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La seigneurie de Chantepie,
documentée dès 1278, année où Pierre de Chantepie en est le seigneur, dépend
de la châtellenie de Lassay. Son étendue n'a pu être déterminée avec
précision, mais il semblerait qu'elle recouvre au moins la partie nord de la
commune de Thuboeuf. L'alliance entre Jeanne de Chantepie et Guillaume de
Pennard, scellée en 1430, fait entrer la seigneurie de Chantepie dans le
giron de la famille de Pennard dans lequel elle reste jusqu'à la fin du
XVIIIe siècle. En 1774, Anne-Françoise de Pennard épouse le marquis Louis de
Vaufleury de Malterre. Une de leurs descendantes, Arlette de Vaufleury de
Malterre épouse en 1920 Charles Law de Lauriston, dont les descendants sont
aujourd'hui encore en possession du château. Un aveu de 1661 qualifie
Chantepie de "maison et manoir défendable, 69 journaux et garennes". Dans un
autre aveu de 1773, Chantepie est qualifié de "château avec avenue de hêtres
sur plusieurs rangs, moulin, étang, landes, taillis, métairies diverses". Du
château primitif, aucune trace ne demeure. Seul le linteau à accolade et écu
armorié, remployé au-dessus de la porte murée du grand pavillon oriental,
pourrait dater du XVe au XVIIe siècle. La maçonnerie de petit moellon de
grès assisé et les arcs de décharge surmontant les baies de ce même pavillon
oriental indiquent une datation qui pourrait correspondre à la date porté
sur le linteau de la porte occidentale de ce pavillon: 1779.
La prise de possession de la seigneurie par la famille de Vaufleury de
Malterre a pu entraîner une importante restauration du site; les enduits et
les augmentations postérieures empêchent néanmoins de connaître la nature
exacte de ces travaux de la fin du XVIIIe siècle et a fortiori l'édifice
préexistant. Toutefois, le plan masse du cadastre ancien, réalisé en 1813,
montre que le château se dressait déjà entre cour et jardin, selon un plan
en U, que la cour d'honneur était alors déjà encadrée de deux ailes de
communs de même dimension que les dépendances actuelles et que la chapelle,
ainsi que le canal de dérivation de la Mayenne existaient déjà. D'importants
ajouts ont été réalisés dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le pavillon
occidental a été complètement réédifié entre 1855 et 1865. Le pavillon
oriental a été surélevé à partir de son ancienne base. Les lucarnes ont été
refaites au cours de cette même phase de travaux. La chapelle, dont les
maçonneries pourraient dater du XVe ou du XVIe siècle, a été agrandie d'un
choeur, doté de vitraux réalisés par un maître verrier parisien, Antoine
Lusson, en 1859, et redécoré dans un goût néo-gothique (autel, peintures,
rampants du pignon). Son mur-pignon occidental a été ouvert d'une rosace en
1854. Une deuxième salve de modifications est effectuée vers 1890. En
juillet 1890 l'avant-corps central est en cours de construction. Les
pavillons latéraux et l'ensemble des lucarnes sont alors achevés. C'est sans
doute en cette fin de XIXe siècle qu'est construit le petit pavillon situé à
l'est du pavillon oriental et donnant accès à un autre petit pavillon
préexistant. Les communs ont également été réaménagés et rhabillés dans
cette seconde moitié du XIXe siècle. En 1902, la cour d'honneur est parée
d'une grille en fer forgé réalisé par Girard, de Couterne.
Situé à cent mètres de la rivière Mayenne, le château de Chantepie est
implanté dans son bassin alluvial, sur une plateforme, fossoyée au nord. Ses
douves sont alimentées par une dérivation du cours de la rivière et
délimitent un jardin d'agrément planté de hauts arbres, sur lequel s'ouvre
la terrasse du château. Deux volées de marches disposés en demi-cercle lient
la terrasse au jardin. La cour d'honneur, au sud de l'édifice et encadrée de
deux ailes de communs, est reliée à la route allant des Chênelières à
Corberie par une allée bordée d'arbres. Son entrée est marquée par une
monumentale grille de fer forgée très ouvragée. La chapelle seigneuriale, de
plan rectangulaire, dont le mur-pignon occidental est orné d'une rosace, se
trouve entre les communs orientaux et le château. A l'est de celui-ci se
trouvent d'autres dépendances: une étable et une remise bâties en pan de
bois ainsi qu'une grange étable en moellon de grès. Le château de Chantepie
est orienté est-ouest. Son plan rectangulaire est cantonné de deux
pavillons, hauts d'un étage carré. Cette symétrie n'est perturbée que par la
présence de deux pavillons de plus petite taille accolés au grand pavillon
oriental. Un avant-corps de même hauteur que les pavillons latéraux se
détache au centre de la façade sud. Il est composé de cinq travées, les
trois travées centrales formant une saillie et se démarquant par une toiture
en pavillon qui domine le reste du toit de cet avant-corps. Le
rez-de-chaussée de l'avant-corps est ouvert de grandes baies en plein
cintre. Devant les quatre travées situées entre cet avant-corps et les
pavillons s'étendent des jardins d'hiver éclairés de grandes baies vitrées.
Chacune des travées des façades sud et nord est surmontée d'une lucarne de
brique ornée d'un fronton, à l'exception des 2e et 4e travées de
l'avant-corps sud, surmontées d'un oeil-de-boeuf. La lucarne médiane de
l'avant-corps central est individualisée par des volutes latérales et est
couronnée d'une horloge.
Le château est construit en moellon de grès extrait localement, assisé et
équarri sur l'avant-corps et le pavillon occidental, chaîné de briques.
Cette même pierre est utilisée sous forme de moellon brut sur le pavillon
oriental. La façade nord de l'avant-corps sud est enduite. Les baies sont
chaînées de brique ou de granit gris. Un sous-sol s'étend sous les pièces
centrales et occidentales du château. Le plan du rez-de-chaussée, simple en
profondeur sauf au niveau de l'avant-corps central, est divisé en six
pièces. L'escalier monumental, à volées tournantes, se situe entre le
pavillon oriental et l'avant-corps central. Le décor intérieur n'a pu faire
l'étude d'une étude approfondie. Il est néanmoins intéressant de noter que
les murs de la pièce nord-est de l'avant-corps central sont ornés de
boiseries de style baroque, dans lesquelles sont insérées des peintures des
différentes possessions de la famille au XIXe siècle, parmi lesquelles on
compte le château de Chantepie, mais aussi le manoir de Mebzon. Le grand
hall sud, ouvert sur la cour d'honneur, est décoré de riches pilastres
composites en stuc. Les effets de profondeur différenciée engendrant une
multiplication des plans, les combles brisés, les jeux sur les toitures et
la situation du château entre une cour d'honneur bordée de communs et le
jardin confèrent à ce château un style néo XVIIe siècle, digne des grandes
réalisations du siècle d'or. Cette réalisation architecturale est mise en
valeur par son écrin paysager, avec lequel elle communique par les larges
ouvertures ménagée. (1)
château de Chantepie 53110
Thubœuf, propriété privée, ne se visite pas. Ouverte aux Journées du
Patrimoine le dimanche: visite commentée ou libre des extérieurs Tel : 02 43
08 58 08.
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