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Dans la
paroisse de Saint-Jean-des-Champs, près du grand bois de Praël, se dresse le
château de Pont-Roger. C'était jadis un castrum féodal, dont les abords
étaient protégés par un vaste étang, alimenté par la Lescq, qui se jette
dans la Manche à Saint-Pair. Ses premiers propriétaires furent les La Motte,
qui portaient "d'argent au sanglier de sable". Cette famille distinguée
donna un défenseur au Mont Saint-Michel, et son nom fut écrit en lettres
d'or, dans la liste des cent dix-neuf qui défirent les Anglais dans le
fameux combat de 1434. De ce castrum, rappelé plusieurs fois dans les
chartes du monastère angélique, il ne reste qu'un colombier, deux tourelles
et une porte d'entrée à plein cintre, qui doivent à leur ancienneté d'être
entourés d'une sorte de vénération. Sur son emplacement, on a élevé, en
1691, un château qui est une belle et fastueuse demeure; il s'annonce à
l'extérieur par une élégante demi-lune et une grille d'honneur imposante; à
l'intérieur, il présente tout le confortable en usage par la haute noblesse,
au XVIIIe siècle. Si le vieux château a ses souvenirs, le nouveau a
également son histoire. C'est dans cette habitation seigneuriale que
vécurent M. le vicomte de Bricqueville et Madame de Bricqueville, née de
Carbonnel de Canisy. Quand vinrent les mauvais jours, en 1791, le vicomte
émigra, prit du service dans l'armée ennemie, où il obtint le grade de
général de brigade. La dame voyant son mari combattre sa patrie, demanda une
séparation de corps et de biens.
De Bricqueville, rappelé en France par M. de Frotté, qui voulait en faire le
chef de l'armée royale dans le Cotentin, revint au péril de ses jours, et
aborda de nuit sur le rivage de Granville. Il voulut revoir Pont-Roger, le
château de sa jeunesse et de ses premières amours. Il y arriva vers minuit,
accompagné d'un conducteur. La Dame, que le général Dumouriez appelait la
divine comtesse, donnait alors une soirée aux autorités granvillaises. Il
vit une foule d'adorateurs près de celle qui avait été sa femme. Il voulait
entrer, pour donner un exemple, disait-il; mais on l'en empêcha. Il se
retira la mort dans l'âme et alla, déguisé, vers le nord du département.
Chemin faisant il rencontra une ancienne connaissance qu'il crut avoir
gagnée à sa cause, mais qui, le lendemain, alla le dénoncer. De Bricqueville
fut amené à Coutances, jugé militairement et fusillé en sortant du tribunal.
Sa mort fut celle d'un brave; aussi fut-elle vengée par ses partisans. Son
fils, le colonel de Bricqueville, se distingua dans les guerres de la fin de
l'Empire. Il fut député de la Manche, sous la monarchie de Juillet.
Pont-Roger fut acheté, en 1860, aux héritiers de la famille de Bricqueville,
par M. Augustin Dubois, puis à son fils M. Gustave Dubois au début du XXe
siècle. Au XXe siècle le domaine appartenait à M. Alain Charveriat. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château du Pont Roger,
des deux pavillons d'entrée (dont un refermant la chapelle) et du bâtiment
sud des communs avec ses deux tours ; le portail d'entrée avec sa grille:
inscription par arrêté du 13 février 1975 (2)
château du Pont Roger 50320 Saint Jean des Champs, propriété privée, ne se
visite pas.
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