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Au sud-est du département de la Manche, sur les limites
de l'Orne et de la Mayenne, à peu près à égale distance des petites villes
si pittoresques de Mortain et de Domfront, se trouve le gros bourg de
Saint-Cyr-du-Bailleul. Son église du XIIe siècle, bien que dépendant jadis
d'un ancien et important prieuré, ne présente que peu d'intérêt aux
archéologues. Saint-Cyr renfermait au moyen âge divers fiefs importants. M.
Hippolyte Sauvage, l'érudit et patient historien du Mortainais, en signale
sept principaux dans sa Revue historique et archéologique de
l'arrondissement de Mortain; deux de ceux-ci ont laissé des traces: le fief
de la Motte et le fief de Bailleul, dont les ruines pittoresques méritent la
visite du touriste. Le château, dit de Bailleul, est intéressant. Le castel
primitif, construit au XIIe siècle, a été presque entièrement détruit; seule
une vieille tour circulaire se dresse isolée et massive, témoin muet des
temps passés. Presque en ruine elle-même, elle s'incline sur les rives d'un
bel étang, formé par le cours de la Friette et reflète, dans ses eaux, des
murs lézardés qui s'opposèrent victorieusement naguère aux envahisseurs du
sol normand, mais n'ont pu résister aux injures des ans. Le château qui
remplace le vieux manoir est en avant de cette tour; c'est une assez jolie
construction du XVIe siècle qui offre, malgré ses retouches et ses
adjonctions, un véritable intérêt au point de vue monumental.
Malheureusement, comme le constatait M. l'abbé Pigeon dans son Histoire du
diocèse d'Avranches, la partie artistique est presque en ruine. "On y
remarque cependant des fenêtres à croisillons en pierre, une jolie tourelle
encorbellée sur trois modillons sculptés, et enfin un petit pavillon orné de
crosses végétales qui a été mieux conservé. Trois zones d'ouvertures
éclairent la façade; dans la première apparaissent deux fenêtres géminées
reposant sur une base en encorbellement; celle du centre, d'une forme
rectangulaire, présente deux meneaux en pierre qui se coupent en croix;
c'est la véritable croisée. La fenêtre supérieure, plus petite, est
simplement doucinée". A côté de ce pavillon est la grande porte où se
trouvaient jadis les armes du seigneur. Le bâtiment qui suit doit être moins
ancien et rappelle la fin du règne de Louis XIII. De loin, l'aspect du
château est très particulier; les meurtrières de la tour carrée, les
créneaux simulés par les sommets des cheminées, tout cela forme un ensemble
destiné à rappeler l'architecture militaire du moyen âge.
Au début du XXe siècle, la propriété appartenait à M. Arthur Legrand,
député. Le fief de Bailleul paraît avoir été possédé, dès 1128, par une
famille du Bailleul de la plus ancienne origine; puis il passa dans la
maison du Buat et échut enfin à un sieur Jean Grandin, procureur du roi au
bailliage de Mortain, qui obtint des lettres d'anoblissement en 1577 et
devint le chef d'une nouvelle famille du Bailleul, longtemps connue dans le
Mortainais et qui, de 1660 à 1724, donna trois grands baillis du Cotentin.
Quant à ce nom même de Bailleul, il semble venir du vieux dialecte normand.
Le baillium ou baliolum était l'enceinte fortifiée des premiers chefs
normands. De là dérive le mot baile et peut-être baillie; mais, en tout cas,
c'est là l'étymologie de Bailleul. La situation du château suffit d'ailleurs
pour justifier l'origine du nom, et l'on s'explique que les belliqueux
compagnons de Rollon en aient compris l'importance stratégique, alors qu'un
escarpement, un cours d'eau, un étang étaient considérés comme une
protection appréciable. (1)
château de Bailleul 50720 Saint-Cyr-du-Bailleul, propriété privée, ne se
visite pas.
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