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Le château de Foulletorte, au cœur du massif des
Coëvrons, est construit sur une île entourée de douves alimentées par la
rivière, l'Erve. Un moulin, encore présent mais abandonné, rappelle
l'origine du toponyme "Foulletorte", tiré de fouler: Fola-Torta, Folletorte.
Foulletorte s'inscrit dans une ligne de châteaux qui suivent la vallée de l'Erve
qu'ils semblaient contrôler. Le Puyz en Saint-Martin-de-Connée (aux sources
même de la rivière), Courtalieru: forteresse de pierre dont il ne reste plus
que des pans de murs couverts de végétation, qui aurait des souterrains en
direction de Foulletorte, Sainte-Suzanne (à 60 mètres au-dessus de la vallée
où coule l'Erve), Thévalles et son moulin encore en activité. On a
aujourd'hui perdu de vue le rôle primordial des cours d'eau; c'est sur leurs
berges que se concentrait l'activité humaine et s'entassaient les richesses.
Ils servaient aussi de limites naturelles à des territoires beaucoup plus
parcellisés qu'aujourd'hui. Voie naturelle de pénétration, de circulation,
la surveillance des gués, des ponts était essentielle, de même que la
maîtrise de leur cours pour alimenter les fossés de défense. Entre les
grandes forêts de Charnie et de Sillé, dans le massif des Coëvrons, les
seigneurs de Foulletorte sont mentionnés dès le XIr siècle. Au XIVe siècle,
la puissante famille de Vassé, originaire des limites du Haut et Bas-Maine,
s'implante ici. Très ancienne famille, les Vassé possèdent de nombreux
domaines parmi lesquels, outre Foulletorte, la Courbe de Brée, une grande
partie de la succession de Montesson à Bais, etc. Un dicton énonçait
autrefois, à propos de deux puissantes familles du Maine: "Richesse de
Bouillé, Noblesse de Vassé". La motte de Vassé se devine encore depuis la
route qui passe devant Foulletorte, en arrière de la maison qui est appelée
la Ménagerie et qui porte un écu sur sa façade.
En 1432, en pleine guerre de Cent Ans, le château de Foulletorte est rasé
par le capitaine anglais d'Arundel. Les ruines ne seront complètement
relevées qu'au XVIe siècle. Antoine de Vassé reconstruit alors sa demeure.
Une pierre du château porte la date de 1569, une autre celle de 1570. C'est
un homme de guerre, partisan de la Ligue. Son château est assiégé en 1590
par les partisans du roi, à la tête desquels se trouve René de Bouillé,
seigneur du Rocher son voisin. Il se rend à lui, paye rançon et lui
abandonne le fief de Voutré. En 1646, Jacques de Vassé, gentilhomme de la
Chambre du Roi, dans un aveu rendu à l'abbé d'Evron, décrit ainsi son
domaine de Foulletorte: "Chasteau et maison de Foulletorte, sise en la
paroisse de Saint-Georges-sur-Erve consistant en plusieurs édifices et
bastimens sur haute cour fermée de murs, tours, douves et fossés avec un
pont-levis pour entrer en ladite Cour; une basse-cour, un jardin et Un
verger aussi fermé de murs et une motte pareillement environnée de douves et
de fossés, anciennement appelée la Motte de Vassé, un moulin attaché à la
chaussée desdits fossés avec tous les droits qui en dépendent, et un petit
estang joignant à ladite basse-cour". Un petit pont de pierre enjambe la
douve qui s'élargit en étang où se mire la base d'une tour disparue et donne
accès à une cour d'honneur fermée sur deux côtés par deux corps de
bâtiments. Ceux du troisième côté se sont effondrés au XIXe siècle. Là se
trouvaient la chapelle dite de Royault et la galerie qui la reliait au
château. Demeure cependant un pigeonnier de belle importance.
La façade du corps de logis attire et retient le regard par le pavillon en
loggia qui abrite l'escalier d'honneur. Il est décoré sur deux étages d'un
portique classique encadrant des petites baies en plein cintre. Il est
surmonté d'un toit à la courbe gracieuse supportant un lanternon. L'escalier
qui mène à cette loggia, ne porte de marches que dans la partie droite, la
gauche est un trompe-l'œil. Le bâtiment en retour d'équerre était destiné à
abriter les communs: écuries, remises, greniers, logement de la domesticité.
Il est construit en moellons. Un escalier d'angle permet la communication
des deux bâtiments. Une corniche saillante fait le tour des bâtiments. Elle
est surmontée de lucarnes cintrées ou à meneaux avec des frontons
triangulaires ornés de pots à feu. Les pièces sont à double exposition et se
commandent entre elles. Les façades arrière sont toutes austères et donnent
sur les douves. Une tour d'angle s'est effondrée et n'a pas été
reconstruite. Les douves couvrent 1,3 ha, les toitures 2 ha quant aux
planchers, il ne couvrent pas moins de 5 000 m². On comprend à l'énoncé de
telles dimensions que les Vassé se soient essoufflés à construire et
entretenir une pareille demeure, jamais habitée en permanence. Aussi
durent-ils la céder à leur créancier, l'abbé Hardy, conseiller au parlement
de Paris, en 1709. Deux ans plus tard, son neveu Louis-Paul Pinon d'Arvor en
héritait. En 1830, Foulletorte passa, par mariage, à la famille de Malherbe
qui le possède toujours. Au début du XXe siècle, le château a abrité un
temps, le trésor de l'abbaye de Solesmes et a hébergé, pendant la Seconde
Guerre mondiale, le duc de Gloucester. Le comte Marie-Pierre-René de
Malherbe, maître des lieux entre les deux guerres, était lieutenant-colonel,
croix de guerre, pionnier de l'aviation militaire française dont il était
titulaire du Brevet n° 2. Il a trouvé la mort en 1931, à Villacoublay, dans
un accident d'avion en service commandé. (1)
Éléments protégés MH : le château, sauf parties classées : inscription par
arrêté du 2 janvier 1929. Les façades et les toitures ainsi que l'escalier
d'honneur avec ses loggias : classement par arrêté du 3 mai 1974.
château de Foulletorte, Route de Virmacé, 53600 Saint Georges sur Erve,
propriété privée, ne se visite pas, visites libres des extérieurs toute
l'année, et pour les journées Européennes du Patrimoine.
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