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Château de Vez (Oise)
 
 

       L'origine du château de Vez remonte aux époques les plus reculées de notre histoire. Tout d'abord, siège d'une tribu gauloise, il devint sous la domination romaine une station d'une certaine importance. Dans le marais situé au-dessus du village de Vez, on a retrouvé beaucoup de tuiles, vases, statuettes en terre cuite, et en si grande abondance, qu'on a pu supposer qu'il y avait là un four à poterie de l'époque gallo-romaine. Sur tout le plateau qui s'étend de la vallée d'Automne à la forêt de Compiègne, on trouve de nombreuses traces de l'occupation romaine. A l'époque de l'invasion franque, le château de Vez fut possédé par un comte, première dignité de l'ordre germanique, désignée sous le nom de "graf" et donnée à un lieutenant ou compagnon du roi. Le comté de Valois englobait au début les territoires de Vez, de Bonneuil et de Largny. Plus tard il s'étendit et absorba ceux de Coeuvres, de Vivières, Villers-Cotterets, Guise, Pierrefonds, Crépy, Nanteuil le Haudouin. Pendant cinq siècles, Vez fut la capitale du Valois. A la fin de la monarchie carolingienne, un démembrement de ce domaine s'opéra au profit de Crépy, dont les seigneurs prirent le titre de comtes de Valois. Pépin le Bref, en l'An 755, avait réuni à Vez, en concile, presque tous les évêques des Gaules qui établirent différents règlements sur la discipline du clergé. En 844, Charles le Chauve y avait assemblé un autre concile dont l'objet fut de porter quelque remède aux désordres du clergé. Le démembrement de l'empire de Charlemagne, les guerres qui suivirent, les invasions des Normands, l'impuissance des rois à les réprimer, l'obligation où était chacun de pourvoir à sa propre sûreté, toutes ces causes, en amenant l'établissement du régime féodal, furent fatales à l'importance de Vez.
L'édit de Kiersy, qui accordait l'inamovibilité et l'hérédité aux titulaires des comtés, éleva les uns et baissa les autres, selon le degré d'énergie qui les porta à fonder leur pouvoir particulier aux dépens du pouvoir royal. Ceux qui, soit par faiblesse, soit par fidélité, restèrent complètement soumis à la royauté, perdirent en autorité ce que perdait la royauté elle-même, alors réduite aux provinces des environs de Laon. Il est plus que probable que telle fut la cause de l'affaiblissement des comtes de Vez, d'ailleurs voisins du premier siège de la monarchie, et du dernier refuge de la race carolingienne. A l'époque des irruptions normandes sur les bords de l'Oise, dans la seconde moitié du IXe siècle, un comte de Vexin, nommé Valeran, épousa Hildegarde, qui était simplement dame de Crépy (domina de Crespeio), c'est-à-dire propriétaire de la terre de Crépy. Ce mariage fut l'origine d'une suite de seigneurs, qui, étant déjà comtes de Vexin, prirent le titre et l'autorité des comtes de Crépy, au détriment du roi dont ils reconnaissaient nominalement la suzeraineté, et surtout au détriment des comtes de Vez, qui jusque là avaient tenu Crépy dans leur dépendance. Cette usurpation fut le point de départ de beaucoup d'autres. A une époque où les petits cherchaient la protection des plus puissants, les comtes de Vexin et de Crépy entraînèrent dans leur vasselage toute la partie occidentale de l'ancien comté de Valois mais ils ne prirent le titre de comtes de Valois que le jour où la terre et le château de Vez passèrent par suite de ces affaiblissements successifs, sous leur domination. Une anecdote du temps, assez curieuse, témoigne que cette dernière adjonction ne s'opéra pas de suite, et qu'en 950 le château de Vez, ainsi que le pays Valois proprement dit, obéissaient encore à l'autorité royale.
Cette histoire est celle des reliques de Saint Arnoul. Nul ne mena une vie plus errante et plus nomade que le chrétien canonisé sous le nom de Saint Arnoul. Né à Rethel en Champagne, instruit par Saint Rémy, il prit avec sa femme, le jour même de leurs noces, la belle résolution de pratiquer la continence, et de se consacrer à la religion. Mais, tandis que la femme se retirait dans un couvent, Saint Arnoul se mit à voyager. Ce fut un vrai pèlerin, à la façon du moyen-âge, avec accompagnement de force dévotions. Il parcourut toute la France, s'arrêtant à Tours, sur le fameux tombeau de Saint-Martin. Puis visita successivement Rome, Jérusalem et Constantinople. Revenu dans on pays, et ralenti par l'âge, mais toujours dominé par son humeur vagabonde, il se mit à organiser de petits pèlerinages aux environs de Reims. Il finit comme devait finir un voyageur obstiné, dans un temps où il y avait tant de brigandages et si peu de police. Il périt assassiné sur une grande route, au milieu d'une forêt, au nord de Rethel. Mais quelles qu'aient été les pérégrinations de Saint Arnoul pendant sa vie, il en accomplit de non moins étonnantes après sa mort, et ses os voyagèrent à peu près autant que sa personne. L'endroit où le corps de Saint Arnoul avait été inhumé fut miraculeusement découvert par un fiévreux du pays, qui éprouva une guérison subite au moment où il y passait. Dès lors, la dépouille du saint n'eut plus de repos; on la transporta en pompe dans l'oratoire de Gruyères, bourgade voisine. Elle passa de là dans une église du lieu, consacrée à Saint Hilaire, puis dans la chapelle d'un seigneur fort pieux, enfin dans le monastère de Mouson, au diocèse de Reims.
