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Le
château du Vast est une construction irrégulière, mais qui plaît par la
grandeur de son ensemble et par ses deux pavillons pittoresques. De vastes
prairies entourent un parc planté de grands arbres et sillonné par cette
jolie rivière de Saire, qui donne, à ce coin de la Normandie, avec son nom,
un aspect si frais et si pittoresque. D'habiles industriels utilisèrent, au
Vast, pendant quatre-vingt-trois ans, ce cours d'eau. S'il ne reste plus
rien de l'ancienne filature, on peut dire cependant que son souvenir survit
dans ces magnifiques cascades. Pour arriver à ce résultat, des
transformations très importantes furent exécutées au XIXe siècle d'après les
ordres du châtelain, M. Edmond de la Germonière, par la maison Combaz, à
laquelle est due la construction des cascades du bois de Boulogne. Tout a
été fait avec tant de goût et d'harmonie que la main de l'homme ne semble
pas avoir passé par là. Avant de retracer l'histoire de ce château, citons
les noms des anciens seigneurs patrons de la paroisse, les de Vierville, les
Suhart, les Castel, les d'Anneville. Il y avait trois fiefs sur le
territoire du Vast: le fief du Vast, le fief de la Motte-du-Vast et celui de
Commendal, longtemps la propriété des d'Aigremont, seigneurs du Vicel et de
Pépinvast, et qui s'étendait sur les deux paroisses du Vicel et du Vast. Le
18 septembre 1753, François-Pierre de Briqueville de la Luzerne, chevalier,
seigneur et patron de Monfreville, lieutenant général des armées du roi et
lieutenant des gardes du corps de Sa Majesté, chevalier de l'ordre royal et
militaire de Saint-Louis, fils et héritier de feu messire de Briqueville de
la Luzerne, seigneur et patron dudit lieu de Monfreville, chevalier des
ordres du roi et vice-amiral de France, confessait et avouait tenir "la
moitié d'un fief de haubert, appelé le fief de la Motte du Vast, assis en la
paroisse du Vast, vicomté de Valognes, qui fut à Guillaume d'Eterville,
escuyer, et à présent possédée par le sieur Castel de Saint-Pierre-Église".
Après ces indications prises un peu au hasard, traçons brièvement l'histoire
du château actuel du Vast, qui sera plutôt l'histoire de la filature dont
nous venons de parler. Vers 1795, M. Philippe Fontenilliat, négociant à
Rouen, achetait la terre du Vast, dans le but d'y construire un
établissement industriel. Ce vaste domaine offrait le double avantage de
s'étendre de chaque côté de la rivière de Saire, sur une longueur de près de
cinq kilomètres, et de se trouver à peu de distance des ports de Cherbourg,
de Saint-Vaast-la-Hougue et de Barfleur. En 1803, l'usine était construite.
Ses débuts furent brillants et elle prit rapidement une grande extension
avec ses 600 ouvriers. Plus tard, en 1817, M. Fontenilliat, voulant encore
augmenter la puissance de sa filature, convertissait en étangs, trois
hectares de prairies, situés au-dessus du moulin du Vast. Enfin, en 1820, il
édifiait, d'après le système anglais, un vaste moulin. Sous l'initiative de
M. Fontenilliat, des routes et des chemins furent percés dans ce pays, si
déshérité jusque-là. M. Fontenilliat dirigea longtemps l'établissement qu'il
avait fondé, mais, à partir de 1825, il confia la suite de ses affaires à
deux de ses fils, Édouard et Henri Fontenilliat. M. Philippe Fontenilliat
mourut au Vast, en décembre 1827, et fut inhumé, dans le cimetière de la
paroisse. L'association des deux frères dura jusqu'en 1831. Henri
Fontenilliat quitta le Vast et devint receveur général, d'abord à Nantes,
puis à Bordeaux. Édouard Fontenilliat, qui était resté au Vast, avait
épousé, en 1813, Mademoiselle Rangeard de la Germonière, originaire de
Touraine, petite-fille M. de la Grandière, maire de Tours en 1760.
De ce mariage naquirent trois filles, dont l'aînée épousa son oncle, M.
Hippolyte Rangeard de la Germonière. Ce dernier habitait Rouen, mais, dès
1831, il était associé à la filature du Vast, et, en 1858, il restait seul à
la tête de l'usine. Suivant la tradition de la famille Fontenilliat, il
s'était aussi associé son fils, Edmond de la Germonière, qui épousa, en
1871, la fille de M. Blavoyer, député de l'Aube. Tous deux continuèrent les
affaires jusqu'en 1886, époque à laquelle ils prirent le parti de renoncer à
une industrie qui n'avait connu que des jours de prospérité jusqu'aux
funestes traités de 1860. M. Hippolyte de la Germonière mourut au Vast, le
29 janvier 1887, à l'âge de 80 ans. Un très beau buste en marbre blanc,
signé Adam Salomon, conserve les traits de cet homme, aussi bon
qu'intelligent, et orne la bibliothèque du château du Vast, où son fils
s'est plu à réunir les livres normands les plus rares. L'usine du Vast fut
démolie en 1891 et 1892. Quant au grand château, sans caractère
architectural, il s'est transformé, sous l'habile direction de M. Trolliet,
architecte de Paris, en une belle et vaste demeure qui s'harmonise très
agréablement avec le paysage. Pour arriver à ce résultat, il a fallu
exécuter des travaux considérables; ils furent commencés en 1892 et terminés
en septembre 1895. Nous ne pouvons laisser le château du Vast, sans
mentionner l'hôpital fondé par M. et Madame Edmond de la Germonière, pour
les pauvres malades de la commune. (1)
Éléments protégés MH : le parc avec l'ensemble de ses aménagements
hydrauliques, l'île et la grande allée : inscription par arrêté du 28 mars
2008. (2)
château de la Germonière 50630 Le Vast,
propriété privée, ne se visite pas.
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