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A deux kilomètres au
nord-ouest de Saint-Saturnin-du-Limet, le château de Beauchêne se dresse à
l'extrémité de son admirable allée rejoignant la route de
Saint-Aignan-sur-Roë. Construit en 1778 par René-Jacques de Juigné,
Beauchêne présente un vaste corps de bâtiment rectangulaire percé de
multiples ouvertures. En façade, le fronton triangulaire conserve les
sculptures de maître Rouade de Toulouse. Sans égaler la richesse extérieure
de Craon, Beauchêne renferme cependant de magnifiques boiseries qui comptent
parmi les plus belles du département. Cette élégante demeure se désole
d'avoir perdu ses plus beaux chênes au cours d’une tornade. Elle conserve
"un livre de raison" fort intéressant puisqu'il nous donne, au jour le jour,
le nom des ouvriers qui ont construit le château, le temps de travail
nécessaire à son édification et les salaires qui furent alloués. Par Madame
la Comtesse du Boberil, nous avons appris que les fondations et les caves
virent le jour en novembre 1777. La première pierre fut posée le 26 aout
1778. Les matériaux utilisés furent le tuffeau d'Angers, la verrerie de Riom
(Puy-de-Dôme), les ardoises des Ecrennes de Renazé, sans oublier le marbre
pour les treize cheminées et les fontaines. Les sculptures du salon sont
dues au talent de M. Dupuis, sculpteur parisien. Tout ici révèle le goût de
la symétrie du constructeur de cette demeure, reflet de l'architecture des
Lumières: René-Jacques de Juigné. Celui-ci entreprend l'édification de ce
château après en avoir dessiné les plans, il a conçu la décoration
intérieure, particulièrement raffinée, dans ses moindres détails et
surveillé, jour après jour, l'avancement des travaux. Il à consigné ses
dépenses et l'histoire de son chantier dans un livre de "construction"
conservé par ses descendants.
Au milieu du XVe siècle, le domaine appartenait à la famille l'Epine. Il vit
se succéder rançois de Scépeaux en 1484, Charles de Scépeaux en 1457 et René
du Marail en 1571. M. de La Souveterie l’acheta puis il devint la propriété
de Francois de Juigné en 1610, à la suite de la cession de Brandelis de
Champagne. De la famille de Juigné, famille noble qui serait originaire de
Bretagne, Beauchêne conserve le souvenir de René-Jacques, son constructeur.
Il eut une fille, Renée, qui épousa, le 2 octobre 1786, René-Joseph-Victor,
comte du Boberil. Cette dernière famille a pour armoiries: "d'argent à trois
ancolies d'azur, posées 2 et 1, les tiges fichées de gueules". Elle est
originaire de la terre seigneuriale bretonne du même nom située à proximité
de Mordelles (Ille-et-Vilaine). Depuis 1786, le château de Beauchêne a
toujours été habité par les descendants de M. du Boberil. Au cours de l'été
1800, Michel Guesdon, officier de Frotté, vint demander asile au château de
Beauchêne. Sous un nom d'emprunt, et muni d'un sauf-conduit, il était
"recommandé par le père de son ancien chef aussi chaleureusement que s'il se
fut agi du général Frotté lui-même. M. du Boberil le fit recevoir comme
professeur au collège de Saint-Julien d'Angers, où étudiaient ses fils".
Tout en enseignant, Michel apprenait le droit et, après avoir régularisé sa
situation, il revint à Craon où, en 1805, il épousa Mademoiselle de Bodard.
(1)
château de Beauchêne, D-287, 53800 Saint Saturnin du Limet, propriété
privée, visite des extérieurs uniquement.
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