châteaux de France
       Accueil        châteaux Val de Loire        châteaux pour réceptions        châteaux à l'abandon        Contact        Liens
 
 
 
Château de Gavaudun (Lot-et-Garonne)
 
 

  Le site de Gavaudun est un des plus pittoresques du département de Lot-et-Garonne. Repaire féodal, telle est la première idée qui vient à l'esprit à la vue de cette sombre construction. Nid de vautours, demeure redoutable, véritablement imprenable à l'époque où elle fut édifiée,et qui a dû voir se dérouler sous ses voûtes plus d'un drame sanglant aux émouvantes péripéties. Si escarpé que fut le château de Gavaudun, il fallait bien pouvoir accéder à son sommet. Passons sous une première porte en ogive, qui semble bien contemporaine du château et au-dessus de laquelle ont été ouvertes au XVe siècle deux fenêtres à meneau horizontal et à moulures prismatiques; contournons la pointe occidentale du rocher, et arrivons devant la mairie actuelle Y, presque adossée à sa face méridionale. Cette construction, déjà ancienne, mais qui ne remonte pas au-delà du XVe siècle, ainsi que le prouve l'élégante fenêtre, aujourd'hui murée, ouverte autrefois sur la façade orientale, était une dépendance du château. Elle se prolonge par un mur dans lequel on a ménagé une première porte, sous laquelle nous passerons. A six mètres à gauche, s'ouvre une seconde porte, en tiers-point comme la précédente, au-dessus de laquelle on peut lire la date de 1314, en chiffres arabes, ce qui à cette époque constitue une rareté. Franchissons-la, passons derrière la mairie, montons les marches d'un petit escalier, et, après deux contours à angle droit, arrivons contre la paroi môme du rocher ou s'ouvre devant nous un trou béant, en forme de grotte. Là se trouve, et a toujours été, l'unique entrée du château de Gavaudun. Contre ses parois ont été appliquées des marches de pierre, fort grossières, en forme de colimaçon. Elles aboutissaient autrefois à une échelle mobile, qu'on a remplacée de nos jours par une vingtaine de degrés encastrés dans le roc. Celte échelle débouchait à l'extérieur, à peu près à mi-coteau. Là, un étroit sentier à ciel ouvert, entrecoupé de marches, serpente le long du rocher et conduit, par une brèche ouverte dans la courtine, au sommet, c'est-à-dire dans l'intérieur du château.
Du château proprement dit, il ne reste que très peu de traces. Tout ou presque tout a été détruit au niveau du sol. Aussi est-il fort difficile de préciser la destination des différentes pièces. Le château de Gavaudun occupait toute la superficie du plateau, depuis le donjon au nord-est jusqu'à la plateforme qui le terminait à la pointe sud-ouest. Son plan était imposé par la configuration du rocher, dont ses murs suivaient les capricieux contours. Le principal corps de logis occupait une superficie de 30 mètres de long sur 10 mètres de large, y compris les deux murs extérieurs. Sa hauteur atteignait 9 mètres. Ce corps de logis ne renfermait qu'un rez-de-chaussée et un premier étage. Il était divisé, croyons-nous, en trois pièces à peu près égales, du moins si l'on en juge par les deux murs de refend et dont les bases à peine visibles sont cachées par les ronces et les herbes. Là se trouvaient la grande salle, la salle à manger, les chambres principales. Le mur extérieur ne semble pas, de chaque côté, avoir dépassé une épaisseur de 75 centimètres. Le passage qui mène au donjon, d'une largeur actuelle de 2 mètres, est croyons-nous moderne et formé par les matériaux provenant de la démolition du château, que l'on a alignés ainsi en cet endroit. Partout ailleurs, du reste, on ne constate au mur de la courtine qu'une largeur de 50 à 75 centimètres au plus. Ce peu d'épaisseur surprend tout d'abord. Il s'explique néanmoins si l'on se rend compte que, de tous côtés, sauf du côté nord-est où se dresse le donjon, le château était inexpugnable, et n'avait nul besoin d'être protégé plus efficacement. Le château se terminait par une plateforme, de 22 mètres de long, qui n'a jamais été couverte et d'où la vue s'étend au loin sur l'entrée dé la vallée et les pentes des coteaux environnants. La longueur totale du château, depuis la pointe de cette plateforme jusqu'à l'extrémité nord-est du donjon en y comprenant l'épaisseur de tous les murs, atteint à peu près 100 mètres.
