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Château de Chantilly (Oise)
 
 

          Parmi les châteaux français qui n'ont point été construits ou possédés par nos rois, Chantilly se place au premier rang. Cette résidence a gardé à travers les siècles un renom de luxe princier et de noble hospitalité qui s'est perpétué jusqu'à nos jours, et que le dernier possesseur, le duc d'Aumale, s'est fait un devoir de justifier. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, les familiers de la maison comparaient volontiers Chantilly à Versailles, et cette ambitieuse comparaison n'étonnait pas ceux qui avaient eu l'honneur d'être les hôtes des princes de Condé. Trois noms résument l'histoire du château de Chantilly: ceux du connétable de Montmorency, qui l'a transformé; du grand Condé, qui l'a rempli de sa gloire; du duc d'Aumale, qui l'a restauré. Et pourtant, bien avant Anne de Montmorency, un manoir s'élevait au milieu des étangs alimentés par les eaux de la Nonette, et l'origine de ce manoir se perd dans la nuit du moyen âge. Il appartint tour à tour aux seigneurs de Senlis, aux familles de Laval et d'Orgemont. C'était une place très forte qui subit plus d'une fois les assauts des Anglais et des Bourguignons, et quand à la fin du XVIe siècle le mariage de Marguerite d'Orgemont avec Jean II de Montmorency la fit passer à de nouveaux maîtres, ses vieilles murailles portaient plus d'une noble cicatrice. Les seigneurs de la maison de Montmorency ne paraissent pas s'être occupés particulièrement de Chantilly avant 1522, époque où le grand connétable fit ériger en châtellenie cette terre où il était né. En même temps, il transformait les cours et les appartements du vieux château, auquel il conserva extérieurement l'aspect d'une forteresse; mais, le trouvant trop étroit, il fit bâtir par Jean Bullant le Châtelet, placé sur une île voisine et réuni par un pont-levis aux constructions primitives. Des bosquets et des parterres furent plantés et dessinés; les futaies de la forêt ouvrirent aux chasseurs des routes cavalières, et lorsque Charles-Quint, traversant la France, reçut la fastueuse hospitalité du connétable, il put lui dire sans flatterie que son château rivalisait, sinon pour la grandeur, du moins pour le luxe et les commodités, avec les plus belles habitations royales. Ce n'était pas un mince éloge dans la bouche d'un homme qui venait de visiter Chambord et Fontainebleau.
Pendant toute la fin du XVIe siècle, Chantilly fut avec Écouen la résidence habituelle des ducs de Montmorency. Le connétable, en disgrâce, l'habita souvent pendant les dernières années du règne de François 1er. Le dauphin, depuis Henri II, venait en secret demander des conseils à l'illustre exilé qui, vers la fin de sa vie, reçut dans ce même château le jeune roi Charles IX et la régente Catherine de Médicis. Ses fils François et Henri héritèrent de son affection pour Chantilly. Henri y donna de superbes fêtes à l'occasion d'une visite d'Henri IV, qui lui avait confié, en 1595, l'épée de connétable. En cette même année, était né dans ce château le dernier duc de Montmorency, l'infortuné Henri, maréchal de France, qui osa se révolter contre Richelieu, et, vaincu à Castelnaudary, fut jugé et décapité à Toulouse en 1632. Cette mort tragique fit passer le domaine de Chantilly entre les mains de Charlotte de Montmorency, sœur du maréchal et femme d'Henri II, prince de Condé. Cette princesse avait été d'une surprenante beauté, et cette beauté fit tant d'impression sur Henri IV que, pour préserver son honneur, le prince de Condé dut s'enfuir à Bruxelles avec sa femme. Pendant plus de la moitié du XVIIe siècle, l'histoire de Chantilly ne se distingue pas de celle des autres résidences princières. Ce beau séjour voit arriver pendant les mois d'été les Montmorency ou, plus tard, les Condé, avec leur suite presque royale. On reçoit grande compagnie, on se promène dans les bosquets et les parterres, sur les canaux peuplés de carpes familières; on chasse surtout, car la chasse est le passetemps favori des grands seigneurs du temps. Mais à partir de 1632, le château prend une animation inaccoutumée. Une brillante jeunesse l'emplit de ses jeux et de ses éclats de rire. Les yeux sont éblouis par les grâces naissantes d'Anne-Geneviève de Bourbon, la future duchesse de Longueville. Le duc d'Enghien, qui sera bientôt le grand Condé, étonne par les brusques saillies de son esprit impétueux.