Là, elle fit une station. Mais le chapitre de Tours s'avisa d'élever des prétentions sur les précieuses reliques; on négocia et l'on convint qu'elles seraient transportées à Tours. En passant par la forêt Ivéline, au pays Chartrin, les porteurs déclarèrent que la châsse était trop lourde et leur paie trop légère. Ils abandonnèrent donc sur le bord de la route le malheureux saint, qu'on finit par recueillir dans une chapelle placée sous son invocation. Saint Arnoul paraissait ainsi parvenu au terme de ses vicissitudes. Mais cette seconde station devait être aussi peu durable que la première. Un prêtre nommé Constance, natif de Vez, assez mauvais sujet, à ce qu'il semble, quitta son pays où ses talents avaient peu de succès, pour aller chercher fortune dans la forêt Ivéline. Admis dans le chapitre qui avait la garde des reliques, il crut qu'un excellent moyen de se faire valoir était de mettre la main sur les os du saint homme. Un jour, tandis que les chanoines se livraient aux douceurs de la sieste, il glissa les reliques dans un sac bourré de laine, et prit la fuite. Après une marche forcée qui dut singulièrement ballotter les restes du pauvre Arnoul, il arriva à Vez, qu'on appelait encore la capitale du Valois, au mois de septembre 949. Tirées de leur enveloppe, les reliques se mirent à resplendir en plein jour d'un éclat surnaturel, et qui se distinguait de la lumière du soleil. Il faut renoncer à dire l'admiration des assistants, la rumeur publique, l'affluence des populations autour de cette merveille, et tous les miracles qui se produisirent, telle que la guérison des malades par simple attouchement.
Quand Raoul Ier, alors comte de Crépy, apprit ces choses extraordinaires, il conçut le désir irrésistible de posséder la précieuse châsse. Il fit tant par dons, prières et promesses, que la translation à Crépy fut consentie, et qu'elle s'opéra processionnellement, en grande solennité, le 27 septembre 949. Constance obtint ce qu'il espérait, c'est-à-dire des honneurs et des bénéfices. On le nomma curé de Vaumoise, entre Vez et Crépy, sur la route qu'avait suivie le pieux cortège. Mais il eut le malheur de jeter des regards de concupiscence sur la femme d'un de ses paroissiens, et la femme eut l'inconvenance d'y répondre. Il paraît que le cas fut jugé grave, il fut destitué. Constance perdit par un adultère ce qu'il avait acquis par un vol; on voit par là que, si ce récit n'est pas une fable, il a du moins sa moralité. Saint Arnoul fut plus heureux; il devint patron de la ville de Crépy. On institua des fêtes en son honneur, on fonda sous son nom un monastère, que les comtes du pays favorisèrent, agrandirent, enrichirent à l'envi. Saint Arnoul avait trouvé enfin sa dernière demeure; dans la chapelle qui lui était consacrée il parvint à jouir d'un repos bien dû à ses tribulations. La négociation qui eut lieu au sujet des reliques de Saint Arnoul, entre les comtes de Crépy et de Vez, est considérée par les auteurs comme une preuve flagrante qu à cette époque le pays de Vez ou Valois était encore indépendant du comté de Crépy, et obéissait au roi de France. La réunion n'eut donc lieu que dans la seconde moitié du Xe siècle. Dès lors, les comtes de Crépy, qui étaient aussi comtes de Vexin, empruntèrent à Vez le titre de comtes de Valois, et même ce dernier titre prévalut sur les autres, ce qui démontre le prestige qui s'y attachait.
Raoul III, dit Raoul le Grand, comte de Valois en 1064, marchait de pair avec les plus puissants seigneurs de France. Il était renommé, et encore plus redouté, à la cour du roi Philippe 1er pour son habileté militaire, jointe à un caractère énergique. Il venait d'enlever d'un coup de main Montdidier et Péronne l'imprenable, qui n'en continua pas moins à se qualifier de "Pucelle". Il avait épousé en premières noces, malgré le roi et malgré le pape, Anne de Russie, veuve de Henri 1er et mère du roi, et pendant toute sa vie, il brava l'anathème pontifical, alors si terrible. Raoul avait deux fils, Gautier et Simon; et il avait confié l'éducation de Simon à Guillaume de Normandie, son plus grand ami. Guillaume renvoya Simon à son père, au moment où il se disposa lui-même à partir pour la conquête de l'Angleterre. Il fallait alors fournir à Simon un établissement convenable, d'autant que de mauvais bruits couraient sur la légitimité de sa naissance, et que son frère était déjà pourvu du château de Crépy. Ce fut dans ces circonstances que Raoul lui composa une maison riche et nombreuse, dans laquelle figuraient un châtelain et un sénéchal. C'est avec tout l'appareil qui pouvait flatter le coeur du jeune homme, que Simon vint prendre possession, en 1064, de son domaine de Vez. Ce Simon de Vez, qui succéda immédiatement à son père, fut lui-même un homme remarquable, sous des apparences très simples. Le roide France, Philippe 1er, prenant Simon pour un esprit borné, et voulant profiter de la mort de son père pour diminuer la puissance des comtes de Valois, commença par susciter au jeune homme des ennemis lointains, puis il s'avança lui-même avec son armée du côté de l'Ouest. Simon se mut lentement et sans fracas, puis se retournant à l'improviste, il frappa un tel coup que le roi Philippe en fut tout interdit, et qu'il ne jugea pas prudent de pousser l'aventure plus loin.