Le donjon, encore intact comme au commencement du XIVe siècle, est sans contredit la partie la plus intéressante du château de Gavaudun. Chacun de ses six étages présente une disposition différente. Une seule porte en cintre surbaissé, donne accès au rez-de-chaussée du donjon. Elle est de niveau avec le rez-de-chaussée de l'ancien corps de logis et servait de communication entre eux. Cette porte vient d'être refaite. Mais elle existait primitivement, puisqu'elle s'ouvre sur un étroit couloir, sur l'ancienneté duquel on ne saurait se méprendre. Ce couloir oblique conduit à une première salle, voûtée en berceau, parallèle à une seconde salle, également voûtée en berceau dans laquelle on pénètre par une porte, ouverte dans un mur de refend, qui partage en deux parties presque égales tout le rez-de-chaussée du donjon. Cette disposition ou plutôt celte précaution s'imposait. Lorsque le château fut reconstruit au commence ment du XIVe siècle, et qu'on résolut d'utiliser ce qui restait du donjon primitif, c'est-à-dire les murs du rez-de-chaussée, l'architecte, craignant à juste titre que ces murs ne pussent supporter le poids énorme des étages supérieurs, jugea prudent de les étayer par un mur central, contre lequel viendraient buter deux étroites mais épaisses voûtes en berceau. S'il nuisait peut-être un peu aux moyens de la défense et surtout au coup d'oeil d'ensemble, ce mur assurait du moins la solidité de l'édifice. Ainsi nous expliquons-nous pourquoi, construit après coup, il vient aveugler à moitié la meurtrière. Ces voûtes ne contiennent aucune trace de trappes. Ce rez-de-chaussée n'était donc pas hermétiquement muré; et c'est bien par la porte et le couloir, et non par des échelles mobiles qu'on y pénétrait. En cette première salle, trois baies donnent sur l'extérieur. Premièrement, une grande fenêtre, aujourd'hui refaite en arc brisé, mais qui devait être primitivement cintrée et surtout moins large. En second lieu, deux meurtrières, chacune dans un pan différent, composées à l'intérieur d'abord d'une niche cintrée pouvant abriter un défenseur, puis delà meurtrière, ouverte en ébrasement dans l'épaisseur du mur et terminée par une rainure verticale simple, fort étroite.
Ces meurtrières, bien caractéristiques, datent du XIIe siècle. Elles faisaient donc partie du château primitif. Mêmes dispositions ou à peu près, dans la salle voisine, ajourée, d'abord par deux meurtrières, de dimensions inégales, puis, par la porte fenêtre, cintrée, se reliant par un étroit couloir, également cintré, à une ouverture extérieure. Tout ce côté constitue très certainement la partie la plus ancienne du donjon, et peut remonter au delà même du XIIe siècle. Une ceinture de hourds s'appliquait en cas de siège autour de ce rez-de-chaussée du donjon, déjà très élevé au-dessus du vallon. Le premier étage offre un intérêt tout particulier. Pour y accéder, il faut sortir du rez-de-chaussée, remonter sur le mur de courtine, longer l'étroit et dangereux entablement tout moderne, sans rampe aucune ni support sérieux, qu'on n'a pas craint d'accoler au mur extérieur,et arriver à la petite porte cintrée, très ancienne. A cet étage on voit onze trous de boulin, destinés au passage des poutrelles chargées de supporter des hourds. Mais une fois dressés, ces hourds obstruaient entièrement les cinq meurtrières. La galerie du premier étage constitue une des singularités du donjon de Gavaudun; refuge presque imprenable, en cas d'assaut; cachette mystérieuse, d'où il était impossible de déloger les assiégés. Une grande salle occupe à elle seule tout le second étage du donjon. Quatorze marches usées, mènent au troisième étage. Il ne consiste, comme le premier étage, qu'en une galerie défensive, demi-circulaire, mais plus restreinte. Remontant l'escalier à vis on arrive après une ascension de 16 marches au quatrième étage, aujourd'hui à ciel ouvert et pour cela fraîchement cimenté. Un cinquième et dernier étage couronnait, avec sa ceinture de créneaux, le donjon. Cette plate forme n'était pas à ciel ouvert, aucune trace n'existant pour l'écoulement des eaux.
Une conclusion s'impose; le donjon de Gavaudun a été construit en deux fois ou plutôt, sur l'ancienne tour du XIIe ou peut-être même du XIe siècle, détruite en 1169, par l'evêque de Périgueux, Jean d'Assida, s'éleva au commencement du XIVe siècle le nouveau donjon, les constructeurs se gardant bien de renverser ce qui restait de la première forteresse, et, sur ses fondements sans doute fort solides encore et ses deux premiers étages, se contentant de bâtir avec un appareil plus soigné et un nouveau système de défense les quatre étages supérieurs. D'où cette forme bizarre et irrégulière qui leur fut imposée par les assises primitives inférieures des faces sud et sud-est. L'étude des meurtrières vient confirmer cette manière de voir. Au rez-de-chaussée les quatre archères sont verticales, sans ailerons, offrant avec leurs niches intérieures cintrées tous les caractères du XIIe siècle, telles qu'on les voit aux tours de la