La grande époque de Chantilly va commencer. En 1646, le duc d'Enghien devient prince de Condé. Pendant les quatre années qui suivent, dans l'intervalle de ses victoires, il fait à Chantilly de fréquents séjours. Les familiers de l'hôtel de Rambouillet, les Voiture et les Sarrasin sont ses hôtes ordinaires; M. de Scudéry le peint avec complaisance sous les traits de Cyrus. Il aime d'un amour chevaleresque Mademoiselle du Vigean, et cette noble fille, qui partage sa passion, s'enferme dans un cloître pour n'y pas succomber. En ces courtes années, Chantilly apparaît comme le refuge du bel esprit et des sentiments délicats. Soudain la Fronde éclate. Condé s'y jette corps et âme à la suite de la duchesse de Longueville. En 1650, il est emprisonné à Vincennes; en 1653, il passe dans le camp des Espagnols. Chantilly ne le reverra plus avant une quinzaine d'années. Pendant ce temps la cour paraît avoir considéré ce château comme une résidence royale. En 1656, Mazarin s'y installa pour attendre la reine Christine de Suède, qui allait à Compiègne visiter Louis XIV et Anne d'Autriche. Il dîna avec cette princesse. Le roi et Monsieur arrivèrent à Chantilly comme de simples particuliers. Mazarin les présenta à la reine comme deux gentilshommes des plus qualifiés de France. Christine les reconnut pour avoir vu leurs portraits au Louvre, et répondit qu'ils lui paraissaient être nés pour porter des couronnes. Alors le roi, sans feindre plus longtemps, s'excusa de la recevoir trop simplement dans ses états. La reine de Suède le remercia et, ajoute Madame de Motteville, "le roi, quoique timide en ce temps-là, et nullement savant, s'accommoda si bien de cette princesse hardie, savante et fière, que, dès ce premier instant, ils demeurèrent ensemble avec agrément et liberté de part et d'autre". A sa rentrée en France, en 1660, après la paix des Pyrénées, Condé, encore suspect, est relégué dans son gouvernement de Bourgogne. Louis XIV veut tenir quelque temps loin de sa cour ce prince orgueilleux qui lui a disputé la couronne. Après la conquête de la Franche-Comté, il lui permet le séjour de Chantilly.
Condé, vieilli avant l'âge, revoit avec joie ces beaux lieux témoins des meilleurs jours de sa jeunesse. Grâce à l'habile administration de son intendant Gourville, il peut désormais sortir sans trouver dans son antichambre une double haie de créanciers. Il va jouir en paix de sa fortune et la consacrer avec amour aux embellissements de Chantilly. De son temps, les bâtiments du château ne reçoivent que d'insignifiantes modifications, toutes relatives à l'amélioration des dispositions intérieures. Il fait peindre cependant, dans une galerie du petit Châtelet, une suite de tableaux représentant les principales scènes de sa vie. Les jardins et les parterres sont l'objet de sa prédilection. Louis XIV consent à prêter André Le Nôtre pour les travaux de Chantilly. L'illustre jardinier combine un plan à la fois grandiose et original. Il transforme la terrasse qui réunit le château aux bosquets de Sylvie; il trace le vaste parterre orné de pièces d'eau qui s'étend jusqu'au grand canal de la Nonette, et, pour compléter la perspective, il dessine sur la colline opposée la belle pelouse du Vertugadin. C'est alors qu'on est en droit de comparer Chantilly à Versailles, encore inachevé, et dont les eaux, amenées à grand peine de la Seine et de l'Eure, ne valent pas les belles sources qui alimentent le parc du grand Condé. Tous ces travaux sont exécutés en quelques années avec une rapidité merveilleuse, et, en 1671, Chantilly est tout prêt pour recevoir le grand roi. A cette date, en effet, la réconciliation est complète entre Louis XIV et son cousin, autrefois rebelle, devenu le plus fidèle des sujets et le plus soumis des courtisans. Pour la sceller, le roi consent à visiter Chantilly. C'est toujours à Madame de Sévigné qu'il faut revenir pour les détails de cette réception fameuse.
