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Mortiercrolles, "le plus septentrional des châteaux
de la Loire", imposant ensemble construit en briques et en tuffeau.
Reconstruit à la fin du XVe siècle par Pierre de Rohan, Maréchal de Gié, le
château de Mortiercrolles est toujours entouré d’un ensemble de
fortifications construites avec des assises alternées de briques et de
tuffeau. Ses larges douves, son châtelet d'entrée pourvu autrefois d'une
herse et d’un pont-levis, ses tours circulaires et ses dépendances multiples
lui conservent une silhouette féodale assez impressionnante qui voile une
belle demeure de plaisance. A l’intérieur de l'enceinte, l'ancien "ostel de
Mortiercroulle", le manoir seigneurial où naquit Pierre de Rohan, est resté
inachevé. Son corps de bâtiment, doté d’un étage et de quatre travées de
fenêtres à meneaux est décoré de lucarnes ouvragées et pointues. Il est
précédé d'un élégant auvent recouvert d’une charpente en ardoises. À
proximité, la gracieuse chapelle, unique en son genre dans le département,
arbore un style gothique flamboyant auquel s'ajoutent quelques discrètes
marques de la Renaissance: la porte à pilastres, le tympan à coquilles et la
piscine à balustres et à boules.
La châtellenie de Mortiercrolles, érigée en baronnie en 1500, relevait du
roi par le duché d'Anjou; elle englobait les seigneuries de Châtelais,
Saint-Quentin, Mée et Le Bourgneuf. Au XIVe siècle, Mortiercrolles était la
propriété de Maurice de Remefort, époux d'Agnès du Melle, dame d’Angerville.
À la suite de son mariage, leur fille apporta en dot le domaine à Amaury de
Clisson qui fut tué au combat de La Roche-Derrien en 1347. Héritière de son
frère Amaury, Isabeau de Clisson épousa Bertrand du Guesclin, "neveu à la
mode de Bretagne du valeureux connétable"; elle légua Mortiercrolles à sa
fille, Catherine qui, en 1405, unit sa destinée à celle de Charles de Rohan,
seigneur de Guémené. Il devait lui-même la céder, par transaction, le 5
avril 1478, à Pierre. Pierre de Rohan, Maréchal de France, sire de Gié, duc
de Nemours, vicomte de Fronsac et de Châtellerault reçut Mortiercrolles avec
les seigneuries de Gié (Bourgogne), Le Mas et l'Hôtellerie-de-Flée (Anjou).
Fidèle serviteur de Louis XI, Charles VIII et Louis XII, après avoir porté
la gloire des Rohan à son apogée, il fut disgracié, la reine Anne de
Bretagne ne lui pardonnant pas, à la suite du complot de 1492, d'avoir oser
faire saisir, en chemin, des joyaux et des meubles qu'elle tentait de faire
parvenir à Nantes. Elle réussit à obtenir la condamnation du Maréchal qui
fut suspendu de ses hautes fonctions dans l’armée et déchu de ses
gouvernements. Emprisonné à Dreux puis relaxé, Pierre de Rohan bouda à tout
jamais la cour. Après s'être exilé à Mortiercrolles et à La Motte-Glain
(Loire-Atlantique), il mourut, dans son château des Tournelles (Paris), en
1513.
Dès 1603, Mortiercrolles était abandonné par ses riches possesseurs et cédé
aux fermiers. Le dernier héritier des Rohan, Ferdinand-Maximilien de
Mériadec, fils de Louise-Gabrielle de Rohan-Soubise et d'Hercule Mériadec,
devint premier aumônier de l'impératrice Joséphine. En 1763, il vendit
Mortiercrolles, pour 160000 livres, à Jean-Baptiste du Tertre de Sancé,
seigneur de Baubigné (Fromentières). Le château devint, par succession, la
propriété des familles de La Barre et de Préaux, celle de M. le marquis de
Montauld et, plus près de nous, de Madame la duchesse de Caylus. Acheté par
le département en 1960, il subit d'importants travaux avant d'être cédé à M.
et Mme Billard qui poursuivent courageusement sa magnifique restauration.
Les seigneurs de Mortiercrolles possédaient des redevances assez cocaces.
Jugez plutôt: Le prieur de Châtelais était tenu de leur fournir, à la
Toussaint, Noël et Pâques, "trois jallons de vin" et "trois fouaces d’un
denier" amenés au château par un valet "qui ay souliers non remendés (raccomodés)
et si il est remendé, la remendure luy doit estre descousue des souliers".
Les nouveaux époux, habitant le Bourgneuf et les Vignes, devaient "courre la
pelotte", par trois fois, "depuis l’escu de Mortiercrolle jusqu’à prochaine
planche comme l’on va à Saint-Quentin" et la jeune mariée chantait, bon gré
mal gré, une chanson. Certains sujets devaient également courir la
quintaine, jeu où ils devaient frapper d'une lance une sorte de mannequin
articulé en armes rendant le coup lorsqu'on le manquait soit par maladresse,
soit par peur. Le seigneur donnait à chacun des participants une "jallaie de
vin" devant être bue sur le champ. Il avait aussi le droit, "pen- dant 40
jours et 40 nuits, de la veille de la Madeleine à la Saint-Jean de Collaice
(29 août), de vendre vin avant tout autre…". (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château et des
dépendances, l'enceinte du domaine avec sa porte d'entrée et ses tours,
ainsi que les ruines de la chapelle : classement par arrêté du 2 janvier
1924.
château de Mortiercrolles 53400 Saint Quentin les Anges, tél. 01 47
27 94 46, ouvert au public du 15 juillet au 31 août, deux visites guidées
par jour (15h30 et 16h30), visites libres à l’extérieur des douves de 14h à
18h, ouvert toute l’année pour les groupes de plus de 30 personnes sur
rendez-vous.
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