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La
célèbre veuve Clicquot, née Ponsardin, possédait à Oger un petit château au
milieu des vignes. Après le mariage de sa fille Clémentine avec le comte de
Chevigné en 1817, elle acheta le domaine de Boursault, sur la rive sud de la
Marne, et la terre de Villers-en-Crayère. Mais ce n’est que vingt ans plus
tard, après le mariage de Marie-Clémentine de Chevigné avec le comte de
Mortemart, qu’elle se laissa convaincre de faire construire une nouvelle
demeure, face au vaste panorama de la vallée de la Marne. Entre 1842 et
1848, l’architecte Arveuf, qui travaillait à la restauration de la
cathédrale de Reims, éleva un grand château dans le goût de la Renaissance,
avec hauts combles à la française, tours, tourelles et lucarnes ouvragées.
Mme Clicquot fit graver sur la façade principale la sentence latine: Natis
mater, c’est-à-dire: Une mère à ses enfants. À l’intérieur, Clagman sculpta
les boiseries de la salle à manger et du grand salon, Levastre peignit le
plafond du boudoir. L'architecte fit aussi remodeler la colline qu’il
transforma en un vaste parc paysager, agrémenté de rochers, de belvédères et
d’un bassin dont le jet d’eau atteignait 25 mètres de haut. Il fit également
tracer une longue allée rectiligne, traversant un pont rocheux, pour
rejoindre les grands bois du plateau. Dans la grande serre à fleurs,
maintenue à 30° en atmosphère humide, Louis de Mortemart acclimata
l’orchidée.
Quant au corps de logis de l’ancien château, flanqué d’une tour et d’une
tourelle en encorbellement, il devint l’habitation du régisseur. Vestige de
l’ouvrage fortifié médiéval, possession de la famille d’Anglure jusqu'au
début du XVIIe siècle, il avait appartenu à Nicolas Dauvet des Marets, grand
fauconnier de France (1650) et gouverneur du Beauvaisis, puis à M.
Charpentier, président au présidial de Tours, et enfin au comte d'Orsay qui,
en 1814, n’avait pu empêcher les troupes bavaroises de le piller. Mme
Clicquot n’eut pour descendance qu’une arrière petite-fille, Anne de
Mortemart, la célèbre duchesse d’Uzès, qui figure à ses pieds dans le
tableau de Cogniet actuellement conservé à Brissac. Vendu en 1912, saccagé
en 1945 lors de son occupation par les troupes alliées, le château n’est
plus habité. Il appartient à M. Nourhan Fringhian. (1)
château de Boursault 51480
Boursault, le beau parc de onze hectares entoure l'édifice devenu propriété
d’un exploitant viticole de Champagne, tél. 03 26 58 42 21, accueille sur
place du mardi au samedi.
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