Mais les prêtres employèrent contre Simon les terreurs religieuses, et son esprit, naturellement doux, en fut si vivement affecté, qu'il se soumit à faire pénitence et amende honorable. Il restitua volontairement Péronne et Montdidier, usurpés par Raoul, mais ce qui fut cruel, c'est que, pour obéir au pape, le fils fut forcé d'exhumer lui-même le cadavre de son père, enterré à Montdidier, pour le transporter à Crépy. Simon fit enlever le suaire qui couvrait la face de Raoul; il aperçut une tête gonflée, un teint livide, des yeux corrompus et la vermine qui sortait par la bouche. Ce spectacle affreux lui troubla la raison au point que pendant un mois, il vécut au milieu des bois, sans vouloir entendre ni admettre personne. Revenu à une vie plus régulière, il ne put reprendre le goût des choses du siècle dont le détournaient du reste les prêtres qui servaient l'ambition du roi. Selon le Père Carlier, Simon prit à ce moment la résolution de se marier et demanda la main de la fille du comte Hildebert d'Auvergne, qui lui fut accordée. Il prit donc la route d'Auvergne, accompagné d'une suite nombreuse et d'un train proportionné à son état et à sa fortune. Les noces furent célébrées dans le Palais du seigneur Hildebert. La joie que le comte d'Auvergne avait d'abord conçue de cette alliance, fut passagère. La première nuit de ses noces, le comte persuada son épouse de garder la continence, et de se consacrer à Dieu chacun dans un cloître. La jeune mariée, dans le coeur de laquelle une éducation chrétienne avait jeté les germes de plusieurs vertus héroïques, ayant donné son consentement aux propositions de son mari, Simon choisit le monastère de Saint-Eugende ou Saint-Oyand au Mont-Jura, et son épouse celui de Lavau-Dieu, dépendance de la Chaise-Dieu.
Le moine Albéric prétend que ces deux époux partirent chacun pour sa destination, la nuit même de leurs noces, à l'insu du comte d'Auvergne et des seigneurs qui avaient assisté à la cérémonie de leur mariage. Il ajoute que le comte Simon prit la route du Mont-Jura accompagné de cinq chevaliers. Simon, non content de la résolution qu'il avait prise de se sanctifier, en marchant dans la voie du salut, convertit ainsi, par son exemple et par ses conseils, ces cinq chevaliers. Deux d'entre eux, nommés Raoul et François, prirent les devants; et les trois autres, appelés Robert, Arnoul et Warnier, dans la chronique de Beze, l'accompagnèrent. La décision du comte Simon causa une peine sensible aux parents de son épouse, d'autant plus, que sans se contenter de satisfaire son inclination pour la vie religieuse, il y avait déterminé leur fille, dont la présence faisait leur consolation. La haute noblesse du royaume fut divisée d'opinion, sur la conduite que Simon avait tenue. Les uns le blâmaient d'avoir gardé sa résolution secrète, sans en faire part à ses proches, d'autres l'excusaient, pensant qu'il avait voulu prévenir par là les obstacles, qu'on eut pu mettre à sa claustration. Quelques-uns, édifiés du sacrifice qu'il faisait de toute sa fortune, et de son renoncement aux honneurs, voulurent l'imiter. Toutes ces choses se passaient en l'An 1077. Comte du Vexin, de Crépy et de Valois, baron de France, seigneur riche et puissant, Simon se fit donc simple moine. Moine de Saint-Claude-du-Jura, il se rend en pèlerinage au Tombeau du Sauveur et au Siège de Saint Pierre. Retiré au prieuré de Mouthe, dont il est le fondateur, sa réputation de sainteté et de sagesse est si grande que le Pape Grégoire VII l'appelle à Rome pour l'aider dans sa lutte contre les princes...
A sa prise d'habit religieux, Simon fit plusieurs parts des biens reçus par lui en apanage: il donna Vez, terres et château, à sa soeur Adèle. Il donna Bonneuil qui en dépendait, au monastère de Saint-Arnoul de Crépy, se réservant seulement la moitié de l'usufruit. Vez resta sous la domination des comtes de Crépy pendant le temps des Croisades, alors que l'esprit religieux prenait un nouvel essor, et que les fondations pieuses se multipliaient. Aussi est-ce au profit des monastères que le territoire de l'ancien Valois finit par être démembré. Mais le château de Vez, même privé de ses grandes dépendances territoriales, conserva longtemps son importance. Les comtes de Crépy y placèrent un châtelain ou gouverneur, et il est plus que probable que cet office fut d'abord rempli par les anciens comtes. La suite des comtes de Crépy se divise en deux branches: la première, celle des comtes de Vexin, commence en la personne de Simon, propriétaire de Vez par apanage; la seconde, celle des comtes de Vermandois, commence avec Hugues le Grand, frère du roi Philippe 1er, mari de la nièce de Simon, et finit par Eléonore, morte en 1214, sans postérité. Il faut dire, à la décharge de la comtesse Eléonore, que si elle ne laissa pas d'héritiers, il n'y a aucunement de sa faute. Car elle prit successivement quatre maris, dont le dernier fut le comte de Beaumont. Ses voeux étant restés infructueux, par défaut d'héritiers, le comté de Valois fit retour à la Couronne dans la personne de Philippe-Auguste. Ce changement fut pour Vez l'origine d'une résurrection. En 1214, l'année même de la réunion à la Couronne, Philippe-Auguste fit donation de Vez à un certain Raoul Duchemin, dont le nom traduit en latin, de Stratis, prit la forme plus pompeuse de Raoul d'Estrées.