vieille cité de Carcassonne. A partir du milieu du premier étage au contraire, c'est à dire à l'endroit précis où apparaît le nouveau mur, les meurtrières ne sont plus les mêmes. Elles ne sont constituées à l'intérieur que par un large ébrasement, sans ressaut, terminé toujours par une rainure verticale, mais cette fois entaillée à ses deux extrémités supérieure et inférieure, et en outre au milieu par un double croisillon. Mêmes dispositions au 3e et 4e étages, où elles ne présentent il est vrai qu'un seul aileron, mais rentrent néanmoins comme les précédentes dans cette catégorie d'archères en croix pattée, si favorables au tir à la volée de l'arc ou de l'arbalète, et adoptées dans tous nos châteaux gascons dès le dernier quart du XIIIe siècle. Tout le reste, courtines nord et ouest, étages supérieurs du donjon, corps de logis, etc., fut élevé plus tard sur les assises primitives, et aussi considérablement agrandi, sans doute à l'époque où les Baleinx le possédaient, c'est-à dire dans les premières années du XIVe siècle, ou peut-être même seulement quelques années plus tard, au moment où il passa entre les mains de la puissante famille de Durfort.
S'il est vrai que les peuples heureux sont ceux qui n'ont pas d'histoire, on ne peut pas dire, appliquant cet adage aux constructions anciennes, que le château de Gavaudun ail joui d'un bonheur parfait. Ses murailles, en effet, soutinrent plus d'un siège, dont le souvenir s'est perpétué jusqu'à nous; quant aux faits et gestes de ses différents seigneurs, il suffit d'écrire les noms des Baleinx, des Durfort, des Luslrac, des Caumont, des Belsunce, pour voir qu'il fut possédé par les plus grandes familles de l'Agenais. Un fragment des plus anciens titres concernant l'histoire de l'église de Périgueux nous apprend qu'il existait déjà un château de Gavaudun dans la seconde moitié du XIIe siècle, que ce château fut assiégé en 1169, pour des motifs de religion, par l'évêque de Périgueux Jean d'Assida à la tête d'une troupe armée, s'en rendit maître et que, d'après le texte qui est formel, il le détruisit de fond en comble. Toutefois le château de Gavaudun ne tarda pas à être rebâti. Car, nous le trouvons expressément désigné dans l'acte d'hommage que rendirent, en 1271, au roi de France les principaux seigneurs de l'Agenais. Au chapitre II du Saisimentum, consacré au diocèse d'Agen et concernant la baillie de Monflanquin, on lit en effet: "Ils ont également affirmé que les camps de Montesecure, Gavaudano sont en l'honneur et district dudit camp de Monteflanquino de Lord Régis". Quels étaient à celte date les propriétaires du château de Gavaudun? Si le Saisimentum ne nous donne à cet égard aucune indication, en revanche nous trouvons sept ans après le testament d'un "R. de Gavaudun, donsel", qui semble, d'ailleurs n'avoir eu que son nom de commun avec le château. Car, habitant sur les bords de la Dordogne, autour de Sainte-Foy, il élit sa sépulture dans l'église de Saint-Pierre d'Ainesse, comble de dons les églises de Gensac, de Coubeirac, de Pessac, etc., et institue pour héritier son fils Assalhit. Le 7 janvier 1293, le même R. de Gavaudun donne à fief des terres dans la paroisse d'Appellés, juridiction de Sainte-Foy sur Dordogne. Il existait donc à cette époque une famille de Gavaudun.
Puis, le silence se fait sur ce nom jusqu'en 1324, année où nous trouvons le château possédé par la famille de Baleinx. Le 3 septembre 1324, le roi d'Angleterre envoie une lettre circulaire "à tous les Magnats d'Aquitaine" pour les engager à lui conserver leur foi contre le roi de France. Dans la liste des seigneurs se lit le nom anglais de "Aumstang de Balenx, seignur de Gualvaldon". Trois mois après, le 28 décembre 1324, Edouard accorde le pardon à plusieurs seigneurs de son duché de Guienne, qui avaient pris le parti du roi de France. Dans cette lettre circulaire, on lit encore le nom, cette fois en latin, de "Austendus de Balleyns, dominus de Gavaldu". Ce même Aumstang de Baleinx est qualifié seigneur de Cahuzac en 1347. Enfin, en 1341, nous voyons un Isarn de Balenx nommé, avec Pierre de Gontaud-Biron, coseigneur de Montpezat pour le roi de France. Cette famille de Balleynx, Ballens ou Vallens était au XIVe siècle une des plus considérables du Languedoc et de l'Agenais. En ce qui concerne seulement ce dernier pays, elle possédait plusieurs fiefs dans la baronnie de Monlpezat, "depuis le mariage, nous apprend M. de Bellecombe, de Grimoard 1er de Balenx, seigneur de Cahuzac en 1150, avec Isabeau de Castillon, soeur d'Elie de Castillon, évêque d'Agen". Parents des Montpezat, leur souvenir se retrouve encore autour du village qui porte ce nom. Enfin, on les voit également figurer comme seigneurs de Casseneuil dans les actes les plus importants du XIVe siècle. Le fort château de Baleinx, dont il ne reste plus de trace, à peine quelques pierres répandues dans les champs d'alentour et un ou deux souterrains comblés depuis peu, s'élevait au XIIIe siècle sur une éminence appelée "La Moutto dé Valens ou le Castella", dans la vallée du Tolzac, à peu de distance de la ville de Cancon, entre le château de Moulinet et le domaine de Mandet.
