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La seigneurie de Soulgé doit son nom complet
de Soulgé-le-Courtin, couramment employé jusqu'au XVIIIe siècle (en
particulier sur les cartes de Jaillot et de Cassini), à la famille qui la
possédait au XIVe siècle: les Courtin, dont Huet, le premier représentant, a
sa pierre tombale dans l'église de Saint-Pierre-sur-Erve. Par le mariage d'Aliette
Courtin, elle passe au début du XVe siècle à Jean de Chandemanche, qui rend
aveu en 1417 pour une partie des bâtiments et des terres à Guyon de
Mathefelon, seigneur de l'Isle, de la Cropte et de Sourches. L'autre partie
relevait alors de la seigneurie de Montguyon. Des Chandemanche, Soulgé passe
par mariage à la fin du XVe siècle aux la Palu puis, dans le deuxième quart
du XVIe siècle, aux du Bellay. En 1650, Guy du Bellay et son fils Antoine le
vendent à Jean de la Porte. En 1763, Joseph Nicolas Rousseau de Montfrand en
hérite de René Charles François de la Porte. Les Rousseau de Montfrand le
conservent pendant les dernières décennies du XVIIIe siècle puis une grande
partie du XIXe siècle : Nicolas hérite de Joseph, puis Adrien de Nicolas en
1840, et enfin, par donation anticipée en 1862, Marie Marguerite Charlotte
mariée à Charles Alphonse de Beaulaincourt. Leur fils Charles Georges le
vend en 1898 à François Juhel marquis de Lamotte-Baracé qui le revend en
1905 à l'artiste-peintre parisien Julien Perrey.
En 1956, Rémy Le Tourneur l'acquiert de la veuve de ce dernier. La tour de
flanquement, difficile à dater en raison du probable remaniement de ses
embrasures, remonte sans doute au XVe siècle, de même que l'ancienne
chapelle, qui conserve sa charpente originelle. La partie est du logis et sa
tour d'escalier ont été vraisemblablement construits dans la deuxième moitié
du XVe siècle. L'extrémité nord du commun nord conserve une baie géminée et
une cheminée que l'on peut dater du début du XVIe siècle. Le pavillon
d'entrée a sans doute été reconstruit au milieu du XVIIe siècle. Le
colombier date aussi du XVIIe siècle. La charpente de la tour d'escalier a
été refaite en 1775 (date portée). En 1797 le logis, nommé "ancienne maison
de maître", est dit "en ruine". Il est complètement remanié, y compris
l'escalier contenu dans la tour, et vraisemblablement agrandi de la partie
ouest et du corps postérieur au cours de la première moitié du XIXe siècle,
avant 1838. La nouvelle chapelle est probablement construite dans les années
1830, mais n'est consacrée qu'en 1876. Les ailes des communs sont
entièrement transformées, l'ancienne chapelle convertie en remise à voiture
et l'orangerie édifiée vers 1840, à l'époque de la reconstruction de la
ferme.
Le château de Soulgé est construit sur une terrasse polygonale en grande
partie entourée de douves: larges douves en eau au nord, à l'est et au
sud-est, douves sèches le long de la partie sud du côté ouest. Il est
précédé à l'ouest par une avant-cour, au centre duquel s'élève le
pigeonnier, aménagée en jardin lors du déplacement de la ferme en 1840. Il
est séparé au sud, par une allée bordée d'arbres axée sur la chapelle, d'un
ancien jardin potager sur lequel donne l'orangerie. Une grande allée
rectiligne reliait la route de Chémeré à Vaiges au château dans l'axe du
pavillon d'entrée. Celui-ci prend place dans un ensemble de bâtiments
contigus délimitant la cour du château à l'ouest. Il se singularise par son
étage carré, desservi par un escalier en vis hors-œuvre adossé à son mur sud
et par ses lucarnes à volutes et fronton triangulaire. De plan
rectangulaire, il est doté d'un toit en pavillon incomplet auquel se
raccorde perpendiculairement à l'est un toit à deux pans et à croupe,
lui-même raccordé au toit à deux pans et à croupe polygonale de la tour
d'escalier. Il est percé à l'ouest d'une porte charretière et d'une porte
piétonne et était précédé d'un pont-levis à flèche remplacé par un pont fixe
en pierre. Ses baies sont en tuffeau taillé.