Raoul d'Estrées fut élevé à la noblesse par ses services militaires, et sa belle conduite à la bataille de Bouvines. Selon le Père Carlier, Raoul d'Estrées était chevalier banneret du Vermandois. Comme il n'y avait pas alors de titre sans terre, Philippe-Auguste lui donna la terre du Petit-Vez, située de l'autre côté de la vallée, presque en face du château. Il y joignit bientôt le domaine principal, soit qu'il l'eût retiré aux moines des Saint-Arnoul, qui n'en étaient pas concessionnaires à perpétuité, soit qu'une certaine partie du domaine fût restée aux comtes de Valois. On a conservé le texte de cette donation écrite en latin, commençant ainsi: "Philippe par la grâce de Dieu, roi de France, faisons savoir que nous donnons, concédons à perpétuité à notre amé loyal Raoul d'Estrées, à cause de la fidélité de ses services, tout ce que nous possédons au lieu qu'on appelle Vé sur Autonne, tant le domaine que les dépendances du domaine, pour le tenir de nous sans trouble ni embarras quelconque, en augmentation du fief qu'il tenait précédemment à titre d'homme lige. Nous lui donnons aussi le moulin situé au même endroit, etc". Suivent les dispositions assez minutieuses sur la jouissance du moulin. Cet acte porte la date de mai 1214. Raoul d'Estrées, le donataire de Vez, qui devint Maréchal de France, est, selon toutes les apparences, la souche de cette grande famille, dont les différents membres occupèrent, du XIIIe au XVIIe siècles, les premiers emplois militaires du royaume, et qui, sous François 1er, firent l'acquisition de la terre de Coeuvres, voisine de Vez. C'est de là que descendrait la fameuse Gabrielle, duchesse de Beaufort, et châtelaine de Coeuvres, dont la beauté restée célèbre eut, non moins que la nécessité des opérations militaires, lé privilège d'attirer dans le Valois, le plus brave et en même temps le plus galant de nos rois. Raoul, en tout cas, est la souche d'une suite de seigneurs ou sires de Vez, dont les noms figurent avec avantage dans les actes publics du temps: les Raoul, les Jean, les Manassé. Quant aux femmes, elles s'appellent plus particulièrement Adenette, Jacqueline ou Péronnelle. Raoul 1er est un des premiers Maréchaux de France, Raoul II l'a été également. Jehan de Vez s'intitulait chambellan du duc de Bourgogne; un autre, grand queux de France.
Le château de Vez, tombé en pleine décadence, depuis la concession faite en 1118 aux moines de Saint-Arnoul, fut remis en état, sur un nouveau plan, par Raoul d'Estrées et sa descendance, de façon à faire honneur au rang qu ils tenaient de la munificence royale, et en même temps à rendre leur puissance respectable. Il paraît même que cette restauration fut une condition tacitement attachée à l'investiture par le roi Philippe-Auguste, ce qui prouverait au moins l'importance que l'on accordait encore à l'ancienne capitale du Valois. Dans l'intervalle de la donation à sa mort, Raoul d'Estrées éleva ce qu'on appelle le logis , c'est-à-dire le corps de bâtiment qui servait à l'habitation. Il comprenait trois étages, comme on peut le voir par la situation des cheminées à double colonnette qui restent encore suspendues au mur de clôture. Ces cheminées portent des armoiries sculptées, qui représentent un écusson soutenu par deux anges. Raoul d'Estrées éleva encore le mur de la terrasse qui forme l'enceinte du côté de la vallée. Il n'éleva pas les ouvrages défensifs qui garnissent le front et l'aile gauche du château, du côté de la plaine. Il se contenta de construire de ce côté, un mur de clôture comparativement léger. Cet état de choses dura plus d'un siècle. Les événements qui accompagnèrent la captivité de Jean le Bon, au milieu du XIVe siècle, firent sentir vivement l'insuffisance de ces fortifications. La Picardie et l'Ile de France furent plus particulièrement ensanglantées et ravagées. D'abord, en 1358, ce furent "les Jacques", qui,excités par l'oppression et l'insolence des nobles, mirent le Beauvaisis et le Valois à feu et à sang, jusqu'à leur déroute complète devant Meaux. Puis ce furent les Navarrais, et les bandes d'aventuriers à la solde de Charles le Mauvais; un sieur Foudrigais, notamment, rançonnait le pays compris entre Creil, Compiègne, Soissons et Villers-Cotterets. Le plus souvent, il se postait sur les routes, et il levait sur tous les voyageurs une contribution forcée, à titre de sauf-conduit; ce qui ne l'empêchait pas, en passant, de piller les monastères, les métairies et les châteaux. Nul doute que Vez n'ait eu à en souffrir.
Enfin, ce furent les Anglais, conduits par Edouard III, dont l'armée triomphante, ayant marché sans résistance de Calais sur Reims, se rabattit ensuite sur Soissons, et de là sur Verberie, en suivant la vallée d'Automne. Leur itinéraire indique qu'ils saccagèrent en passant le château de Vez. Une terreur pesait sur le Valois, l'agriculture était abandonnée, les moissons rasées, les bestiaux enlevés. La royauté affaiblie était incapable de fournir une protection; les populations du Valois sentirent la nécessité de se protéger elles-mêmes. Les gens de Béthisy avaient donné l'exemple, en arrêtant les Anglais devant leur château, et en remportant sur eux, près de Giroménil la victoire du Champ Dolent. A l'appel des seigneurs de Vez, qui accomplissaient en cela une mesure d'intérêt général autant que d'intérêt particulier, les populations accoururent pour élever autour du château une citadelle puissante, capable de résister à l'ennemi commun, et d'offrir un asile aux habitants des campagnes voisines. Le système de défense du côté de la vallée ne fut pas changé; mais du côté de la plaine, le plus accessible et le plus vulnérable, c'est-à-dire, sur le front du château et à gauche en retour, on éleva un système de remparts solides, défendu extérieurement par un fossé. A l'angle gauche, on éleva la grosse tour, qui forme l'ouvrage principal. Les fondations furent entreprises en 1360. On pratiqua en outre, à une certaine distance, une seconde enceinte, dans laquelle furent englobés les restes de l'ancien château, le long du chemin de la croupe. L'histoire rapporte qu'il soutint plusieurs sièges. Il semble cependant qu'il n'eut pu résister à lui seul contre ces armées régulières qui auraient eu le temps et la ferme volonté d'en poursuivre l'attaque. Son sort, en pareil cas, devait dépendre de celui des grandes forteresses du voisinage, de Laferté-Milon, de Pierrefonds, et par-dessus tout de Crépy, sur lequel il prenait son point d'appui.