Cette famille serait originaire de Cancon; et c'est de ce berceau qu'elle aurait peu à peu étendu ses vastes domaines dans l'Agenais, à commencer par la terre de Gavaudun. Bien qu'aucun document ne vienne appuyer notre dire, nous pensons que ce fut un Baleinx qui entreprit de relever de ses ruines le vieux château qui nous occupe et qui, surélevant le donjon sur ce qui restait des deux étages inférieurs, lui donna l'aspect et la forme que nous lui voyons aujourd'hui. En 1363, "Seguin, seigneur de Gavaudon, baron, et Guailhardde Gavaudon, esquier" rendent hommage au prince de Galles pour leur seigneurie de Gavaudun. Le 11 décembre 1366, "Raymon Bernart, sire de Gavaudun, donne quittance à Jehan Chauvel, trésorier des guerres, pour la somme de cent livres tournois, lesquelles nous ont esté ordonnées à prendre chascung mois pour la garde et deffense de nos lieuz, et lesquelles nous avons reçues pour le premier mois dont nous nous tenons bien paies. Donné à Agen, sous notre scel, ce XIe jour de décembre, 1366". Cet acte est accompagné d'un sceau rond en cire rouge. A cette époque Raymond Bernart et le château de Gavaudun appartenaient très vraisemblablement à la famille de Durfort, Déjà, en 1347, un Raymond Bernard de Durfort, seigneur de La Capelle (qui est à une lieue de Gavaudun), donne quittance à ce même Jean Chauvel. Il n'est pas qualifié toute fois dans cet acte de seigneur de Gavaudun. En revanche, dès l'année 1398, le nom de Durfort reste entièrement lié à celui de Gavaudun. Le 25 octobre 1398, "noble et puissant seigneur Bernard de Durfort, seigneur de Gavaudun et de Laroque-Timbaut souscrit à Bertrand Lustrac, une obligation de 300 livres d'or". Trois ans plus tard, le 22 novembre 1401, Amanieu de Montpezat, IIIe du nom, reçoit procuration de ce même Bertrand de Durfort, qualifié "seigneur de Gavaudun et de Laroque-Timbaut en Agenais", pour exposer à Jean de France, duc de Berry, lieutenant général pour le roi en Guienne, "que la guerre, la peste et autres malheurs ont dévasté 40 lieues qui lui appartiennent, lesquelles sont environnées par les Anglais".
Le château de Gavaudun tenait donc en ces premières années du XVe siècle pour le roi de France, et ses seigneurs étaient un rameau de la grande famille de Durfort, une des plus puissantes de l'Agenais. De la branche de Duras, les de Durfort de l'Agenais se font remarquer dans toutes les affaires du commencement de la guerre de Cent ans. Aymeri de Durfort hérite de la totalité des biens de la maison de Goth, de Blanquefort, de Duras, etc. Il réédifie somptueusement sur les bords du Dropt le château de Duras, dont il fait sa principale résidence, et il donne à chacun de ses enfants d'importantes seigneuries. Ce dut être son second fils Bertrand qui devint propriétaire de Gavaudun et de Laroque Timbaut. Les de Durfort ne s'attardèrent pas longtemps cependant dans la vallée de la Lède. Moins de trente ans après, Gavaudun était déjà passé dans la famille de Lustrac. Au coude que forme le Lot, lorsque entre Fumel et Penne cette rivière quitte la direction du sud pour obliquer vers l'ouest, s'élève sur la rive droite le moulin fortifié de Lustrac. Cette importante construction, qui commande tout le cours du fleuve, date de la fin du XIIIe siècle. Elle fut bâtie en 1296 par Foulques de Lustrac qui lui donna son nom. Foulques passe pour être le chef de la branche de l'Agenais qui posséda Gavaudun pendant plus d'un siècle. Nous avons vu précédemment un de ses descendants, Bertrand de Luslrac, devenir créancier pour 300 livres d'or, le 25 octobre 1398, de Bertrand de Durfort, seigneur de Gavaudun. Cette créance ne put-elle être remboursée? Et, pour se couvrir, le seigneur de Lustrac se saisit-il de Gavaudun, soit par la force, soit à l'amiable? Toujours est-il que dès l'année 1430, son fils Arnaud de Lustrac, plus connu sous le nom de Naudonnet se qualifie seigneur de Gavaudun, titre que prirent également ses descendants. Naudonnet de Lustrac fut l'un des plus vaillants capitaines Gascons, qui, au XVe siècle, soutint le parti des Armagnacs.
