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Le château d'Agneaux se dresse sur la
colline, au milieu des bois, et dont les tours en poivrières et la gothique
chapelle, ceinte de lierre, dominent, du haut d'un roc, la Vire qui coule au
fond de la vallée. Le vieux manoir, ou plutôt ce qui en subsiste, car une
partie considérable en fut, paraît-il, démolie à la fin du XVIIIe siècle,
était le chef d'un fief noble qui relevait de la baronnie de Saint-Lô et
d'où dépendaient deux autres arrière-fiefs nommés La Haye-Bellouse et
Quieneville; toutefois, pour la tenure de ce dernier, un procès, entamé au
Parlement de Rouen en 1494, n'était pas encore terminé en 1703. Le premier
seigneur dont le nom nous soit parvenu; grâce à une charte de donation de la
cathédrale de Coutances, est Herbert d'Agneaux qui vivait au XIe siècle. Sa
famille porte pour armes "d'azur à trois agneaux bêlants d'argent. Elles
sont peintes à Versailles, dans la salle des Croisades". D'après M. Dubosc,
à qui nous empruntons ces renseignements généalogiques, les Paisnel durent
succéder aux Agneaux dans la possession de ce fief, car, en 1373, Jehan de
la Haye, chevalier, "déclara tenir le fieu d'Agneaux du seigneur évesque de
Coustances, baron de Saint-Lô, à cause de Jehanne Paisnel, sa femme".
Régnier d'Esquay paraît avoir remplacé Guillaume de la Haye, issu des
précédents. Richard d'Esquay, fils de Régnièr, était, en 1428, seigneur
d'Agneaux et de Caenchy. Il mourut en 1460, laissant quatre filles. Girette,
la seconde, épousa Raoul de Sainte-Marie et lui apporta la terre d'Agneaux
que possédaient encore, au début du XXe siècle, leurs descendants directs.
Ce nouveau seigneur appartenait à une des plus anciennes familles de
Normandie qui, d'après l'abbé de La Rue (notice sur la tapisserie de
Bayeux), prit part à la conquête d'Angleterre.
Raoul de Sainte-Marie mourut en 1496, laissant un fils, Jean, qui épousa la
sœur de Bertin de Silly, chambellan de Louis XI. De ce mariage naquit un
autre Jean, qui fut le père d'un des adeptes les plus zélés de la religion
réformée. Ami dévoué du moine Soler, premier apôtre de la Réforme dans ce
pays, Jean de Sainte-Marie installa, en l'absence de son frère aîné, un
prêche à l'usage des huguenots dans la chapelle du manoir d'Agneaux. Il joua
un certain rôle dans les guerres de religion; Montgommerv lui donna même le
gouvernement de Saint-Lô qu'il fut contraint d'évacuer en 1563, lors de
l'édit de pacification. Réfugié dans une île de la Manche après la
Saint-Barthélémy, en compagnie de Montgommery, Colombieres et autres chefs
de marque, il reparut chez lui en 1573, âgé de plus de cinquante-cinq ans,
et changea de ligne de conduite, car il participa, avec l'armée royale, au
siècle de Saint Lô, que défendait son ancien ami Colombieres, qui y trouva
la mort. Il se fit ensuite oublier dans la retraite et mourut, dit-on, muni
des sacrements de l'Eglise. Nicolas, son frère aîné, seigneur d'Agneaux, fut
également un personnage en vue, chevalier de l'ordre du Roi, gentilhomme de
sa chambre et capitaine des châteaux de Valognes et Granville. Il trépassa
en 1591, laissant entre autres enfants, Jacques, qui fut seigneur d'Agneaux,
gouverneur de Granville et des îles Chausey, chevalier de Saint-Michel et
gentilhomme de la chambre des rois Henri IV et Louis XIII. De son mariage
avec Catherine de Harlus, il eut notamment un fils qui hérita du fief
d'Agneaux et de toutes ses dignités.
Il avait le même prénom que son père, et mourut en 1641. Son aîné, Jacques
III, lui succéda et décéda en 1664 à Granville, dont il était également
gouverneur. Francois-Louis, qu'il avait eu de son mariage avec Madeleine
Boutin, mourut jeune, ainsi que son premier fils, Nicolas-Thomas; le second
leur succéda; puis vint Jean-Jacques-René, qui fut page du roi en 1720. A la
mort de son père, survenue en 1738, il prit les titres de seigneur d'Agneaux
et marquis de Sainte-Marie. Jean-Jacques-René, deuxième du nom, seigneur
d'Agneaux, ancien capitaine au régiment d'Orléans, chevalier de Saint-Louis,
fils du précédent et de Catherine Jacquier de Viels-Maisons, épousa, en
1774, Louise-Françoise Pestalozzi; Louis XV et la famille royale signèrent
son contrat de mariage. Il s'éteignit en 1787, laissant plusieurs enfants,
dont l'un fut l'aïeul des propriétaires du château au début du XXe siècle.
(1)
Éléments protégés MH : la ferme : inscription par arrêté du 2 avril 1946.
Les façades et les toitures du château (à l'exclusion de celles de l'aile
du XIXe siècle) : inscription par arrêté du 3 mai 1974. (2)
château d'Agneaux 50180 Agneaux, tél. 02 33 57 65 88, hôtel-restaurant,
ensemble composé du château et de la Tour de Guet offrant onze chambres, de
la ferme du XVIe siècle abritant les deux restaurants, cuisine du marché et
gastronomique, la Chapelle, la Bergerie et l'ancienne boulangerie.
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propriétaire du château, M. le marquis Théobald de Sainte-Marie, pour les photos qu'il nous a adressées afin
d'illustrer cette page.
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