Mais Vez était relativement très fort dans un temps où la difficulté du ravitaillement permettait rarement aux armées d'excéder le nombre de six à sept cents hommes; il a donc été un obstacle efficace à l'encontre des bandes isolées qui cherchaient aventure, et qui procédaient par coups de main à la dévastation du pays. Les misères qui avaient accompagné la captivité de Jean le Bon reparurent avec une force nouvelle pendant la démence de Charles VI, au commencement du XVe siècle. Le signal de la guerre fut l'assassinat du duc d'Orléans et de Valois, d'où sortit la rivalité des Armagnacs et des Bourguignons. Le duc de Bourgogne, s'étant emparé de l'esprit et des ordres du roi, ayant de plus obtenu contre le fils de la victime une excommunication que le Pape ne refusait jamais au parti puissant, lança sur le Valois une armée commandée par le Capitaine Valeran de Saint-Pol. Son plan, qui consistait à s'emparer des places fortes, fut rapidement exécuté. Crépy, Pierrefonds, Laferté-Milon, Coucy-le-Château capitulèrent sans coup férir. Vez ne pouvait pas résister au mouvement général, et fut occupé par les Bourguignons à la fin de 1411. L'année suivante le duc Charles d'Orléans fit la paix à Auxerre avec le roi, et rentra en grâce auprès de lui. Ses biens, qui avaient été pris, lui furent restitués en principe, mais l'exécution souffrit quelques difficultés. Valeran de Saint-Pol avait son quartier général à Pierrefonds, on dut négocier avec lui parce que le château était trop magnifique, pour qu'on se risquât à l'attaquer et à l'endommager. D'ailleurs toutes ces précautions furent vaines, car lorsque les Bourguignons se retirèrent, le château de Pierrefonds prit feu comme par mégarde, au cours du déménagement. Vez fut évacué en même temps que les autres places. Le parti bourguignon resta maître, néanmoins, de Noyon, de Compiègne et de Soissons, d'où il continua de guerroyer jusqu'en 1414, ruinant et pillant le pays.
Vez est cité avec honneur comme ayant tenu fidèlement, dans cet intervalle, pour le roi et le duc de Valois. Il est mis au nombre des places dont les commandants couraient sus aux brigands, et qui rendaient ainsi d'importants service aux campagnes. La prise du duc d'Orléans à la bataille d'Azincourt, en 1415, et sa captivité en Angleterre accrurent encore le désordre. En même temps, les Bourguignons faisaient alliance avec les Anglais, qui étaient les ennemis nationaux. Le Valois fut un instant couvert par les talents militaires du capitaine Bosquiaux, et l'Anglais arrêté par la défaite de Montépilloy (1415-1420). Mais en 1421, Henri V, roi d'Angleterre, avait pénétré à Paris, et s'était emparé de la royauté française, sous le titre de régent et d'héritier présomptif. Maître de Meaux, il se présenta devant Crépy, où après des pourparlers, il fut accueilli comme lieutenant général de Charles VI. La reddition et l'occupation de Vez par les Anglais furent la conséquence nécessaire de la capitulation de Crépy. Elles eurent lieu en même temps que celles des autres places du Valois, au printemps de l'année 1421. L'occupation dura jusqu'en 1429, c'est-à-dire pendant huit ans. Elle se perpétua ainsi après la mort de Henri V (1422) sous le commandement du duc de Bethford, régent. Vez devait connaître plus tard, à la fin du XVe siècle, d'autres vicissitudes. Au commencement de la Ligue, en 1489 les places fortes du Valois, dégarnies de vivres, Crépy, Pierrefonds, La Ferté-Milon et Vez tombèrent au pouvoir des ligueurs, commandés par le duc d'Aumale. Celui-ci ayant voulu prendre d'assaut Senlis, où les royalistes étaient redevenus maîtres, La Noue accourut de la ville avec une armée de secours, et remporta sur eux la brillante victoire de Montépilloy. La Noue, vainqueur, s'avança jusqu'à Crépy qu'il fit rentrer au pouvoir du roi, et la délivrance de cette place entraîna naturellement celle de Vez, qui s'appuyait sur la capitale et partageait presque toujours son sort. Pendant toute la durée des troubles, la situation de Vez fut déplorable, ses alentours étant occupés par les ligueurs, qui étaient maîtres de toute la partie orientale du Valois, et s'avançaient jusqu'à Villers-Cotterets.