Digne émule des Xaintrailles, des La Hire, des Barbazan, il combattit toute sa vie l'ennemi héréditaire. D'abord, sous les ordres de son père Bertrand, il force les Anglais, commandés par Pons de Castillon, à abandonner le château de Frespech, et il les refoule au delà du Lot. Quelques temps après, en 1427, et tout jeune encore, Naudonnet de Lustrac est nommé, sur la demande même des consuls,capitaine de la ville de Lauzerte et châtelain dudit château, "pour ce qu'il est de noble et ancienne lignée, expert en armes et leur ami et voisin". Dans une alliance contractée en 1432 avec Jean, comte de Foix, Naudonnet de Lustrac est qualifié seigneur de Lustrac et de Gavaudun en Agenais. En 1432, le seigneur de Gavaudun s'empare des châteaux de Sauveterre d'Agenais, de Monségur et de Casteculier sur les Anglais. "De Frespech, écrit Darnall, le seigneur de Montpezat vint assiéger Lafotz, où estait Naudonnet de Lustrac, lequel avec le seigneur de Beauville, se saisirent de Castelculier par escalade et par trahison; et le seigneur de Lustrac et les Français prindrent le lieu de Sauveterre d'Agen et Monségur près dudit Lustrac sur les Anglais". En ce qui touche l'affaire de Lafox, notre plus ancien chroniqueur fait allusion à ce fait que plusieurs habitants d'Agen, ayant malgré la défense de Naudonnet, communiqué avec ceux du parti Anglais, Lustrac les fit en fermer dans le château de Lafox. Leurs compatriotes s'adressèrent au seigneur de Montpezat et tentèrent d'aller les dé livrer. Mais ils furent repoussés par les assiégés qui avaient à leur tête Naudonnet de Lustrac. Peu après, ce vaillant soldat empêchait Penne, une des plus fortes places de l'Agenais, de tomber entre les mains des Anglais. Pour le récompenser de ce fait d'armes, le comte de Foix l'en nommait capitaine, nomination que sanctionnait le 12 avril 1434 le roi de France. Naudonnet de Lustrac était à cette époque un des plus puissants seigneurs de l'Agenais. Il commandait pour le roi de France cinq grandes places fortes: Lauzerte, Sauveterre, Penne d'Agenais, Monflanquin ainsi que Castelculier.
En outre, il possédait en propre les seigneuries de Lustrac, Terrasson, Montmarey, Pierre-Levade, La Bastide de Michemont, etc., sans compter celle de Gavaudun pour laquelle il rend plusieurs fois hommage. Le château de Gavaudun du reste semble avoir été une de ses résidences préférées. Nous le voyons y réunir souvent ses hommes d'armes et les passer en revue. C'est ainsi qu'en octobre 1435, il tient à Gavaudun une garnison de dix archers et de dix-neuf écuyers. Le 14 novembre de la même année, est passée "La revue de Naudonet, seigneur de Lustrac, escuier, capitaine de Penne d'Agenez et dix-neuf aultres escuiers de sa compagnie, reçeue à Gavaudun". Sur la liste des gens d'armes on lit les noms "dudit seigneur de Lustrac, de Bernard de Lustrac, du seigneur de Bayolmont, de Jehan de la Duguie, de Jehan de Cuzorn, de Jehan et de Bernardon d'Ayquem, etc". Le 3 octobre 1437, Naudonnet de Lustrac tient à Villeneuve d'Agen une compagnie de 30 hommes d'armes et de 30 arbalétriers. Enfin, vers la même époque, Béraud de Faudoas, ayant été nommé sénéchal d'Agenais et se voyant mal accueilli des habitants d'Agen, aurait fait appel à Naudonnet de Lustrac et à Jean de Beauville pour rétablir l'ordre dans la ville. Les deux chefs seraient aussitôt arrivés; et, tandis que Faudoas convoquait les habitants en une assemblée générale, ils se seraient emparés par surprise d'une porte de la ville, auraient fait irruption dans les rues, arrêté les principaux factieux parmi lesquels l'archidiacre de Saint-Etienne qu'ils auraient jeté à la rivière, et finalement auraient extorqué aux habitants une forte somme d'argent. Lustrac jouit, durant trois ans, d'une impunité complète.
Mais en 1439, Charles VII ayant envoyé le Dauphin dans les provinces du Midi pour mettre un terme aux excès des bandes armées, les habitants d'Agen portèrent plainte contre le seigneur de Gavaudun et obtinrent, par une ordonnance du 28 Juin, de n'avoir pas à lui payer la rançon promise. Bien plus, le roi de France, s'étant rendu en 1445 à Montauban, ordonna à Lustrac de comparaître devant lui et le fit aussitôt emprisonner. Mais il fit valoir les services rendus par lui à la cause française. Il obtint sa liberté provisoire contre une caution de 10,000 livres que s'engagèrent à payer le sire d'Albret et d'autres seigneurs, ses amis, et finalement il se fit accorder des lettres de rémission pleine et entière. Depuis cette époque, le seigneur de Gavaudun resta fidèle à la cause du roi de France. Il reprit le commandement de toutes ses places fortes, et il se trouve encore inscrit comme gouverneur de Penne en 1456. D'après la généalogie de sa famille, Naudonnet de Lustrac aurait eu un frère