Dès le 17 avril, elle écrit à sa fille: "Jamais il ne s'est fait tant de dépenses au triomphe des empereurs qu'il n'y en aura là; rien ne coûte; on reçoit toutes les belles imaginations, sans regarder à l'argent. On croit que Monsieur le prince n'en sera pas quitte pour quarante mille écus; il faut quatre repas; il y aura vingt-cinq tables servies à cinq services, sans compter une infinité d'autres qui surviendront: nourrir tout, c'est nourri r la France et la loger; tout est meublé; de petits endroits qui ne servaient qu'à mettre des arrosoirs deviennent des chambres de courtisans. Il y aura pour mille écus de jonquilles; jugez à proportion". Le 24 avril, la marquise reprend sa narration: "Le roi arriva hier au soir à Chantilly; il courut un cerf au clair de la lune; les lanternes firent des merveilles; le feu d'artifice fut un peu effacé par la clarté de notre amie, mais enfin le soir, le souper, le jeu, tout alla a merveille. Le temps qu'il a fait aujourd'hui nous faisait espérer une suite digne d'un si agréable commencement. Mais voici ce que j'apprends en entrant ici, dont je ne puis me remettre et qui fait que je ne sais plus ce que je vous mande: c'est qu'enfin Vatel, le grand Vatel, maître d'hôtel de M. Fouquet, présentement à Monsieur le prince, voyant que ce matin, à huit heures, la marée n'était pas arrivée, n'a pu soutenir l'affront dont il a cru qu'il allait être accablé, et, en un mot, il s'est poignardé. Vous pouvez penser l'horrible désordre qu'un si terrible accident a causé dans cette fête. Songez que la marée est peut-être arrivée comme il expirait. Je n'en sais pas davantage présentement. Je pense que vous trouvez que c'est assez". Cependant cet accident fut cause que le roi ne voulut plus désormais de ces réceptions somptueuses, trop lourdes pour un sujet, fût-il prince du sang. Madame de Sévigné évalue à cinquante mille écus, somme énorme pour le temps, la dépense de cette fête. Il ne paraît pas que le grand Condé en ait été gêné: ce qui prouve que dès lors sa fortune était singulièrement rétablie.
Il menait à Chantilly une existence royale et tenait une véritable cour, où s'honoraient d'être admis ceux que l'on renommait le plus à Paris et a Versailles. Il avait conservé de sa jeunesse un goût très vif des choses de l'esprit, et aimait à s'entourer des grands écrivains de son temps. C'est ce que le duc d' Aumale a voulu rappeler en plaçant leurs statues dans le parterre, entre autres celles de La Bruyère et de Bossuet. Tous les deux, en effet, furent des familiers de la maison de Condé. Le premier, précepteur du fils aîné du prince, passa de longues années dans la familiarité du maître. Bossuet venait souvent visiter à Chantilly La Bruyère, son ami, et le grand Condé retenait volontiers l'illustre prélat. "On voyait, dit Bossuet dans son oraison funèbre, le grand Condé à Chantilly comme à la tête de ses armées, toujours grand dans l'action et dans le repos. On le voyait s'entretenir avec ses amis, dans ces superbes allées, au bruit de ces eaux jaillissantes qui ne se taisaient ni jour ni nuit". Parfois Racine et Boileau venaient se mêler à ces entretiens et donner la repartie à La Bruyère. Dès longtemps, ces deux écrivains étaient les protégés de Condé. Lorsqu'après la représentation de Phèdre, le grand tragique avait failli être, ainsi que Boileau, la victime d'une cabale puissante, Monsieur le prince s'était déclaré "prêt à venger comme siennes les insultes qu'on s'aviserait de faire à deux hommes d'esprit qu'il aimait et prenait sous sa protection". Et ces deux hommes d'esprit lui en avaient gardé une profonde reconnaissance. Boileau ne se lassait pas de célébrer Condé, dont le seul nom fait tomber les murailles, force les escadrons et gagne les batailles et lorsque Racine s'irritait contre ses détracteurs, il lui répondait que ses vers n'avaient rien à craindre de leurs critiques, pourvu qu'ils puissent plaire au plus puissant des rois. On raconte qu'en se promenant un jour dans le parc, le prince s'emporta contre le satirique, qui l'avait contredit avec obstination: "Désormais, Monseigneur, dit Boileau avec vivacité, je serai toujours de votre avis quand vous aurez tort". Condé sourit. Il était désarmé. L'illustre capitaine meurt à Fontainebleau en 1686.