Les places fortes étaient aux mains de commandants hardis et aventureux, dont les talents militaires ne sont pas niables: c'était Rieux à Pierrefonds; Mayenne et Vieuxpont à Soissons; Saint-Chamant à La Ferté-Milon. A chaque instant des engagements avaient lieu entre la garnison de Crépy et les postes avancés des ligueurs. A tout moment, le territoire de Vez était traversé par des partis ennemis, ce qui obligeait les seigneurs de Vez à une vigilance continuelle. On peut citer comme exemple la tentative faite par le ligueur Consac, qui était venu se poster au Bois du Tillet avec deux cents cavaliers et autant d'arquebusiers, pour surprendre le commandant de Crépy, Edouville, sorti en reconnaissance. Non seulement Edouville, entouré d'une trentaine d'hommes ne se laissa pas entamer, mais étant rentré à Crépy, et reprenant l'offensive avec des forces nouvelles, il poussa la troupe de Consac, l'épée dans les reins, et la poursuivit à travers le territoire de Vez jusqu'à Villers-Cotterets. Là, forçant le poste et le retranchement élevés par les ligueurs, il tua une partie de la bande. Le coup fut assez sensible pour obliger Mayenne à demander une trêve. Vez dut enfin sa tranquillité à la capitulation de Pierrefonds et de La Ferté-Milon qui, pendant longtemps, avait résisté aux attaques infructueuses du Maréchal de Biron et du roi Henri IV. A dater du règne d'Henri IV, les places fortes du Valois perdirent leur importance. Crépy repris par les Anglais en 1431, détruit par les ligueurs en 1592, tomba peu à peu en ruines. La Ferté-Milon, sur les ordres de Henri IV, fut rasé par le sergent Laruine, bien nommé, qui se chargea de la démolition au prix de 500 écus. Pierrefonds fut démantelé en 1617, par l'ordre de Richelieu. Vez, plus heureux, n'a pas subi d'autre injure que celle du temps. Une autre cause de décadence fut l'affaiblissement progressif et rapide de la puissance féodale.
Déjà en 1501, la royauté avait voulu rentrer en possession de la seigneurie de Vez, à défaut d'héritier mâle dans la descendance de Raoul d'Estrées, et par le motif tiré de la loi salique que les femmes ne succédaient pas aux mâles. Un acte d'aveu et dénombrement fait par Jeanne de Nanterre à la date du 6 juillet 1501, fut annulé par une sentence de blâme, le 11 juillet de la même année. Mais cette sentence ne reçut pas d'exécution. La famille du Président de Thumery, devenue propriétaire par les femmes, resta en possession, à titre précaire. Elle ne fut relevée de l'interdiction que par un arrêt du Conseil d'Etat du 27 février 1669. Lors de la division du duché de Valois en six châtellenies, Vez fut incorporé à la châtellenie de Crépy. Il relevait sous le rapport judiciaire, du baillage général ou présidial, séant à Crépy et, sous le rapport financier, de la généralité de Soissons. A partir du XVIIe siècle, les seigneurs de Vez abandonnèrent la résidence du château, et cédèrent tous leurs droits à un receveur ou fermier, moyennant une redevance annuelle. Parmi ces droits figurait celui de haute, moyenne et basse justice sur toute l'étendue du domaine. En 1732, la famille de Thumery fit argent de sa seigneurerie. Elle la vendit avec les terres à un sieur Raoulx, capitaine des Ports et lieutenant de Frégate légère. L'année suivante, en 1733, Raoulx revendit le tout à charge d'usufruit, à un sieur Bourdon, conseiller du roi et procureur en la prévosté de son hôtel. Le domaine passa ensuite par mariage avec Damoiselle Bourbon, au Chevalier Jean-Baptiste-Joseph de Petitpas, qui mourut à Roubaix, le 6 juillet 1788, laissant deux enfants. Les mineurs Petitpas restèrent sous la tutelle de leur oncle Balthazar Louis-Marie Petitpas, mort le 8 juin 1795, en Westphalie, puis sous celle de leur tante Marie-Eugénie-Henriette de Lutjens, mais sous la protection et à la charge de Lutjens père. Ils furent élevés à Tournai, dans une pension. Le tuteur fit en 1792, aux administrateurs du département de l'Oise, la déclaration de leur domicile régulier à l'étranger. On négligea ces certificats, mais on accueillit la dénonciation du tuteur des enfants, le même Dumesnil, comme s'ils avaient quitté la France à cause des événements révolutionnaires. Ils furent donc portés sur la seconde liste des émigrés du département de l'Oise, par arrêté du 26 germinal, An II, et le séquestre mis sur leurs biens; ceux-ci furent mis en vente comme biens nationaux.
Les fermiers étaient deux frères; le premier, Pierre Tassart, était fermier d'une partie comprenant le domaine de Sechelle (commune de Cuvilly) les fermes de Fonteneuil (commune de Vez) et de Bessemont; le second, François Tassart, était fermier de Vez où se trouvaient corps de ferme, deux mou- lins à eau, étangs, prés, terres labourables, aulnaie, petite garenne. Il payait avant la Révolution, 7500 livres de fermage. Or, une contre-lettre signée à Roye le février 1792, par les deux frères, porte la somme totale de 8000 livres pour leurs deux fermages. Le 23 pluviôse, An V, le premier fermier acquérait Fonteneil pour 61945 livres 2 sols 6 deniers; Bessemont pour 13398 livres. L'autre fermier payait 68755 livres pour les deux parties du domaine de Vez, les tourelles (château, donjon, bâtiments) les jardins, potagers, prés, garenne; un troisième acquéreur, Jacques-François-Marie Robert, négociant à Paris, payait 53501 livres les étangs, moulins, bâtiments, etc. Cette acquisition légale ruinait les vrais propriétaires. Charles-Hippolyte-Louis Petitpas était allé chercher fortune à Batavia; il y mourut sans postérité le 8 octobre 1821; sa soeur restée seule héritière, et qui semble avoir été femme de tête et de coeur, ne se lassait pas de réclamer, rappelait que le 6 brumaire, An X, on les avait rayés elle et son frère de la liste des émigrés de l'Oise. Enfin justice lui fut rendue au moment de la liquidation des indemnités dues aux émigrés. Le 27 avril 1825, il lui fut attribué, d'après une évaluation qui ne paraît pas avoir été exagérée: 403795 francs. Telle est la fin de l'histoire des propriétaires de Vez, sous l'ancien régime. Le château de Vez avec ses dépendances était devenu, par vente faite au nom du Domaine public, la propriété des frères Tassart qui les conservèrent jusqu'en 1825.

