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Agréablement situé sur la pente de la
vallée, au milieu de douves alimentées par des sources, le château d'Etoges
doit son origine à l’ouvrage bâti au XIIe ou XIIIe siècle par Eustache de
Conflans et ses successeurs, maréchaux héréditaires de Champagne. En 1339,
Marguerite de Conflans l’apporta en mariage à Oger III d’Anglure, chevalier
d'honneur du duc d’Orléans. En 1572, Antoinette d’Anglure épousa Chrétien de
Savigny, chambellan du duc d’Alençon, gouverneur de Châlons et lieutenant
pour le Roi en Champagne. A leur fils Charles de Savigny, dit d’Anglure,
succéda leur petit-fils Antoine, qui reçut Louis XIII à Etoges en 1632 et
obtint en 1656 l’érection de la terre en comté. C’est Antoine d’Anglure qui
dut faire reconstruire du château, à partir de l’ouvrage médiéval dont une
gravure de Chastillon (début du XVIIe siècle) rappelle les traits. Il dut
entreprendre les travaux vers 1661, lorsque son épouse, Louise-Angélique de
Braux, hérita de son frère le marquisat d’Anglure. Il conserva le dessin de
la cour carrée, ajouta une quatrième tour d’angle, celle qui subsiste, et
fit reconstruire les bâtiments: corps de logis de onze travées, au nord;
grande aile à l’est, englobant l’entrée médiévale; corps de galeries à
l’ouest, celle du rez-de-chaussée ouverte par de grandes arcades, celle de
l’étage, fermée; corps de dépendances, ou simple mur, au sud. Sur les
façades, faites de briques sur la cour, de moellons enduits sur les douves,
la pierre calcaire formait des cordons, des chaînes harpées, et une ligne de
consoles soulignant la base des combles d’ardoise, profilés à forte pente
sur les corps de bâtiment, en cloche sur les tours.
Marc-Antoine, marquis d’Anglure et comte d’Etoges, confia au rémois Jean
Hélart, assisté d’un héraldiste, la réalisation du décor peint de la galerie
haute, commencé en 1685 et achevé deux ans plus tard, lors du passage de
Louis XIV. Suivant la mode de l’époque, la galerie comprenait un plafond
armorié et, sur les murs, plus de 180 panneaux peints de portraits d’hommes
illustres, d’emblèmes et de devises. Elle menait au vestibule qui précédait
la chapelle, logée dans la tour d’angle et, elle aussi, peinte de scènes
historiées. Quant à la galerie basse, on y trouvait neuf têtes de cerf
portant des colliers aux armes des d’Anglure et de leurs ascendants.
Marc-Antoine d’Anglure mourut jeune, et son fils Charles-Nicolas qui, à
l’âge de quatre ans, avait dîné à la table du roi, ne laissa pas de
postérité. Mis en vente à la requête des créanciers, le comté d’Etoges avec
1 500 hectares de terres et de bois fut acquis en 1718, moyennant 500 000
livres, par le fils du maréchal de Boufflers. C’est alors que fut déplacée
l’entrée: le vieux pont-levis s’étant effondré sous le poids d’un carrosse,
lors de l’arrivée de la future reine Marie Leszczynska, en 1725, le duc de
Boufflers fit ouvrir la cour au sud et construire le fort élégant pont
actuel, à quatre arches et balustres de pierre. A nouveau saisi en 1758, le
domaine est acquis deux ans plus tard par Clément de Feuillet, conseiller au
parlement de Paris, petit-fils de l’accoucheur de Mme de Montespan et de la
princesse palatine. En 1782 lui succède Claude-Christophe Lorimier de
Chamilly, premier valet de chambre du Roi, qui suit Louis XVI au Temple et
paye sa fidélité sur l’échafaud.
Saisi et vendu en 1792, le château connaît sept propriétaires en dix ans,
avant d’échoir à François de Guéheneuc, beau-père du maréchal Lannes,
sénateur et comte d’Empire. Fait rarissime, les appartements sont demeurés
intacts; et lorsque Blücher occupe Etoges, du 13 au 17 février 1814, le
portrait de Louis XVI en pied qui trône dans le grand salon, présent du roi
à Lorimier de Chamilly, désigne le château à sa respectueuse sollicitude.
Après la mort de la baronne Kirgener de Planta, née Guéhéneuc, en 1874, tout
est malheureusement dispersé. Rachetées par le comte Alfred Werlé, les
peintures de Jean Hélart disparaîtront dans l’incendie du château de
Pargny-les-Reims, en 1918, à l’exception de celles qui n’avaient pu y
trouver place. Quant au château lui-même, il réclame d’urgentes réparations.
A défaut du conseil général, un moment pressenti, se présente un acquéreur
qui adapte bientôt l’édifice à ses besoins: il en fait démolir les deux
tiers, ne gardant qu’une partie du corps principal et la galerie basse lui
servant de remise. Entreprise vers 1930 par M. Robert Neuville, la
restauration a été poursuivie par sa petite-fille, Mme Fillette-Neuville. De
l’époque médiévale, le château conserve plusieurs meurtrières à mire
cruciforme, ménagées à la base des tours, ainsi que l’entrée primitive, à
l’est, avec sa porte en tiers-point et la feuillure de son pont-levis. Créé
au XVIIIe siècle, l’escalier d’honneur développe une superbe rampe en fer
forgé. Sur l’un des paliers, la statue orante de Guy Piédefer provient des
collections de Baye. Au-delà des douves, devant les grands arbres du parc
paysager, s’étagent plusieurs terrasses gazonnées, auxquelles jets d’eau et
bassins apportent un agrément particulier. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures ; les douves et leur pont
: inscription par arrêté du 17 mai 1956.
château d'Etoges 51270 Etoges, tél 03 26 59 30 08, restaurant situé dans
l'Orangerie, offre une large vue sur le chateau. Les chambres vous séduiront
par leur cachet et leur confort. Séminaire: détente et session de travail.
Visitez le site du château d'Etoges : http://www.chateau-etoges.com.
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