Son fils Henri-Jules établit définitivement à Chantilly la résidence de la famille. Il détruit le vieux château que son père avait conservé malgré ses apparences gothiques, et le remplace par un palais dont le plan reproduit d'ailleurs celui du vieil édifice. Il fait tout pour continuer les royales traditions du grand Condé, et quand il reçoit, en 1698, Louis XIV qui se rend au camp de Compiègne, il déploie une magnificence restée fameuse. Cependant il ne put soutenir le haut renom de Chantilly. C'était un prince instruit et spirituel, mais son humeur bizarre et brusque effrayait ses hôtes. Louis-Henri de Bourbon, qui fut premier ministre immédiatement après la régence du duc d'Orléans, rendit au château tout son éclat. Il avait triplé la fortune des Condé en s'associant aux spéculations de Law, et tenait à Chantilly une cour digne d'un souverain, où régnait la célèbre marquise de Prie, sa maîtresse. Ce prince avait le dessein de reconstruire le château sur un plan colossal, dont il n'a fait exécuter que ces écuries légendaires, incontestablement plus grandioses que celles des maisons royales. Lorsque le jeune roi Louis XV honora d'une visite son premier ministre, ne dut-il pas, en présence de ce luxe étonnant, éprouver ce sentiment de mauvaise humeur jadis ressenti à Vaux lle Vicomte par Louis XIV, et qui précipita la chute de Fouquet? Quelques mois après, le duc de Bourbon était disgracié et consigné à Chantilly, où son exil n'eut d'ailleurs rien de bien pénible. Il y mourut en 1746. Louis-Joseph de Bourbon, son fils, continua de résider a Chantilly. C'était un prince aimable, spirituel et brave. Louis XV et Louis XVI l'eurent en grande estime et virent sans déplaisir la cour dont il s'entourait à Chantilly rivaliser avec celle de Versailles pour la magnificence et le nombre. Sous lui s'élevèrent le château d'Enghien et un petit hameau dans le goût de celui de Trianon. Aucun prince étranger ne fût venu en France sans visiter le prince de Condé, et chaque visite était l'occasion de fêtes splendides.