Les communs contigus au pavillon d'entrée sont en rez-de-chaussée et à
comble à surcroît. Ils sont pourvus d'ouvertures encadrées les unes de
tuileau et de grosses briques, les autres de pierres de taille de tuffeau et
de calcaire marbrier. Au sud prend place un premier corps de bâtiment,
abritant une écurie et une première remise à voitures. Sa charpente est de
type à potence. Il enserre partiellement une ancienne tour de flanquement
percée d'embrasures étroites à fort ébrasement externe et voutée à l'étage.
A son extrémité s'adosse perpendiculairement l'ancienne chapelle devenue
remise à voitures, et dotée d'une charpente à chevron porteur, sans
sous-faîtière, et à poinçons et entraits moulurés. Le commun nord abrite
notamment une seconde écurie. Son extrémité, légèrement désaxée, est percée
sur le mur-pignon d'une baie géminée à linteaux moulurés à soffite surélevé.
Elle est dotée d'une cheminée dont la partie inférieure des corbeaux a une
forme de talon droit. Dans le prolongement du commun nord se trouve une
construction qu'encadrent à l'avant et à l'arrière deux petites cours closes
de grilles et que termine une tour décorative ornée de faux mâchicoulis. La
chapelle est formée d'un corps bas contenant une courte nef et d'une tour
ronde abritant le chœur. L'une et l'autre sont couvertes de fausses voûtes
enduites de plâtre. Le colombier était surmonté d'un dôme surhaussé,
actuellement ruiné.
Le logis borde la cour principale au nord. Il est relié au commun par un
bâtiment en rez-de-chaussée pourvu d'un sous-sol dégagé par la douve. Il
possède un étage carré, un sous-sol, également dégagé par la douve, et un
comble à lucarnes. Il est constitué d'un corps principal à toiture à croupes
et de deux corps secondaires: un corps postérieur, également à toit à
croupes, qui contient le vestibule et l'escalier principal, et une tour
carrée, à toit en pavillon, adossée à l'extrémité de la façade antérieure,
qui contient un escalier en vis en pierre, transformé en escalier secondaire
par les aménagements du XIXe siècle. Au-dessus se trouve une pièce, dotée
d'une cheminée du XVe siècle, actuellement accessible par un escalier droit
percé dans l'épaisseur du mur mais dont la distribution se faisait
originellement par une tourelle dont ne subsiste que l'encorbellement orné
d'une tête de femme. Les fenêtres et les quatre portes-fenêtres sont
encadrées de pierres de taille de tuffeau et sont majoritairement couvertes
de plates-bandes. Deux ouvertures de la partie est du corps principal et
deux de la tour conservent une partie de leur encadrement du XVe siècle,
orné de baguettes croisées, et pour la porte de la tour, d'un arc en
accolade. Sur la lucarne centrale de la façade latérale ouest du corps
principal du logis, figurent les armoiries de la famille de Courtin. A
l'intérieur de la tour, deux portes anciennes ont été dégagées dans les
années 1960: l'une, à arc surbaissé, donnait accès au premier étage et
l'autre, qui conserve un vantail orné de plis de serviette, au
rez-de-chaussée d'un corps disparu qui devait prolonger le logis à l'est.
D'après Patrick Le Tourneur, la charpente de la tour porte l'inscription:
"fait par Michel Loison 1775". (1)
Éléments protégés MH: le châtelet d'entrée, la fuye, les douves, le logis,
la chapelle et les remparts: inscription par arrêté du 4 juillet 1988
château de Soulgé 53340 Saulges, propriété privée, ne se visite pas.
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