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La tradition fait de Baye le lieu de naissance de saint Alpin, disciple de
saint Loup, qui fut évêque de Châlons et l’âme de la résistance à Attila (Ve
siècle). Privée des reliques du saint, transférées à Châlons dès le IXe
siècle, la baronnie de Baye, l’une des six pairies laïques du diocèse, n’en
devint pas moins l’une des plus puissantes du comté de Champagne. Au XIIe
siècle, Hugues III de Broyes, baron de Baye, épousa la petite-fille du roi
Louis VI le Gros. La chapelle élevée au début du XIIIe siècle par son
successeur, Simon de Chateauvillain, rappelle cette époque faste. Héritiers
des familles de Conflans et de Vaudenay, les Béthune vendirent en 1554 la
baronnie de Baye à François de Clèves, duc de Nevers, gouverneur de
Champagne et de Brie, qui fit élever sur le côté nord de la cour une double
galerie et un pavillon d’angle. En 1603, Catherine de Clèves, duchesse de
Guise, vendit le domaine à Jean Delon Delorme, président-trésorier de France
en Champagne, père de la célèbre Marion Delorme (1613-1650) qui passa son
enfance à Baye. L’entrée charretière, au sud, avec son encadrement
classique, doit remonter aux travaux de Jean Delorme. En 1660, Pierre
Larcher, marquis d’Esternay, conseiller au Grand Conseil et président de la
chambre des Comptes, se rendit adjudicataire du château et des cinq grosses
fermes. Il n’habita pas plus Baye que son fils Michel, intendant de
Champagne, qui échangea le domaine en 1708 avec son beau-frère Etienne
Berthelot de Pléneuf.
Ce n’est qu’au milieu du XVIIIe siècle que François Berthelot, baron de
Baye, lieutenant général des armées du Roi et attaché à la cour de Lorraine,
fit moderniser le château: il fit régulariser les percements, revêtir les
façades d’un enduit uniforme, construire un grand escalier de pierre et
réaménager les appartements. Il se garda bien, cependant, de modifier la
fort belle chapelle, entièrement voûtée et vitrée à l'antique. Demeuré dans
sa postérité, le château appartint au début du siècle au baron Joseph de
Baye, archéologue et père de la préhistoire en Champagne, dont la galerie
nord abrita les collections jusqu’à leur transfert au musée de Saint-Germain
en-Laye, en 1910. Eprouvé par la guerre de 1914-1918, occupation par le
prince royal Ruprecht de Bavière et passage des troupes, l’édifice perdit
lors d’une vente, en 1934, tout ce qui en faisait le décor intérieur:
mobilier, boiseries et peintures, notamment de remarquables œuvres de
Nattier et de Largillière. Affecté aux Centres de Jeunesse, puis livré à
l’abandon et au vandalisme, il était très délabré en 1959, lorsque Mile
Yolande de Baye en fit don à l’oeuvre des Foyers de Charité qui le fit
réparer, redistribuer les appartements et surélever l'aile nord. Une
terrasse, autrefois plantée d’arbres, sépare la route du château dont les
bâtiments entourent une cour pavée. On reconnaît au fond le corps
d'habitation principal, cantonné de pavillons et de tourelles polygonales.
Dans ses murs très épais, hérités du Moyen Age, ont été percées de
nombreuses fenêtres dont la distribution régulière date des remaniements du
XVIIIe siècle.
Miraculeusement préservée, la petite chapelle latérale est attribuée à Jean
d’Orbais, l’un des architectes de Reims, et appartient incontestablement au
grand art champenois. Epaulée par de hauts contreforts, elle comprend deux
niveaux formés chacun d’une travée droite et d’une abside à sept pans.
Convertie en bûcher pendant la Révolution, la chapelle inférieure n’a rien
conservé de son décor. La chapelle supérieure, en revanche, est
particulièrement remarquable. Couverte de voûtes retombant sur de minces
colonnettes, comme celle de l’archevêché de Reims, elle a conservé la
plupart de ses précieuses verrières, déposées en 1939, restaurées et
replacées en 1966. Attribué à l’école du Valois (Laon-Soissons), cet
ensemble exceptionnel allie à la qualité des coloris et à l’élégance des
attitudes la fermeté et la finesse du dessin. On y reconnaît l’arbre de
Jessé, des scènes de la vie de saint Jean l’Evangéliste, de celle de
Marie-Madeleine, de la résurrection de Lazare, de l’enfance du Christ et,
dans la fenêtre axiale, de la Passion. Reconstruite en 1859 sur les plans de
l'architecte parisien Clément Parent, la grande ferme voisine n’est pas sans
intérêt. En 1767, François Berthelot de Baye posa la première pierre de la
nouvelle église de l’abbaye du Reclus. fondée en 1128 dans la vallée du
Petit Morin et incendiée au cours des Guerres de Religion. Si le sanctuaire
a disparu, le bâtiment des moines est toujours debout, avec le réfectoire et
la salle capitulaire (début du XIIIe siècle). Quant à l’ancien logis
abbatial, reconstruit au XVIIIe siècle et transformé au début du XIXe
siècle, il a été restauré il y a une quinzaine d’années par le général et
Mme du Pontavice. On pourra en apercevoir les deux façades, l’une,
classique, donnant sur une terrasse, l’autre donnant sur une cour ombragée
de grands arbres. (1)
Éléments protégés MH : la chapelle du château: classement par arrêté du 22
mars 1923.
château de Baye 51270 Baye, tél. 03 26 52 80 80, le Foyer de Charité de Baye vous accueille toute l'année (sauf janvier et
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