Le théâtre de Chantilly était remarquable par son architecture et sa décoration. Le fond de la scène, en s'ouvrant à volonté, laissait voir une cascade naturelle ornée d'une figure de nymphe. Par un ingénieux appareil, on pouvait amener jusqu'à cette cascade huit nappes d'eau d'un effet magique qui, combinées avec les décors, produisaient une impression aussi agréable que surprenante. Les rois de Danemark et de Suède, l'empereur Joseph II, le comte du Nord, depuis Paul 1er, vinrent tour à tour visiter Chantilly. D'après une tradition contestable, mais ancienne, le prince de Condé eut un soir la fantaisie d'offrir un souper au comte du Nord, sous la grande coupole des écuries, splendidement décorée et séparée des deux ailes par d'immenses draperies. Au dessert, le prince de Condé demanda à son hôte où il croyait être: "Dans le plus somptueux salon de votre palais", aurait répondu le comte. A ces mots les tapisseries s'écartèrent, et le futur czar aperçut avec stupéfaction les chevaux du prince dans leurs stalles indéfiniment alignées. Partout ailleurs qu'à Chantilly la plaisanterie eût été de mauvais goût. La Révolution fut impitoyable pour cette belle résidence. Le grand château fut rasé; le parc transformé en terrains de rapport; les écuries reçurent un régiment de cavalerie. Un hasard inexplicable laissa subsister le château d'Enghien et le Châtelet, ce bijou de la Renaissance. Mais dans quel état les retrouva le prince de Coudé lorsqu'il revint d'exil, après la chute de Napoléon! La reine Hortense, qui avait reçu Chantilly dans son apanage, n'y fit aucune réparation. Pourtant le prince voulut, en souvenir du temps passé, recevoir dans son château l'empereur Alexandre. Quel contraste avec les fêtes données au comte du Nord. Il pleuvait: le czar fut obligé de s'abriter sous un parapluie en parcourant les salles et les galeries du Châtelet. Le prince fit des travaux que son fils continua après sa mort (1818).
Le dernier des Condé, qui vivait retiré à Chantilly, restaura et agrandit le Châtelet, rétablit quelques parties des parterres et du parc, nettoya les canaux et construisit une terrasse sur les soubassements du grand château détruit. Chantilly était habitable quand il mourut, en 1830. Son héritage entier échut au duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe. Ce prince avait résolu de rendre à Chantilly sa primitive splendeur; mais la Révolution de 1848 ajourna la réalisation de ses projets. Ses biens furent confisqués en 1852, comme ceux de tous les membres de sa famille, et le domaine des Condé fut adjugé pour onze millions aux banquiers anglais Coutts et Cie. Enfin, par un décret rendu en 1872 par M. Thiers, sur l'invitation de l'Assemblée nationale, Chantilly a été rendu au duc d'Aumale. Depuis 1876, on a entrepris, non pas la restauration, mais la reconstruction de ce château célèbre. M. Honoré Daumet, architecte, membre de l'Institut, a élevé, sur le tracé même du manoir féodal, une délicieuse résidence qui, sauf quelques détails, supporte bien le voisinage du Châtelet de Jean Bullant. Le parc a retrouvé sa correction du grand siècle, ses fleurs et ses statues. N'avait-il pas gardé ses belles eaux et ses ombrages séculaires? Le Chantilly du duc d'Aumale se présente aussi bien que celui des Condé. On ne saurait assez dignement apprécier la générosité du prince qui a fait don à l'Institut de France de ce magnifique palais et des incomparables collections artistiques et littéraires qu'il abrite.
Description du domaine de Chantilly:
Lorsqu'on arrive à Chantilly, les écuries frappent d'abord les regards, un peu au détriment du château. Leur immense façade, le pavillon central, avec sa coupole, son portique, son fronton aux superbes reliefs; la rotonde aux proportions romaines, appelleraient un monument comme le Louvre ou Versailles. L'intérieur du palais équestre est en tout digne du dehors. C'est une énorme galerie voûtée, haute comme une cathédrale, coupée par un dôme massif sous lequel se dressent de riches trophées de chasse, puissamment sculptés dans la pierre et rehaussés de couleurs d'un effet original. Des bassins, alimentés par des eaux jaillissantes, en garnissent la base. Cent soixante-dix chevaux peuvent s'aligner à l'aise dans les stalles ménagées sur deux rangs dans les deux ailes. La rotonde, dont nous avons parlé plus haut, forme un manège découvert peut-être unique au monde. Vers l'extrémité des écuries, la pelouse des courses s'incline subitement jusqu'au canal, qui la sépare du château et du parc. Un pont jeté sur ce canal conduit à une grille flanquée de deux pavillons du dix-septième siècle. A gauche s'élèvent le Châtelet et le château neuf; à droite, sur une terrasse, le château d'Enghien; en face, une rampe en pente douce aboutit à une plate-forme au milieu de laquelle se dresse la statue du connétable Anne de Montmorency, sculptée par Paul Dubois. Un pont relie cette plate-forme a l'entrée du château. Cette entrée est formée d'une galerie à jour avec portique central surmonté d'un dôme, orné d'écussons, de vases et de lions sculptés. A gauche se dresse la chapelle, délicieux édifice inspiré par les monuments analogues du seizième siècle, couronné de fines plomberies dorées et d'une statue de saint Louis, et qui doit au château d'Ecouen ses merveilleux vitraux, son autel et ses délicates boiseries. Un cippe, placé derrière l'autel, renferme les cœurs des princes de Condé. Au fond de la cour d'honneur, d'aspect très élégant, un vestibule conduit au grand escalier, de forme elliptique, dont la magnifique rampe en fer forgé, œuvre des frères Moreau, rappelle les meilleurs morceaux des maîtres français du siècle dernier.
