Château de la Grande Courbe à Brée |
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Sur la route champêtre qui mène de Brée à
Saint-Christophe-du-Luat, le château de la Grande Courbe apparaît soudain,
au détour d'un virage. Sa porterie ruinée fermant la cour ses douves
alimentées par la Jouanne et sa grande tour surgie des frondaisons, semblent
avoir arrêté le temps. Tout ici, dans l'ordonnancement des bâtiments et la
vibration des pierres sous la lumière, à gardé quelque chose des temps
anciens où les nécessités de la défense n'excluaient pas la recherche d'une
certaine beauté. Franchi le portail, jadis pont-levis, adossé d'un côté au
jardin clos de murs et de l'autre à des communs dotés de grands toits
pentus, on pénètre dans une cour fermée parcourue par des douves
intérieures. Ce double réseau de douves, intérieur et extérieur est une
originalité de la Grande Courbe. Le corps de logis le plus ancien se trouve,
en retour d'équerre, à gauche du bâtiment qui fait face au porche d'entrée.
Les constructions qui composent la Grande Courbe se sont étalées sur près de
quatre siècles. Au XIIIe siècle est édifiée une grande salle sans étage,
peinte à fresque (chasse au tigre à l'aide de miroirs); il n'en reste plus
qu'une moitié. Vers le milieu du XIVe siècle, est construit le bâtiment en
retour d'équerre avec au rez-de-chaussée une salle peinte à fresque et à
l'étage des appartements couverts d'une voûte en bois. Vers la même époque,
est réalisé un bâtiment de services, appelé plus tard "le logis neuf", sans
étage. Il sera rehaussé et modifié au XVe siècle lorsqu'il servira
d'habitation. Ces travaux de surélévation se poursuivent au XVIe siècle.
C'est le logis qui occupe le fond de la cour d'honneur, orné de deux belles
lucarnes aux frontons ouvragés portant des blasons.
Ce bâtiment, longeant la Jouanne, comporte sur son arrière, une galerie de
bois réédifiée par les actuels propriétaires dans le style de celle qui
existait aux XVe et XVIe siècles. Cette galerie de circulation reliait trois
tours dont l'une abritait les latrines (tour carrée). Vers 1575, les
défenses extérieures sont augmentées, deux tours rondes sont construites
dont une à disparu et le mur d'enceinte est lui aussi renforcé. Dans la
deuxième moitié du XVe siècle est construite, à l'angle de la cuisine et de
la salle du premier logis, la grande tour de quatre étages dite tour de
Gloriette, que l'on voit encore dans toute sa finesse. Elle contient un très
bel escalier. Sa voûte porte un écusson de la famille de Cordouan et repose
sur des culs de lampe dont certains, mieux conservés, montrent une tête de
fou avec un bonnet à cornes et une figure obscène comme l'époque en a
répandue ici et là. Un escalier plus petit mène, dans une tourelle en
encorbellement, à une chambre dont la clef de voûte porte un blason aux
armes de la famille Le Cornu. C'est peut être elle qui a donné son nom à la
tour. La chapelle est construite à la même époque au pied de la tour de
Gloriette. Les tours, à l'extérieur du "logis neuf" sont de formes variées:
rondes, carrées et octogonales. Les communs sont eux-mêmes fort anciens et
dotés de charpentes aussi belles qu'imposantes (XVe et XVIe siècles).
La Grande Courbe a appartenu successivement à de puissantes familles du
Maine: aux XIVe et XVe siècles, à la famille de Vassé, à laquelle succéda
aux XVe et XVIe siècles, celle des Le Cornu, la branche établie ici portant
le nom de Le Cornu de La Courbe. Cette famille avait son berceau à L'Aunay
Peloquin en Parné, près de Laval. Plusieurs de ses membres se sont illustrés
dans les armes. Nicolas Le Cornu, lui, entra dans les ordres. Nommé évêque
de Saintes, il a béni le 25 novembre 1614, à Bordeaux, le mariage de Louis
XII et Anne d'Autriche. En 1607, la terre de Brée entre en possession du
seigneur de La Courbe qui rassemble ainsi les deux seigneuries: celle de
Brée et celle de la Grande Courbe. Cette grande seigneurie est vendue au
XVIIe siècle au comte de Montesson puis au siècle suivant aux Colbert du
Terron, enfin en cinq lots à une société de marchands. Déjà fort ruinée au
moment où éclate la Révolution, elle devient une exploitation agricole.
Depuis 1972, M. et Mme Dever ont sauvé et réhabilité avec autant de patience
que de ténacité cet ensemble, chargé d'histoire, au caractère bien original.
(1)
Éléments protégés MH : l'ensemble du bâti, avec ses peintures murales
subsistantes, y compris l'enceinte, les douves et les terrains à l'intérieur
de l'enceinte: inscription par arrêté du 22 septembre 1995.
château de la Grande Courbe 53150 Brée, tel. 02 43 90 04 10, ouvert au
public de 10h à 12h et de 14h à 18h tous les jours sauf le mardi du 1er au
31 juillet et du 14 au 30 septembre. Visites guidées pour les groupes toute
l'année sur rendez-vous.
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(1) Sources : Abbé Angot, Dictionnaire
de la Mayenne, Éd. Goubpil, 1900; Armorial de la
Mayenne, Éd. Goupil, Laval, 1913.
Abbé Angot, Monographie paroissiale de Brée, À.
Angot, 1884.
Bulletin de la Commission historique et
archéologique de la Mayenne, 1879, article de M.
de Martonne.
La Mayenne en 1900, vue par ses instituteurs;
Canton de Montsurs, édité par les archives
départementales, 2002
Châteaux
et manoirs en Mayenne, Mille ans d'histoire et
d'architecture. Texte Nicole Villeroux, Editions
Siloe.
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