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Au nombre des seigneuries qui se partageaient le territoire de la paroisse
de Hébécrévon, figure le fief du Chastel, dont les dépendances s'étendaient,
en majeure partie, à l'ouest de l'église, presque à y toucher. Le
lieu-chevel de ce fief (on dirait aujourd'hui le chef-lieu) était assis non
loin du point d'intersection des chemins tendant, l'un de Saint-Lô à la
Chapelle-Enjuger, l'autre d'Esglandes à Saint-Gilles, tout proche du lieu
dit le Chêne-à-Loup. Il est aujourd'hui marqué sur la carte cantonale de
Marigny sous son vieux nom de Le Chastel. Le doit-il à la très ancienne
famille du Chastel qui, une des premières, posséda le domaine, ou bien le
lui a-t-il communiqué? Là est la question. Cependant il est constant que
cette demeure féodale ne fut jamais un lieu fort. Des lettres de rémission
que le roi d'Angleterre Henri VI accorda, le 24 août 1432, à Jacquet du
Castel, écuyer, impliqué dans une tentative du parti français contre
Carentan, le font bien voir quand elles l'appellent simplement Hostel, tout
comme l'habitation d'un nommé "Thomas Quevrel, cordouennier, demeurant en la
Chapelle Enjugier, chez lequel Jacquet du Castel se rendait ce pour soy
faire tailler un souliers", quand il fut enlevé et entraîné par les hommes
de Messire Henry Carbonnel, chevalier, pour participer à l'attaque projetée
contre Carentan. Rien d'étonnant, dès lors, qu'aux environs du manoir actuel
on ne voie nulle trace de murailles ou de donjon. Toutefois, il est entouré
de fossés qu'alimente une longue pièce d'eau située derrière les bâtiments
et qu'ombragent de beaux arbres à la tête touffue. Ce petit castel n'est pas
sans présenter un réel intérêt. Il comprend un corps de logis
quadrangulaire, flanqué de quatre tourelles aux angles fuyants et au toit
très incliné. Le logis n'a qu'un étage avec mansardes. Ses portes, ses
fenêtres, les lucarnes même sont sobres d'ornements; tout se borne à
quelques moulures rectilignes, sauf la lucarne médiane, accostée qu'elle est
de deux volutes renversées, et dont le fronton porte l'écusson des du
Chastel "de gueules, au château d'or". L'édifice date du XVIe siècle, et si
ses tourelles sont pourvues de meurtrières, ce ne fut assurément pas comme
moyen de défense, mais bien plutôt par une réminiscence du passé.
Les du Chastel sont anciens à Hébécrévon. Au début du XIIIe siècle on y
trouve Symon du Chastel, dont les fils Geoffroy et Raoul comptent parmi les
bienfaiteurs de la Maison-Dieu de Saint-Lô (1254). Jehan du Chastel, qui
vivait en 1311, les imita. Parmi les descendants de ce dernier, il en fut
qui ne suivirent pas l'exemple de leurs aïeux: tels Jacques et Guillaume,
père et fils, qui, comme beaucoup de gentilshommes du temps, emportés par la
passion de la chasse, rompaient clôtures, haies et barrières des terres
appartenant à l'Hôtel-Dieu de Saint-Lô et furent, pour ce fait, condamnés à
des réparations tant matérielles que pécuniaires. Louis du Chastel fut le
dernier du nom, à posséder le fief patrimonial. Il les vendit le 6 novembre
et 3 décembre 1690, à Georges Dancel, écuyer, seigneur de Saint-Jean du
Corail, petit-fils de damoiselle Marthe du Chastel, soeur du vendeur.
Toutefois, il se réserva le droit d'habiter le château. Mais, après avoir
obtenu des lettres de relèvement, le seigneur du Chastel dut subir la mise
en décret de son domaine, tant noble que roturier. Le seigneur de Saint-Jean
du Corail s'en rendit à nouveau acquéreur; car un aveu fait au roi, en 1724,
par le baron du Hommet-la-Rivière, chef seigneur du fief du Chastel, indique
Georges Dancel comme tenant de lui cette terre noble. En 1752, elle était la
propriété d'Alexandre Bauquet, seigneur de Turqueville, pour passer ensuite
aux mains de la famille Desmaretz, seigneur de Montchaton.
Thomas-Louis-Antoine Desmaretz, chevalier, seigneur de Montchaton, le Châtel
et autres lieux, conseiller du roi, lieutenant général civil au bailliage et
siège présidial du Cotentin, étant mort sans enfant, légua ses biens à sa
veuve Marie-Françoise d'Auxais, dame du Perron, de laquelle les d'Auxais
héritèrent, notamment du fief du Chastel. Ce domaine appartenait au début du
XXe siècle au marquis de Marescot, qui épousa une des filles de M. le comte
d'Auxais, ancien sénateur de la Manche. (1)
Éléments protégés MH : le château le Castel : inscription par arrêté du 1er
avril 1946. (2)
château du Chastel 50180 Hébécrevon,
propriété privée, ne se visite pas.
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