Par cet escalier on accède aux appartements du Châtelet, au salon des Chasses, à la bibliothèque, aux boudoirs décorés de peintures, souvent reproduites, représentant des scènes de genre, dont les rôles sont joués par des singes et des guenons, galamment costumés en marquis et en marquises. Viennent ensuite les appartements du duc d'Aumale et la belle galerie où le prince de Condé avait fait retracer ses hauts faits. C'est dans le Châtelet que se trouve le trophée de Rocroy, glorieux faisceau de drapeaux auquel le duc d'Aumale a ménagé une place d'honneur. En haut du grand escalier, un perron intérieur donne accès dans la galerie des Cerfs, tendue de tapisseries des Gobelins qui reproduisent la série des chasses de l'empereur Maximilien. Baudry a peint dans cette galerie quelques dessus de portes et un remarquable saint Hubert. C'est encore à Baudry que l'on doit les compositions de la rotonde qui termine la galerie de peinture. Une série de cinq salles renferme les trésors artistiques de Chantilly, tableaux, dessins et estampes. Il y a dans la collection des morceaux de premier ordre: deux Raphaël: la Vierge d'Orléans et les Trois Grâces; deux Poussin: le Massacre des Innocents et Thésée retrouvant le corps de son père. Signalons encore: le Songe de Vénus, par Antoine Carrache; les Foscari, de Delacroix, et la Stratonice, d'Ingres. Il faudrait citer tout le catalogue. C'est la plus belle collection particulière qui soit en France. Ne la quittons pas sans admirer les vitraux qui décorent la galerie de Psyché. Ils étaient autrefois au château d'Ecouen, et Raphaël en a dessiné les cartons. Les sujets sont tous empruntés à la fable de Psyché. Revenons à la plate-forme du Connétable et descendons aux jardins par ces vastes escaliers ornés de niches, de statues et de vasques où l'eau ruisselle la nuit et le jour.
Devant nous s'étend, avec ses blanches statues et ses bassins d'eau vive, le parterre, encadré de deux allées de platanes; plus loin, la pelouse du Vertugadin, dominée par une statue équestre du grand Condé. A gauche, le jardin anglais attire les promeneurs par ses vastes prairies coupées de nappes d'eau et semées de grands arbres; à droite, l'enclos du Hameau présente un dédale de sentiers et de ruisseaux perdus dans le feuillage, au milieu duquel se cachent les chaumières d'un village d'opéra comique; le long de cet enclos, derrière le château d'Enghien, le parc de Sylvie ouvre ses allées aux parois rectilignes, taillées à même le taillis et tapissées d'une mousse épaisse, où des troupes de paons familiers laissent nonchalamment traîner leurs queues éblouissantes. Versailles seul, en France, surpasse cette harmonieuse agglomération de jardins, de bosquets et de parterres. Une vaste forêt enveloppe ce parc digne d'une maison royale. Elle est parfaitement aménagée pour la chasse et commode pour la promenade. Douze allées aboutissent au carrefour central. Tout auprès, au fond d'un étroit vallon dominé par de belles futaies de hêtres et de chênes et par le viaduc du chemin de fer, les étangs de Comelle étalent leur nappe sinueuse, coupée de chaussées aux talus verdoyants. Sur l'une de ces chaussées s'élève le château de la reine Blanche de Navarre, femme de Philippe de Valois. Ces étangs, ce château et les bois qui les enserrent forment un site fait à souhait pour le plaisir des yeux. Les grandes chasses s'encadrent à merveille dans ce décor romantique. Lorsqu'au temps du grand Condé Louis XIV courut le cerf au clair de lune, au bord des étangs de Comelle, ne dut-il pas garder de cette nuit un vif et charmant souvenir? (1)