Chronologie des seigneurs et propriétaires du Château de Vez:

La généalogie des possesseurs du comté de Valois et de Vez, par conséquent, se confond à partir du IXe siècle, avec celle du comté de Crépy et même du Vexin; puis dans la seconde partie du IXe siècle, avec celle du comté de Vermandois, par le mariage d'Adèle, soeur de Simon de Vez avec Herbert IV, comte de Vermandois. En l'An 1064, Raoul III, comte de Crépy donna la terre et le château de Vez à son fils Simon. Adèle, née en 1028, morte en 1078, reçut de son frère Simon de Vez, les comtés de Crépy, de Valois, et le château de Vez. Elle épousa Thibaud, comte de Flandre et après la mort de celui-ci, Herbert IV, comte de Vermandois. C'est par ce mariage que furent réunis le comté de Valois et de Vermandois; et c'est ainsi que l'échiquier du Vermandois figure à la clef de voûte de l'oratoire du donjon de Vez. Herbert IV et Adèle eurent une fille, Adélaïde, qui épousa Hugues le Grand, frère du roi. Elle était dame du Valois, comtesse du Vermandois, de Crépy et d'Amiens. C'est de ce mariage, que date dans le comté de Valois, l'adjonction à l'échiquier des trois fleurs de lys au chef d'azur. Née en 1052, morte en 1120, Adélaïde épousa en secondes noces, Renaud II, comte de Clermont-en-Beauvaisis. Elle eut plusieurs enfants dont une fille qui épousa Enguerrand de Coucy, et un fils, Raoul IV, qui épousa Eléonore de Champagne. La comtesse Eléonore, née en 1152, morte en 1214, sans laisser de postérité, les terres et le château furent réunis à la Couronne et c'est ainsi que Philippe-Auguste, après la bataille de Bouvines, put en faire don à Raoul d'Estrées. Raoul d'Estrées mourut en 1223, laissant trois enfants: Jean, Raoul et Manassé. Ce dernier hérita du château de Vez. Jean eut pour sa part le petit Vez; il eut un fils, Jean qui fournit aveu et dénombrement de cette partie du domaine de Vez au roi Saint-Louis, en 1266. Raoul, le second fils, appelé Raoul de Sores, dit d'Estrées, fut Maréchal de France comme son père. Il épousa Adenette, fille de Hervé, vicomte de Busancy. Il suivit le roi Saint-Louis à la VIIe Croisade et mourut en 1281. Le troisième fils de Raoul d'Estrées, Manassé, Seigneur de Vez, eut, en l'An 1270 une grave difficulté avec le bailli royal de Senlis, touchant un serf du roi, auquel il avait accordé un asile dans son château. Ce serf avait été affranchi par un chevalier, contre les règles. Le bailli de Senlis ayant sommé Manassé de renvoyer l'affranchi, Manassé refusa. L'affaire fut portée devant le Parlement. Il fut décidé que le serf ayant été mal affranchi, rentrerait dans son premier état et appartiendrait au roi, mais que tant qu'il demeurerait à Vez, il serait justiciable de Manassé comme les autres serfs du roi qui y résidaient.
Jean, Raoul, Manassé et Jean II eurent des enfants. L'un d'eux, Raoul de Vez, eut en 1292 un différend avec le comte de Nevers. Il fut le père de Manassé II. Celui-ci épousa une dame Jacqueline et mourut en 1330, laissant deux enfants: Jehan de Vez et Péronnelle de Vez. Jehan de Vez portait le titre de seigneur de Vez et d'Esteurdes, et devint chambellan du duc de Bourgogne; il eut une existence mouvementée. Il est cité dans plusieurs titres du "Trésor des Chartes". On a de lui une requête au roi Charles V, datée de l'an 1380, par laquelle il demanda au roi l'emplacement du moulin de Largny. Jehan de Vez en 1376, par le commandement du roi, alla avec Monseigneur de Rayneval en pays lointain pour les affaires du royaume de France. Il mourut sans laisser de descendance. Sa soeur Péronnelle hérita de tous ses biens. Elle épousa le chevalier Robert de Saint-Clair. Elle eut une petite-fille nommé Jeanne de Vez qui s'allia vers l'An 1400 à Bernard de Châteauvilain. Bernard fut le père de Jean 1er et aïeul de Jean II (1446-1451). Bernard de Châteauvilain, marié à Jeanne de Saint-Clair eut deux enfants: Bonne ou Anne, qui épousa, en 1437, Thibaud de Neufchâtel, et Jean de Châteauvilain, qui épousa, en 1431, Jeanne de Villiers sur Scey (Villersexel); il épousa en secondes noces, en 1455, Louise Rollin, fille de Nicolas Rollin et de Gigonne de Salins. C'est Nicolas Rollin, grand chancelier du duc de Bourgogne et Gigonne de Salins, beaux-parents de Jean de Châteauvilain, qui fondèrent l'hospice de Beaune, cette merveille d'architecture flamande et bourguignonne. A la mort de sa femme, Jeanne de Saint-Clair, Bernard céda la seigneurie de Vez à Guillaume de Lodes, en 1446, moyennant la somme de trois mille écus d'or.
