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Peu de documents
concernant l’histoire de Lozé ont été trouvés dans les archives, il faut se
contenter de maigres informations rapportées dans quelques ouvrages. L’abbé
Angot relève la donation des dîmes de Lozé au prieuré de Berne en 1209, et
ne trouve pas d’autre mention du lieu avant le XVIIe siècle. Il semble qu’il
n’ait existé ni seigneurie ni manoir en cet emplacement, comme le confirment
les cartes de Jaillot et de Cassini du début du XVIIIe siècle; seule une
closerie est citée en 1688. Le hameau de Lozé est toutefois plus ancien,
comme le révèlent quelques éléments (baies cintrées ou chanfreinées)
visibles sur certaines maisons. Une branche de la famille Tripier de la
Fresnaye, qui allait devenir Tripier de Lozé, s’implante en ce lieu au
XVIIIe siècle. Robert Tripier de la Fresnaye, procureur du roi à l’élection
de Mayenne, aurait pris possession du domaine vers 1707, date à laquelle il
dote la chapelle de La Haie-sur-Colmont (qui allait devenir La
Haie-Traversaine). A sa suite, Pierre-Gabriel-Armand Tripier de la Fresnaye
aurait été le commanditaire de la demeure. D’après les travaux de
l’association Patrimoine du Pays de Mayenne, celle-ci est achevée en 1745,
comme l’indiquerait une date portée en façade à côté de la maxime Sat
Morituro (curieusement, l’abbé Angot relève cette maxime, mais pas la date).
En 1787, la famille Tripier de Lozé conforte ses possessions par l’achat, à
l’abbaye de Fontaine-Daniel, de divers fiefs volants situés en la paroisse
du Grand-Oisseau, dont Lozé et Chalon-Poisson: selon l'auteur, "ces fiefs
étaient d’un produit insignifiant, mais ils avaient l’avantage de se trouver
à proximité du château de Lozé".
Le château de Lozé semble avoir été conçu pour être une maison de campagne,
la famille résidant habituellement à Mayenne. Pierre-Gabriel-Armand Tripier
s’intéressait à l’agriculture: il rédigeait en 1766 un mémoire sur Les
moyens d’obtenir la meilleure espèce de bétail dans le Bas-Maine, et
préconisait, sans succès, la création d’une école vétérinaire à Mayenne et
d’une école gratuite pour les cultivateurs, peut-être à Lozé même. Sans
doute développa-t-il certaines de ses idées sur ses terres. On lit aisément
la volonté d’organiser de manière rigoureuse l’espace du domaine, par le
tracé de vastes allées rayonnant autour du château. Le parc devait ainsi se
confondre avec les terres agricoles, dans un rapport tant d’ouverture sur
l'espace environnant que de domestication de celui-ci. Au XVIIIe siècle, la
maison semble avoir entretenu une étonnante promiscuité avec le hameau de
Lozé, puisque l’accès à toutes les fermes et maisons se faisait directement
depuis la cour, comme le révèle le plan cadastral de 1829. Les propriétés
privées et les communs de la demeure s’entremêlaient intimement et aucun mur
de semblait alors les séparer. Cet agencement a été totalement bousculé sans
doute dans la deuxième moitié du XIXe siècle, lorsque la demeure et son parc
ont été isolés par un mur de clôture: les chemins ont été détournés vers
l’est et une partie du hameau a été rasée. Certains éléments propres au
domaine se sont retrouvés isolés hors de la clôture, comme le pigeonnier.
A la Révolution, Gabriel-François Tripier de Lozé, garde du corps du roi
résidant à Mayenne, ayant émigré en Espagne, le domaine est saisi par
l’administration: "la terre de Lozé incluant la maison de maître, jardin,
pré et autres réserves, la métairie de Lozé, la petite métairie de Lozé" le
tout estimé à 60000 livres, est affermée. Finalement, à son retour, la
famille Tripier recouvre ses biens. Gabriel Tripier de Lozé, fils du
précédent, est député de la Mayenne à l’Assemblée législative en 1849.
Royaliste, opposé à l’Empire, il quitte la vie politique au coup d’État de
Louis-Napoléon Bonaparte et revient à La Haie-Traversaine où il s’implique
fortement dans la vie locale. C’est sous son impulsion que la paroisse en
1849, puis la commune en 1864 (dont il devient maire) sont créées, par
détachement de la commune d’Oisseau. La famille se montre très généreuse
envers ses administrés, offrant la construction de l’église en 1846, une
maison pour servir de mairie, fondant une école libre de filles, etc. La
demeure de Lozé, par analyse architecturale et comparaison avec le cadastre
de 1829, semble avoir été agrandie et plus ou moins largement remaniée dans
le courant du XIXe siècle. La construction d’une chapelle dans le parc est
portée aux registres en 1889 (achèvement des travaux en 1880). On note
également l'ajout de communs derrière la maison, peut-être à la même époque.
En 1899, l’instituteur communal évoque en termes élogieux la demeure de Lozé,
"avec avenue et magnifique jardin anglais; promenade sur un vallon dominant
la rivière la Colmont, cette habitation est très agréable". Les
propriétaires résident alors à Angers.
Le château de Lozé est implanté au centre d’une sorte d’isthme circonscrit
par les rivières Mayenne et Colmont, et dont le bourg de La Haie-Traversaine
est le seul accès. L’ensemble de cet espace en dépendait, comme le montrent
les grandes allées en croix plantées d’arbres rayonnant autour de la maison
et rejoignant le bourg de La Haie-Traversaine et les bords de rivière.
Précédée d’un vaste parterre gazonné, l'édifice est orienté au sud, vers le
bourg. Construit en moellons enduits, il présente un corps principal
symétrique à cinq travées et deux étages carrés, flanqué de courtes deux
ailes à un seul étage, correspondant sans doute à des pièces de service. La
façade postérieure est flanquée d’un appentis et d’une tour centrale carrée
abritant probablement l’escalier. Très sobre, le château possède pour tout
décor des corniches moulurées ainsi que des chaînages d’angles et des
encadrements de baies harpés. Le parc, sans doute initialement ouvert mais
aujourd’hui clos, se développe essentiellement vers l’ouest car bloqué à
l’est par le hameau. Il comprend de vastes pelouses délimitées par des
rangées d’arbres et des bosquets, où se trouve l’orangerie de plan
rectangulaire. Les bâtiments de communs sont placés à droite de la demeure
et à l’arrière de celle-ci. L’un d’eux présente un plan symétrique avec un
pavillon central et deux courtes ailes, et trois frontons ou lucarnes en
façade. Le pigeonnier carré, couvert d’une toiture en pavillon et
aujourd’hui envahi par la végétation, se trouve hors de la propriété dans le
hameau. Une statue du Sacré-Coeur en fonte, sur piédestal en granite, est
placée à l'entrée du domaine. (1)
château de Lozé 53300 La Haie-Traversaine, propriété privée, ne se visite
pas.
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