François, qui, après sa mort, serait devenu seigneur de Gavaudun, ou tout au moins en aurait rendu hommage le 6 juin 1470. Des cinq enfants que laissait Naudonnet, son fils aîné Antoine, hérita de tous ses domaines. Antoine de Lustrac, chevalier, baron de Lustrac, Gavaudun et autres lieux, eut l'insigne honneur d'escorter l'évêque d'Agen, Léonard de La Rovère, lors de l'entrée que ce prélat fit dans celte ville le 28 octobre 1492. Ce seigneur de Gavaudun avait épousé, vers 1480, Catherine de Durfort; d'où, certains généalogistes ont supposé que c'était par ce mariage que Gavaudun était passée des Durfort dans la famille de Lustrac. Nous avons pu voir qu'il h'en était rien, puisque depuis 1430 Naudonnet se qualifiait de seigneur de Gavaudun.
De ce mariage naquirent trois entants: Bertrand, d'abord seigneur de Gavaudun, qui, malgré ses deux mariages, mourut en 1524 sans postérité; Anselme et Antoinette, mariée à Jean de Grossolles, baron de Montastruc. Antoine II de Lustrac hérita donc en 1524 de la seigneurie de Gavaudun. Cette même année, il épousa la belle-soeur de son frère aîné Bertrand, Françoise de Pompadour, soeur d'Isabeau et fille d'Antoine de Pompadour et de Catherine de la Tour d'Oliergues. Le nouveau soigneur de Gavaudun suivit François 1er dans toutes ses folles expéditions. Notre héros avait, promis sa fille unique, la belle Marguerite, à Jacques d'Albon de Saint-André. Rentrés tous deux à la Cour, le mariage se fit sans plus tarder (27 mai 1544), et Marguerite de Lustrac reçut en hoirie toutes les terres de ses ancêtres. Antoine de Lustrac demeura quelques années encore seigneur de Gavaudun. Il dût mourir peu de temps après, laissant sa fille Marguerite seule héritière de ses nombreux domaines. Veuve du maréchal de Saint-André depuis le 19 novembre 1562, Marguerite de Lustrac, qui avait à ce moment trente cinq ans, songea à se remarier; elle jeta son dévolu sur un compatriote et épousa le 10 août 1568 un gentilhomme gascon, Geoffroy de Caumont. Ce fut donc au château de Gavaudun, dont elle était propriétaire depuis la mort de son père, que Marguerite de Lustrac convola en secondes noces et échangea le titre de maréchale de Saint-André contre celui de baronne de Caumont. Son second époux, échappé à la Saint-Barthélcmy, mais fut empoisonné en avril 1574, en son château de Castelnau, par deux de ses coreligionnaires protestants; il laissait sa femme enceinte de sept mois. Anne de Caumont naquit le 10 juin 1574 au château de Gavaudun en Agenais. Gavaudun demeura, jusque peu avant sa mort, la propriété de Marguerite de Lustrac. Elle avait abandonné sa fille Anne au château de La Vauguion, où elle se vit contrainte d'épouser son frère cadet Henri des Cars, devenu par la mort de son frère prince de Carency (1586).
La baronne de Caumont garda toujours rancune à sa fille Anne, et se retira en Périgord dans sa terre des Millandes, où elle mourut, deux ans après. Dans son testament, daté du 17 juin 1597, elle institue pour son héritier universel le sieur de La Force, neveu de son mari, plus lard duc de La Force et maréchal de France, et elle déshérite sa fille Anne. D'après un document, Anne de Caumont serait devenue châtelaine de Gavaudun à partir de son mariage, en 1595. Mais c'est surtout après la mort de sa mère que nous la voyons y exercer tous ses droits seigneuriaux, défendre avec acharnement son patrimoine contre les prétentions du sieur de La Force, héritier de Marguerite, et se montrer rebelle à toutes sortes de transactions. Anne de Caumont perdit son fils unique, le jeune duc de Fronsac, le 3 septembre 1622, à l'âge de dix-huit ans, dans une escarmouche sous les murs de Montpellier. Le 7 octobre 1631, elle devenait veuve, par la mort du comte de Saint-Paul, dont elle était séparée de biens et qui lui avait mangé à peu près toute sa fortume. Fronsac, Coutras, avaient dû être vendus. Il ne lui restait que Caumont et Gavaudun, baronnies pour lesquelles elle rend hommage jusqu'au jour de son décès le 17 juin 1642. Au lendemain même du jour où les d'Auray sont mentionnés dans le testament d'Anne de Caumont, leurs affaires se trouvent dans le plus mauvais état. L'échange de Gavaudun contre le marquisat de Chateauneuf n'ayant pu aboutir, ils en restèrent propriétaires jusqu'en 1686, en la personne d'abord de Jean-Baptiste d'Auray et de sa femme Françoise de Souillac, puis de leur fils, René d'Auray, enfin de leur petit-fils Jacques-Armand d'Auray, héritier de son aïeule, la dame de Souillac. Les affaires des d'Auray ayant empiré, la vente de Gavaudun fut ordonnée par arrêt du Parlement. Elle eut lieu, le 30 juillet 1686, au bénéfice du marquis de Belsunce, qui fut déclaré adjudicataire par décret de ladite terre et seigneurie de Gavaudun pour la somme de 64,000 livres. Mais les autres créanciers, et avec eux, le principal intéressé, le jeune marquis d'Auray, protestèrent contre la précipitation de cette vente et demandèrent qu'il fut procédé aune nouvelle adjudication.
