburgade. Ils sont
ensuite remplacés dans les lieux par les Verhnes, apparentés à la noblesse
depuis les guerres de Religion. Le cadastre de 1674 les atteste dans leur
château, grange et garenne de Puechasinel. Cette famille sera condamnée pour
usurpation de titres de noblesse, mais ne continuera pas moins à ignorer
cette sentence désobligeante. En 1733, Jean-Baptiste Solacroup de
Lavaissière, issu d’une riche famille installée dans la région depuis le XVe
siècle, achète à ses beaux-frères de Verhnes le domaine de Monplan pour la
somme, considérable à l’époque, de dix mille livres. L'un de ses fils,
Guillaume, qui prendra le nom de Lavaissière après le décès de son frère
aîné, deviendra célèbre en Quercy comme historien et généalogiste. Après
avoir abandonné la carrière des armes, il entre au Séminaire de Cahors.
Nommé curé de Concots, vaste paroisse du Causse de Limogne, il devient
ensuite prieur d’Escamps. En 1778, il démissionne de sa charge et se retire
en son château de Monplan, afin de se consacrer entièrement à ses
recherches. En 1784, il publie son Projet Nobiliaire de la Haute-Guyenne.
L'Assemblée provinciale décide alors que "lorsqu’un gentilhomme pauvre
d’ancienne chevalerie ou dont la famille aura produit des hommes illustres,
aura fait devant M. l’abbé Lavaissière la preuve de sa descendance par des
titres originaux et que cette preuve aura été communiquée à la Commission
intermédiaire et reconnue par elle, la dite Commission en instruira le
Président de l’ Administration et le priera d’en écrire au ministre de la
Province et d’employer tous les moyens que son zèle lui inspirera pour
attirer les regards du souverain sur cette intéressante victime du malheur
et de la pauvreté".
Mais la Révolution est en marche. Les trois derniers volumes du nobiliaire
de l’abbé ne paraîtront jamais, ses notes disparaîtront dans la tourmente
qui s’abat sur le pays. "La plupart de mes registres ont péri avec les
archives de plusieurs familles lorsque les révolutionnaires vendirent mes
biens, ma maison et mes meubles et firent feu de mes papiers pendant huit
jours", écrira-t-il plus tard à son ami le comte de Galard. Un unique
registre sera sauvé du désastre. Il est classé aujourd’hui à la bibliothèque
municipale de Cahors sous le nom "Nobiliaire de Lavaissière". Prêtre
insermenté, Lavaissière se cachera plusieurs mois dans les forêts après la
promulgation de la loi du 21 avril 1793, condamnant à mort les curés
réfractaires. Ses biens sont alors confisqués et sa demeure de Monplan
vendue. Après les excès de la Terreur, l’abbé reviendra loger dans sa
famille près de Montcuq, mais ce n’est qu’en 1801 qu’un arrêté de Fouché va
le rayer définitivement de la liste des émigrés. À ce moment-là, l’abbé, âgé
et malade vit chez sa sœur madame Bonnafous. Il meurt en 1811, sans avoir
jamais repris ses études, ni cherché à racheter son cher domaine de Monplan.
Après avoir connu les vicissitudes de l’abandon, le domaine est revenu à la
vie depuis une vingtaine d’années, grâce à la restauration soucieuse et
bienheureuse entreprise par ses nouveaux propriétaires. Le bâtiment est un
massif pentagone à trois niveaux avec une tour incluse dans sa façade sud,
où se loge un escalier en vis de cinquante-deux marches. On accède à la
demeure par une porte cochère voûtée au-dessus de laquelle on peut lire,
gravée dans un cartouche, la date de 1614. À sa gauche, une grosse tour
ronde dont il ne reste que le soubassement a été détruite il y a une
cinquantaine d’années. La façade sud-ouest présente, en dessous des
latrines, des traces de feu qui pourraient être celles de l’incendie de la
bibliothèque de l’abbé pendant la Révolution. (1)
château de Monplan 46800 Valprionde, tel. 05 65 31 48 32, siège sociale des
Moments Musicaux en Quercy.
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