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Voilà une demeure atypique, tant par l’époque de
sa construction que par son allure et son environnement, plus fréquents dans
les collines de Vénétie que dans la campagne du Perthois. Pierre Langault,
trésorier de France à Châlons, acquit en 1654 la motte de
Bignicourt-sur-Seaux environnée de fossés et, quatre ans plus tard, obtint
non seulement l’autorisation de faire construire et parachever sa maison de
Bignicourt, mais aussi de la doter de fossés et d’un pont-levis s’il le
jugeait utile. Le roi souhaitait créer des refuges permettant de soustraire
les populations aux exactions de bandes armées qui s’étaient multipliées
lors de la Fronde. Tout devait être achevé lorsque, le 6 mars 1680, le jour
des Cendres, Pierre Langault eut l’honneur de recevoir la dauphine.
Marie-Anne de Bavière entendit la messe dite par Bossuet dans la chapelle du
château Langault, dîna et repartit pour Vitry. À Pierre Langault, devenu
bailli de Vitry, succéda sa petite-fille Marie-Anne, comtesse de Houdan, qui
mourut en 1761 couverte de dettes. Saisie par ses créanciers, la terre de
Bignicourt fut adjugée en 1778 à Jean-Baptiste Barbat, un riche cultivateur
qui abandonna le château à une lente dégradation. Lorsqu’en 1818, le second
de ses fils épousa la rémoise Clémentine Andrieux, il fit abattre ce qui
subsistait, combler les douves et bâtir le château actuel, qu’il accompagna
en 1837 d’une chapelle néogothique. Laissé à l’abandon après la mort de Mme
de La Porte, née Pauline Barbat de Bignicourt, en 1951, le domaine a fait
l’objet d’un début de restauration.
Élevée sur une colline gazonnée, devant les sinuosités de la Saulx, cette
demeure néoclassique s’inspire de la célèbre Malcontenta de Palladio. La
façade sud s’organise autour d’un grand portique "in antis" dont les
colonnes et les pilastres à chapiteaux ioniques supportent un large fronton
triangulaire. L'important soubassement, réservé au service, correspond à une
terrasse accessible par deux escaliers latéraux. La simplicité des lignes et
la nudité des maçonneries, en pierre de Savonnières, mettent en valeur le
jeu des volumes et des surfaces. À l’intérieur, le vestibule, le salon, la
salle à manger et la chambre principale s’organisent autour d’une sorte
d’atrium à éclairage zénithal, orné de faux marbre aux tons pompéiens et
entouré d’une galerie à l’étage. (1)
Éléments protégés MH : le château : le bâtiment principal en totalité, les
deux pavillons (pigeonnier et four à pains) en totalité, la chapelle en
totalité : classement par arrêté du 18 octobre 2005. Le parc du château :
inscription par arrêté du 18 octobre 2005.
château
de Bignicourt, 2 grande rue, 51340 Bignicourt sur Saulx, tel. 06 14 30 77 19, château
néo-classique de style palladien propose la location de chambres d'hôtes, à partir
de 2012 il sera également ouvert au public !
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Fabrice Provin pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer cette
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