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L'abbé Angot relève la mention
isolée d'un certain Gaufridus de Juvauderia, en 1194. La seigneurie de la
Juvaudière, qu'on trouve aussi orthographiée Gevaudière ou Chevaudière,
n'est véritablement attestée qu'à partir du milieu du XVe siècle, par
quelques copies de documents: elle appartenait à la famille des Vaux qui y
possédait un manoir. L'abbé Angot tire d'une archive de 1619, non retrouvée,
la description suivante: "maison seigneuriale, enclose de murailles, cours,
jardins, verger, bois de haute futaye, estang et colombier". Il aurait
subsisté jusqu'au XVIIIe siècle, à gauche du manoir, les ruines d'un logis
plus ancien: on relève à cet emplacement une parcelle quadrangulaire,
signalant peut-être une plateforme fossoyée, à moins qu'il ne s'agisse
simplement de l'empreinte d'un potager. Le plan cadastral napoléonien de
1828 figure quatre corps de bâtiments autour d'une cour dont les proportions
n'ont guère changé. Les dépendances pourraient conserver certains éléments
anciens. La Juvaudière appartient brièvement, à la fin du XVIe siècle, à
René Le Vayer, seigneur de Montguerré et maître des eaux et forêts du duché
de Mayenne, qui s'en rend acquéreur avant de le céder en 1582 à Guyonne
d'Orange, dame de la Feuillée. Le domaine, et notamment deux étangs signalés
sur la carte de Jaillot de 1706, fait l'objet de plusieurs litiges, car
situé à cheval à la limite du duché de Mayenne et du comté de Laval.
En 1669, Eléonore du Bellay, dame de la Feuillée, rend hommage au duché de
Mayenne "pour sa terre, fief et seigneurie de la Juvaudière, avec ses
circonstances et deppendances, tant en fiefs, hommes, debvoirs que dommaines
et moulins". Au XVIIIe siècle, Davelu mentionne le "château dit de la
Juvaudière" à Sacé. Selon l'abbé Angot, la propriété est vendue en 1782 à
Jean de la Haie de Bellegonde. Son gendre Jean-François de Hercé, maire de
Laval puis évêque de Nantes, laisse la Juvaudière à sa fille unique
Marie-Lucie, épouse de Guillaume-François d'Ozouville-Trémignon. La famille
d'Ozouville demeure par la suite propriétaire du domaine. Bien que résidant
principalement à Laval, Henri-Marie-René d'Ozouville (1833-1892) et son
épouse Pauline de l'Estourbeillon décident de reconstruire le vieux manoir
de la Juvaudière. Les matrices cadastrales ont enregistré au nom d'Henri la
démolition d'une maison en 1871 puis la construction d'un château neuf en
1872. Selon l'abbé Angot toutefois, c'est sa sœur Isabelle d'Ozouville,
épouse de Joseph-Charles de Crozé, qui aurait conçu la demeure, qui
s'inspire de certains châteaux du XVe siècle comme peut-être le Clos-Lucé à
Amboise. La tradition veut que le bâtiment construit ne soit qu'une aile de
l'édifice projeté. L'inachèvement du projet global semble manifeste du fait
de la conservation de modestes dépendances, en lieu et place d'écuries
modernes dont le château aurait pu être doté. En parallèle, la famille d'Ozouville
fait remanier les fermes des Brosses et du Tertre, dépendant de la
Juvaudière.
Posté sur le rebord du coteau, le château domine la vallée de la Mayenne et
le ruisseau du Corbinu ou Corbineul qui s'écoulent au nord; la vue sur la
Mayenne est aujourd'hui entravée par la végétation, notamment une vaste
peupleraie. Une courte allée dessert la cour bordée de modestes dépendances.
La demeure, orientée vers la cour au sud, présente un plan en L sur lequel
se greffe côté nord un pavillon rectangulaire. Elle est construite en
moellons enduits, à l'exception du soubassement en pierre de taille de
granite et des tourelles qui sont en briques; les encadrements d'ouvertures
et les chaînages d'angles harpés ainsi que les décors sculptés sont en
pierre de taille calcaire. La façade principale compte trois travées, les
fenêtres à meneaux et traverses présentent des larmiers et les lucarnes
passantes sont ornées de gables ajourés de trilobes. Deux tourelles
polygonales, posées sur des culs-de-lampe moulurés et coiffées de flèches,
encadrent le pignon est; la troisième est placée dans l'angle rentrant
au-dessus de la porte d'entrée. Cette dernière, en anse de panier, est
placée au sommet d'un perron et ornée d'un larmier sur lequel sont sculptées
les armoiries d'Ozouville (de gueules au pal d'argent accompagné de six
losanges de même) et de l'Estourbeillon (d'argent au griffon de sable armé
et lampassé de gueules). Les pignons du château sont découverts et surmontés
de fleurons. Le pavillon est coiffé d'un toit pentu sommé d'épis de faîtage
en zinc. Tourelles, croisées, lucarnes, larmiers, trilobes renvoient au
vocabulaire architectural de la fin du Moyen Age. La Juvaudière apparaît
comme "le plus néo-gothique" des châteaux bordant la Mayenne sur le
territoire départemental. (1)
château de la Juvaudière 53470 Sacé, propriété privée, ne se visite pas.
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