La marquise de Fabas déclare vouloir se porter pour 80,000 livres; la marquise d'Orbecq pour 120,000 livres, etc. Bref, l'affaire vint devant le Parlement de Paris en janvier 1690. Les plaignants furent déboutés de leurs demandes, la Cour maintint la première adjudication de la baronnie de Gavaudun sur la tête du marquis de Belsunce qui en prit aussitôt possession (1690). Il avait épousé une cousine de la comtesse Anne de Caumont-Lauzun, fille de Gabriel Nompar de Caumont, comte de Lauzun et de sa seconde femme Charlotte de Caumont-Laforce, soeur du fameux duc de Lauzun et petite-nièce du célèbre maréchal de La Force. Armand de Belsunce vécut fort âgé. Il mourut le 23 juin 1728 au château de Boni, à l'âge de 90 ans. Sa mort à un âge aussi avancé nous explique pourquoi ses deux fils aînés, Armand et Antonin, décédés avant lui, ne sont pas qualifiés baron de Gavaudun. Cette terre passa avec celles de Boni et de Castelmoron, et à cette date seulement, sur la tête de son quatrième enfant, Charles Gabriel, qui continua la descendance. Il avait épousé le 30 avril 1715 Cécile-Geneviève de Fontanieu. Charles-Gabriel de Belsunce mourut en 1739, il ne laissait qu'un fils, Antonin-Armand, marié eu 1737 à Charlotte Alexandrine Sablet d'Hendicourt, et qui mourut, à la fleur de l'âge, le 17 septembre 1741, ne laissant qu'un fils, Louis-Antonin, à peine âgé de deux mois. Louis-Antonin hérita de tous les titres et de toutes les terres de ses ancêtres, de Born, de Castelmoron, de Gavaudun, etc. Il épousa, le 2 janvier 1763, Adélaïde Elisabeth d'Hallencourt de Drosménil, dame d'honneur de Madame, qui mourut à Bagnèrcs, le 4 octobre 1770, à peine âgée de vingt-cinq ans. Elle ne laissait aucun enfant. Son mari, dernier rejeton de là branche des Belsunce de l'Agenais, était encore propriétaire du château de Gavaudun en 1777 et 1779, années où il est qualifié baron de ce lieu. Le marquis de Belsunce émigra à Londres. Il y mourut en 1796.
Vendit-il au moment de la Révolution, ou un peu avant que l'orage eut éclaté, sa terre de Gavaudun? Il est probable que oui, attendu que dès l'an II nous la trouvons en la possession de la famille de Fumel. Le 3 floréal an II, en effet, (22 avril 1794), il est procédé à la vente des meubles du château de Gavaudun, appartenant à Philibert de Fumel-Monségur, émigré. La branche de Fumel-Monségur, établie d'abord au château de Monségur en Agenais, puis à Paris, formait un rameau détaché de la famille de Fumel, une des plus anciennes et des plus illustres du haut Agenais. Les biens du marquis de Fumel, émigré, furent aussitôt saisis par la nation. Dès 1793, nous apprend M. Bourrière dans son rapport manuscrit, le château de Gavaudun, "dont les constructions existaient presque en entier à celte époque, et qui, au dire des habitants du pays, était parfaitement habitable, fut détruit par ordre du district sous la direction d'un sieur Chaudurier, commissaire, et l'emplacement vendu comme bien national". La vente dura plus de deux ans. Ce fut d'abord le tour des meubles, le 3 floréal an II (22 avril 1794). Puis vinrent les immeubles environnants, bois, prés, vignes, moulin à eau, métairie de Fourestié, etc, enfin le château lui-même. Le 2 janvier 1796, l'administration du district de Monflanquin avait déjà donné par bail à ferme au sieur Ballande fils aîné, le ci-devant château de Gavaudun pour la somme de 1,475 francs en assignats, sur le cautionnement de citoyen Gerveau de Cancon. Six mois après, cet édifice était compris dans la soumission du sieur Pierre Fort, marchand à Gavaudun; à qui le sieur Mannoury, de Monflanquin, avait vendu, le 3 nivôse an IV (24 décembre 1795), pour 25,000 livres de biens nationaux en assignats. C'est ce que nous apprend l'intéressant procès-verbal d'estimation, daté du 13 thermidor an IV (31 juillet 1796). Le sieur Fort ne resta pas longtemps propriétaire du château de Gavaudun qui dut passer presque aussitôt entre les mains de la commune. L'acte d'achat n'a pas été conservé. Il n'en existe aucune copie à là mairie de Gavaudun. Néanmoins, le fragment du cahier de mutation qui existe encore dans les archives municipales de Gavaudun, nous apprend qu'à la date de 1803 (an XII) "restent à la charge de la commune, les chambres, bâtisses et un petit jardin dans la cour". Depuis lors le château de Gavaudun est demeuré la propriété de la commune. (1)