Éléments protégés MH : le Jeu de Paume, à l'exclusion des intérieurs de l'appartement du conservateur : classement par arrêté du 24 octobre 1988. Le petit château de Bullant, y compris la galerie de Duban. Les parties suivantes du grand château de Daumet : les façades, les toitures et le gros oeuvre ; l'escalier d'honneur, y compris les peintures de la voûte ; les peintures murales de la galerie des cerfs par Baudry. Les grandes écuries, y compris le manège et la porte Saint-Denis. Le château d'Enghien. L'ensemble des terrasses, parterres et plans d'eau. Les bâtiments et les fabriques suivants : les deux pavillons de Mansart encadrant l'entrée, ainsi que la grille et le pont qui les précèdent ; le hameau ; la maison de Sylvie ; la chapelle Saint-Jean, la chapelle Saint-Paul et la chapelle Sainte-Croix avec son obélisque ; la fontaine de Beauvais, y compris le bassin enfoui, le mur du fond et les deux rampes ; la fontaine des Druides (ou des Truites) et la fontaine de Sylvie ; l'île d'amour, le pont des grands hommes ; les ruines du temple de Vénus ; la glacière du parc de Sylvie et celle du carrefour des lions. Les statues du parc suivantes : la statue équestre du connétable de Montmorency par Paul Dubois et les bornes qui l'entourent ; Louis XIV terrassant la fronde par Gilles Guérin ; les statues du grand degré par Hardy (1682) : deux fleuves, Acis, Galatée, Aréthuse, Alphée ; les statues du parterre d'eau : Bacchus, Hébé, par Deseine (1789) , Pluton, Proserpine, par Chapu (1884) , trente vases florentins (1785), le grand Condé, par Coysevox, Molière, Le Nôtre, par Tony Noël (1880), La Bruyère, par Thomas (1880), Bossuet, par Guillaume (1880), Bacchus, Silène, copies d'après l'antique (XVIIe siècle) ; le groupe du Boulingrin : Hercule enlevant Déjanire, par Nicolas Dremin (1707) ; le jardin anglais : Eros, d'après l'antique, par Jonchery (1895), Vénus pudique, d'après l'antique (XVIIe siècle), Vénus callypige, d'après l'antique (XVIIe siècle), buste d'homme, d'après l'antique (XVIIe siècle) ; parc : buste de cérès (XVIIe siècle), quatre bustes d'empereurs, d'après l'antique (XVIIe siècle), les quatre éléments (le feu et l'air par Legrand, 1707, l'eau et la terre par Poissant, 1705 et 1707) ; abords : deux lions, par Legrand (1707) ; maison de Sylvie : bustes de Bacchus et de Flore (XVIIe siècle) ; parc de Sylvie : Jupiter, terre cuite (XVIIe siècle) : classement par arrêté du 30 décembre 1988. La statue ornant le carrefour de Diane ; l'ensemble des statues, bancs et vases ornant le parc de Chantilly, à l'exception de ceux déjà classés : inscription par arrêté du 30 décembre 1988. (2)

château de Chantilly 60500 Chantilly, tél. 03 44 62 62 69, le château, le parc et le musée sont ouverts au public tous les jours sauf le mardi, d'avril à octobre de 10h à 18h sans interruption.

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(1)      Les palais nationaux par Louis Tarsot et Maurice Charlot, 1889. Librairie Renouard: Henri Laurens, Éditeur, 6, rue de Tournon, Paris.
(2)      source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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(IMH) = château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, (MH) = château classé Monument Historique
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