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Situé au long
des pentes qui descendent vers les marais du Cotentin, le château de
Virville s'élève au milieu d'un vaste parc à l'anglaise, des allées duquel
la vue s'étend au loin sur les collines de la Manche. L'éperon de Montcastre
dessine fièrement sur l'horizon sa longue silhouette; au second plan se
déroule un paysage verdoyant auquel l'abondance des clôtures plantées donne
l'aspect d'une forêt. Des étangs, des douves entourent l'habitation.
Celle-ci est moderne, et ne conserve plus de l'ancienne résidence, berceau
de la famille Davy, que ses fossés maçonnés et remplis d'eau vive, et une
chapelle dédiée à sainte Avoye, dont la construction remonte à l'époque où
les traditions romanes cédaient le pas aux formules de l'art ogival. Nobles
d'ancienne noblesse, alliés aux plus anciennes races du pays, les Davy
comptent parmi leurs membres les plus illustres le cardinal Jacques Davy du
Perron. Julien, son père, s'était fixé à Saint-Lô, dans une maison qui
existe encore, 11 rue Saint-Georges. C'est là, ainsi que l'ont démontré, par
des pièces d'archives, MM. Renault et Lepingard, qu'Ursine Lecointe donna
naissance à celui qui devait être le conseiller de Henri IV. Julien Davy
avait embrassé la religion protestante et propagea la nouvelle doctrine dans
son pays d'origine. Saint-Aubin-du-Perron fut, en effet, l'une des paroisses
du pays coutançais où l'hérésie compta le plus d'adhérents. L'histoire nous
dépeint le père du cardinal comme un de ces "intellectuels" que vit
apparaître la fin du XVIe siècle, esprits troublés et indépendants, que
séduisit la nouveauté des doctrines calvinistes. Il quitta Saint-Lo avant
1563, et s'établit à Berne, avec son fils, âgé alors de moins de sept ans.
Cet exode de l'enfant a donné crédit à l'opinion que Jacques du Perron était
né en Suisse.
Julien Davy s'expatriait, pour obéir à l'attraction qu'exerçait alors
l'enseignement des docteurs de la Suisse calviniste. Julien Davy donna
lui-même à son fils l'éducation la plus soignée, l'habitua dès l'enfance au
commerce des grands classiques grecs et latins. Il mourut, en 1583, avant
d'avoir vu ce fils, qu'il avait élevé pour la plus grande gloire de la
"Religion", abjurer le protestantisme, entrer dans les ordres, et devenir
prince de l'Église romaine. Jacques Davy, grâce à la culture intellectuelle
qu'il devait à son père, à un esprit très vif, ne tarda pas à devenir le
prédicateur à la mode de la cour du dernier des Valois. Évêque d'Évreux,
archevêque de Sens, grand aumônier de France, ambassadeur auprès du
Saint-Siège, il contribua à la conversion de Henri IV, et joua un rôle
prépondérant dans les réunions mixtes, où membres du clergé et
parlementaires discutaient les rapports de l'Église et de l'État. Un autre
Davy, Jacques Davy, fils cadet du marquis d'Amfréville, dit le chevalier
Davy, capitaine des vaisseaux du roi, commandait Le Fougueux, lorsque ce
navire, malgré l'inégalité du nombre, se défendit contre quatre vaisseaux
anglais et fut coulé, le 11 décembre 1697. Ce combat, soutenu par la marine
de la monarchie, a été mis en parallèle avec le combat du vaisseau
républicain Le Ven geur... (1)
château de Virville 50490 Saint-Aubin-du-Perron, propriété privée, ne se
visite pas.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le château est réquisitionné par les
troupes allemandes. En 1944, les Américains en prennent possession. Dévasté
et inoccupé jusqu'en 1971, Michel Davy de Virville et son épouse Martine se
lancent dans sa restauration. Près du château, la chapelle Sainte-Avoye,
restaurée telle qu’elle était à sa construction en 1870 avec des murs
colorés et des fresques, abrite une statue du bienheureux Thomas Hélye.
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