Éléments protégés MH : la tour : classement par liste de 1862. Le château, à l'exception de la tour déjà classée : classement par arrêté du 30 décembre 1987. (2)

château fort de Gavaudun 47150 Gavaudun. Tél. 05 53 40 04 16, ouvert au public en avril, mai, juin, septembre, octobre tous les week end de 10h à 13h et de 14h à 18h, vacances de pâques mardi, jeudi, vendredi et week end de 10h à 13h et de 14h à 18h en juillet et août tous les jours de 10h à 18h...

Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement Madame Cathy du site http://lescreasdepatchie3340.centerblog.net/, pour les photos qu'elle nous a adressées pour illustrer cette page.
A voir sur cette page "châteaux Lot-et-Garonne" tous les châteaux recensés à ce jour dans ce département.

 
 
 
 
château fort de Gavaudun  château de Gavaudun
 
 
château de Gavaudun  château de Gavaudun
 
 
 


(1)     Le Château de Gavaudun en Agenais, description et histoire par Philippe Lauzun (1847-1920). Imprimerie et lithographie agenaises, Agen (1899)
(2)   
   source : 
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

Sur ce site, tous les châteaux, châteaux forts, manoirs, maisons-fortes, ruines et vestiges importants, chateau hôtel-restaurant, chateaux avec chambres d'hôtes, gîtes, et les châteaux avec salles pour réceptions, vous trouverez la liste de tous les départements en page d'Accueil, mais également une page réservée aux châteaux à l'abandon, en péril, et les châteaux du val de Loire nous avons recensés aussi les châteaux dans les pays francophones, Suisse, Belgique et Grand Duché du Luxembourg voir châteaux Étrangers, et également les châteaux dans des bourgs classés parmi les plus beaux villages de France.

 
(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
Nos sources proviennent à 60% de la base Mérimée, culture.gouv.fr/culture/inventaire/patrimoine, que nous remercions vivement
 
Copyright ©chateauxdefrance@orange.fr     Tous droits réservés.