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Chasnay est une demeure discrète, qui se devine à
travers les arbres de son parc. Sa simplicité est celle des demeures
édifiées au début du XIXe siècle. Elle est entrée dans l'Histoireen 1832, à
l'occasion de la tentative de soulèvement organisée par la duchesse de
Berry. La route, qui va de Grez-en-Bouëre à Château-Gontier, longe le parc
du château de Chasnay. Il faut chercher dans la proximité de cette voie,
très ancienne et aménagée en route royale en 1765, la présence en ce lieu
d'un premier établissement constitué d'un modeste bâtiment flanqué d'une
tourelle à chacun de ses angles. Celui-ci a entièrement disparu. C'était un
endroit où se percevaient les droits prélevés sur les marchandises circulant
sur ces limites du Maine et de l’Anjou. La toponymie des terres voisines
garde la trace de cette fonction fiscale: la Petite et la Grande Trousserie
(de part et d'autre de la route, endroits où l'on fouillait les véhicules et
les piétons), la Panthière n'est pas seulement le nom du filet avec lequel
on attrapait certains oiseaux à la chasse, mais également celui de la zone
qui était placée sous la surveillance d'une brigade de douane, en ces temps
anciens. Ce bâtiment sans doute inconfortable et vétuste, est accompagné
d'un pigeonnier, toujours existant. Une maison fort simple, à un étage et
dotée d'un grand porche pour accueillir les voitures, est construite à côté
de ce pigeonnier, au XVIIe siècle. En 1395, Jeanne de Chasnay épouse
François de Baubigné. Depuis lors Chasnay s'est transmis par héritage
jusqu'à nos jours.
Au XVIIe siècle, la famille de Baubigné s'allie avec celle de Boisjourdan.
Quelques années avant la Révolution, Philippe-Madeleine de Boisjourdan
épouse un mousquetaire, originaire du Haut-Maine, M. Marret de la Mairie,
dont elle aura trois enfants. Durant la Révolution, elle vit à Chasnay avec
ses fils qui participent à la Chouannerie ; Anatole est âgé de 16 ans lors
de son premier engagement. Elle décide vers 1805-1810 de construire une
nouvelle demeure à Chasnay pour accueillir ses petits-enfants. Elle fait
édifier une grande maison de 14 mètres sur 30 mètres, haute d'un étage sous
les combles. En avant se trouvent les pièces à vivre: à gauche du hall, deux
salons; à droite, la salle à manger et une pièce; à l'arrière les pièces de
service. À l'étage, le couloir central dessert les chambres disposées de
part et d'autre. Celles-ci bénéficient d'une bonne isolation phonique grâce
à la présence de placards aménagés dans la cloison donnant sur le couloir.
Les combles, au-dessus, sont dotés d'une charpente d'une seule portée, sans
pilier central. La façade, d'une grande simplicité, présente un fronton
triangulaire, percé d'un œil-de-bœuf. Les ouvertures y sont disposées de
façon à l'animer sans lui donner trop de rigueur. La chapelle à été
construite, à l'arrière de la maison, lors de la Restauration. Elle est
dotée d'une belle toiture "en violon", aux ardoises taillées de façon
originale (la même forme de toiture se retrouve sur la chapelle funéraire de
la famille, au cimetière). Elle est ornée d'un autel en marbre tiré des
carrières de Grez-en-Bouëre et d'une grande et belle copie d'une Assomption
de Poussin.
Anatole Jarret de La Mairie a fait réaliser en 1864-1865, le parc à
l'anglaise qui a remplacé devant sa demeure, l'ancien jardin à la française.
En même temps, il procédait à quelques aménagements intérieurs, en dotant
notamment les pièces de "poêles à la prussienne". La basse-cour, entourée
d'un mur depuis cette époque, a conservé de beaux communs du XVIIe siècle
parmi lesquels un remarquable bûcher. Le parc de Chasnay a été le théâtre,
le 25 mai 1832, d'un combat sanglant entre la troupe du 31e de ligne de
Château-Gontier et des Chouans qui s'y étaient rassemblé dans le cadre de
"la Chouannerie de la Duchesse de Berry". La mère d'Henry V était revenue en
France avec l'espoir chimérique de rameuter les fidèles royalistes de
l'Ouest pour reconquérir le trône au nom de son fils. Le général Clouet,
héros de la conquête de l'Algérie aux côtés du général Bourmont, avait été
désigné comme responsable de l'insurrection sur cette rive de la Loire.
Après des ordres et contre-ordres, qu'il serait long d'évoquer ici, il se
trouvait au château de Chasnay. Malgré le danger que présentait la proximité
de la route empruntée quotidiennement par la troupe, Chasnay avait été
choisi en raison de la fidélité de la famille Jarret de La Mairie à la cause
royaliste. Un groupe d'insurgés bivouaquant dans le parc attire l'attention
de la troupe passant sur la route. Un combat s'engage aussitôt qui laisse,
dans les deux camps, des morts sur le terrain. Le général Clouet parvient à
s'enfuir en compagnie d’Anatole de La Mairie. Celui-ci, condamné à mort par
contumace, attendit cinq ans en exil, de pouvoir rentrer à Chasnay. Jean de
La Varende a consacré une nouvelle de son recueil Heureux les Humbles,
intitulée Cinq Amants à l'existence clandestine du général Clouet après sa
fuite de Chasnay. (1)
château de Chanay 53290
Grez-en-Bouere, tél. 02 43 70 98 81, propose la location de trois belles
chambres d'hôtes.
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