Guillaume de Lodes avait épousé Huguette de Jaye; ils eurent deux filles: Louise, qui épousa Léon du Chastel, seigneur de la Howarderie, Maréchal de Bourgogne, mort en 1469, et Yvonne, qui épousa sire René de Montgomery, seigneur de Lorges. Guillaume de Lodes fit une chute dans le puits de la cour de Vez et s'y noya, le jour de la Saint-Laurent de l'An 1464. Sa fille Louise céda sa part de propriété de Vez, moyennant un échange de terres, à Jean L'Huillier, et le château fut vendu à la criée en 1464. En 1484, Antoine des Fossés était seigneur de Vez. Il épousa Antoinette de Vaucelle, fille de Jacques de Vaucelle, seigneur de Boursonne et prit le titre de Vicomte de Boursonne et de Seigneur de Vez. Ainsi en 1484-1490, les deux châteaux de Vez et de Boursonne furent réunis entre les mains du même propriétaire. En 1490, Jean L'Huillier, Conseiller au Parlement, Procureur général, marié à Loyse-Jeanne de Nanterre, devint l'unique propriétaire du domaine de Vez. Il fut le digne père d'une famille de sept enfants et mourut en 1519. Sa veuve inconsolable mourut un an après. Eustache L'Huillier l'un des enfants de Jean L'Huillier fut propriétaire de Vez. Il eut une fille, Françoise, qui épousa Jacques Ailegrain, Conseiller au Parlement. Jacques Allegrain eut douze enfants; il se maria quatre fois. L'une de ses femmes fut Marie de Villiers, mère du grand Maître de l'Ordre de Malte, Villiers de l'Isle Adam, et mourut en 1597. Mademoiselle Allegrain, fille de Jacques Allegrain possédait le château en 1591, en 1612 Jean-Robert Allegrain, fils de Jacques Allegrain, puis en 1628, François, fils de Jacques Allegrain, seigneur d'Amblinvilliers, Conseiller au Parlement, maître d'hôtel de la reine Mère, hérita de Vez. Il épousa Marie de Villagnon et fut par alliance le neveu du chevalier de Malte, qui combattit les Turcs, et déjoua les Anglais par une opération navale très hardie, qui ramena d'Ecosse Marie Stuart.
François Allegrain et Marie de Villagnon eurent dix-sept enfants dont la quinzième, Françoise, épousa Gaspard de Verdelot, baron de Survilliers. Gaspard de Verdelot étant mort en 1643, le domaine de Vez revint à Nicolas de Thumery, chevalier-seigneur de Boissises, chambellan du duc d'Orléans, au chevalier de Marsenous, ses héritiers, par bénéfice d'inventaire, qui en prêtèrent foi et hommage. Leur mère était Marthe L'Huillier, soeur de Françoise, qui avait épousé Nicolas de Thumery, mort sans enfants, en 1670. Christophe-Edouard de Thumery, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, fit donation de la terre de Vez (23 février 1730) à René de Thumery, et à Adrien de Thumery de Boissises, et à sa soeur. Le 10 janvier 1732 vente de Vez par René et Adrien de Thumery, devant Camuset, notaire à Paris, moyennant la somme de 80000 livres à Gaspard Raoulx, lieutenant de frégate et capitaine de Port. Raoulx ne put s'acquitter et dut vendre le 8 juillet 1733, à François Bourdon, écuyer secrétaire du roi, pour 50000 livres. Le 17 juillet, Charles Hippolyte de Petit-Pas, chevalier seigneur de Walle, gendre de Bourdon, intervint pour le paiement. Charles de Petit-Pas est propriétaire en 1758 après Bourdon. Son fils Jean-Baptiste-Joseph Petit-Pas, mousquetaire du roi, est propriétaire de Vez en 1775. Il demeurait à Lille et mourut à Roubaix le 6 juillet 1788, laissant deux enfants mineurs: une fille de neuf ans, Carlotte Colette, et un fils de six ans, Charlès-Hippolyte Petit-Pas. Le 4 février 1797, vente par le Domaine public, comme bien d'émigrés, du château et de ses dépendances, aux frères Tassart, qui le conservèrent jusqu'en 1825. A cette époque, le domaine fut repris aux frères Tassart et remis en vente aux enchères publiques. Acquis par Hippolyte Paillet, et conservé dans sa famille jusqu'en 1890, il fut vendu à cette époque à M. Léon Dru, qui le conserva jusqu'à sa mort en 1904. Il repose dans la crypte de la chapelle, à côté de sa femme, née Léontine Geibel, décédée en 1895, nature d'élite dont la culture raffinée était pour lui le plus sûr des guides. (1)

Éléments protégés MH : le château de Vez en totalité : classement par arrêté du 13 juin 1904.

château de Vez 60113 Vez, le jardin contemporain inspiré de l'iconographie médiévale occupe l'intérieur de l'enceinte, prolongé par une oeuvre de l'artiste Sol Lewitt au rez-de-chaussée du donjon. Des expositions d'art moderne y sont organisées chaque été, tél. 03 44 88 55 18, ouvert au public de mi juin à début octobre, le reste de l'année les dimanches et jours fériés.


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Eugène Barbier, Le Châteu de Vez - Imprimerie Robaudy, Cannes (1926)

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